
Quand Libé croit avoir déniché une perle
Le septuagénaire et bon militant est devenu célèbre en quelques heures à son corps défendant. Lorsque, le 9 juin 2024, Emmanuel Macron annonce solennellement - conséquence du naufrage aux élections européennes, le RN étant arrivé largement en tête - la dissolution de l'Assemblée nationale, les différents partis n'ont plus que quelques jours pour s'organiser et trouver les 577 candidats aux législatives pour le scrutin fixé aux 30 juin et 7 juillet. La tâche n'est pas aisée ; personne, à commencer par le Premier ministre Gabriel Attal, n'a anticipé cette décision. Il faut dénicher les bons profils et organiser les investitures. Côté médias, les rédactions se mettent en ordre de marche et les journalistes d'extrême gauche s'adonnent à leur pratique habituelle : dénicher les brebis galeuses proposées par le RN. De quoi noyer ceux qui, côté LFI, font désordre. Le triple fichage S de Raphaël Arnault, la procédure pour « apologie du terrorisme » ou les petits commerces avoués de Louis Boyard ne sont pas du meilleur effet. Libé lâche ses fins limiers, qui pensent avoir déniché une perle du côté de Joseph Martin.
Le 18 juin, l'offensive est lancée. Libération, par l'intermédiaire de ses deux journalistes Pierre Plottu et Maxime Macé, livre Joseph Martin à la vindicte populaire pour avoir, en octobre 2018, commis ce tweet qu'ils estiment antisémite : « Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah. » Dès parution de l'article, le matraquage médiatique ayant fait son œuvre, les instances du RN, ultra-sensibles sur le sujet « brebis galeuses », par zèle ou excès de prudence, retirent l'investiture au candidat. Il faudra attendre quelques heures pour que Pierre Sautarel ne fasse éclater la vérité : le tweet incriminé n'est pas celui que le quotidien de gauche a prétendu lire. Il s'agissait, en réalité, d'une blague juive sans doute maladroitement relayée par Joseph Martin qui, en réalité, se réjouissait de la mort du négationniste Robert Faurisson. Même le Mouvement des étudiants juifs français monte au créneau en faveur du candidat. BV relaie l'affaire. Les responsables du RN reviennent sur leur décision et déclarent : « On s'est complètement trompé sur ce monsieur. » Joseph Martin redevient le candidat aux législatives qu'il aurait dû toujours rester. Mais le mal est fait.
« C’est une cabale nationale contre moi parce qu’ils ne voulaient pas que je gagne »
Il récolte 25,37 % au premier tour des élections. Un score honorable qui lui permet de se maintenir au deuxième tour, mais bien trop juste pour emporter le siège de député. À Ouest-France, il confie alors : « Je m’attendais à un meilleur résultat, c’est à cause de cette affaire qui m’a fait du tort [...] c’est une cabale nationale contre moi parce qu’ils ne voulaient pas que je gagne la première circonscription du Morbihan. » « On nuit à mon honneur. On nuit à ma famille », ajoutait-il, en annonçant son intention de porter plainte contre Libération et le journaliste qui avait fait état de l’existence du message.
Le préjudice est difficile, voire impossible à évaluer. Sans cette affaire de « fake news », Joseph Martin serait-il, aujourd'hui, député ? Difficile à dire.
En tout état de cause, précise Gilles Pennelle, « notre candidat a énormément souffert personnellement de ces mensonges. La bande de Libé exerce une police de la pensée sans vérifier ses sources. Si leurs journalistes avaient consulté les réseaux sociaux de Joseph Martin, ils auraient tout de suite vu que ça ne correspondait pas du tout à ce profil. »
« C'est une injustice flagrante, car Joseph Martin est un type bien, un philosémite qui prend la défense des juifs », appuie Me Gilles William Goldnadel, pour qui « ce n'est qu'un nouvel exemple de "fake news" dont Libé a le secret, comme lorsque le média relayait le faux pogrom anti-maghrébin, au lendemain de la finale France-Maroc, une invention de toute pièce. »
L'avocat et le responsable politique de Joseph Martin se réjouissent de cette mise en examen, car les responsables devront, cette fois, s'expliquer devant la Justice, d'autant que depuis le parution de cette « fake news », « ni Libé ni la Ligue des droits de l'homme n'ont cru devoir présenter des excuses ou, au moins, rectifier », précise Me Goldnadel. Raison pour laquelle Gilles Pennelle espère « les excuses, également, de Ouest-France, Telegram et France 3 Bretagne qui, en relayant les informations de Libération - ce journal d'extrême gauche qui, comme Mediapart, est un journal de délation -, ont contribué au lynchage de Joseph Martin ».