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[POINT DE VUE] Quand on parle de pédophilie, la gauche regarde ailleurs

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On se souvient du mouvement pro-pédophile de la fin des années 1970 et de la tribune publiée dans Le Monde du 23 mai 1977, où 80 intellectuels demandaient que la loi décriminalise les rapports sexuels entre les adultes et les enfants de moins de 15 ans. Parmi eux, Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Philippe Sollers, Roland Barthes, Simone de Beauvoir et bien d'autres encore. La gauche trouvait alors des excuses à la pédophilie, quand elle n'en faisait pas l'apologie. Aujourd'hui, elle est devenue amnésique. Jugez-en par cette anecdote.

Lors du dernier conseil municipal de Marseille, Guy Teissier, un élu de l’opposition LR, ancien député – qui avait déjà dénoncé, en 2021, le changement de nom de l'école Bugeaud –, s'est attaqué à la dénomination du groupe scolaire Simone-de-Beauvoir, accusant la philosophe d’être « en faveur de la pédophilie » et précisant qu'« elle avait signé une pétition qui défend les relations sexuelles entre enfants et adultes ». Colère du maire socialiste de Marseille, qui dénonce « un dérapage incontrôlé » et met fin au débat, valorisant le combat de Simone de Beauvoir pour le droit des femmes.

Quel rapport entre la pédophilie et le droit des femmes ? Aucun, sinon la démonstration que la gauche oublie facilement les positions qu'elle a autrefois prises, quand elles deviennent gênantes. Il est vrai qu'au moment où se tient le procès d'un ex-chirurgien accusé de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs, et alors que revient à la surface la ténébreuse affaire de Bétharram, il serait malvenu d'expliquer que la pédophilie n'est pas criminelle ou, comme le firent des intellectuels en 1977, de défendre l'idée que des pédophiles sont incarcérés à tort sous prétexte que les enfants qu'ils ont abusés seraient consentants.

Une mémoire sélective

C'est sans doute le « privilège rouge », comme l'appelle un chroniqueur célèbre de CNews, de pouvoir bénéficier d'une large impunité morale, voire judiciaire, et se permettre de rejeter dans l'oubli ses errements passés. Daniel Cohn-bendit, célèbre soixante-huitard, justifia un passage controversé de son ouvrage Le Grand Bazar en expliquant que ledit passage n'était pas « quelque chose qui a été fait, c'était une provocation ». Il avait alors, disait-il, un « besoin maladif et permanent de la provocation ». Quant à Philippe Sollers, signataire de la pétition, il écrira plus tard, dans L'Express, qu'« il y avait tellement de pétitions, à cette époque-là, qu'on ne faisait plus très attention à ce qui était écrit ».

Quand la gauche est fautive, elle se donne généralement l'absolution. On pourrait multiplier les exemples. Le Parti communiste français a oublié qu'avant d'entrer dans la Résistance, il collaborait avec les occupants, fidèle au Pacte germano-soviétique. Il a oublié que Georges Marchais, invité du Club de la presse d'Europe 1, le 12 novembre 1989, soutenait mordicus que le bilan des pays de l'Est était « globalement positif ». On pourrait rappeler aussi l'aveuglement des intellectuels de gauche face au génocide khmer rouge. La gauche extrême sait se refaire une virginité quand elle en a besoin.

Il arrive, de nos jours, qu'on débaptise des établissements scolaires désignés par des noms de lieux pour les remplacer par des figures féminines – parité oblige. On débaptise, aussi, des écoles pour des raisons éthiques et morales qui ne sont pas toujours objectives. Voici que, sous l'effet du wokisme, une fièvre nouvelle s'est emparée de pseudo-justiciers pour débaptiser des lieux publics, des rues, des collèges ou déboulonner des statues. L'extrême gauche est experte en purification de toute sorte, mais si elle vient à être mise en défaut, elle a tendance à botter en touche.

Cette sortie de Guy Teissier au conseil municipal de Marseille aura au moins eu le mérite de montrer, s'il en était besoin, que le maire socialiste de Marseille ne dépare pas dans le panel de la bien-pensance.

Philippe Kerlouan

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