Bientôt une alliance énergétique ?
L’essentiel des discussions entre Orbán et Trump porte sur l’énergie, un domaine où la Hongrie cherche à diversifier ses approvisionnements sans rompre brutalement avec la Russie. Des mois de négociations ont abouti à un paquet économique ambitieux : achat de combustible nucléaire américain pour la centrale de Paks, introduction de réacteurs modulaires petits (SMR) - potentiellement les premiers au monde à usage commercial basés sur une technologie américaine -, et extension des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis. Un haut responsable hongrois l’a résumé ainsi auprès du Hungarian Conservative : « Tout le monde y gagne : les Américains conquièrent un marché, nous gagnons une alternative à la dépendance russe. »
Pourtant, cette alliance n’efface pas les frictions. La Hongrie, via son ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó, prépare un « grand paquet de coopération économique et énergétique » pour sécuriser ses approvisionnements à long terme, mais insiste sur le fait que couper net avec la Russie relève d’un « monde de rêve ». Trump, allié fidèle d’Orbán – qu’il qualifie de « fantastique » et « plus intelligent que quiconque » –, ne veut pas affaiblir son homologue avant les élections hongroises d’avril. Orbán, en s’appuyant sur Washington, transforme ainsi une faiblesse en levier diplomatique, renforçant son image de leader souverain face à une UE perçue comme beaucoup trop intrusive. Rodrigo Ballester, membre de la délégation hongroise interrogé par Boulevard Voltaire, tempère une interprétation conflictuelle entre la Hongrie et l’UE : « La présence d’Orbán à Washington n’est pas un pied de nez mais c’est aussi une façon de mettre en scène les excellentes relations entre Trump et Orbán malgré le report du sommet de Budapest. »
Poutine, un sujet sensible
La guerre en Ukraine plane comme une ombre sur ce sommet amical. Orbán, qui s’était porté candidat pour accueillir un face-à-face Trump-Poutine à Budapest, voit son initiative torpillée par l’entêtement moscovite à poursuivre cette guerre coûte que coûte. Poutine, déterminé à consolider ses gains territoriaux malgré les contre-offensives ukrainiennes, met Donald Trump « très en colère », provoquant l’annulation du sommet et une vague de sanctions américaines sur les majors pétrolières russes.
Cette déception marque un tournant : le président américain, qui avait accueilli Poutine en grande pompe lors de son investiture, durcit désormais le ton, exigeant que l’Europe - y compris la Hongrie - tranche ses liens énergétiques avec le Kremlin. « Trump souhaite la réélection d’Orbán, mais il ne tolérera pas une entorse flagrante à sa politique anti-russe », fait remarquer à Euronews Daniel Hegedüs, chercheur spécialiste de la question hongroise.