Le 23 mai, l’ancien commandant en chef de l’armée ukrainienne a dressé un bilan pessimiste de la guerre en Ukraine (traduction automatique) :
L’ancien commandant en chef des forces armées ukrainiennes, aujourd’hui ambassadeur au Royaume-Uni, Valery Zaluzhny, a déclaré que la Russie avait dépassé l’Ukraine en matière d’innovations sur le champ de bataille.
…
Selon lui, l’Ukraine « ne parvient plus à générer et à développer continuellement des innovations, même dans les domaines où nous étions hier en avance sur l’ennemi ».
« L’ennemi nous a déjà dépassés et nous sommes à la traîne – nous devons être honnêtes à ce sujet », a-t-il déclaré.
…
L’ancien commandant en chef estime que la Fédération de Russie mène actuellement une guerre d’usure. En réponse, il est nécessaire, selon Zaluzhny, « de saper l’économie et la composante sociale afin de priver la Russie de la possibilité de se développer scientifiquement et technologiquement et de déclencher des processus de troubles civils et de désintégration ».
L’ancien commandant en chef ne précise pas comment y parvenir…
Zaluzhny faisait probablement référence non seulement à la guerre des drones que la Russie est en train de gagner, mais aussi à l’état médiocre des défenses aériennes ukrainiennes.
Le lendemain, le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne confirmait le point de vue de Zaluzhny (traduction automatique) :
La Russie a amélioré ses missiles balistiques, de sorte que les systèmes Patriot ont perdu de leur efficacité pour les abattre. C’est ce qu’a déclaré le chef du département des communications des forces aériennes des forces armées ukrainiennes, Yuriy Ignat, en commentant les bombardements nocturnes de Kiev aujourd’hui.
Les missiles Iskander-M, qui attaquent selon une trajectoire balistique, ont été considérablement améliorés et modernisés
« Nous parlons ici de tirs pour piéger les radars, que chaque missile peut effectuer pendant son approche de la cible. Il y a également le vol de missiles suivant une trajectoire quasi balistique, lorsque le missile ne vole pas en ligne droite, mais effectue déjà des manœuvres », a-t-il déclaré lors du téléthon.
Les nouvelles versions d’Iskander utilisent des leurres pour brouiller les radars de défense aérienne. Elles effectuent également des manœuvres pendant la dernière phase de leur vol, rendant leur interception quasi impossible.
Dans son reportage sur l’attaque à grande échelle menée samedi soir contre l’Ukraine, le Washington Post notait que les systèmes de défense aérienne Patriot fournis par les États-Unis à l’Ukraine avaient échoué (archivé) :
L’assaut russe a impliqué près de 400 missiles et drones, dont neuf missiles balistiques que les défenses aériennes ukrainiennes, déjà mises à rude épreuve et en nombre insuffisant, n’ont pas réussi à intercepter, a déclaré l’armée de l’air ukrainienne.
Certains des missiles russes ont détruit au moins une batterie de défense aérienne Patriot. Chaque batterie se compose d’un radar, d’un poste de contrôle de combat et de deux ou plusieurs véhicules lanceurs. Le coût d’une batterie complète est d’environ 1 milliard de dollars. Chaque missile tiré coûte entre 2 et 4 millions de dollars.
La batterie Patriot détruite lors de l’attaque du week-end n’était pas la première à subir ce sort.
Le magazine Military Watch a documenté l’histoire du système en Ukraine :
Le système Iskander a été confirmé pour la première fois comme ayant détruit avec succès un système Patriot, le 23 février 2024, puis un autre système près de la localité de Sergeevka, le 10 mars de la même année, laissant les forces terrestres de la région exposées. Par la suite, au cours de la deuxième semaine de juillet 2024, de nouvelles images ont confirmé la destruction de deux batteries dans la région d’Odessa, tandis que le 11 août, trois autres batteries de missiles et un radar AN/MPQ-65 auraient été détruits par des frappes d’Iskander-M. L’un des succès les plus récents de l’Iskander-M a été la destruction de la station radar multifonctionnelle AN/MPQ-65 du Patriot, de la cabine de contrôle de combat et des lanceurs de missiles dans la région de Dnepropetrovsk.
Avec celle de samedi/dimanche, cela porte à dix le nombre total de systèmes détruits. Cela représente probablement plus de la moitié du total fourni par les États-Unis et leurs alliés.
Le système de défense aérienne Patriot est assez ancien. La première version a été utilisée il y a 35 ans lors de la première guerre des États-Unis contre l’Irak. Il avait déjà largement échoué dans sa mission :
En 1992, un rapport militaire intitulé « Efficacité du système de missiles Patriot pendant l’opération Tempête du désert » révélait que sur les 158 missiles tirés pendant la guerre du Golfe, 45 % avaient été lancés contre de fausses cibles. Une étude réalisée au début des années 1990 par Theodore Postol, professeur de science, technologie et sécurité internationale au Massachusetts Institute of Technology et éminent expert en technologies de missiles, soulignait : « Le taux d’interception du Patriot pendant la guerre du Golfe était très faible. Les résultats de ces études préliminaires indiquent que le taux d’interception du Patriot pourrait être bien inférieur à 10 %, voire nul. » Même « les adversaires les plus primitifs » pouvaient facilement échapper à l’interception, concluait son étude.
