Apaiser le Moyen-Orient et livrer des Tomahawk à Zelensky, où est la logique ?
63 ans après la crise de Cuba, doter Kiev de missiles Tomahawk serait un pas dangereux vers un affrontement Otan/Russie que personne ne veut. L’Otan joue avec le feu car ne pas vouloir un conflit majeur n’implique pas pour Poutine de rester éternellement impassible face à l’escalade menée par l’Occident. Un Tomahawk peut être armé d’une charge conventionnelle ou nucléaire… Un moment viendra où le Tsar estimera ses intérêts vitaux menacés.
La paix par la force, cela marche avec plus faible que soi. Le Hamas était acculé à Gaza et Netanyahou ne peut se passer du soutien américain sur le long terme. Il était donc difficile pour les deux belligérants de dire non au plan de paix de Trump.
Netanyahou y gagne la libération des derniers otages et le Hamas évite l’anéantissement.
Mais l’Ours russe n’est ni Israël, ni le Hamas. C’est même la première armée du moment par son expérience de la guerre de haute intensité et par la puissance de son industrie de l’armement, inégalée par l’Otan. La paix par la force n’est donc qu’illusion. Ce sera la guerre.
Les différents signaux envoyés par l’Occident n’augurent rien de bon.
Zelensky réclame à cor et à cri des missiles de croisière Tomahawk pour frapper le cœur de la Russie. Trump hésite et dit réfléchir au risque d’escalade. Mais les États-Unis viennent de présenter les nouveaux lanceurs mobiles pour les Tomahawk, ce qui change la donne.
On est loin de 2022, quand les Occidentaux se limitaient à livrer des gilets pare-balles par peur de l’escalade. Mais Poutine ayant laissé les va-t-en-guerre franchir toutes les lignes rouges sans la moindre réaction autre que verbale, nous en sommes aux missiles Tomahawk, avant le nucléaire tactique. Petit rappel :
« Pour ceux qui pourraient être tentés de l’extérieur d’interférer dans les événements qui se déroulent… la réponse de la Russie sera immédiate et vous conduira à des conséquences auxquelles vous n’avez jamais été confrontés dans votre histoire. » Poutine, le 24/02/2022
En fait, il n’y a jamais eu de réponse russe ! Ce qui n’a fait que persuader les Occidentaux que Poutine bluffe. On est passé du gilet pare-balles au Tomahawk, missile longue portée à capacité conventionnelle ou nucléaire.
Depuis 1300 jours, Boris Karpov annonce sur son blog Telegram l’inévitable choc frontal Otan/Russie. Espérons que Trump va se ressaisir sans jouer la carte de « la paix par la force », solution kamikaze à laquelle le poussent Zelensky et ses supplétifs européens, totalement inconscients du risque de troisième guerre mondiale.
Pousser Poutine à user de l’arme nucléaire tactique, certains en rêvent à Washington. Les Américains ne seraient plus les seuls à supporter la lourde accusation de crime contre l’humanité après Hiroshima et Nagasaki. Ce serait la diabolisation de la Russie jusqu’à la fin des temps.
Mais je ne pense pas que le sage Poutine tombe dans ce piège grossier. Ses missiles hypersoniques, que les Occidentaux ne possèdent toujours pas, lui permettent de gagner cette guerre sans recours au nucléaire.
Jusqu’à présent, les missiles Tomahawk étaient lancés par des navires de surface ou des sous-marins, ou bien depuis des installations terrestres fixes, impliquant la mise en œuvre par des opérateurs américains. Si l’apparition récente de lanceurs mobiles facilite l’envoi de missiles en Ukraine, le Tomahawk reste une arme de haute technologie et de haute précision, nécessitant des personnels éminemment qualifiés, donc des militaires américains, pour définir la trajectoire optimale et guider le missile sur sa cible.
Pour les Russes, c’est donc une déclaration de guerre des États-Unis à la Russie.
