Sorti au devant des journalistes, le député RN de Moselle et porte-parole du parti de Marine Le Pen, Laurent Jacobelli, a décrit un peu plus tard dans la matinée un « véritable scandale démocratique inédit ». De fait, l’État met la main sur tous les documents stratégiques de la principale force d’opposition au pouvoir. « Le premier parti politique de France n'a plus aucun secret pour le gouvernement, dénonce Jacobelli. Nos listes de candidats, nos programmes, la manière dont nous souhaitons faire campagne, nos stratégies sont connues du gouvernement. » Jordan Bardella a réitéré le propos, ce 9 juillet, en fin d'après-midi, stigmatisant la fouille de son bureau et des mails du parti, et parlant clairement d'une « dérive antidémocratique » à la manière russe. Le mot est fort. « S'ils voulaient des documents, ils pouvaient nous envoyer un mail..., remarque Edwige Diaz, députée de Gironde et vice-présidente du RN, auprès de BV. Plus on monte dans les sondages, plus le système cherche à nous barrer la route », constate-t-elle. Les enquêteurs ont mis la main sur les noms de 339 têtes de listes aux municipales et de 500 candidats aux législatives. Des éléments évidemment confidentiels, à ce stade.
Le pouvoir judiciaire multiplie les fronts contre le RN
L’opération a, en effet, des allures d’acharnement judiciaire contre le premier groupe d’opposition. D’abord, les policiers étaient armés et vêtus d’un gilet pare-balles, ce qui peut surprendre lors d’une perquisition de bureaux au siège d’un parti.
Ensuite, la perquisition arrive après une série de tracasseries judiciaires qui commence à s’allonger dangereusement. Le jugement du PNF qui barrait la route d’une candidature à la présidentielle pour Marine Le Pen rendue inéligible était lui aussi inédit. Marine Le Pen a fait appel, ce 8 juillet, à la CEDH, qui a rejeté cette demande et, donc, confirmé l'inéligibilité de la candidate.
Ce n’est pas tout. Alors que les Français partent en vacances et lèvent le pied sur les informations, le pouvoir judiciaire ouvre de nouveaux fronts contre le RN. Ce 8 juillet, Le Monde annonçait que « le parquet européen ouvre une enquête sur le RN et ses alliés au Parlement européen, suspectés de diverses irrégularités financières ».
Troisième front ouvert ce matin 9 juillet, donc, avec de grandes similitudes, cette perquisition au siège du RN. Là encore, pas de soupçon d’enrichissement personnel mais une dimension politico-financière propre à saper l’image du RN dans l’opinion. « On vient soupçonner une vingtaine de prêteurs d'être les banquiers clandestins du RN, nous explique Edwige Diaz : ce sont des particuliers qui nous soutiennent, qui ont signé des conventions de prêts. Nos comptes de campagne ont ensuite été validés. » Mais pourquoi des particuliers ? Tout simplement parce que les banques refusent de prêter, rappelle le RN, qui précise que les règles de la Commission sont postérieures à la signature des emprunts. Les juges vont vérifier si ces prêts ont été ou seront remboursés, sans quoi ils seraient requalifiés en dons déguisés par une Commission décidément très attentive au RN. La cabale anti-RN est repartie et elle tombe bien, comme souvent, avant des échéances électorales majeures.
Des précédents : Fillon, Trump, Milei...
Les Français ont en mémoire l’offensive menée contre François Fillon, lors de la présidentielle de 2017. Les affaires plomberont définitivement Fillon, qui sera éliminé dès le premier tour et abandonnera la politique. Éric Zemmour et, auparavant, Jean-Marie Le Pen ont, eux aussi, fait face à d’innombrables procédures entravant leur démarche politique.
Le phénomène du harcèlement judiciaire des candidats de droite n’est pas réservé à la France. Comme nous le précisions en avril dernier, Donald Trump s’est en effet débattu face à d'innombrables procédures… Ce qui ne l’a pas empêché de parvenir au pouvoir. En Italie, Giorgia Meloni affronte, elle aussi, une véritable guérilla judiciaire. La Hongrie d'Orbán fait l’objet de multiples procédures de l’Europe. Hors d’Europe, des plaintes ont été déposées contre le président argentin de droite libérale Javier Milei.
Pour le système, la Justice est une arme de déstabilisation de l’opinion qu’il faut simplement utiliser… au bon moment, avant les scrutins majeurs. Reste à savoir si les électeurs français se laisseront prendre, une fois de plus.