La relation entre Paris et Alger connaît depuis de nombreux mois un nouveau cycle de tensions, exacerbé par la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. L’historien Bernard Lugan, spécialiste de l’Afrique, décrypte cette crise et estime que le régime algérien est condamné à la fuite en avant avant de s’effondrer.
Le Sahara occidental : un dossier explosif pour l’Algérie
Selon Bernard Lugan, interviewé par Epoch Times, la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par la France a provoqué la panique au sein du régime algérien. Depuis les années 1970, Alger a investi des sommes colossales pour soutenir le Front Polisario, un groupe armé indépendantiste, avec un double objectif : Entraver le développement du Maroc en maintenant un conflit territorial et s’offrir un accès stratégique à l’Atlantique via la République arabe sahraouie démocratique.
Mais aujourd’hui, l’Algérie voit sa politique s’effondrer : de nombreux pays occidentaux reconnaissent la souveraineté marocaine sur la région, fragilisant la diplomatie algérienne et révélant l’échec d’une stratégie de plusieurs décennies.
La France choisit le Maroc : un tournant stratégique
En décidant de rompre avec une position d’équilibre et d’afficher son soutien à Rabat, la France a fait un choix historique, que Bernard Lugan estime justifié pour plusieurs raisons :
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Historiquement, la région du Sahara et même l’ouest de l’Algérie faisaient partie du royaume du Maroc avant la colonisation française.
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Politiquement, le Maroc a toujours été un allié fiable de la France, contrairement à l’Algérie, qui cultive une hostilité permanente.
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Économiquement, le Maroc est un pays en plein essor, avec des perspectives de développement bien plus solides que son voisin de l’Est.
Ce choix français, bien que tardif, acte la fin d’une illusion diplomatique qui consistait à ménager l’Algérie en espérant des relations apaisées.
La rhétorique antifrançaise : un écran de fumée pour masquer la crise
Le régime algérien multiplie les attaques verbales contre la France, avec des déclarations hostiles du président Abdelmadjid Tebboune, allant jusqu’à accuser Paris de crimes barbares durant la colonisation. Cette rhétorique, explique Bernard Lugan, est indispensable à la survie du pouvoir algérien.
Pourquoi ce discours antifrançais ?
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L’Algérie repose sur une « rente mémorielle » qui consiste à entretenir la haine de la France pour légitimer son pouvoir.
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Le régime doit détourner l’attention des Algériens d’une situation économique et sociale catastrophique.
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Cette posture est renforcée par l’intelligentsia de gauche en France, toujours prompte à faire acte de repentance.
Mais selon l’historien, ces artifices ne pourront pas endiguer la chute inéluctable du régime algérien.
L’Algérie au bord de l’effondrement
Bernard Lugan est formel : le pouvoir algérien est condamné. Il repose sur une élite vieillissante et déconnectée :
Un pays gouverné par des « chibanis » : Les trois principaux dirigeants algériens ont entre 79 et 94 ans. Ils sont encore prisonniers de la guerre d’indépendance, incapables d’adapter leur politique aux réalités du XXIe siècle.
Une population jeune et frustrée : L’Algérie a une démographie explosive, avec une majorité de jeunes sans emploi ni perspectives, confrontés à un pouvoir autoritaire et figé.
Un risque d’implosion sanglante : Quand le régime s’effondrera, l’Algérie pourrait basculer dans le chaos, à l’image de la Syrie ou de la Libye. Le jour viendra où les dirigeants devront rendre des comptes, et cela pourrait déclencher une révolte violente.
Face à cette situation, Paris semble vouloir durcir son attitude envers l’Algérie. Certains responsables politiques, notamment à droite, évoquent une remise en cause des accords de 1968 sur l’immigration. Mais pour Bernard Lugan, ce revirement n’est pas sincère. Il estime que ces déclarations sont avant tout électoralistes, destinées à retenir un électorat tentant vers le Rassemblement national.
Enfin, Bernard Lugan revient sur la nature même de l’Algérie, qui selon lui, n’a jamais existé comme une entité unifiée avant la colonisation française. Avant 1962, l’Algérie n’était qu’un ensemble de régions distinctes, aux identités diverses (berbère, ottomane, arabe, française). C’est la France qui a créé le nom « Algérie » en 1839, donnant une unité artificielle à ce territoire. Cette réalité historique fragilise encore davantage la cohésion nationale algérienne, qui repose sur un mythe construit de toutes pièces.
L’analyse de Bernard Lugan est sans appel : le régime algérien est condamné. La fuite en avant dans la rhétorique antifrançaise et l’obsession du Sahara occidental ne pourront pas cacher l’échec économique, social et politique du pays.
La chute de ce système semble inévitable, avec des conséquences potentiellement chaotiques. Pendant ce temps, la France semble prendre (enfin) ses distances avec Alger, tout en restant prisonnière de quarante ans d’erreurs diplomatiques et migratoires.
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