Ce point de vue très personnel n’a pas dû étonner les fidèles de la matinale. Cela fait déjà six fois, depuis le début de l’année, que Julia Cagé intervient sur France Inter, défendant à chaque fois des thèses penchant nettement à gauche. Elle est également plébiscitée par les autres grandes émissions politiques du service public : C dans l’air, C ce soir, C politique, C à vous… À croire que sa parole est d’or.
Un mensonge par omission ?
Pourtant, si les antennes du service public connaissent très bien Mme Cagé, elles semblent ignorer certaines parties de son CV. Ou bien elles préfèrent les passer sous silence. Systématiquement, l’intervenante est présentée au public comme une « économiste et professeur à Sciences Po Paris ». Bref, une femme qui sait de quoi elle parle. Sauf que la quadragénaire n’a rien d’une experte juste et impartiale : c’est elle qui a lancé l’appel au rassemblement de la gauche, en 2024, en amont des élections législatives. Elle a également participé à la rédaction du programme du Nouveau Front populaire, alliance électorale menée par l’extrême gauche mélenchoniste. « Sans oublier que Cagé est coautrice et mariée avec Piketty dont Zucman a été l’élève », précise encore, sur X, l’ancien député européen Jean-Yves Le Gallou. Alors, pourquoi ne pas le dire quand elle prend la parole dans les médias d’État, censés être neutres et pluralistes ?
Cette occultation est d’autant plus étonnante que, ce vendredi 19 septembre, tandis que Mme Cagé était une nouvelle fois introduite comme une simple « professeur d’économie à Sciences Po Paris », son contradicteur, Jérôme Sainte-Marie, était, lui, présenté comme un « spécialiste des études d’opinion, chargé de la formation des cadres du Rassemblement national ». Preuve que quand un lien peut être fait entre un intervenant et « l’extrême droite » détestée, France Inter ne manque pas de le souligner.
Une militante assumée
En juillet dernier, déjà, BV attirait l’attention de ses lecteurs sur cette pseudo-sommité très engagée à gauche. Jamais à une contradiction près, Julia Cagé se défendait alors de donner aux auditeurs de France Inter la moindre « consigne de vote » pour les élections à venir, tout en proclamant qu’il fallait d’urgence « convaincre les électeurs républicains, mais aussi les électeurs de la majorité présidentielle, d’aller voter partout contre l’extrême droite ». Cherchez l’erreur.
Depuis, la militante a continué d’être promue dans les médias de gauche. Le 1er avril 2025, L’Humanité l’a même sacrée « meilleure économiste d’Europe ». On a pu croire, alors, à un poisson d’avril, mais il n’en était rien. Le journal communiste était au contraire très sérieux. Son enthousiasme fut néanmoins douché par une note corrective ajoutée sur X, précisant que Julia Cagé avait simplement reçu le prix d’une obscure ONG et ne pouvait absolument pas prétendre au titre de « meilleure économiste » de quoi que ce soit.
Très active sur les réseaux sociaux, Julia Cagé ne cache rien de son engagement qui déborde allègrement des questions économiques. Le 9 septembre dernier, elle s’est vivement inquiétée d’une rumeur annonçant le rachat du Parisien par Vincent Bolloré. « De quoi fragiliser encore un peu le débat public et démocratique », a-t-elle commenté.
L’enseignante ne manque pas, non plus, une occasion de défendre ses amis de France Inter et France 5. Après avoir dézingué le projet de fusion de l’audiovisuel public porté par Rachida Dati, elle s’en est publiquement prise au ministre de la Culture, après son échange musclé avec le journaliste Patrick Cohen, sur le plateau de C à vous. « Trouvez-vous normal, en tant que ministre de la Culture, de menacer en direct des journalistes comme vous l’avez fait hier sur France 5 ? », s’est ainsi indignée Mme Cagé, le 19 juin dernier.
Entre camarades, on se serre les coudes.