Ils l’avaient juré, martelé, seriné jusqu’à l’écœurement : la réforme des retraites était « vitale », « irréversible », « non négociable ». En 2023, l’exécutif macroniste et la droite LR s’étaient drapés dans la toge du courage politique pour imposer le report de l’âge légal à 64 ans, au mépris d’une opposition massive du pays réel. Deux ans plus tard, les mêmes se contorsionnent, prêts à enterrer ce totem de leur propre quinquennat. Pourquoi ? Pour ne pas perdre leur poste. Pour sauver leurs émoluments. Pour durer.
Du 49.3 triomphal à la reculade honteuse
Mars 2023. Élisabeth Borne dégaine le 49.3 pour faire passer la réforme face à un Parlement hostile. La rue explose, les syndicats s’unissent, et des millions de Français scandent leur colère. Qu’importe ! Gabriel Attal, alors ministre du Budget, y voit une « avancée décisive ». Olivier Véran, infatigable perroquet du pouvoir, parle d’un choix « exigeant et ambitieux pour l’avenir ». Quant à François Bayrou, il brandit son chiffre fétiche – les « 30 milliards de déficit » – pour justifier un passage en force présenté comme une œuvre de salut public.
« Il est hors de question de revenir en arrière », assurait même un proche de Macron en février 2023. Un an plus tard, ces mêmes pontes avalent leur chapeau, en rase campagne, sous la bannière du Premier ministre Sébastien Lecornu, qui suspend la réforme jusqu’à 2027 « pour rétablir la confiance ». La confiance ? En politique, elle ne se décrète pas, elle se mérite. Et celle-là est morte depuis longtemps.
La droite “responsable” devenue supplétive
Les Républicains, eux, n’ont pas été en reste. En 2023, ils ont tenu la chandelle de la Macronie, sans laquelle le texte n’aurait jamais vu le jour. Éric Ciotti, tout frais président de LR, claironnait alors : « La situation économique impose cette réforme. » Laurent Wauquiez parlait d’un devoir face à la dette. Valérie Pécresse jurait que c’était « nécessaire pour l’équilibre ».
Et maintenant ? Silence gêné, regards fuyants, et absence de colonne vertébrale. Car en soutenant la suspension, les mêmes LR s’achètent un sursis politique : celui d’une opposition contrôlée, docile, incapable d’incarner la moindre alternative. Ils savent que s’ils votaient la censure, ils retournaient aux urnes, et donc à la retraite — la vraie, celle du chômage politique.
La République des sièges et des salaires
Tout se résume là. Ces élus, qu’ils soient macronistes ou pseudo-opposants, ne défendent plus des idées, mais des situations. Leur discours sur « l’intérêt général », « l’avenir des générations futures » ou « le courage politique » n’était qu’un emballage pour préserver leur place au banquet parlementaire.
Car la peur de perdre leur siège – et les avantages qui vont avec notamment de gros et gras salaires – l’a emporté sur tout. Le courage a cédé à la lâcheté. La conviction à la carrière. Le sens de l’État à la simple peur du vide. Ce qui reste, c’est un champ de ruines politiques : un gouvernement sans boussole, une opposition sans honneur, et un pays qui, dans ses campagnes, ses bourgs et ses zones périphériques, ne ressent plus de déception, mais du mépris.
De la désillusion à la haine froide
En 2023, ces élus suscitaient encore la colère du peuple. En 2025, c’est pire : ils inspirent la haine froide, celle qui précède les grands renversements.
Dans la France rurale et périphérique, les gens ne croient plus à rien. Ni au « progrès » ni à la « responsabilité budgétaire ». Ils voient des élus qui se renient pour conserver leur indemnité, des ministres qui changent d’avis comme de cravate, des partis sans colonne vertébrale. Macronie, Républicains, même comédie : celle d’un monde politique sans foi ni loi, où l’on sacrifie la cohérence au profit du calcul.
Suspendre une réforme que l’on disait « vitale » revient à avouer que tout était mensonge. Et ce mensonge ne s’effacera pas. Il marquera durablement la fracture entre les élites de Paris et la France qui se lève tôt, celle qui a cru un temps à la valeur du travail et à la parole donnée.
Ces élus n’ont pas seulement perdu la confiance des Français ; ils ont perdu leur âme. Et à force de trahir le réel, ils finiront balayés par lui.
YV
En bonus : même les journaliste du système sont gênés d’entendre ce qu’ils entendent
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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