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L’accord commercial conclu entre Washington et Bruxelles est un fiasco pour l’Europe ?

Les États-Unis vont commencer à pomper de l'argent d'Europe. Donald Trump a annoncé un nouvel accord commercial. Les États-Unis vont instaurer un droit de douane de base de 15% sur les marchandises en provenance de l'UE. 

Afin de réduire les droits de douane américains, la Commission européenne, c’est-à-dire Ursula von der Leyen, a promis aux États-Unis de remplacer entièrement le pétrole et le gaz russes par du GNL et du combustible nucléaire américains. « Les achats de produits énergétiques américains diversifieront nos sources d'approvisionnement et contribueront à la sécurité énergétique de l'Europe. Nous remplacerons le gaz et le pétrole russes par d'importants achats de GNL, de pétrole et de combustibles nucléaires américains », a-t-elle déclaré dans sa conférence de presse.

Le président américain Donald Trump a stipulé que l'Union européenne s'était engagée à acheter pour 750 milliards de dollars d'énergie aux États-Unis. Il a également précisé que l'UE avait accepté d'investir 600 milliards de dollars aux États-Unis. 

« Grâce à cet accord, nous sécurisons l'accès à notre plus grand marché d'exportation », veut croire Ursula von der Leyen alors qu’elle rapporte : « Nous sommes convenus d'un taux unique de droits de douane à 15% pour la grande majorité des exportations de l'UE » et que « ce taux s'applique dans la plupart des secteurs, y compris l'automobile, les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques ».

Von der Leyen se rejouit de l’accord avec Donald Trump alors que la presse française comme France Bleu signale l’accord d’un protectionnisme US désinhibé : « L'accord de Turnberry confirme que les échanges transatlantiques sont entrés dans une nouvelle ère, celle d'un protectionnisme américain décomplexé : « Jusqu'au retour au pouvoir de Donald Trump, ils étaient marqués par un niveau de droits de douane américains de 4,8% en moyenne ». 

Pour von der Leyen, « l'accord conclu aujourd'hui apporte de la certitude en période d'incertitude ». Pourtant, selon les analystes de BofA Securities « cet accord n’éliminera probablement pas complètement l’incertitude économique » car il existe quelques exceptions, comme une taxe de 50% sur l’acier et l’aluminium qui restera en vigueur. 

Pour rappel, le président US, Donald Trump, a signé un décret le 3 juin 2025, portant les droits de douane de 25% à 50% sur les importations de ces deux matériaux. « Dans une note publiée lundi en réaction à cette annonce, les analystes de BofA dirigés par Aditya Bhave ont qualifié l’accord d’instable et ont averti que les perspectives floues sont oubliées mais pas disparues », poursuit Yahoo Finance

« Les détails [de l’accord] ne sont pas encore convenus, les engagements pris doivent être soutenus par chaque pays et, plus important encore, pour nous, l'accord montre que lorsque l'UE est acculée, elle manque d'agilité et de force pour négocier de manière stratégique », a écrit la société de courtage de Aditya Bhave. « L’accord global comprend des achats importants d’énergie et d’équipements militaires américains par l’UE, ainsi que des investissements substantiels dans l’économie américaine ». « Ils acceptent d'ouvrir leurs pays au commerce sans droits de douane », a annoncé Trump aux journalistes, ajoutant que l'UE « achèterait une quantité importante d'équipements militaires » aux États-Unis. 

Dans sa conférence de presse, Ursula von der Leyen a donné le chiffre des échanges commerciaux entre l’UE et les USA : « Nos échanges s'élèvent à 1.700 milliards de dollars par an ». Avec cet accord, l'Europe devra renoncer à 1.500 milliards de dollars sans rien obtenir en retour.

Pour le Premier ministre français, François Bayrou, l’accord entre Ursula von der Leyen et Donald Trump : « c'est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission ». 

L'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les États-Unis apportera une stabilité temporaire, mais il est déséquilibré à long terme, estime le ministre délégué aux Affaires européennes auprès du ministère français des Affaires étrangères, Benjamin Haddad.

