La crédibilité du gouvernement n'est pas évidente...
Allons directement à l’essentiel et à ce qui fait mal : le boulet de la dette publique française est pointé du doigt, certes avec la politesse de bonne aloi qui s'impose dans ce type de document, mais, pour qui sait lire entre les lignes, on comprend que la France n’est pas, à l’évidence, le meilleur élève de la classe. Là encore, c’est une mauvaise nouvelle qui n’a rien de nouveau. Dans un long chapitre intitulé « Politique budgétaire : réduire la dette tout en recentrant les priorités de dépenses », ce qui revient un peu à vouloir résoudre le problème de la quadrature du cercle, le FMI y va de ses constats et recommandations. Il note bien la volonté affichée du gouvernement de réduire le déficit budgétaire : « Dans la continuité de la loi de finances pour 2025, les autorités sont déterminées à mettre en œuvre leur Plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) afin de ramener le déficit au-dessous de 3 % du PIB d’ici à 2029 ».
Mais on comprend, à la lecture de ce qui suit ce constat, que la crédibilité du gouvernement ne semble pas couler de source pour les missionnaires du FMI : « Bien que l'ajustement envisagé soit approprié pour améliorer la dynamique de la dette et renforcer la résilience de la France face aux chocs, il doit être étayé par un ensemble de mesures bien défini et crédible, et reste soumis à des risques de mise en œuvre, comme en témoignent les difficultés récentes ». Traduction libre de l’auteur de ces lignes qui vaut ce qu’elle vaut : « Pour l’instant, on ne voit pas vraiment de mesures bien concrètes qui vont dans le sens d’une réduction de la dette et, en plus, compte tenu de l’instabilité politique du pays, ce n’est même pas certain que ce Plan budgétaire et structurel à moyen terme soit mis en application ». On se souvient de la conférence de François Bayrou sur l’état de notre dette et de nos finances publiques, le 15 avril dernier (c’est vieux !). Si son diagnostic sur l’inexorable dégringolade de nos finances publiques avait été implacable, on était resté sur notre faim quant aux mesures correctives à prendre pour, au mieux, renverser la tendance, au minimum la stopper voire la freiner.
« Des décisions difficiles » à prendre
Pourtant, le rapport du FMI souligne le fait que « des efforts budgétaires supplémentaires significatifs seront cruciaux pour reconstituer des marges de manœuvre ». En creux, cela signifie que l’État n’a plus de marges de manœuvre. Inquiétant. Ces efforts budgétaires supplémentaires, pour espérer une stabilisation de la dette en 2027 et sortir en 2029 de la procédure de déficit excessif, ne passent pas pour le FMI par de nouveaux impôts, « compte tenu du taux de prélèvements obligatoires par rapport au PIB déjà élevé en France ». Augmenter la pression fiscale aurait pour conséquence, souligne le rapport de peser sur la confiance des entreprises, la consommation des ménages et le potentiel de croissance. On sait déjà tout cela. Alors, le FMI évoque la nécessité de « mesures décisives », de « décisions difficiles pour garantir l’équité et la justice, impliquant des arbitrages délicats ». Sont évoqués notamment, sans entrer dans le détail, « le suivi et l’évaluation des dépenses sociales », le « ciblage des prestations sociales », la rationalisation des « dépenses publiques » le renforcement de leur « efficience, au moyen d’une action concertée à tous les niveaux d’administrations publiques : État, administrations de sécurité sociale, collectivités territoriales ». Tout cela n’est pas gagné d’avance.