Dans son mépris débridé à l’égard des Français, le pouvoir précipite sa chute. Les rejets que suscitent Emmanuel Macron et François Bayrou dans l’opinion sont proportionnels à leurs agressions gratuites contre la population. Lundi, dans sa prestation crépusculaire sur les quatre chaines d’information, le premier ministre a désigné les Français comme responsables de la dette publique faramineuse accumulée depuis 1974 par tous les dirigeants successifs. Il a accusé les citoyens d’avoir « demandé » et « dépensé » l’argent distribué, tout en justifiant la politique irréfléchie du « quoi qu’il en coûte » du chef de l’Etat. A lui seul, Macron a creusé la dette de 1300 milliards d’euros supplémentaires. Pour sa part, Macron n’a de cesse depuis son premier mandat de vouloir faire la guerre au populisme, qu’il assimile à l’extrême droite.
Or derrière ce qualificatif qu’il croit infamant se rassemblent des millions de Français révoltés par la morgue des dirigeants faillis. Quand le premier ministre désigne ses compatriotes comme boucs émissaires – en s’interdisant dans le même temps d’accabler l’immigration de masse -, quand le président de la République caricature ses opposants en pestiférés, quand tous deux verrouillent la démocratie et excluent le moindre mea-culpa, comment ne pas comprendre le dégagisme qui parcourt la société ? Bayrou quittera Matignon lundi ; il n’aura évidemment pas la confiance qu’il réclame. Mais derrière son échec, c’est le vieux monde progressiste qui est aussi remercié.
Nous assistons à la fin d’une époque. La sociale-démocratie, hégémonique depuis un demi-siècle, est comptable des désastres accumulés. Or, un système qui ne sait plus garantir la sécurité collective doit passer la main. Dans Le Parisien de ce mercredi, Gérard Larcher, président du Sénat, estime que les Français « n’ont pas pris la mesure de la gravité de la situation » ; il leur faut des « pédagogues ». C’est l’inverse qui est vrai : les « élites » mirobolantes n’ont pas pris la mesure de la gravité de la colère des Français lucides ; elles doivent redécouvrir le réel. Les Républicains, soutiens du bloc central, n’ont rien à faire dans cette coalition des perdants. Bruno Retailleau, qui appelle à voter la confiance par solidarité gouvernementale, va sombrer avec le Titanic. De nombreux députés LR ne suivront pas le ministre de l’Intérieur. L’urgence est de rompre avec cette caste prétentieuse. Elle s’accroche à ses privilèges en écartant le peuple encombrant. Mais c’est à lui qu’il revient de remettre de la clarté dans un paysage obscurci par les foucades de Macron puis de Bayrou. Une dissolution de l’Assemblée s’impose, à défaut d’une démission du président. Pour l’instant, l’hôte de l’Elysée a dit qu’il excluait ces deux possibilités. Retranché dans son Fort Chabrol, Macron est prêt à tout pour tenir jusqu’au bout de son mandat. Cette fois, il ne dira pas, comme dans l’affaire Benalla : « Qu’ils viennent me chercher ! ». de peur d’en donner l’idée aux Français exaspérés.
Mes interventions de mardi sur Ligne Droite (8h45-8h55) et CNews (14h-15h)
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