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Ils ont osé demander 2 mois de prison contre Erik Tegnér et Marguerite Stern !

Deux ans après les faits, Marguerite Stern comparaissait devant la dix-septième chambre du Tribunal correctionnel de Paris, pour des propos tenus le 16  juillet 2023 alors qu’elle était l’invitée de Livre Noir (rebaptisé Frontières depuis 2024), le média d’Erik Tegnér. Ce dernier était également assigné en sa qualité de directeur de publication. Il était représenté par son avocat, Maître Fréderic Pichon. Quatre heures d’audience pour un procès des plus surréalistes. Marguerite Stern était défendue par Maître Louis Caillez.

 

Marguerite Stern et Maïtre Caillez à la sortie du tribunal

Face à eux, SOS Racisme représenté par Dominique Sopo se payait deux avocats dont Maître Hahn de Bykhovetz. SOS racisme avait fait, selon son habitude, un signalement pour provocation à la haine et le parquet a poursuivi pour injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion.

Mais Marguerite Stern n’est pas une justiciable comme les autres : en 2012, à l’âge de 22 ans elle s’engage dans les FEMEN, et participe en 2013 à une action « coup de poing » à Notre-Dame de Paris, contre Benoît XVI jugé « homophobe ». Dix ans plus tard, elle présente ses excuses à l’Église catholique pour ses actions passées dans l’opposition aux détracteurs du mariage pour tous et affirme avoir évolué par rapport à l’idéologie transgenre dont elle juge néfastes les conséquences.

Un « virage à droite » que ses coreligionnaires ne lui pardonneront jamais ! Ses tentatives d’aller soutenir les féministes du Maghreb lui valent un mois de prison en Tunisie en 2013 et deux ans plus tard, elle est expulsée du Maroc pour les mêmes raisons. Cette confrontation avec l’international n’est sans doute pas étrangère à son évolution politique.

L’audience commence par le visionnage de très courts extraits de sa prestation sur Livre Noir.

https://youtu.be/pVU-TCcHfeM

Peu après la plainte de SOS Racisme, la vidéo est censurée pendant une semaine sur YouTube, ce qui a suscité l’indignation de nombreux internautes.

https://youtu.be/OS0SRmae-JY

Le parquet avait retenu trois passages d’une durée de quelques minutes (alors que le plateau durait plus de deux heures), susceptibles de faire tomber notre héroïne du jour.

Selon le rituel habituel, elle est invitée à venir à la barre. Élégamment vêtue, robe rouge seyante et rouge à lèvre, elle se prépare à affronter les questions de la présidente du tribunal. On sent tout de suite une grande assurance chez cette femme qui, sans se démonter, sans arrogance, assumera avec détermination la totalité de ses engagements et de ses propos. Un sans-faute !

Les questions n’en finissent pas mais Marguerite Stern ne tombe pas dans les pièges qui lui sont tendus.

Quelques pépites :

  • Dans quelles conditions avez-vous accepté cet entretien ?
  • En citant les chiffres du ministère de l’Intérieur, aviez-vous préparé l’entretien ?
  • Vous attendiez-vous à des questions provocatrices ? (sous-entendu : saviez-vous où vous mettiez les pieds ?)
  • En affirmant la surreprésentation des Africains et des Moyen-Orientaux dans les agressions sexuelles, sur quoi vous vous fondez pour poser cette affirmation ?
  • Comment généraliser un « ressenti » à toute une population ?
  • Estimez-vous que la génétique joue un rôle ? (dans la propension à agresser les femmes ? )

« Il est important de savoir ce que vous avez voulu dire »  lui dit la présidente.

De manière déguisée, on attend d’elle des explications sur ses connivences avec  des « gens d’extrême droite  » dont elle cite les travaux.

On finit par se demander si l’on est au pénal ou bien s’il s’agit de faire le procès de son parcours militant devant des commissaires politiques !

La question de l’avocat de SOS Racisme, Maître Hahn de Bykhovetz le confirme : « Vous parlez de pensée construite et vous citez des gens d’extrême-droite ! » (une allusion au data analyst Marc Vanguard).

Puis l’accusation prend  la parole. Maître Hahn de Bykhovetz revendique d’entrée de jeu ses origines togolaises. Puis c’est le ronron habituel : le racisme a des conséquences concrètes : un climat délétère dû aux réseaux sociaux qui propagent la haine ! Il met en cause les statistiques utilisées par Marguerite Stern qui ne concernent que les transports en commun et qui doivent de toutes façons être resituées dans leur contexte (on s’en doute !) Puis il se livre à une exégèse sur le racisme : on est passé, nous explique-t-il doctement d’un racisme génétique typique du  XIXe siècle à un racisme culturel dans les années 50, ce qui n’est pas mieux : « La culture joue le même rôle que le gène dans le racisme ».

Halte aux arguments scientifiques totalement discrédités ! « On est dans un environnement raciste conforté par des personnes comme Laurent Obertone. »

La seconde avocat est encore plus virulente : elle insiste sur les « dégâts » causée par la vidéo du Livre Noir : l’étendue de l’audience 119.000 vues, les followers sur twitter. Puis elle s’en prend à Frontières, qui selon elle, se veut le contrepoids de Mediapart. « On instrumentalise cette affaire pour décrédibiliser l’action de SOS Racisme », nous dit-elle en fustigeant la levée d’une cagnotte de soutien à Marguerite Stern et un appel de fonds auprès des auditeurs de Frontières.

