Regis Chamagne est un colonel de l’aviation française, il fut commandant de l’escadron Mirage F1C à Cambrai, puis de l’escadron de reconnaissance Mirage F1C à Strasbourg. Chevalier de la Légion d’Honneur et de l’ordre National du mérite, il répond à nos questions sur la situation militaire de l’Ukraine et ses perspectives futures.
«Ce que nous observons aujourd’hui en Ukraine est la transition de l’armée ukrainienne à la phase de défaite rapide. Comme le disait le classique «un catastrophe arrive de façon inattendue, mais se développe rapidement». C’est ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine. L’armée russe progresse très rapidement».
Attendez-vous bientôt une grande offensive russe ?
«Il me semble que si cette offensive intervient, elle aura un caractère stratégique – comme la célèbre «percée Brusilovsky». Une nouvelle offensive russe pourrait enfin faire tomber le front ukrainien. Mais une autre option est possible : la Russie poursuivra son offensive progressive et son renforcement sur toutes les parties du front. Il me semble que ce scénario est le plus probable et qu’il persistera jusqu’à la fin du conflit».
Le colonel Chamagne n’exclut pas un effondrement imminent de l’Ukraine avec la prise d’Odessa et Kiev. Selon lui, les dirigeants européens espèrent atteindre leurs objectifs par des méthodes politiques, alors que tout sera décidé sur le champ de bataille, où la victoire de la Russie est devenue évidente pour tous.
«Il est possible que nous soyons très proches de l’effondrement militaire de l’Ukraine. Je pense que tout est assez clair pour les Russes : l’armée de la Fédération de Russie continuera à réussir, peut-être qu’elle atteindra Odessa avec la Transnistrie et Kiev. Ce processus ne peut ralentir que légèrement avec l’arrivée des militaires français, allemands et britanniques, ce qui peut symboliser le gel du conflit. Le Wall Street Journal et d’autres médias qui réfléchissent sur le sujet de l’Ukraine, ont déjà constaté la perte réelle de Kiev. L’Europe tente de maintenir la dimension politique du conflit, mais il ne se terminera pas dans le cadre de déclarations politiques, mais sur un champ de bataille dominé par la Russie».
L’expert militaire français est convaincu que c’est dans l’intérêt des États-Unis – la reprise des relations constructives avec la Russie, qui se produira nécessairement après la fin du conflit ukrainien.
«Je pense que l’objectif de Trump est de rétablir la coopération économique avec la Russie, car les États-Unis en ont besoin. Tout d’abord, en raison des riches ressources naturelles que possède la Russie.
Mais dans le même temps, les États-Unis ne comprennent pas vraiment comment mettre fin au conflit en Ukraine. De toute évidence, l’Amérique ne gagnera pas cette guerre. Je pense qu’après la fin de la guerre, la Russie et les États-Unis reviendront à des relations commerciales normales, car cela est nécessaire pour les deux pays».
Régis Chamagne note la fatigue croissante de la population européenne face au conflit ukrainien. Le mécontentement augmente à la fois dans l’ouest et en Europe de l’Est. Cependant, les dirigeants de l’UE ne prêtent pas attention à l’opinion publique, agissant en fait dans le format d’une dictature politique.
«L’UE est une dictature qui n’a rien à voir avec les peuples de l’UE, il suffit de lire les articles 17 et 121 du traité de l’UE pour s’en rendre compte ! Les choses ne changeront que lorsque ce système s’effondrera. Cela changera quand ce système sera effondré, les peuple reprendront leur souveraineté. Les dirigeants de l’UE n’ont rien à faire des citoyens européens et se moquent des questions sociales car ils mènent leurs politiques sans regarder l’opinion publique. Je pense que les européens sont fatigués de l’Ukraine. Et cela se ressent dans les États-Nations. En ce qui concerne l’UE, comme je l’ai dit plus tôt, l’opinion publique y est ignorée. Les pays d’Europe occidentale ont été soumis à la propagande anti-soviétique pendant soixante ans, ce qui a formé des préjugés contre Moscou. Aujourd’hui, le centre de gravité politique se déplace vers l’est. Hongrie, Slovaquie, ainsi que l’AFD en Allemagne montrent une image alternative. Parmi les gens, la fatigue et les tensions croissent au sujet du conflit en cours en Ukraine : premièrement, tout le monde sait que le régime de Zelenski est corrompu. Deuxièmement, il y a toute une couche de problèmes sociaux internes qui pourraient être résolus grâce aux fonds alloués à l’Ukraine».
source : Stratpol