Sortie de rail pour cause de cocaïne
Laurent Vallet n’est pour l’instant que suspendu « en vue de l'audience à laquelle [il a été] convoqué début septembre au tribunal judiciaire de Paris pour une injonction thérapeutique ». Une clémence qui serait due à une absence d’antécédents judiciaires.
En l’attente, pour son remplacement, le choix de Rachida Dati s’est porté sur Agnès Chauveau. Contrainte par l’urgence et la nécessité d’attendre septembre avant de procéder à un remplacement définitif de Laurent Vallet, cette nomination « par intérim » est apparemment assez logique, l’intéressée faisant partie de la maison depuis 2015 et étant depuis 2021 sa directrice générale déléguée. Ce choix peut s’expliquer aussi par la volonté d’assurer une certaine continuité à la tête de l’INA, afin de ne pas risquer de semer inutilement le trouble dans la maison, à deux semaines de la rentrée de septembre.
C’est peu de dire que l’INA a besoin de retrouver un peu de sérénité, sa direction ayant eu une vie assez chaotique, ces dernier temps.
À la présidence de l'INA, dix ans de casseroles
Nommée à la présidence de l’organisme en mai 2014 par la socialiste et ex-écologiste Aurélie Filippetti, Agnès Saal (ancienne collaboratrice du ministre socialiste Catherine Trautmann) a dû démissionner, l’année suivante, pour une effarante note de taxi : plus de 40.000 euros en dix mois. Cette note lui a valu une condamnation pour détournement de fonds publics (après une affaire identique au Centre Pompidou). Elle est alors remplacée par Laurent Vallet en mai 2015. Reconduit en mai 2025 par Rachida Dati, ce dernier ne terminera donc pas son troisième mandat, pour cause, cette fois-ci, de cocaïnomanie.
Cette nouvelle affaire intervient alors qu’a été annoncé par le ministre de la Culture un projet de holding, France Médias, dans lequel se retrouveraient France Télévisions, Radio France et l’INA.
Avec la montée en grade d’Agnès Chauveau, la question se pose : l’INA va-t-elle enfin en terminer avec les bruits de casseroles qui troublent sa vie depuis plus de dix ans ? Que nous raconte donc le curriculum vitæ d'Agnès Chauveau ? Côté études, on note son passage à Sciences Po Paris, où elle obtient un doctorat et se spécialise dans les médias. Un temps chargée de mission à la présidence de la Bibliothèque nationale de France (BnF), elle revient en 2005 à Sciences Po afin d’y participer à la création d’une école de journalisme interne, dont elle devient directrice exécutive. Parallèlement à ces expériences, on la retrouve dans plusieurs médias, à la radio avec France Culture (Les Retours du dimanche et Soft Power) et à la télévision sur la chaîne Histoire, France 5 et, actuellement, dans l’émission Rembob’Ina, présentée par Patrick Cohen sur La Chaîne parlementaire (LCP).
Plagiat... Un « oubli » ?
Il y a tout de même une ombre au tableau de chasse de cette ambitieuse spécialiste des médias : son renvoi, en janvier 2015, de l’école de journalisme de Sciences Po pour suspicion de plagiat. La direction de la rue Saint-Guillaume l’avait, dans un premier temps, mise en congé prolongé après des révélations du site Arrêt sur images. Ce dernier l’avait prise en flagrant délit de « copier-coller et absence de citation » d’un de ses articles. Après enquête, le site s’est rendu compte que la coupable pratiquait, en réalité, « de petits copier-coller... en série » des travaux de ses amis et confrères de la presse de gauche (Mediapart, Le Monde, RFI… ) afin de nourrir ses chroniques « Soft Power » (sur France Culture) ainsi que ses articles sur le site du Huffington Post.
Si l’accusée avait plaidé le simple « oubli » (répété, dans ce cas) et l’absence totale de malhonnêteté, Sciences Po avait cependant estimé, dans son communiqué, que « l'école, qui enseigne la déontologie, ne peut prendre ce genre de choses à la légère ». La nouvelle patronne de l'INA s'installe donc, quoi qu’il en soit, auréolée d'une réputation qui lui collera à la peau comme le morceau d’adhésif au doigt du capitaine Haddock… De quoi s'interroger sur les valeurs de nos hauts fonctionnaires de la culture...
https://www.bvoltaire.fr/agnes-chauveau-a-la-tete-de-lina-le-festival-des-casseroles-continue/