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  • De la tradition

    Ex: http://www.dedefensa.org

    La tradition, à toutes les époques, représente la « substantifique moelle » de l’ethos collectif. On parle de la durée historique sur le « long terme », de la « mémoire collective » ou du rôle métahistorique des archétypes qui tiennent le rôle d’agrégateurs des mythes fondateurs de la cité. La cité représente l’ordre consensuel qui cimente les libertés individuelles dans un contexte où toute citoyenneté qui se respecte ne peut agir qu’à travers le consensus civique. La Charte de la cité est comparable à une forme de « pacte républicain » qui ordonnance un « vivre ensemble » qui, autrement, ne serait qu’une chimère en l’espèce. Toutefois, c’est la tradition, comme force dépositaire de la mémoire collective, qui donne sa raison d’être à la vie citoyenne. Privée de tradition, la cité est condamnée à se transformer en univers concentrationnaire.

    La mémoire collective et ses enjeux

    « Si cette volonté, cette injonction d’être moderne, ne cesse de bouleverser les conditions de la vie commune, de faire se succéder les révolutions aux révolutions, sans jamais parvenir à se satisfaire, sans jamais parvenir à un point où nous puissions nous reposer en disant : « voici enfin le terme de notre entreprise », si cette volonté ou cette injonction ne se saisit jamais de son objet, qu’est-ce que cela veut dire ? »

    - Pierre Manent, in « Les Métamorphoses de la cité – Essai sur la dynamique de l’Occident »

    Cette perte des repères de la mémoire collective qui affecte nos sociétés occidentales postmodernes s’apparente, manifestement, à une fuite en avant mortifère. Et, nous l’observons tous les jours, cette fuite semble nous entraîner vers le gouffre abyssal d’une « antimatière historique », pour reprendre une catégorie conceptuelle mise de l’avant par Philippe Grasset. Nous serions entrés, d’après certains historiens, dans l’ère de la postmodernité à la suite de la Seconde Guerre mondiale. C’est donc dire que ceux qui ont le pouvoir d’écrire l’histoire ont décrété la fin de la modernité, c’est-à-dire le délitement de cette « époque des lumières » à l’intérieur de laquelle le « mythe du progrès » jouait un rôle d’agrégation et de consentement essentiel. Mais, vers où sommes-nous donc entraînés ?

    Qu’il nous soit permis de reprendre une intervention d’Éric Basillais, un commentateur particulièrement actif sur le site Dedefensa.org. Ce dernier soulignait, à la suite d’un article intitulé « Vertigo », que « si subversion il y a, elle tient à un habitus Marchand (l'échange, la monnaie,...) dans un premier sens historique; et à une subversion du COSMOS (en CHAOS au final) si l'on songe (et croit) aux Eschatologies de la TRADITION (Hindoue, Germanique, Celtique...) ». À l’instar d’Éric Basillais, nous estimons que la tradition constitue, bel et bien, un processus métahistorique d’agrégation des cultures et des cultes, dans un sens fondateur. Ainsi donc, la TRADITION, peu importe les enjeux idéologiques ou spirituels, est le lit sur lequel prendra forme une nouvelle société, une nouvelle cité.

    C’est par la médiation de la mémoire traditionnelle que s’accompliront la dissolution d’une cité et sa refondation dans un nouvel espace de représentation. La tradition est immémoriale, a-historique, indépendante des lectures orientées de l’histoire humaine et dépositaire d’une mémoire collective qui permet aux générations de se succéder en espérant pouvoir approfondir le legs de leurs géniteurs. La tradition, au sens universel, représente la mémoire de l’humanité, non pas un ensemble de prescriptions se rattachant à une culture en particulier.

    C’est ce qui a poussé Mircea Eliade à professer que les rituels qui se répètent in illo tempore, en dehors de la contemporanéité, à une autre époque, permettent aux archétypes de survivre et d’irriguer la mémoire collective. Une mémoire collective correctement irriguée fera en sorte que les citoyens puissent approfondir leur passage en cette vie, donner un sens à leur existence. Pour paraphraser Eliade, on pourrait souligner que les places sacrées de la cité le deviennent parce qu’une collectivité y a accompli, sur le long terme, « des rites qui répètent symboliquement l’acte de la Création ». La tradition, si l’on approfondit cette vision des choses, est manifestement indépendante de l’« habitus Marchand », pour reprendre l’expression d’Éric Basillais. Voilà pourquoi l’« ordre marchand » tente de « liquéfier » nos sociétés postmodernes, pour que rien ne vienne entraver la libre circulation des commodités. Les commodités sont des valences qui permettent au pouvoir de dominer l’espace et le temps, d’acheter l’ « humaine condition » et de transformer la cité en univers concentrationnaire.

    La TRADITION représente, pour l’imperium, l’ennemi numéro 1 à abattre, vaille que vaille.

    Nous avons pris le parti de lancer un débat herméneutique qui portera sur le rôle de la TRADITION au cœur de la cité humaine. Ce mortier spirituel aura permis aux sociétés de s’ériger sur le mode d’une cité symbolique favorisant l’épanouissement de l’humanité en définitive. Toute société qui se coupe de la tradition est condamnée, à brève échéance, à se muer en univers concentrationnaire, à devenir l’« agora du chaos » [dixit PHP]. Loin de nous l’idée de perpétuer une vision nostalgique, pittoresque, de l’histoire. Il nous importe, a contrario, de partager avec nos lecteurs notre appréhension viscérale du délitement d’une tradition menacée par la vision luciférienne d’un « progrès illimité », véritable deus ex machina au service de la « volonté de puissance » de nos maîtres réels. En espérant qu’un authentique débat puisse naître à la suite de notre analyse.

