Mais ce régime permettra-t-il à l’audiovisuel public de faire quelques économies ? Il faut croire que non. La gabegie se semble pas être remise en question. Ainsi, si elles seront deux fois moins nombreuses, les séries diffusées sur Slash seront en revanche « deux fois mieux financées », annonce Manuel Alduy. Pour information, ces programmes que personne ne regarde bénéficiaient déjà d’un budget moyen de 1,5 million d’euros chacun…
La mise en sourdine du wokisme ?
Seul point positif évoqué : une relative pédale douce mise sur le militantisme idéologique. Contrainte et forcée, la plate-forme annonce en effet qu'elle misera sur de nouvelles séries « plus divertissantes », quitte à s’éloigner de sa ligne woke. « On ne peut pas se contenter d’empiler des niches — la série écolo, la série sur l’orientation sexuelle, etc., reconnaît aujourd’hui Manuel Alduy. On va faire moins de sociétal. On a l’impression d’avoir fait le tour des grands sujets. »
On peut dire, effectivement, que la plate-forme a déjà traité l’ensemble des sujets « sociétaux », en long, en large et en travers. On ne compte plus les programmes dédiés aux minorités sexuelles (Les Engagés, Sexy Soucis, Océan, Drag Race, Drama Queens…) ou vantant les mérites de la diversité (ReuSSS, Feat, Carrément Craignos, Imen ES…). Au mois d’avril 2024, encore, France TV Slash avait lancé en grande pompe 9.3 BB, série réalisée par le rappeur Abd al Malik racontant les aventures de la jeune Leila, en prise avec un obscur groupuscule d’extrême droite…
Cette réorientation annoncée de Slash doit-elle être mise sur le compte d’un wokisme en perte de vitesse dans l’ensemble de l’Occident ? Peut-être. La riposte trumpienne contre les excès du progressisme commence à produire ses effets, en Europe… Mais ne croyons pas pour autant que notre service public a totalement remisé ses envies de militantisme politique. Parmi les prochaines créations de Slash figure, ainsi, la série Phœnix, dont le pitch laisse songeur : les téléspectateurs pourront y découvrir les aventures d’un groupe de jeunes militants écologistes qui kidnappent les enfants de riches dirigeants pollueurs… De quoi sensibiliser encore un peu plus des petits Français déjà largement touchés par l’éco-anxiété et, aussi, donner naissance aux Greta Thunberg de demain.