Retailleau, personnalité politique de l'année
Ainsi, Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail sous Michel Barnier et reconduit par François Bayrou, a été élue ministre de l’année. Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a été désignée révélation politique de l’année. Étienne Blanc (LR) et Jérôme Durain (PS), à l’origine d’une loi contre le narcotrafic adoptée à l’unanimité, ont été nommés sénateurs de l’année. Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, qu’un temps, certains voyaient déjà en haut de l'affiche de Matignon, a été reconnu pour son engagement en tant qu’élu local. Raphaël Glucksmann a été nommé Européen de l’année. Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris, a été désigné personnalité inspirante (sic) de l’année. Jusque-là, tout va bien. Après, ça se gâte un peu, pour celles et ceux qui ont fait leur nid dans la zone de confort préemptée par la gauche depuis des décennies : en effet, Bruno Retailleau remporte en quelque sorte la timbale, puisque désigné personnalité politique de l’année 2024. Mais la ligne rouge est carrément franchie avec la désignation de Jean-Philippe Tanguy comme député de l’année.
Tanguy, député de l'année. Et là, c'est le drame...
Voir le message lunaire, sur X, de Clémentine Autain, députée NFP de Seine-Saint-Denis : « Ceci n’est pas Le Gorafi. Un député d’extrême droite est élu député de l’année par une instance soutenue par des partenaires et des fonds publics. » Très révélateur, ce message. De l’état d’esprit de la gauche. Une gauche, dont Autain est l'incarnation, considère qu’elle bénéficie d’une sorte de bail emphytéotique sur tout ce qui touche de près ou de loin aux médias et à l’argent public, c’est-à-dire à l’argent des contribuables dont, au passage, on ne regarde pas la couleur politique pour les faire contribuer. De près ou de loin, l’argent public ne peut ruisseler que d’un côté de la colline : le flanc gauche. État d’esprit d’une caste – on peut appeler ça comme ça – qui voit que son monopole moral, qu’on peut appeler aussi « terrorisme intellectuel », est sacrément remis en cause. Il serait temps ! Cela dit, Jean-Philippe Tanguy a réagi avec l'humour qu'on lui connaît en répondant, sur X, à Clémentine Autain : « Même vous n’y croyez pas. Allez, sans rancune. » Sans rancune ? C'est beaucoup demander à la gauche...
N'en déplaise à Mme Autain...
Donc, « point de bascule », comme le reconnaît la dépitée Autain. Un dépit qui fait du bien, au fond. Cette récompense, décernée par un jury indépendant qui n’est pas spécialement RN (ou alors, Christophe Barbier, qui en est membre, a fait un drôle de coming out !), n’est pas la Légion d’honneur, mais elle montre, n’en déplaise à Mme Autain, que d’une part, l’objectivité, l’honnêteté intellectuelle ne sont pas de vains mots, chez les vrais professionnels, d’autre part qu’il va probablement falloir s’y faire, dans les années qui viennent, que les députés RN sont des députés de la nation comme les autres, qu'ils ne sentent pas le pâté, qu’ils peuvent être tout aussi compétents (et même incompétents !) que n’importe quel autre député.
Certes, le magistère moral de la gauche a pris un sacré coup dans la coque. Néanmoins, il y a encore du chemin à parcourir. Preuve en est la réaction de Marine Tondelier, elle aussi récompensée mais décidément bien « mauvaise copine », comme chantait Brel. Dans son interminable petit laïus, elle n’a pas hésité à faire la morale aux médias présents à cette cérémonie : « Vous avez un pouvoir immense. Qu’à chaque fois que vous écrivez des articles, que vous remettez des prix, vous créez des légitimités. » Et, donc ?