Des pionniers, à l'allure lente, portent hache et barbe soignée. Les airs joués par la Musique rappellent les fastes de la Grande Armée. Sous nos yeux, une cérémonie aussi millimétrée que les plis de chemise réglementaires de Monsieur Légionnaire. Sommet de cette liturgie, la main en bois du capitaine Danjou est présentée sur la voie sacrée pendant qu'un lieutenant fait, de tête, le récit de la glorieuse défaite de Camerone.
Après la commémoration, un violon interprète une partition émouvante tirée du film Diên Biên Phu, de Pierre Schoendoerffer. Le père Yannick Lallemand est alors élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur. Le « padre », qui a notamment sauté sur Kolwezi, connaît bien les képis blancs pour en avoir côtoyé trois générations. « Un légionnaire, c'est quelqu'un qui quitte son pays pour venir servir la France, quelqu'un qui pour des raisons qui lui sont propres va entamer une seconde vie », explique l'aumônier à BV.
« Déterminer chaque chose avec beauté »
Dans son képi, le caporal-chef nous montre une photo-portrait de son épouse : « Comme ça, elle est toujours avec. » Ce pionnier du 1er régiment étranger, fort de plusieurs opérations extérieures, nous détaille les raisons de son engagement : « La culture de la France et la langue de Molière sont magnifiques, on peut déterminer chaque chose avec beauté. » Une imposante stature, alliée inattendue des arts et les lettres, qui dissuade quiconque de s'exprimer avec vulgarité.
Cet amour du pays forme le ciment de la Légion, unique lieu au monde qui accueille 147 nationalités sous un même étendard vert et rouge. Au point que Thomas, un légionnaire du 1er régiment étranger de cavalerie, nous confie : « Mes camarades ont beaucoup d'estime pour la France. La Légion, c'est une grande famille. »