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Centres d’accueil de migrants à la campagne : l’omerta

Capture écran BFMTV
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Cachez donc ces migrations qu’on ne saurait voir… Le programme d’accueil et d’hébergement d'immigrés clandestins dans des centres ad hoc fait l’objet d’une véritable omerta. Les services gouvernementaux se gardent non seulement de communiquer sur leurs projets en la matière, mais aussi, le plus souvent, de prévenir les municipalités concernées. En 2022, BV rapportait alors, parmi bien d’autres, le cas de la ville de Saint-Lys (9.500 habitants), située au sud-ouest de Toulouse : le maire (dissident PS) dénonçait le programme d’installation d’un centre d’accueil de migrants, ainsi que l’absence totale d’information et de concertation de la part des pouvoirs publics.

Parcours du combattant

Rien n’a changé, depuis. La discrétion reste de mise, vis-à-vis des élus ou de la presse. Pour un journaliste, être informé sur les programmes de placement de migrants en cours ou à venir relève de la mission impossible. Direction le site du ministère de l’Intérieur, où aucun point de contact n’apparaît sur la page d’accueil. Évitant l’obstacle, nous passons par le moteur de recherche pour atterrir enfin sur un formulaire de contact où nous formulons une demande de mise en relation pour un reportage, car aucun numéro de téléphone n’est proposé, hormis un numéro d’urgence. Le même scénario nous étant proposé à la Direction des étrangers en France, nous décidons alors de la jouer à l’ancienne : ces bonnes vieilles « Pages Jaunes » nous donnent ce que les sites des intéressés nous refusaient : des numéros pour joindre des standards.

Envoyez-nous un email…

Celui de la préfecture de Versailles sonnant dans le vide après nous avoir fait pianoter durant quelques minutes, nous décidons d’appeler François Bayrou. Enfin, l’accueil de Matignon, qui nous envoie au service de presse où une voix féminine s’apitoie sur notre pauvre sort de journaliste qui n’arrive pas à savoir quand et où va partir le prochain groupe de candidats à la ruralité heureuse. La personne, n’ayant pas le moindre début d’information à donner sur le sujet, nous congédie gentiment : « Appelez le standard du ministère de l’Intérieur et demandez-leur le service de presse, ils devraient pouvoir vous renseigner… » Sitôt fait. « Bonjour monsieur, je cherche de l'information quant au programme d’orientation, d'accueil et d'hébergement des migrants dans les CADA (centres d’accueil pour demandeurs d’asile). » Réponse à la Pyrrhus : « Je ne suis pas sûr que nous puissions faire des prédictions aussi fines, mais pouvez-vous nous faire votre demande par courriel ? »

L’omerta, religion d’État

Me voilà revenu au point de départ. Ou presque. Ce parcours du combattant internautique et téléphonique permet de constater que l’omerta est érigée en religion par les ministères concernés. Les organismes spécialisés dans les migrations en disent finalement plus que les milieux gouvernementaux. La Cimade propose ainsi, sur son site, une série de cartes interactives faisant de façon précise et complète un « état des lieux des dispositifs d’accueil et d’hébergement dédiés aux personnes demanderesses d’asile et réfugiées ». Action sociale propose en ligne un « Annuaire centre d'accueil de demandeurs d'asile » très documenté.

À l’évidence, la ventilation rurale des migrants fait partie des sujets qui fâchent, et qu’on cache. CQFD.

Etienne Lombard

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