Des soutiens inattendus de la France d'en haut !
Ce soutien s'est décliné, cette semaine, de façon assez originale, relayé par Boulevard Voltaire : la jeunesse versaillaise et certains grands chefs étoilés. Yann Montero s'est rendu à la manifestation de ces jeunes Versaillais qui ont relevé le pari de se mobiliser en faveur du monde agricole. En trois jours, une poignée de jeunes a réussi à en mobiliser plusieurs centaines. Un phénomène nouveau. Deux mondes qui avaient peu de chance de se rencontrer se sont rejoints. Autres soutiens médiatiques : quelques chefs étoilés se sont rendus sur les barrages paysans pour leur apporter réconfort culinaire et moral. C'est le cas de Franck Putelat. Victoire Riquetti rappelle, toujours dans Boulevard Voltaire, que « ce n’est pas la première fois que le chef double étoilé, meilleur ouvrier de France et Bocuse d’argent, montre sa solidarité avec ceux qui lui permettent de travailler. Cet été, déjà, quand des incendies avaient ravagé l’Aude, il n’avait pas hésité à soutenir non seulement les vignerons mais aussi tous les petits producteurs qui eux aussi, sans être loin des grosses entreprises, avaient tout perdu. » Évidemment, dans le cas des restaurateurs, le lien est évident entre les produits locaux de qualité et le bien manger.
Pompiers, chasseurs, artisans du BTP en soutien
Mais si vous avez roulé, ces derniers jours, vous aurez constaté que d'autres professions se sont jointes au mouvement de soutien aux agriculteurs. En Dordogne, j'ai pu constater, vendredi, que les pompiers avaient bruyamment manifesté leur soutien à Périgueux et Bergerac en sortant engins et gyrophares.
On a également aperçu des artisans du BTP, eux aussi écrasés sous les normes et les taxes, avec un marché rendu difficile par les coûts et les politiques illisibles du type MaPrimeRénov'.
Dans le Tarn, ce sont les chasseurs qui sont venus prêter mainforte sur les blocages.
Entre tous ces groupes, les liens sont nombreux : il n'est pas rare que des agriculteurs soient aussi chasseurs et pompiers volontaires. C'est tout un même terreau, une même France enracinée, bosseuse et d'ordinaire silencieuse, engagée au service des autres, qui se reconnaît dans cette lutte.
Preuve de la popularité du mouvement et des craintes qu'il inspire chez nos gouvernants et élus, un autre groupe s'est associé à ce soutien : de nombreux élus locaux sont venus dans les chambres d'agriculture ou sur les points de blocage. Ainsi, à Agen, ce vendredi 19 décembre, la sénatrice Christine Bonfanti-Dossat et le député LR de Villeneuve-sur-Lot Guillaume Lepers sont venus, à côté de nombreux élus locaux, signer la Charte de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne prévoyant un moratoire sur la disparition des exploitations. Ici, évidemment, pour des parlementaires appartenant au même parti du ministre Genevard, le soupçon est de rigueur. Le gouvernement obtiendra peut-être une trêve de Noël, mais le feu est là.
Face à ce mouvement populaire, justifié, la Macronie en panique est une Macronie qui n'a rien appris, depuis 2018 et les gilets jaunes, et qui n'a qu'un réflexe : le recours aux forces de l'ordre. Et pour beaucoup de Français, et jusqu'au sein des forces de l'ordre, cette confrontation suscite un profond malaise : voici deux groupes sociaux issus du même terreau qui subissent le même mépris, avec un sentiment d'abandon identique. D'ailleurs, policiers et agriculteurs partagent un triste palmarès : celui du taux de suicide. Rien que cela devrait en faire une cause nationale.
Face à des agriculteurs pacifiques qui chantent la Marseillaise, le déploiement de moyens répressifs démesurés, avant-hier en Ariège, hier en Corrèze, ne peut que renforcer encore le malaise. Et le mouvement.
Frédéric Sirgant
https://www.bvoltaire.fr/artisans-chasseurs-pompiers-etc-ils-soutiennent-les-agriculteurs/