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Honte au ministre de l’Agriculture ! Fiers d’être des amateurs, disaient-ils…

Capture écran BV
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Souvenez-vous, c’était en 2020, Emmanuel Macron haranguait ses troupes : « Soyez fiers d’être des amateurs ! » Message entendu cinq sur cinq, objectif double (fierté et amateurisme)- atteint : le ministère de l’Agriculture gère la crise de la dermatose nodulaire bovine contagieuse comme un pied : incompétence et morgue sont bien au rendez-vous.

Images désastreuses

Les images de jeudi soir, montrant des gendarmes déployant leurs centaures - comme s’ils n’étaient pas plus utiles ailleurs -, face à des paysans dont le seul crime est de vouloir protéger leur cheptel, étaient désastreuses. Une communication catastrophique pour le gouvernement et très préjudiciable pour les forces de l’ordre envoyées faire le sale boulot et qui voient leur capital sympathie écorné auprès d’une population qui leur est habituellement acquise. Les 4F - forts avec les faibles, faibles avec les forts - sont devenus mode de gouvernement. Dans un discours récent, à Rungis, sur la souveraineté alimentaire - essentielle, disait-elle, à ses yeux -, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, qualifiait les « fermes françaises » de « mur porteur ». En Ariège, les paysans, justement, arboraient le drapeau français et chantaient la Marseillaise.

Grosse caisse européenne

Il est vrai que ce n’est pas la partition française qui a été jouée mais la grosse caisse européenne : la dermatose nodulaire contagieuse est classée, pour l’Union européenne, maladie animale de catégorie A (Règlement UE 2016/429 et Délégation EU 2020/687). Pour les maladies de catégorie A, la réglementation européenne prévoit des mesures strictes, notamment l'abattage des animaux. Certes, la réglementation ne laisse que peu de marge de manœuvre aux États membres pour utiliser d’autres moyens si la maladie est confirmée. Mais elle en prévoit cependant… dont aurait pu user adroitement la France si elle ne surjouait pas en permanence la bonne élève zélée. N’aurait-elle pas pu mettre en avant l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a jugé la vaccination option de contrôle la plus efficace et, dans certaines conditions, au moins autant que l’abattage généralisé pour enrayer la maladie ? (Rappelons que la maladie n’est pas transmissible à l’homme et ne rend pas impropres à la consommation la viande ni le lait.)

Voir le tweet

La France n’est-elle pas contributrice nette en Europe ? À l’approche de la signature du traité avec le Mercosur, qui nécessite son accord, que risquait-elle ? Un coup de règle sur les doigts ? Le traité avec le Mercosur, parlons-en puisque, nous dit-on, l’objectif de ce carnage est de redonner à la France son statut de pays indemne afin de pouvoir continuer à exporter : un récent audit de la Commission européenne montrait que le Brésil était, quoi qu’il veuille bien en dire, incapable d’exclure totalement de ses exportations les vaches aux hormone… elles, potentiellement cancérigènes pour l’homme. Quelle ironie !

En août dernier, Jean Bexon, pour Boulevard Voltaire, était allé à la rencontre d’un jeune éleveur savoyard, Pierre-Jean Duchêne, dont l’étable restait désespérément vide depuis qu’on lui avait abattu ses 76 bêtes. Il avouait « ne pas réussir à l’accepter », lui qui s’était toujours plus « inquiété de la santé de ses vaches que de la sienne » et qui les connaissait toutes par leur nom. Il restait persuadé qu’on aurait pu faire autrement : « Se les voir enlever comme ça pour une décision au sommet de l’État, par des gens qui ne savent peut-être même pas à quoi ressemble une vache, c’est compliqué à admettre. »

Anne Genevard s’est-elle déplacée pour les rencontrer ? Qui, de ces technocrates arc-boutés sur une éradication totale pudiquement appelée « dépeuplement », s’est demandé si, in fine, tout cela ne serait pas contre-productif, attendu qu’à l’avenir, des paysans pourraient être tentés de détourner le regard d’un nodule ou d’une fièvre suspecte ?

Des amateurs, on vous dit. Et qui n’ont même pas honte, en plus.

La petite-fille de paysan que je suis pleure avec les éleveurs, ce soir.

Gabrielle Cluzel

https://www.bvoltaire.fr/honte-a-la-ministre-de-lagriculture-fiers-detre-des-amateurs-disaient-ils/

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