Sur les longues tables disposées en banquet à ciel ouvert, militants et sympathisants s’installent. À l’entrée, ils avaient été accueillis par les fifres et les tambourinaires. La chaleur étouffante et moite n’est plus de mise en cette fin du mois d’août. Mais un soleil généreux accompagne les spécialités niçoises qui sont servies pour l’occasion. Socca, pissaladière, pan-bagnat, pas de doute, nous sommes dans l’arrière-pays niçois. Les supporters d’Éric Ciotti sont venus nombreux pour soutenir son combat politique et sa candidature aux municipales.
Stature nationale et locale
3 500 personnes pour applaudir, celui qui, il y a un an, osait briser le cordon sanitaire en s’alliant à l’occasion des élections législatives avec le Rassemblement national. « Je souhaite qu’Eric Ciotti soit maire de Nice » : ce militant annonce la couleur. Fonctionnaire à la mairie de Nice, il dénonce l’insécurité qui règne dans la ville azuréenne : « ça insulte la police, ça fume le joint, ça crie, ça parle arabe, on ne peut plus sortir le soir, on a peur ». Il y a quelques jours, une rixe dans un quartier de la ville faisait encore deux blessés au couteau.
Pour cet autre sympathisant, la même plainte qui revient systématiquement : « Pourquoi paie-t-on toujours pour les autres ? On travaille pour ceux qui ne le mérite pas ». Andrée, 85 ans, aimerait voir son héros prendre les rennes de la cinquième ville de France. « Estrosi, j’en ai ras-le -bol », se lamente-t-elle avant de déplorer un pays « qui va à sa perte », pointant du doigt, elle aussi, « l’instabilité causée par l'immigration ». Tous apprécient l’union des droites plaidée et mise en œuvre par Éric Ciotti. Il y a ce supporter du FN « de l’époque » ou cet ancien militant UMP puis LR, qui suit l’ancien président du conseil général des Alpes-Maritimes « depuis le début » et qui aimerait que « les Républicains arrêtent de se positionner comme un parti centriste ». Tous se retrouvent dans le discours de « droite forte » de l’homme de 59 ans. Antoine et sa femme n’habitent pas Nice et sont touchés par « l’amour de la France » de celui qu’ils sont venus soutenir aujourd’hui. Ils voient en lui « le seul homme droite à être resté fidèle aux idées et valeurs du Général de Gaulle ». Alors quand leur champion entre en scène, ils sont heureux de brandir les petits drapeaux français qui ont été placé à chaque assiette.
Nice, mère de toutes les batailles
Éric Ciotti est à domicile. Beaucoup de maires des villages alentours sont présents. Une douzaine de conseillers départementaux et les députés de son parti bien sûr sont assis derrière celui qui s'approche du pupitre. Une délégation d’élus RN a aussi fait le déplacement, parmi lesquels Frank Allisio, député des Bouches-du-Rhône et lui-même candidat à la mairie de Marseille. Le propos est clair et précis : l'allié de Marine Le Pen revient tout d’abord sur son refus « de voter la confiance au Premier ministre », tout suppliant son ancienne famille politique d’en faire de même. En dénonçant « la politique du renoncement et de l’abaissement », le député des Alpes-Maritimes revient inéluctablement sur le moyen de tourner la page du macronisme : « Alors que les valeurs de droite sont majoritaires dans notre pays, qu’attendons-nous pour nous unir ? ». Vint ensuite cette longue séquence à travers laquelle le niçois est revenu en détail sur son projet pour la ville méditerranéenne. Affirmant vouloir faire campagne sur des « projets et des convictions », Eric Ciotti n’a pas pu s’empêcher d’envoyer de sévères critiques à l'égard de son meilleur ennemi, Christian Estrosi, « chez moi, pas de cabinet noir, pas de barbouzeries ». Ses équipes avaient pris soin de disposer sur les chaises des participants, la longue lettre de vingt pages qu’Eric Ciotti a rendu publique il y a quelques jours et dans laquelle il y développe programme et arguments. A la fin d’une longue série de « moi maire de Nice… » le candidat donne le ton d’une campagne aux enjeux aussi bien locaux que nationaux : « …je ne serai jamais un maire macroniste ».