Tiré dorénavant d’une plateforme très mobile et rapidement déployée, le Tomahawk devient une arme redoutable sur le terrain, avec sa plateforme de tir difficile à localiser et à détruire pour l’ennemi. Sa puissance de feu est très supérieure à celle des Himars et sa portée varie entre 1500 et 2500 km en fonction de la charge explosive embarquée. Cette arme fera assurément de gros dégâts, même si elle ne peut changer le cours de la guerre, contrairement à ce que pensent certains.
Un autre signal inquiétant est la légèreté avec laquelle l’ancien commandant des forces américaines en Europe, le général Ben Hodges, évoque un conflit Otan/Russie.
« Si la Russie attaquait la Pologne en 2025 comme elle a attaqué l’Ukraine, elle serait détruite par les forces aériennes de l’OTAN et les forces terrestres de l’Alliance. On peut être sûr que Kaliningrad serait éliminé dans les premières heures. Dans les premières heures, Kaliningrad n’existe plus, tous les sites russes sont détruits. Tous les sites militaires russes à Sébastopol aussi. »
Ce général à la retraite croit-il vraiment que la Russie, première puissance atomique du monde avec ses 6200 têtes nucléaires, resterait les bras croisés ? Des centaines de villes américaines et européennes seraient rasées en quelques heures, brûlées sous le feu nucléaire. Nul n’en réchapperait.
Quant à l’Europe, elle persiste dans son bellicisme suicidaire
La cheffe de la diplomatie européenne, Kallas, a déclaré que « l’avantage est passé de la Russie à l’Ukraine » :
« L’Ukraine bénéficie de notre soutien total. Cette année, l’Union européenne apporte une aide militaire sans précédent à l’Ukraine. Les sanctions déjà imposées par l’UE ont privé la Russie de centaines de milliards d’euros nécessaires pour mener la guerre. Nous prendrons prochainement de nouvelles mesures visant les revenus énergétiques, financiers et commerciaux de la Russie. L’économie militaire russe est déjà affaiblie – nous allons la rendre encore plus faible. L’inflation dépasse 20 %, les réserves monétaires sont épuisées, et la croissance économique est proche de zéro. Peut-être qu’autrefois le temps jouait en faveur de la Russie, mais maintenant il passe à l’Ukraine. »
Il est vrai que les attaques de drones sur les raffineries russes font de sérieux dégâts. Ces frappes sont menées avec le soutien américain qui assure le renseignement satellitaire pour mieux cibler les objectifs. Une escalade risquée qui peut susciter une riposte russe d’envergure si Moscou juge que ses intérêts vitaux sont menacés. En fait, tout l’Occident est en guerre contre Poutine.
La Russie ne peut pas céder aux pressions de Trump. Elle mène une guerre existentielle face à un Occident qui n’a jamais accepté la fin de la guerre froide.
Si Trump veut vraiment la paix, il devra céder sur tous les objectifs initiaux de Poutine.
– pas d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan
– démilitarisation du pays
– dénazification du régime en place à Kiev
– partition du territoire ukrainien en cédant la Crimée et les 4 oblasts annexés par Moscou
– élaboration de garanties de paix pour toute l’Europe, que Poutine réclamait depuis 20 ans
Si Trump reste imperméable à cette vision russe du conflit, ce sera l’affrontement Otan/Russie annoncé de longue date par Boris Karpov.
En attendant, Zelensky ira à Washington le 17 octobre pour rencontrer Trump et mendier ses Tomahawk. Car l’Occident ne veut pas la paix. Il rêve de désosser la Russie et de piller ses immenses richesses de Sibérie orientale et de l’Arctique. Il en est ainsi depuis 1945.
Que Trump ne suive pas les dangereux russophobes de son camp et qu’il laisse donc Poutine avaler la Novorossia et je parie que Poutine acceptera de partager avec lui le trésor géologique de l’Arctique. Cela nous évitera une guerre fatale.
Car la bande de mafieux ukrainiens qui s’enrichit à milliards sur le dos de l’Occident ne mérite pas une guerre mondiale qui pourrait vitrifier la planète.
Jacques Guillemain
https://ripostelaique.com/tomahawk-trump-veut-il-une-nouvelle-crise-des-missiles-otan-russie.html