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Von der Leyen : « Nous sommes à l’ère du réarmement »

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Bruxelles va accumuler 800 milliards d'euros pour les besoins de la défense. C’est la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui a annoncé, à sa seule initiative, ces nouvelles dépenses.  

Mardi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a envoyé une lettre aux dirigeants des 27 États membres de l'UE. Elle a exposé sa vision du plan ReArm Europe (Réarmer l’Europe), dont l’objectif est de renforcer considérablement la défense de l’UE. 

« L'UE prévoit de renforcer ses dépenses de défense pour récolter 800 milliards d'euros », a-t-elle stipulé. Cette question sera débattue lors d'un sommet européen d'urgence qui se tiendra jeudi à Bruxelles. La volonté de trouver de nouveaux moyens pour financer les dépenses militaires et de renforcer la coopération dans le secteur de la défense a été justifiée à Bruxelles par les actions de la Russie en Ukraine et l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis. Von der Leyen a aussi martelé : « Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires de l’OTAN » 

La nouvelle architecture de sécurité de l’UE devrait commencer à prendre forme lors du sommet européen du 6 mars. Le 19 mars, le commissaire européen à la Défense, Andrius Kubilius, et la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, présenteront la nouvelle stratégie industrielle de défense de l'UE. 

Kubilius avait auparavant exprimé l'espoir que le prochain budget septennal de l'UE allouerait environ 100 milliards d'euros à la défense. Mais, Bruxelles n’a pas attendu 2028, date à laquelle un nouveau budget à long terme sera adopté. L'UE prévoit de fournir des centaines de milliards d'euros de financement supplémentaire pour la défense dans le cadre de la plus grande initiative de sécurité européenne depuis la guerre froide. 

S'adressant aux journalistes mardi à Bruxelles, von der Leyen a annoncé que l'UE entrait dans une « ère du réarmement » (ReArm Europe) et que même les fonds du programme de l'UE pour le développement des régions en retard de développement seraient utilisés pour ces besoins. « ReArm Europe pourrait mobiliser près de 800 milliards d’euros pour une Europe sûre et résiliente », a-t-elle fait savoir. 

La chef de la Commission européenne a expliqué que le plan comprend cinq points. Il est question d'augmenter les dépenses de défense d'en moyenne 1,5% du PIB afin de réunir 650 milliards d'euros pour la production d'armes. Il est proposé de créer un nouveau mécanisme de prêt d'une valeur de 150 milliards d'euros qui permettra aux États membres d'augmenter la production de systèmes de défense aérienne, de systèmes d'artillerie, de missiles, de munitions, de drones et de systèmes anti-drones pour les besoins non seulement de l'UE, mais aussi de l'Ukraine. 

Dans le cadre de ces prêts, les pays de l’UE devront regrouper leurs commandes et produire des armes ensemble. En guise d’« incitation supplémentaire » au développement de l’industrie militaire, les États membres sont autorisés à utiliser les fonds du programme de développement des régions sous-développées pour les besoins de défense, pour lesquels 78 milliards d’euros ont été alloués dans le budget de l’UE pour 2025. 

En outre, la Commission européenne est prête à assouplir les règles de discipline budgétaire destinées à assurer la stabilité de l'euro pour permettre aux membres d'emprunter davantage d'argent à des fins militaires. À cet égard, il est proposé d’« activer » les exceptions au Pacte de stabilité et de croissance qui interdisaient aux pays de l’UE de dépasser leur dette publique de 60% du PIB et leur déficit budgétaire de plus de 3% du PIB. Cela leur permettra d’augmenter les dépenses militaires sans craindre de déclencher une procédure européenne de sanctions en cas de violations financières. 

Enfin, la Commission européenne a promis de développer des mesures incitatives et des garanties pour attirer les capitaux privés pour les besoins de la militarisation de l’Europe. 

En 2017, le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait répondu à l'idée de l'autonomie stratégique de l'UE, présentée dans sa Stratégie de sécurité globale, par les mots : « La Belle au bois dormant est réveillée ». La « coopération permanente structurée » commence à prendre forme, avait-il voulu voir. 

Cependant, huit ans se sont écoulés depuis, et la Belle au bois dormant, bien qu'elle se soit réveillée, ne s'est pas relevée. 

Force est de constater que la nécessité de dépenser davantage pour la défense européenne a été évoquée toutes ces années, tant au sein de l’OTAN qu’aux États-Unis, mais les investissements dans le domaine militaire sont restés insuffisants. 

Le retour de Trump à la Maison Blanche a relancé la question, en fixant un nouvel objectif de 5% du PIB pour les alliés européens. Mais, la véritable thérapie de choc pour les Européens a été la critique acerbe de l’Europe dans le discours de Munich du vice-président américain JD Vance et l’affrontement entre l’administration américaine et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le Bureau ovale. 

Bruxelles veut désormais montrer à Trump un exemple de la souveraineté stratégique de l’Europe, notamment sa volonté de prendre de manière indépendante des décisions concernant la sécurité européenne, y compris le soutien militaire à l’Ukraine. La principale question est toutefois de savoir si les États membres de l’UE accepteront d’emprunter en commun pour des projets de défense. 

Dans le même temps, les dirigeants européens restent soucieux de ne pas se brouiller avec les États-Unis et de réduire les tensions dans les relations euro-atlantiques. Ils partent du principe que les mesures de l’UE visant à accroître les investissements dans la défense européenne répondent pleinement aux intérêts et aux exigences de Washington. Et, dans une telle situation, les États-Unis ne pourront tout simplement pas quitter l’Europe, dont la sécurité les intéresse toujours, notamment pour des raisons économiques. La décision d’augmenter les dépenses militaires s’approchant des 5% correspond exactement à l’exigence de Donald Trump. Ursula von der Leyen a bien affirmé la volonté de rester fidèle à l’OTAN, ce qui prouve la faiblesse de la stratégie de l’UE qui révèle, ainsi, son manque de confiance en sa capacité à pouvoir se réarmer. 

Un plan de réarmement de l'UE de 800 milliards d’euros pourrait être approuvé demain. Lors d'un sommet d'extraordinaire le jeudi 6 mars, les dirigeants des 27 tenteront, donc, d'approuver un plan de réarmement de 800 milliards proposé par la Commission européenne. L’administration de l’UE mise sur la décision de voir ces propositions de la Commission européenne être rapidement mises en œuvre.

Observateur Continental avertissait que l'Europe, avec le soutien de l'Ukraine, connaît « l'effet Concorde » alors que la crise économique plombe toujours plus les pays de l’UE.

Pierre Duval 

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Source : http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=6705

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