Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

60 à 70 % des armes envoyées à l’Ukraine seraient détournés

volontaires ukraine
Plus de 600.000 armes auraient été détournées depuis le début du conflit en Ukraine, alimentant un trafic qui risque d’exploser avec la fin de la guerre.

À huit jours de Noël, les dirigeants de l’UE, réunis en sommet à Bruxelles, s’entendaient sur un prêt de 90 milliards d’euros à l’Ukraine. Prêt à taux zéro pour les Ukrainiens mais, il est toujours bon de le rappeler, pas pour les Français qui financent leur dette souveraine à un taux frisant les 3,5 %.

« Il s’agit d’un soutien important qui renforce véritablement notre résilience », s’est félicité Volodymyr Zelensky, lequel doit rencontrer Donald Trump dimanche, en Floride. La réunion, nous dit-on, portera sur « les sujets sensibles », et notamment celui de « la centrale nucléaire de Zaporijjia occupée par les soldats russes, dans le sud ». Pendant les négociations, la guerre continue… et aussi le trafic d’armes.

C’est une constante : les conflits nourrissent les trafics

C’est, hélas, une constante sur « les théâtres de guerre » : les armes ont tendance à s’évaporer. L’ONG suisse Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) estimait ainsi, dans un rapport de juin 2024, à près de 600.000 les armes « perdues ou volées », depuis le début du conflit en Ukraine, en 2022. Un an et demi plus tard, ce chiffre a sans aucun doute bondi. D’autant plus que, comme le rappelle Le Parisien dans son papier du 22 décembre, « avant l’invasion russe, le pays avait déjà la réputation d’être une plaque tournante du trafic d’armes ». À cela, il faut ajouter les récentes affaires de corruption massive au sommet de l’État, impliquant des proches de Zelensky, et l’on comprend les inquiétudes accrues au moment où les Européens s’apprêtent à déverser la manne sur l’Ukraine. Certes, toutes ces armes – détournées essentiellement par les soldats eux-mêmes – ne finissent pas forcément dans les mains des trafiquants, mais au point où en est aujourd’hui le conflit, la question de la traçabilité se pose avec d’autant plus d’acuité que, nous dit Régis Le Sommier« le marché parallèle du trafic d’armes a été renforcé par cette guerre, continue et devrait continuer à l’être », tout comme « les conflits des Balkans ont irrigué le marché largement après la fin des hostilités ».

Des armes qui n'arrivent pas sur le front

Régis Le Sommier n’est pas, comme certains, reporter de guerre en chambre. S’il a couvert tous les grands conflits de ces dernières années (Irak, Afghanistan, Syrie…), c’est depuis le terrain. Spécialiste des questions militaires, ayant suivi des opérations au sein de l’armée de terre des États-Unis et du corps des Marines, ses informations, sourcées auprès des états-majors, détonnent souvent dans le ronron ambiant.

Il nous rappelle ainsi un scandale remontant quelques mois en arrière et portant sur la livraison d’obusiers. « Les fonds ont été versés mais les obusiers ne se sont jamais matérialisés », dit-il. Certes, une fois encore, « tout cela existe depuis la nuit des temps », mais l’arrivée de Trump fait que « les Américains ont pris les choses en main ». On semble donc aujourd’hui « plus à même de constater l’ampleur des détournement qui existaient mais qu’on ne pouvait pas tracer ». Question de volonté, donc, plus que de technique car, rappelle Régis Le Sommier, CBS News avait été prié d’annuler la diffusion d’un reportage affirmant que seulement 30 à 40 % des armes parvenaient sur les lignes de front. Motif invoqué : « Ce n’était "pas le moment" de divulguer ce type d’information. »

Des informations que le reporter lui-même a pu vérifier. « J’ai eu l’occasion de couvrir la guerre en Ukraine, au début côté ukrainien et, ensuite, côté russe, nous dit-il. Je me souviens d’un séjour, en 2023, dans un secteur du front du Dombass, un peu au nord de Bakhmout. À l’époque, j’ai eu l’occasion de discuter avec des militaires russes et de leur demander quel type d’armement ils utilisaient et qui étaient les unités qu’ils avaient en face. C’était des unités d’élite comme le bataillon Kraken, par exemple. » Alors qu’il demandait aux soldats russes s’ils s'étaient trouvés face à des armes occidentales, ceux-ci lui avaient répondu n’en avoir encore jamais vu. Comme eux, les bataillons ukrainiens n’avaient « que des armes russes ». Bien sûr, dit Régis Le Sommier, « cela ne prouvait pas que les armes étaient détournées, mais elles n’arrivaient pas jusqu’au front ». Or, « c’était en janvier 2023, la guerre avait commencé un an plus tôt et les livraisons d’armes avaient été faites. À cette date, on arrivait à la livraison de chars lourds, donc on était déjà passé par toute la gamme de livraisons d’armes et celles-ci, visiblement, n’arrivaient pas jusqu’au front, puisque les Russes disaient qu’ils ne voyaient aucune arme occidentale aux mains des Ukrainiens. »

« Il y a forcément des réseaux de trafiquants d’armes en Ukraine », et comme ce fut le cas avec la guerre des Balkans, « il est sûr que le marché parallèle du trafic d’armes a été renforcé par cette guerre et qu’il va continuer à l’être ». Financé par nos impôts…

Marie Delarue

Écrire un commentaire

Optionnel