LR en pleine schizophrénie
Non sans raison, il se référait à l’analyse de Pascal Praud dans une tribune publiée par le JDD le matin même. Ce dernier retraçait un historique récent des choix et déclarations des LR sur ce dossier qui interroge, si ce n’est sur une possible schizophrénie, tout au moins sur une forme aiguë de trouble dissociatif de l’identité collective au sein de ce parti. « Le 12 juin, rappelle-t-il, Laurent Wauquiez dépose un amendement au palais Bourbon qui instaure un moratoire sur toute nouvelle installation éolienne et photovoltaïque », lequel a finalement été adopté grâce à une alliance LR/UDR/IDL/RN. Mais le « 1er juin, au Sénat, les Républicains de la commission des affaires économiques, non seulement ne rejettent pas le moratoire, mais ils enclenchent, via la loi dite Gremillet, le mouvement inverse », remarque Pascal Praud, qui constate les dégâts : « Ils rétablissent les éoliennes sur terre. Ils actent le développement massif du solaire. Ils suppriment la sortie des règles européennes de tarification de l’électricité. » Et, ce faisant, « les Républicains du Sénat, contre les avis de Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, acceptent l’idée que la facture d’électricité des Français s’envole ».
Fort à propos, Pascal Praud rappelle aussi la sortie, le 2 juillet sur Europe 1 et CNews, de Jean-François Copé en faveur de l’éolien. Coppé ne voyait nul problème au fait d’être juge et partie dans cette affaire, le maire LR de Meaux étant aussi l’avocat d’un fabricant allemand d’éoliennes réclamant pas moins de 44 millions à un village français finalement revenu, en 2019, du projet d’installation d’un parc éolien dont il avait voté le principe en 2010. Pascal Praud pointe encore et fort justement le légendaire « en même temps » présidentiel, Emmanuel Macron étant monté au front pour défendre l’éolien et s’autoriser une leçon de morale à ses détracteurs - Bruno Retailleau, le premier - tout en se posant en champion d’une biodiversité que l’éolien marin détruit (tout en finançant les retraites des Américains, puisque leurs fonds de pension en sont les exploitants) et en défenseur d’un environnement que l’éolien terrestre salit et enlaidit, au demeurant pour le seul bénéfice de fabricants étrangers et de plus en plus chinois.
Puissant lobby éolien
À l’évidence très minoritaire parmi ses adhérents et ses députés, le courant pro-éolien semble en revanche majoritaire au Sénat et bénéficie, par ailleurs, de soutiens dans la Macronie ainsi que de relais complaisants dans la presse. Le 6 juillet, BFM TV tendait le micro à Florence Portelli, vice-présidente de LR et lieutenant de Valérie Pécresse à la région Île-de-France, qui affichait alors sa totale opposition au plaidoyer de Bruno Retailleau, François-Xavier Bellamy et Julien Aubert en faveur d’un arrêt du financement des énergies renouvelables, dont ils avaient détaillé les raisons dans une tribune publiée par Le Figaro, le 2 juillet, estimant notamment que « l’éolien et le photovoltaïque n’apportent au mix énergétique français qu’une intermittence coûteuse à gérer ».
Polymorphe, l’action d’influence du lobby éolien ne s’embarrasse pas toujours de subtilités. Avec la complicité de Ouest-France, le réseau France Renouvelables a ainsi fait intervenir les représentant de ses meilleurs « clients », les maires des petites villes et communes rurales, afin d’attaquer frontalement (et à la limite de l’insulte) Alexandre Jardin et son mouvement des #Gueux. « Imposture populiste », ces derniers menaceraient les « territoires de devenir le terrain de jeu des démagogues ». Le mouvement serait « une mise en scène. Une récupération », et son nom ne mérite guère plus de respect : « Les "gueux", et pourquoi pas les "ploucs" ou encore les "pedzouilles". Ils ne sont pas une revendication mais une caricature. » Y passe ensuite un catalogue assez complet du politiquement correct progressiste, dont la finesse n’est pas le trait le plus marquant.
Puissant, le lobby éolien l’est économiquement et par son pouvoir d’influence. Mais ses relais politiques sont en revanche sur le déclin, ce qui explique leur radicalisation de plus en plus visible. Y compris, désormais, chez LR. L’épisode sénatorial de ce 9 juillet va être, à ce titre, éminemment instructif, à la fois sur la capacité des LR à éviter l’implosion et, au-delà, sur celle de la classe politique à se remettre en phase avec les Français et leurs légitimes attentes en matière de coût et de sécurité énergétiques.