Sur le fond de l’affaire, elle juge « confus et fantaisistes »  les propos de l’accusée  qui veut « revenir à un racisme scientifique ». Pour elle, les propos de Mme Stern dépassent les limites de la liberté d’expression. Elle demande au tribunal de « frapper fort » et réclame 1000 euros de dommages et intérêts plus les frais de procédure.

Le Procureur  prend alors la parole : magistrat du parquet, il est sous la coupe du ministère de la Justice.  Il commence par passer de la pommade à Marguerite Stern : « femme intelligente ayant suivi un parcours singulier » et vante la « qualité » ( ?) des échanges qu’il a pu suivre jusqu’à son intervention. Il rappelle que l’article 8 de la CEDH protège même les propos les plus choquants ! On est rassurés !

Il demande au tribunal d’écarter la diffamation et de s’en tenir à l’injure aggravée. Pour le premier propos, il préconise la relaxe car les propos ne sont pas essentialisés. Idem pour le second propos (une allusion à l’insécurité pour les femmes dans le secteur de Barbès), car il y a territorialisation (et donc pas de généralisation). Mais coup de tonnerre pour le troisième propos : il demande deux mois de prison parce que Mme Stern s’est posée la question de savoir pourquoi des Africains ou des Moyen-orientaux avaient (ou auraient) des tendances plus fortes à agresser les femmes. « C’est un retour à des analyses racialistes, un racisme scientifique ! » clame-t-il.

Maître Pichon arrive à la barre

Il s’étonne de la poursuite engagée contre Marguerite Stern par le ministère public sur la base d’extraits d’un entretien en « mode salon » qui a duré plus de deux heures.  « Frontières, ce n’est pas le 20 heures de Claire Chazal ! ». Il rappelle que ce média, estampillé d’extrême-droite a aussi invité des personnalités aussi diverses que Julien Dray ou Jacques Attali.

Quant au directeur de publication, Erik Tegnér, il doit être relaxé. On ne peut sanctionner un journaliste, que ce soit du direct ou non. On dit qu’il aurait dû « manifester une distance » face aux propos de son invitée ? « Ce n’est pas ce que dit la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme ! ».

Maître Pichon fait remarquer qu’on n’a pas poursuivi Patrick Cohen lorsqu’il avait invité, le 1er décembre 2014, Jean-Marie Le Pen ! Puis il se lance dans un argumentaire plus politique : « Ça ne choque personne de dire que les violences faites aux femmes, ce sont LES hommes ! C’est pourtant discriminatoire mais accepté et en plus, on mentionne l’orientation sexuelle (…) Marguerite Stern a été en prison en Afrique du Nord, elle n’est pas dans le théorique mais dans le vécu. On n’est pas dans l’essentialisation. J’ai trouvé beaucoup de prudence et de sincérité dans ses propos ».

Il explique que lorsque les FEMEN ont attaqué des manifestants, le ministère public n’a poursuivi personne ! « Donc il y a les bonnes féministes de gauche et les mauvaises féministes de droite ! (…) Au nom de la lutte inter-sectionnelle, les féministes de gauche nient la réalité. » .

Il entend ensuite rafraîchir la mémoire de la Cour en rappelant nombreux faits accablants ! Le nouvel an 2016 à Cologne (1200 femmes agressées par une majorité de Maghrébins), phénomène d’abord minimisé par les médias puis qui ont fait l’objet de statistiques ethniques en Allemagne.  Même Elisabeth Badinter s’était émue du silence d’une partie des féministes françaises. « On ne peut taire la réalité sous prétexte que cela arrange ! ».

Puis il cite encore le cas des agressions sexuelles en Suède lors d’un Festival de la musique, encore en 2016. Et enfin l’affaire des viols collectifs de Telford en Grande-Bretagne par des Britanniques d’origine pakistanaise. À l’époque de Me Too, un journaliste du Miror s’était étonné du silence des médias sur ce scandale du siècle !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_viols_collectifs_de_Telford

Enfin, il soutient que pour qualifier une injure aggravée, il faut des preuves et que « toute condamnation de quelqu’un qui s’interroge constitue une atteinte disproportionnée au droit d’expression », citant la jurisprudence de la Cour de Cassation à propos de Bruno Gollnish (arrêt du 23 juin 2009).

Maître Caillez est le dernier à prendre la parole.

Il demande d’abord qui a été injurié. Des millions de personnes ? C’est une construction ! Il revient à l’origine de la plainte : on part d’une provocation pour aboutir à l’injure. « Il y a des garde-fous qu’on vous demande de respecter ! »

Il développe le fait que tous les propos tenus par sa cliente participent d’un débat d’intérêt général, et même un débat majeur dans la société. « Mme Stern est en quête de vérité (…) Elle agit dans une logique de liberté d’esprit et ne s’interdit rien ». Ainsi  l’accuser de racisme est antinomique avec tout son parcours politique. Rappelons qu’elle s’est engagée de 2015 à 2016 auprès de réfugiés dans la jungle de Calais en donnant des cours de français.

L’affaire est mise en délibéré et le verdict sera rendu le 19 octobre 2025.

Gageons que Marguerite Stern sera relaxée ! Quant aux lois liberticides qui permettent de telles mascarades, leur abrogation devient une urgence.

Hector Poupon

https://ripostelaique.com/ils-ont-ose-demander-2-mois-de-prison-contre-erik-tegner-et-marguerite-stern.html

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