Pour compléter et prolonger le dossier du numéro 212 de la revue Éléments, actuellement en kiosques, consacré au « retour des Dieux » et aux résurgences du paganisme en Europe, nous sommes partis à la rencontre d’organisations et d’individus se réclamant de cette spiritualité et de cette vision du monde. Première étape de ces rencontres, « Fons Perennis », association culturelle et cultuelle romaine proche du mouvement de la droite radicale et sociale « Casapound Italia »
ÉLÉMENTS. Quand et comment est née la communauté « Fons Perennis » ?
FONS PERENNIS : Nous la définissons plutôt comme une « famille spirituelle élargie ». En tant que famille, « Fons Perennis » a une histoire plutôt longue, e, en fait, on pourrait dire qu’elle existe au moins depuis la première moitié des années 20 après Auguste. Plus pragmatiquement, en tant qu’association culturelle, « Fons Perennis » est née il y a 23 ans de l’initiative de cinq jeunes hommes qui ont décidé de partager avec le monde les valeurs qui étaient l’héritage de notre famille. « Fons Perennis » est née, comme il se doit, avec un « rite » de fondation mais aussi avec un acte administratif formel tel que prévu par les lois de l’actuelle république italienne.
ÉLÉMENTS. À quel type de paganisme vous identifiez-vous ?
FONS PERENNIS : Disons tout de suite que le terme de paganisme n’est pas le plus correct car, comme chacun sait, il désignait en termes péjoratifs ceux qui, dans les villages, conservaient encore les anciens cultes primitifs et respectaient la « coutume des ancêtres », à la différence des villes où s’était répandu un autre culte de nature monothéiste et messianique. Cette question, cependant, peut recevoir différentes réponses, mais disons qu’à un degré d’approximation suffisant, nous appartenons au sillon du culte païen, avec toute la complexité qui en découle en termes de ce qu’un anthropologue moderne cataloguerait comme des « contaminations » » mais qui ne sont rien d’autre que différentes « nuances » de couleur d’une palette commune qu’est la tradition indo-européenne. De la tradition dorique à la tradition étrusque, grecque et romaine, en passant par la tradition celtique, germanique et indo-iranienne, qui a influencé qui ? Une prétendue classification « sèche » et « rigide » est typique d’une vision du monde qui ne nous appartient pas instinctivement.
ÉLÉMENTS. Que signifie pour vous être un païen en 2025 ? Comment vivez-vous cette foi au quotidien ?
FONS PERENNIS : Que signifie être ce que l’on est ? Nous vivons simplement comme des hommes et des femmes de notre temps, mais dans le respect des valeurs et des coutumes de nos ancêtres que nous appelons « mos majorum ». Une manière d’être régie par un code non écrit qui s’appuie principalement sur un système intérieur d’autodiscipline. Le monde des « numi » est aussi complexe que simple et plutôt que de « foi » comme on l’entend aujourd’hui, nous parlons de conscience qui s’acquiert par l’expérience.
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ÉLÉMENTS. Avez-vous un calendrier de rites et de célébrations ?
FONS PERENNIS : Bien sûr que oui ! Comment peut-on se passer d’un outil aussi indispensable ? C’est le « tambour » qui harmonise le temps et l’espace, la nature, l’homme et sa relation avec les dieux.
ÉLÉMENTS. Où puisez-vous vos sources ? S’il y a des innovations ou des réinterprétations, pouvez-vous expliquer en quoi elles consistent ?
FONS PERENNIS : De nombreuses sources sont orales, dont les racines remontent véritablement à des siècles et sont heureusement intemporelles et universelles. En ce sens, les sources écrites, d’Homère à Virgile, de Plutarque à Macrobe, remplissent la mission qu’elles se sont données, à savoir soutenir une mémoire, une sorte de réseau de routes dont les principales ramènent à un centre primordial. Ce qui est ensuite la tâche de chacun d’entre nous, c’est de se déplacer toujours avec une « boussole intérieure », sans quitter ce réseau de « rues » reliées à des artères principales qui conduisent toutes à un centre originel, primordial et en un certain sens, ou, comme le dirait le professeur Filippani Ronconi, archétypal. En ce sens, plutôt que d’innovations ou de réinterprétations, nous parlons d’actualisations de principes intemporels.
ÉLÉMENTS. Quelles sont les activités concrètes de Fons Perrenis ?
FONS PERENNIS : Tout ce qui concerne une famille vivante, du militantisme politique à la métapolitique en passant par le sport et la culture de la terre, mais dans le respect de cette relation sacrée et saine que tout homme digne de ce nom doit avoir avec les dieux et que nous appelons « pax deorum ».
ÉLÉMENTS. Qu’est-ce que la tradition pour vous ?
FONS PERENNIS : C’est la jeunesse éternelle. En puisant directement à la source, en essayant d’atteindre l’archétype générateur, c’est une recherche comparable à l’archéologie mais sur un plan vertical. Nous l’appelons « archéologie de l’esprit ».
ÉLÉMENTS. Comment un païen se projette-t-il dans l’avenir ?
FONS PERENNIS : Comme nous avons une vision cyclique et non linéaire de l’histoire, pour nous, l’avenir n’est rien d’autre que le résultat de chaque action, de sorte que la chose la plus importante de toutes est de vivre pleinement dans le présent, en cohérence et adéquation avec nos valeurs et nos aspirations. . La chose la plus importante est donc de vivre dans le présent en assumant et proclamant ce que nous sommes. Nous sommes « hic et nunc », ici et maintenant !
En ce sens, ce que nous devons faire avancer, et ce à quoi nous travaillons d’arrache-pied, c’est l’acquisition d’espaces réels, concret, communautaires, la fondation de nouvelles petites villes rurales, qui seront la base terrestre sur laquelle nous pourrons faire vivre pleinement nos communautés, avec une force tangible et manifeste, et où nous serons en mesure d’exprimer librement nos valeurs et de faire vivre concrètement la civilisation européenne originelle, mais sans jamais, en aucune façon, cesser de faire face aux défis du monde contemporain.
Propos recueillis par Chiara del Fiacco