Une ode à la « pudeur »
Interrogé sur son impressionnante filmographie et ses 50 ans de carrière, le septuagénaire s’est montré, en revanche, moins loquace. Le nombrilisme, très peu pour lui. « Je vais éviter de faire l’analyse de moi-même. Je n’ai pas été éduqué comme ça, explique-t-il avec simplicité. Je déteste les gens qui se répandent parce qu’ils ont eu un problème dans leur vie et qui vont à la télévision, dans C à vous, pour expliquer ça. Ça me prend la tête à un point que vous n’imaginez pas ! »
Sans langue de bois aucune, Christian Clavier tacle sévèrement ces acteurs et actrices qui instrumentalisent le moindre de leurs petits bobos pour « se faire aimer ». « C’est totalement bidon ! Nous avons un métier incroyablement passionnant […] on est des privilégiés, on gagne très bien notre vie, on est protégés d’un certain nombre de choses et les gens pensent qu’ils vont perdre le public s’ils ne vont pas expliquer qu’ils sont comme eux, dans leurs difficultés. Ils font de la politique, au mauvais sens du terme. »
L’acteur n’a pas davantage de complaisance envers les réseaux sociaux, accusés de rendre les stars trop accessibles. « C’est ce qu’il y a de pire. Il n’y a plus aucun mystère. Ils sont là, ils changent de femme, ils changent de voiture, ils changent de chien et tout le monde doit le savoir au moment où ça se passe. »
Un amoureux du cinéma
Christian Clavier a également profité de ce long format pour témoigner de son grand amour du métier et donner sa définition de « l’humour français ». C’est « le comique de situation, de dialogue, avec ce qu’on appelle "l’esprit français" », a-t-il expliqué. Un cinéma qui « parle du réel », usant du « rapport de classe » comme moteur comique. « Il y a les Italiens et les Français qui sont capables de faire ça […] Cocorico ! »
L'ancien comédien du Splendid se voit-il lui-même comme un représentant de cet « esprit français » ? « Oui, bien sûr. L’esprit de Jean Poiret, l’esprit de Michel Serrault, l’esprit de Molière, l’esprit de Feydeau… Des personnages qui sont sans pitié les uns avec les autres. On parle de la nature humaine, donc c’est passionnant ! »
Critique envers les cinéastes qui pensent « qu’à partir du moment où on a un sujet sérieux et nécessaire, le film est bien », Christian Clavier se dit, en revanche, très client du « formidable » Jérôme Commandeur ainsi que de Pierre Niney, « à pleurer de rire ». Le comédien ne boude pas non plus certaines productions américaines, à l’image de la série The White Lotus. « C’est remarquablement bien foutu. Ça me régale, ça ! », estime-t-il.
La preuve que l’on peut à la fois défendre le meilleur de la modernité et le respect du savoir-faire français.