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Irresponsabilité collective

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Gaëtan de Capèle

Mettons de côté l’invraisemblable coup de poker de François Bayrou qui plonge la France dans l’inconnu. Un jour, les exégètes du bayrouisme parviendront peut-être à expliquer comment l’homme politique le plus madré de France, privé de majorité et sans prendre aucune précaution, a pu imaginer sauver sa tête en la mettant sur le billot. Examinons plutôt le fond des choses : le premier ministre a-t-il raison de tirer le signal d’alarme sur la marée de la dette qui menace de nous submerger ? Contrairement à ce que prétendent avec légèreté ses adversaires, il ne dramatise aucunement la situation, mais décrit la stricte réalité.

Lorsque l’on se saigne pour régler les seuls intérêts - 75 milliards en 2026, plus de 100 milliards en 2029 - avant même d’avoir investi un euro dans la sécurité, l’enseignement ou la santé, et lorsque, n’ayant plus un sou en caisse, on doit emprunter à nouveau dès le mois d’octobre pour payer les dépenses courantes de l’État, il n’est pas exagéré de s’inquiéter... Le drame veut que cinquante ans de laxisme budgétaire ont créé chez les Français une accoutumance à l’argent public, dont ils ne peuvent imaginer se passer. Prétendre convertir à la rigueur un pays vivant dans l’illusion du tout-gratuit est un pari osé. D’autant plus osé que la classe politique, dans son immense majorité, fait preuve sur ce sujet d’une irresponsabilité et d’une démagogie à toute épreuve. La bataille des retraites et les discussions de marchands de tapis lors du dernier budget ont démontré combien les préoccupations de boutiquiers passaient avant l’intérêt collectif. Dénoncées chez nous comme un «musée des horreurs », les dernières propositions budgétaires du gouvernement (trouver 40 milliards dans l’océan des 1600 milliards de dépenses publiques) ne représentent pas le dixième de ce qui s’est fait chez nos voisins pour redresser les comptes publics.

Cette insouciance généralisée nous vaut aujourd’hui de payer nos emprunts plus cher qu’ailleurs. Le FMI n’est peut-être pas à nos portes, mais, dans l’incertitude politique et dans l’impasse financière où elle se trouve, la France s’expose dangereusement à la défiance des marchés.

Source : Le Figaro 27/8/2025

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