Chronique d’une gauchisation suicidaire
Il paraît qu’on peut tout dire à gauche. Sauf la vérité.
La vérité, c’est que dans les rangs de La France Insoumise, dénoncer l’islamisme vous transforme en paria. Que si vous osez dire que l’antisionisme cache souvent un antisémitisme crasse, on vous accuse d’être vendue à Israël.
On ne quitte pas un parti comme on claque une porte. On s’en arrache, parfois avec honte, souvent avec colère. Moi, c’est l’usure du silence qui m’a poussée à parler. Car dans les rangs de La France Insoumise, dénoncer l’islamisme n’est pas une prise de conscience : c’est un crime.
Dans un précédent témoignage, j’avais déjà levé le voile sur les dérives sexuelles et l’antisémitisme enrobé d’antisionisme. Mais un nouveau seuil a été franchi. Entre le rapport glaçant sur les Frères musulmans et les prises de position complaisantes de certains élus LFI, cela valait bien une suite.
Je vous épargnerai les lamentations. Comme je le dis souvent : seuls les imbéciles ne révisent jamais leurs erreurs. J’ai été militante insoumise. J’ai cru à la promesse d’un avenir plus juste. Et puis, j’ai ouvert les yeux.
Mon quartier, c’était la République en état de siège
À l’époque, je suis étudiante. Fauchée, je vis dans un quartier miné par la violence. Chaque soir, après mon job au McDonald’s, je rentre seule, en retenant mon souffle. Des hommes d’origine étrangère me suivent depuis la bouche de métro. Si je ne réponds pas, les insultes fusent. Si je parle, ce sont les menaces. En arabe, puis en français. Mon tort ? Être une femme. Être dehors.
Un soir, un maghrébin a voulu me forcer à l’embrasser. C’est une patrouille de police qui m’a sauvée. La même police que mes camarades LFI traitaient de milice fasciste. Quand les CRS étaient stationnés en bas, je respirais. Sinon, je sortais en robe longue, pour ne pas « provoquer ». Dans mon propre pays.
Je me souviens d’un débat interne avec mes camarades insoumis sur le harcèlement de rue. J’ai osé parler du sexisme que je subissais au quotidien. Et là, silence gêné. Puis cette phrase, d’une militante : « On ne peut pas stigmatiser certaines populations déjà discriminées. »
Et pourtant, quand il s’agissait d’épingler le « mâle blanc hétéro », là, il n’y avait pas de souci. Là, on sortait les pancartes. Mais quand le patriarcat a un accent maghrébin, une barbe et un qamis, tout le monde regarde ses pieds. Quand je racontais ces agressions aux insoumis, leurs visages se tordaient. Pas de colère pour moi, non. Mais de gêne. « Oui c’est chaud, mais… faut comprendre, c’est une colère post-coloniale ». Ah, le fameux « mais ». Ce « mais » qui justifie tout : les regards gluants, les mains qui traînent, les insultes, les menaces.
Comme si je devais, moi, me soumettre au mode de vie d’hommes pour qui une femme est un objet, un corps à conquérir ou à punir. Et si je refusais de me taire, on me taxait aussitôt d’islamophobe. On me disait même que certaines cultures « courtisent différemment ».
C’est à ce moment-là que j’ai compris que leur féminisme était à géométrie variable. Militant de vitrine, pas de terrain.
L’antisémitisme, camouflé sous keffieh
Très vite, j’ai compris que la lutte contre le racisme n’était qu’un paravent. On ne défendait pas les Juifs. Non. Les Juifs, c’était « les puissants », « les sionistes », « l’apartheid israélien ». J’ai entendu un élu local dire lors d’une réunion : « Les Juifs ont pris la Palestine comme les colons ont pris l’Algérie ». Tout le monde a hoché la tête.
J’ai entendu des élus parler de « l’occupation sioniste » comme on parlait jadis du « complot juif ». J’ai vu des jeunes traiter une camarade juive de « colon » parce que sa cousine vivait à Tel Aviv. J’ai entendu : « De toute façon, Rothschild tient Macron ». Mais personne ne disait un mot pour les morts de l’Hyper Cacher. Aucun hommage. Aucune colère.
« L’islam est la vraie justice sociale »
Il y avait ce militant, barbe bien taillée, quadragénaire, très bien vu dans le mouvement. Grande gueule le jour, prédicateur frériste la nuit. Il racontait qu’il dormait dans des mosquées wahhabites en Arabie Saoudite « pour se purifier ». Il envoyait des vidéos de propagande : « rejoins la oumma », « l’Occident est corrompu », « l’islam est la vraie justice sociale », aux plus jeunes du parti.
Un autre racontait qu’il avait arrêté de serrer la main aux femmes : « C’est un péché ». Et pourtant, ils distribuaient des tracts sur les marchés le samedi matin. Laïque en surface, salafiste sous la peau. Et personne ne bronchait. Ce n’était pas un cas isolé. Ils étaient plusieurs. Stratégiques. Ils savaient très bien ce qu’ils faisaient.
Plusieurs types comme eux investissent méthodiquement le mouvement. La laïcité ? Rangée au placard, jugée « islamophobe ». On lui préfère celle du Royaume-Uni, où les Frères musulmans prospèrent à coup de financements bancaires.
À mesure que ces prédicateurs en baskets s’installent, les militants laïques et féministes s’effacent. Une femme en niqab et gants peut venir en réunion sans susciter le moindre débat. Et moi, avec mes alertes répétées, mon foulard noué autour du cou à la française, je deviens « la réac de droite ».
J’ai fini par partir. Mais pas sans bruit. Et j’ai été traitée de facho. De traîtresse. De vendue. Tout ça parce que j’avais osé dire qu’être une femme libre dans un quartier islamisé, c’était devenu une épreuve, et que je craignais que cela se propage à l’échelle du territoire national dans son intégralité.
Et si cette liberté fait de moi une ennemie, alors je suis fière d’en être une.
Emilie Volkova