De nouvelles versions du radar et des missiles Patriot, PAC-2 et PAC-3, ont été introduites, mais ont continué à mal fonctionner :
À la suite des révélations sur les lacunes du système Patriot pendant la guerre du Golfe, le monde occidental espérait vivement que sa modernisation lui permettrait d’offrir une défense beaucoup plus efficace contre les attaques de missiles balistiques. Ces espoirs ont été déçus par ses performances lors de l’invasion de l’Irak en 2003, et plus encore 14 ans plus tard, lorsque des variantes encore plus modernisées n’ont pas réussi à intercepter une attaque de missiles balistiques de fortune lancés par des paramilitaires yéménites contre l’Arabie saoudite en 2017. Les images satellites, les photos et les vidéos de l’attaque ont montré que les missiles yéménites n’avaient pas été neutralisés, malgré les affirmations contraires des sources gouvernementales saoudiennes et américaines. L’analyse menée par une équipe de recherche composée d’experts en missiles a montré qu’une ogive avait survolé sans encombre l’Arabie saoudite, malgré l’important arsenal de batteries Patriot modernisées protégeant la zone touchée.
Le magazine conclut :
Les questions récemment soulevées par les responsables ukrainiens concernant la fiabilité du système Patriot contre les attaques de missiles balistiques russes s’inscrivent donc dans une longue histoire de performances décevantes dans ce domaine. Cela a des implications importantes pour les armées occidentales et celles d’Asie du Nord-Est qui comptent sur ce système pour leur défense.
Un autre point faible du système Patriot est le manque notoire de munitions nécessaires à son fonctionnement. Selon The Economist (archivé), le taux de production actuel des systèmes Patriot est de 650 missiles par an. Au cours de la même période, la Russie produit 750 missiles balistiques à environ 10 % du prix d’un missile Patriot.
Malgré les mauvais résultats du système, l’Ukraine est, selon le Washington Post, toujours désireuse d’en acquérir davantage (archivé) :
KIEV — L’Ukraine est de plus en plus préoccupée par l’obtention de nouveaux systèmes de défense aérienne Patriot fabriqués aux États-Unis, car les stocks envoyés sous l’administration Biden s’épuisent et la nouvelle administration est réticente à en envoyer davantage, selon six responsables ukrainiens et occidentaux.
…
Le besoin urgent de l’Ukraine en missiles Patriot est apparu clairement pendant le week-end du Memorial Day, lorsque ses forces de défense aérienne n’ont réussi à intercepter aucun des neuf missiles balistiques lancés samedi soir et tôt dimanche matin. Selon les forces de défense aérienne ukrainiennes, deux de ces missiles visaient Kiev, où au moins deux unités Patriot seraient stationnées.
L’une de ces unités Patriot n’existe probablement plus.
Le Post ne parvient pas à expliquer pourquoi l’Ukraine devrait ou voudrait demander davantage de systèmes Patriot alors que, comme le dit le même rapport, ceux-ci ne remplissent pas leur fonction.
Les éditorialistes du Post sont encore pires. Malgré les nombreux articles publiés dans leur propre journal indiquant que les systèmes Patriot ne sont pas capables de défendre contre les missiles russes, ils affirment à tort (archivé) qu’ils le peuvent, pour ensuite dire qu’ils ne le peuvent pas :
Ce qui effraie davantage l’Ukraine que les drones, cependant, c’est la diminution de ses stocks de systèmes de défense aérienne Patriot fabriqués aux États-Unis. Seuls les lanceurs Patriot permettent de contrer de manière fiable les missiles balistiques tirés par la Russie. Samedi soir, l’Ukraine n’a pas réussi à intercepter neuf tirs de missiles de ce type.
Les rédacteurs semblent sous-entendre que l’Ukraine n’a pas réussi à intercepter les missiles Iskander parce qu’elle manquait de missiles de défense aérienne Patriot. Mais ce n’était pas le cas. La vidéo de l’attaque de samedi soir montre le tir d’au moins 14 missiles Patriot par deux batteries avant que l’une d’elles ne prenne feu.
Aucun des 14 missiles de défense aérienne tirés n’a atteint le missile balistique entrant.
Les rédacteurs du Post font pression pour que des sanctions secondaires soient prises sous la forme de droits de douane supplémentaires sur les produits de toute personne achetant des matières premières à la Russie. Ces droits de douane devront être payés par les consommateurs américains. Ils nuiront davantage aux États-Unis qu’à la Russie et ne contribueront certainement pas à aider l’Ukraine.
En résumé : les défenses aériennes Patriot sont une chimère. Depuis sa création, le système n’a pas rempli son objectif, qui est d’assurer une défense fiable contre les missiles balistiques.
La seule cible fiable qu’il parvient à intercepter à chaque fois qu’un missile est lancé est l’argent des contribuables. On peut se demander combien de pots-de-vin sont versés pour générer de nouvelles demandes à son sujet.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.