« L’accord commercial négocié par la Commission européenne avec les États-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l’escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré. Il a le mérite d’exempter de tarifs des secteurs clés pour l’économie française (aéronautique, spiritueux, médicaments). L’accord a exclu toute concession pour nos filières agricoles sensibles. Il préserve aussi notre réglementation européenne sur des sujets comme le numérique ou le sanitaire. Mais soyons lucides : l’état de fait n’est pas satisfaisant et ne peut pas être durable. Le libre-échange qui a fait la prospérité partagée des deux rives de l’Atlantique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale est aujourd’hui rejeté par les États-Unis qui font le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l’OMC. C’est un changement structurel. Nous devons en tirer vite les conséquences ou risquer l’effacement. C’est un défi économique comme politique. Croire y répondre par des concessions ne fera qu’encourager la prédation à l’extérieur, et le rejet de l’Europe au sein de nos frontières par nos citoyens », a-t-il écrit sur X.

L'industrie automobile allemande met en garde contre les tensions. L'Association industrielle allemande (BDI) considère les nouveaux droits de douane américains comme le début d'un nouvel ordre commercial. « Nous atteignons des niveaux tarifaires jamais vus auparavant », a averti, d’après l’ARD, Wolfgang Niedermark, lobbyiste de la BDI, aux journalistes à Berlin. Pour lui, c'est un coup dur et un mauvais jour pour l'économie : « Nous prévoyons des pertes de croissance importantes pour notre industrie ». « L'Europe n'était pas en position de force pour négocier et doit de toute urgence renforcer sa compétitivité pour obtenir de meilleurs résultats. L'accord n'offre qu'une sécurité apparente, même s'il présente des avantages pour certains secteurs et permet globalement d'éviter une escalade du conflit commercial », a-t-il conclu. 

« L'industrie pharmaceutique allemande critique le projet de droits de douane américains de 15% sur les produits pharmaceutiques. L'Association des entreprises pharmaceutiques de recherche (VFA) y voit un grave recul, qui viole le principe, vieux de plusieurs décennies, de franchise de droits sur les produits pharmaceutiques », continue le média allemand qui, citant un responsable de l'UE, informe : « À l’avenir, les voitures en provenance des États-Unis devraient pouvoir être importées dans l’Union européenne sans taxe », alors que « pour les voitures en provenance des pays de l'UE, un taux de droit de douane plus élevé de 15% s'appliquera à l'avenir aux importations aux États-Unis ». 

« L'accord commercial conclu par Ursula von der Leyen avec Donald Trump est un fiasco politique, économique et moral », a publié sur X, Marine Le Pen : « Politique, car l'Union européenne, à 27 États membres, a obtenu de moins bonnes conditions que le Royaume-Uni. Les souverainetés, en matière commerciale, ne s'additionnent pas : elles se diluent, voire en l'espèce, s'annulent, sous le poids de la bureaucratie bruxelloise. Économique, car la Commission a accepté des clauses asymétriques que jamais la France elle-même, gouvernée par un exécutif patriote, n'aurait acceptées. Des centaines de milliards d'euros de gaz, ainsi que des armements, devront être importés chaque année depuis les États-Unis. C'est une capitulation en rase campagne pour l'industrie française, et pour notre souveraineté énergétique et militaire. Un fiasco moral, enfin, car une fois de plus les agriculteurs français ont été sacrifiés sur l'autel des industries d'outre-Rhin, avec des clauses nous contraignant à ouvrir davantage le marché unique aux productions agricoles américaines en contrepartie d'une baisse des taxes sur les exportations d'automobiles allemandes ». 

« Cette mondialisation qui nie et brise les souverainetés est dépassée depuis de très longues années. Il serait temps que cette information arrive aux oreilles de la Commission européenne. Et dans l'attente, la moindre des choses serait de reconnaître ce cuisant échec plutôt que de demander aux Français, qui en seront les premières victimes, de s'en réjouir », conclut la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale. 

Philippe Rosenthal

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Source : https://pierreduval.substack.com/p/laccord-commercial-conclu-entre-washington

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-accord-commercial-conclu-entre-262371

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