
Dans l’éditorial du dernier numéro de Conflits consacré aux Droites, Jean-Baptiste Noé neuf points saillants qui caractérisent la droite aujourd’hui, parmi lesquels la soumission à la gauche :
[…] En France, la droite est autant socialiste que la gauche, mais toujours avec retard ; ce qui donne quelque répit à ses électeurs. Ce qu’exprimait Jean-Louis Bourlanges quand il expliquait que le rôle de la droite était d’adopter les idées radicales de la gauche, mais en arrondissant les angles. On aura en effet du mal à trouver une différence de fond entre les mandats de François Mitterrand, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
6/ La soumission intellectuelle. De cette adhésion au socialisme découle, pour la plupart des partis de droite dans le monde, une soumission intellectuelle à la gauche qui est souvent le résultat d’une fascination. Après avoir opéré une véritable rupture sémantique et intellectuelle avec le chiraco-mitterandisme, et s’être fait élire sur un programme de droite, Nicolas Sarkozy a ainsi mené la même politique que son prédécesseur, en établissant une politique de gauche dans tous les postes clefs. Ce qui, au vu de ses résultats en 2012, semble avoir déplu à ses électeurs de 2007. Quel intérêt y a-t-il à réunir une majorité autour de promesses précises (stratégie réussie de l’électeur médian), si c’est pour ensuite mener une politique qui convient à la minorité qui a voté contre soi ? La soumission intellectuelle fait que, finalement, la droite a souvent peu d’idées, si ce n’est de promettre de réparer ce que la gauche a cassé. C’est pourtant quand elle a eu un programme intellectuel audacieux qu’elle est parvenue à gagner les élections : David Cameron avec sa Big Society a écrasé la concurrence en 2010 et 2015, quand Boris Johnson et son national-socialisme a été vaincu ; Javier Milei avec sa tronçonneuse a été le président argentin le mieux élu de la période récente, Donald Trump avec son programme de grandeur a réussi un retour qu’aucun président battu n’avait pu effectuer avant lui, Viktor Orban et son projet d’illibéralisme a gagné quatre élections générales depuis 2010. La soumission intellectuelle, qui consiste à citer des auteurs de gauche pour espérer gagner la gratitude du camp opposé et à ne pas avoir d’autre idée que la réparation, ne parvient pas à motiver suffisamment les électeurs. […]
https://lesalonbeige.fr/la-soumission-intellectuelle-de-la-droite-envers-la-gauche/