Bayrou a évidemment raison sur le diagnostic. Après dix ans de présidence d’Emmanuel Macron, allié depuis l’origine avec le MoDem d’un certain François Bayrou, le royaume du "Mozart de la finance" est dans une situation financière catastrophique. La note de la France décernée par les grandes agences internationales a été dégradée. La Cour des comptes évoque le risque d’une « crise de liquidité » de la Sécurité sociale en 2027, ce qui empêcherait de payer les prestations des assurés. Et fait état d’ un dérapage de dépenses « hors de contrôle ». L’Europe gronde. Le FMI s’impatiente. Les perspectives de faillite générale ne relèvent plus, pour de nombreux spécialistes, de conjectures lointaines, mais de probabilités à court ou moyen terme.
« Prise de conscience »
Les présidents mondialistes, de Giscard (premier président de la République à présenter des budgets dans le rouge) à Macron, tous portés au pouvoir par les bourgeoisies d’argent et les esprits "éclairés", ont accroché à la France une dette effarante. Après Fillon et quelques autres, Bayrou, peut-être parce qu’il a participé à ce désastre, en parle en connaisseur : « Depuis des décennies, on a laissé s’accumuler les déficits, on a laissé s’accumuler une montagne de dette », explique le Premier ministre. « Le pays est en situation de surendettement et, plus grave, la France est un pays qui produit moins que ses voisins, ajoute-t-il. Tous les mois, on dépense 10 % de plus que ce qu’il rentre dans les caisses. C’est une situation insupportable qui ne peut pas durer ». À qui la faute ?
Il faut donc trouver 40 milliards d’économies sur le prochain budget. Via une TVA sociale ? Ce n’est pas tranché. Bayrou se tourne en tous cas vers… nous ! « Je cherche la prise de conscience des Français », dit-il.
Mais les Français demandent – ils finiront par exiger – que l’État fournisse lui-même avant tout les efforts nécessaires. La France est le pays le plus taxé de l’OCDE. La gabegie est générale et régulièrement décrite par la Cour des comptes ou l’Ifrap d’Agnès Verdier-Molinié. Sortons de l’Élysée pour aller dans une PME. Le gérant qui a mené l’entreprise à la ruine peut-il demander sans vergogne un nouvel effort aux propriétaires déjà durement rançonnés ? L’hôtel le plus cher du monde peut-il demander aux clients d’essuyer ses fins de mois ?
L'amour de la patrie
La réalité est cruelle, mais logique. Nos dirigeants aussi mondialistes que des télévangélistes américains se sont consciencieusement privés du dernier argument pour demander aux Français un effort, un vrai : cette corde patriote, ce dévouement au pays, à la terre de ses ancêtres qui avait fait des miracles. Lors des deux dernières guerres mondiales, des hommes ont accepté sur cet argument simple de sacrifier leur vie. Lors des guerres coloniales, les militaires ont fait de même parce que c’est leur métier et parce qu’ils aimaient la France. Durant la guerre encore, la Russie de Staline avait exalté la fibre patriotique qu'elle combattait jusque là pour vaincre l’Allemagne. Bayrou et Macron n'ont rien exalté du tout.
De quel argument Bayrou et Macron disposent-ils donc pour exiger des efforts ? Le macronisme a accéléré la démolition de l’idée de nation, il a effacé les frontières, refusé l’idée même d’un peuple autochtone, nié jusqu’à la culture nationale – « Il n’y a pas de culture française » -, promu sans relâche l’Europe supranationale, encouragé une immigration record qui dilue et efface la qualité de Français, fait des gestes et prononcé à l'étranger des mots honteux pour la France… La liste est longue. L’État mondialiste en faillite ne peut refuser à un peuple l’amour de sa patrie et exiger de lui le lendemain des efforts, au nom de cette patrie et de ce peuple.
Soit être Français est une fierté qui vaut tous les sacrifices – ce n’est pas ce qu’on a entendu sous Macron -, soit ce peuple n'existe pas et le mot recouvre une honte, une vieillerie, une affection réactionnaire passéiste, voire fasciste. Il faut un certain culot à ceux qui vomissent la France et ses racines pour exiger d’un peuple maltraité qu’il vienne au secours de ses liquidateurs.