La jeune fille n’ignore rien de son « histoire atypique », elle a été adoptée par « une famille aimante et bienveillante ». Sa mère « a été jugée coupable en mai 2006 de "délaissement d’enfant" par le tribunal correctionnel de Pontoise. Mais elle a aussi été dispensée de peine au regard de sa détresse et de "sa vie de solitude et d’abandon" », explique Le Parisien. La mère biologique de Jade raconte : « Je me suis dit qu’en déposant le bébé là, il serait vite pris en charge », et celle qui ne se sentait pas prête à être mère a quand même laissé une chance de vivre à son bébé.
« Une fenêtre de la vie »
Cette boîte à chaussures, c’est une « fenêtre de la vie », comme l’appelle l’association croate « Bethléem Zagreb », qui vient d’ouvrir la première boîte à bébé où les femmes ne pouvant ou ne voulant pas garder leur bébé peuvent le déposer anonymement dans une niche chauffée et garnie d'un petit lit dans le mur d’un couvent. Comme le raconte Brut, aussitôt que quelqu’un ouvre la boîte, l’alarme retentit sur le téléphone de la responsable, Alberta Vrdoljak, et des religieuses : « Le but, c'est de sauver des vies et d'éviter des infanticides. » La responsable explique que « l'association a eu l'idée de cette installation il y a déjà longtemps […] mais le déclic est venu d'un fait divers l'an dernier, lorsque deux adolescents ont sauvé un nouveau-né abandonné dans une poubelle d'un parc près de Zagreb. » On pourrait croire que cette idée, qui vise aussi bien le bien de la mère que celui du bébé, ne pourrait être que louée, mais non, certaines ONG et groupes féministes considèrent cette initiative comme « illégale, dangereuse et allant contre l'intérêt supérieur de l'enfant ». La vérité, c’est qu’elles semblent bien plus préoccupées par l’intérêt supérieur du droit à l’avortement que par celui de l’enfant… puisqu’elles considèrent que « cette initiative est un cheval de Troie des groupes anti-avortement - très puissants en Croatie, où 80 % de la population se déclare catholique ». Si l’on en croit Brut, pour Helenca Pirnat Dragicevic, nommée Défenseur des enfants en 2017, « le droit de l'enfant à connaître son identité et la nécessité de s'attaquer aux causes profondes de l'abandon d'enfants » semblent bien plus importants que son droit à vivre… Peut-être pourrait-elle poser la question à la jeune Jade ?
Une menace pour l'avortement ?
En Croatie, l’accouchement sous X n’est pas autorisé, contrairement à la France, mais les boîtes à bébé existent aussi par centaines au Japon, en Autriche, en Suisse, en Allemagne, en Pologne, en Hongrie. Le site suisse « Fenêtre à Bébé » montre comment ce dispositif a réellement fait chuter le nombre de bébés retrouvés morts, depuis sa mise en place en 2001, un dispositif qui se veut « une main tendue dans les situations extrêmes ». D’ailleurs, l’aide suisse pour la mère et l’enfant (ASME) propose aussi d’apporter « une assistance matérielle et financière concrète et gratuite à la mère de l’enfant ». Pourtant, si l’on en croit Ida, qui témoignait pour Elle Québec en 2012 et qui a accouché d’une petite fille à 15 ans, le « plus grand défi n’a pas été d’élever seule une enfant alors que j’en étais encore une moi-même. C’est plutôt le jugement, le mépris, le fait qu’on me condamne d’avance à une existence de misère qui ont été durs à avaler. » La jeune mère explique ainsi que, « pour plusieurs filles qui se retrouvent dans la même situation que moi, c’est un obstacle de plus à franchir ». Un discours ambiant qui, au prétexte de préserver un droit loin d’être menacé, semble empêcher les femmes d’exercer pleinement leur liberté. Sur France 3 Alsace, on lit que « l’Allemagne, l’un des premiers pays européens à avoir réintroduit les boîtes à bébé dans les années 2000 après une vague d’infanticides, dénombre plus de 300 enfants abandonnés via ce dispositif depuis plus de 20 ans ». Pourtant, peu importe les résultats, la boîte à bébé ne fait pas l’unanimité, le dispositif étant considéré comme une menace plutôt qu’une alternative à l’avortement.
L’accouchement sous le secret, dit « sous X », permet en France à la mère d’accoucher dans les meilleures conditions possibles et de donner à son enfant la vie et donc une chance de mener une vie heureuse dans une « famille aimante et bienveillante ». Arrivés à plus de 200.000 par an, le nombre d’avortements, en France, ne cesse d’augmenter. Seulement 600 à 700 femmes auraient recours, chaque année, à un accouchement sous X. Discours ambiant puérophobe et maternophobe, activisme prétendument féministe ? Pourtant, si Jade « maintenant [a] une belle vie », c’est aussi grâce à celle qui l’a mise au monde, dans une boîte.