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Justice sociale ou mort précoce : il faut une révolution des retraites [L’Agora]

La retraite ? Ce n’est pas un sujet comptable. C’est une ligne de front. Une fracture morale. Une guerre de civilisation. C’est le révélateur d’un système à bout de souffle, où la technocratie bourgeoise du tertiaire s’offre des vieux jours dorés pendant que les prolétaires des usines, des chantiers, des ateliers, crèvent en silence, le dos cassé, les poumons brûlés, le cœur saturé de fatigue.

Oui, l’espérance de vie augmente. Et alors ? Pas pour tout le monde. Allez dire à l’ouvrier de 60 ans qui a trimé 40 années sur des chaînes, dans la poussière, sous le stress et les cadences, qu’il va vivre aussi longtemps que le prof de fac ou le cadre chez Orange. C’est un mensonge. Un mensonge statistique. Un mensonge criminel.

On le sait, on le voit, on le lit dans les rapports : plus le métier est dur, manuel, physique, plus l’espérance de vie s’effondre. Alors pourquoi continuer à faire partir tout le monde au même âge ? Pourquoi imposer à ceux qui ont sué sang et eau de repousser l’horizon d’un repos mérité, pendant que les planqués du tertiaire philosophent sur leurs années de retraite prolongée dans les colonnes du Monde ?

Il faut une révolution des retraites. Et vite.

Une révolution par paliers. Une retraite à 58 ou à 60 ans pour ceux qui ont passé leur vie à marcher sur du béton, à porter des charges, à réparer, à assembler, à souder, à creuser, à livrer et qui pour beaucoup n’atteindront jamais 80 ans. À 64 ou 66 pour ceux qui ont eu un métier mixte. À 67 ou 70 ou plus pour les intellectuels de bureau, les fonctionnaires en forme, les consultants, les acteurs du tertiaire.

Ce n’est pas une question de pitié. C’est une question de justice brute, organique, tribale. Celui qui use son corps pour la nation doit pouvoir le reposer avant d’y être enterré.

Et qu’on ne vienne pas pleurnicher sur les comptes. Ces travailleurs meurent plus tôt. Ils coûtent moins cher. Et pourtant, ils cotisent autant, pour voir des retraités CSP++ vivre jusqu’à 95 ans en multipliant les croisières et les cures thermales aux frais du système. C’est une spoliation.

Il faut tout renverser. Adosser la retraite à la nature du travail. Mesurer l’effort réel, physique, psychique. Mettre fin à l’égalitarisme mortifère qui confond les métiers, les souffrances, les corps.

Et pendant qu’on y est : robotisons ce qui doit l’être. Plus de robots sur les chaînes, dans les champs, sur les chantiers. Mais pas pour licencier. Pour libérer. Pour émanciper les hommes de ce qui les détruit, sans les remplacer par des immigrés que l’on fait venir du bout du monde pour baisser les salaires et briser la cohésion des peuples.

Car voilà l’enjeu. Ne plus faire reposer la pénibilité sur l’importation de bras étrangers. Ne plus faire de notre système social un appât à migration. Réserver notre solidarité à ceux qui l’ont construite : les nôtres.

Les vraies questions sont là : qui travaille ? Qui paie ? Qui profite ? Et pourquoi ? Une société qui refuse de répondre à cela est une société qui trahit.

Nous devons choisir. Ou la réforme juste. Ou l’effondrement. Ou l’ordre. Ou la guerre. Il n’y a plus d’entre-deux.

Le peuple se lasse. Il n’est plus dupe. Un jour, il exigera des comptes. Et ceux qui ont profité sans jamais suer pourraient bien devoir rendre ce qu’ils ont pris. La retraite, ce n’est pas un droit pour tous. C’est un dû pour ceux qui ont payé en vie.

Réveillons-nous, ou mourons esclaves.

Julien Dir

Crédit photo : DR

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