Aujourd’hui, un cinquième conte populaire de Jules…
par Philippe Lallement
Dans l’année 2042, alors que le monde sombrait dans les turbulences et le désenchantement, un savant éminent, le professeur Charles Moras, observait, dans son laboratoire d’analyse stratégique situé au cœur de Paris, au 10 rue croix des petits champs très exactement, les mutations profondes qui affectaient la civilisation. Il avait, depuis des années, scruté les indices d’un déclin que lui, qui considérait le désespoir en politique comme une sottise absolue, n’avait jamais voulu admettre, mais qui, aujourd’hui, semblait se dessiner avec une clarté glaciale.
« Les signes sont là, mes amis, les derniers camelots », disait-il à ses collaborateurs, réunis autour de son bureau comme les membres d’une expédition face à un phénomène inexpliqué. « La mondialisation, ce monstre insatiable, est en train d’engloutir les derniers vestiges de ‘la civilisation’ ».
La planète avait changé. L’Occident des Lumières, ce phare de la pensée rationnelle noyait la planète dans l’uniformité d’un système global homogène. Autour de lui, la planète s’était métamorphosée en un gigantesque réseau d’échanges, mais à quel prix ? La diversité des cultures s’était dissoute dans un marché commun où la recherche du profit prime sur les idéaux traditionnels.
Moras, homme de science politique et de lettres, avait fait un pari audacieux : pouvoir changer le cours des choses, sauver ce qui pouvait l’être encore de l’ancien ordre classique. Il avait fondé un groupe secret de penseurs et de stratèges, un cercle restreint baptisé « Action française ». Leur objectif était clair : inverser le processus de mondialisation avant qu’il ne consume ce qui restait de l’héritage intellectuel et moral des siècles passés.
« Mais comment ? » demandait l’un de ses plus jeunes disciples, l’audacieux Olivier Jiheaux, un ancien chef d’entreprise devenu désillusionné. « Les grandes puissances économiques, les multinationales, les géants technologiques… ils nous écrasent, et la culture des nations s’effrite dans cette marée de production de masse. »
Moras se leva, le regard brillant d’une détermination farouche. « Il est possible de renverser le cours des événements, mais cela nécessite une volonté et un savoir-faire que nous seuls nationalistes intégraux, à travers la science politique de l’empirisme organisateur, pouvons maîtriser. La réponse réside dans un nouveau système, non plus fondé sur l’individualisme mais sur le fédéralisme et l’autogestion des peuples. Un système où les nations, tout en maintenant leurs spécificités, se libèrent du joug des multinationales. »
L’équipe commença alors à élaborer un plan audacieux : la construction d’une alliance latine qui respecterait la diversité culturelle, l’écologie et les principes fondamentaux de justice sociale. Une alliance capable de résister à l’irrésistible poussée des technocrates cosmopolites. Les prototypes furent testés dans le laboratoire champêtre du CMRDS, mais la tâche s’avérait herculéenne. La mondialisation, telle une vague déferlante, semblait impossible à arrêter.
Les mois passèrent… et l’intensité de la crise sembla atteindre un point de non-retour. Dans le monde entier, des manifestations éclatèrent. Les jeunes invisibilisés des provinces périphériques, désemparés par le manque de sens de leur existence, se révoltèrent contre l’ordre mondial basé sur l’économie d’abord, le wokisme et l’islamo-gauchisme. Mais malgré l’ampleur des protestations, la machine démocratique restait en marche.
Un jour, alors que Moras contemplait les archives historiques sur l’étagère poussiéreuse de son bureau, une pensée le traversa. Peut-être, se dit-il, que la véritable lutte résidait non pas dans une tentative désespérée d’arrêter la mondialisation, mais de lui faire achever le cycle infernal des Lumières.
« Nous devons réveiller en l’homme ce qui reste de sa liberté intérieure », murmura-t-il, une lueur d’espoir allumant ses yeux fatigués. « Les traditions ne sont pas mortes. Elles dorment en chaque esprit, et c’est à nous de les raviver. »
Ainsi se termina la première phase du projet d’Action française. Sa stratégie en comptait cinq comme l’avait défini son vieux sociologue stratège Michel Aucarré.
https://www.actionfrancaise.net/2025/09/05/20-000-lieues-sous-la-mondialisation/