Une heure et quelques minutes et un tête-à-tête entre Donald Trump et Ursula von der Leyen en Écosse, le dimanche 27 juillet, ont conduit à l'annonce que l'Union européenne et les États-Unis étaient parvenus à un accord sur les droits de douane avant la date limite du 1er août.
L'accord, certainement négocié avant la rencontre qui eut lieu juste pour la communication, car il est très difficile de croire que toutes les questions épineuses aient pu être résolues en si peu de temps et en l’absence des équipes techniques et des conseillers en tout genre de deux personnes photographiées ( !!!), prévoit l'imposition de droits de douane de 15 % sur les produits européens entrant aux États-Unis, à quelques exceptions près, et d'importants achats d'équipements énergétiques et militaires américains par l'UE, mais aucun droit de douane européen à l'encontre des États-Unis.
Ce que le président américain avait annoncé il y a quelques semaines fut imposé à l’Union européenne qui fait semblant d’avoir réagi et négocié. En définitive, l’UE va financer l’industrie américaine de l’armement, va régler la note de la guerre américaine en Ukraine, va importer du gaz de schiste américain quatre fois plus cher que le gaz russe … la liste est encore longue de la « réussite » négociée par madame Von der quelque chose…
Car, en effet, le président américain et la présidente de la Commission européenne ont tous deux présenter cet accord comme une victoire !!!
Dans le monde réel et en dehors de toute opération de communication, l'accord est une nouvelle réussite personnelle pour Donald Trump, étant donné que l'Union européenne a capitulé. De plus ce capharnaüm qu’on appelle UE est composée de 27 États membres représentés par Ursula von der Leyen et qui seront appelés à subir les conséquences des droits de douane sur leurs économies. On verra les réactions de ceux qui à la fin de la chaine règleront la note…
Plus précisément pour les États-Unis, l'accord équivaut à l'espoir que près de 90 milliards de dollars de droits de douane supplémentaires entreront dans les caisses de l'État sur la base des données commerciales de l'année dernière, alors que 600 milliards de dollars d'investissements sont actuellement sur le point d'entrer dans le pays. Rappelons à cet effet que nombre d’entreprises européennes investissent massivement aux USA pour justement éviter les taxes américaines…
De son côté et malgré l’évidence d’une soumission totale aux Etats-Unis, Bruxelles estime avoir évité un conflit commercial qui aurait pu prendre une tournure dangereuse et extrêmement coûteuse. Selon ce raisonnement bruxellois, les droits de douane auraient pu être supérieurs à 15 %, même si ce taux n'est pas aussi avantageux que le taux de 10 % appliqué par le Royaume-Uni et qu'il est loin de l'objectif de droits de douane nuls fixé par Bruxelles. En fait, si je suis ce raisonnement et afin de heurter la sensibilité de certains sur certaines notions philosophiques, je stipule que : « L’homme sait qu’il mortel et qu’il va mourir un jour. Alors doit-il se suicider puisqu’il n’y a pas d’issue ? »
L'accord, une épine dans le pied de Von der Leyen
En réalité, les choses ne se passent pas ainsi, car les chiffres ne mentent pas et ne sont pas en faveur de l'Europe. Malgré sa puissance économique, l'UE n'a pas réussi à négocier un meilleur résultat[1]. Par rapport aux Britanniques, qui maintiennent une balance commerciale presque équilibrée avec les États-Unis, Bruxelles a obtenu un résultat bien moins favorable.
Les entreprises américaines du secteur de la défense sont susceptibles de tirer profit de l'accord, après la déclaration du président Trump selon laquelle l'Union européenne investira 600 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis en plus des investissements existants et achètera « d'énormes quantités » d'équipements militaires. Les entreprises énergétiques américaines devraient également tirer profit de ce que Trump a qualifié d'engagement européen d'acheter pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques.
Enfin, pour le moment ni calendrier ni précisions n’ont été donnés sur les modalités pratiques de tous ces achats et investissements annoncés en grande pompe...