    Les fondations de la cité

    « La cité, la polis, est la première forme politique. Elle est la condition de production ou la matrice d’une forme de vie nouvelle, la vie politique, la vie dans laquelle les hommes se gouvernent eux-mêmes et savent qu’ils se gouvernent eux-mêmes. Cette forme de vie peut prendre des formes diverses, car il y a différentes manières de se gouverner. »

    - Pierre Manent, in « Les Métamorphoses de la cité – Essai sur la dynamique de l’Occident »

    Nous tenterons, malgré l’étendue du sujet, de cerner l’importance de la tradition comme source immémoriale. La cité grecque représentant l’apex de la médiation (politique) des rapports citoyens, elle nous sert de représentation symbolique d’un stade de gouvernance qui semble indépassable au moment de composer notre analyse. Mais, outre le fait qu’elle permette d’organiser la collectivité, qu’est-ce qui fonde la cité ?

    Pierre Manent, chercheur en sciences sociales, nous rappelle que « les auteurs grecs (Aristote et consorts) n’ignoraient pas l’existence d’autres formes politiques que la cité, s’ils montraient peu d’intérêt pour elles. Ils connaissaient fort bien deux autres formes politiques au moins, à savoir la tribu – ethnos – et l’empire (en particulier l’empire perse qui s’imposa plus d’une fois à leur attention !). On pourrait ajouter une quatrième forme, celle des monarchies tribales… ». La nation, pour sa part, est une structure politique forgée tout au long d’une modernité qui allait tenter de fédérer des ensembles de cités qui, autrement, seraient condamnées à se faire la guerre. Les nations de la postmodernité tiendraient-elles le rôle des antiques cités ? Les nouvelles formes d’unions fédérales devenant le mortier de cette gouvernance mondiale tant abhorrée par ce qu’il est convenu d’appeler la « dissidence ».

    Certains anarchistes, pour leur part, professent que la polis génère un état d’enfermement qui brime les droits fondamentaux de ses sujets au profit d’une concentration de pouvoir entre les mains d’une élite prédatrice. Leur vision d’une autogestion fédérée par une constellation de syndicats en interrelation dynamique nous fait penser au monde tribal des anciennes nations amérindiennes. Cette vision idyllique d’un univers tribal « non-concentrationnaire » ne semble pas tenir compte du fait que la guerre ait toujours été une condition naturelle de cet état d’organisation politique primitive.

    La guerre permanente était, aussi, une condition naturelle inhérente au rayonnement de la cité grecque. Toutefois, comme le souligne Pierre Manent, «… le politique ancien est un éducateur inséparablement politique et moral qui s’efforce de susciter dans l’âme des citoyens les dispositions morales « les plus nobles et plus justes » ». Si la cité moderne a pacifié nos ardeurs guerrières, c’est l’appât du gain qui est devenu le modus operandi d’une politique qui revêt toute les apparences d’une médiation entre des intérêts financiers qui menacent la pax republicana. Pour simplifier, on pourrait dire que les philosophes étaient les politiques (politiciens) de l’antiquité, alors que les épiciers (pris dans un sens négatif) sont les politiques de la postmodernité.

    Qu’est-ce qui fonde la cité ? C’est la famille; le récit de l’Iliade est sans équivoque sur la question. Lorsque le troyen Paris enlève la belle Hélène, il provoque la colère des Grecs et, de fil en aiguille, le siège de la ville de Troie se met en place sur la base d’une saga familiale. Ce sont les liens filiaux, en dépit des rançons exigées, qui sont en jeu et non pas une volonté de puissance automotrice. Toutefois, les héros de cette tragédie épique sont emportés par la folie de l’hubris et sont les auteurs de forfaits impardonnables. Un retournement de la destinée fera en sorte qu’Achille (le champion des grecs) finisse par céder aux supplications du roi Priam traversant les lignes ennemies pour réclamer la dépouille de son fils Hector. Il s’agit d’un moment-clef du récit construit par Homère. L’auteur y démontre que c’est en raison du respect de la filiation que les vainqueurs finiront par se montrer cléments.

    On pourrait, facilement, opposer l’idéal de la cité (le rayonnement des familles patriciennes) à celui de l’imperium (le nivellement des citoyens afin qu’ils deviennent des sujets consentants). Que s’est-il passé, en Occident, pour que l’idéal de la cité finisse par imploser sous la pression d’un imperium protéiforme et « multicartes »?

    Dominique Venner, historien français décédé en 2013, déplore, comme tant d’autres, cette perte de mémoire qui afflige nos élites intellectuelles (…) et il ne se gène pas pour pointer du doigt cette « métaphysique de l’illimitée » qui semble avoir fourni à l’imperium ses meilleurs munitions. Venner admire la sagesse antique des stoïciens qui s’appuyait, entre autres, sur le respect des limites qui sont imparties à la nature environnante. Il souligne, à l’intérieur de son dernier essai (*), que « la limite n’est pas seulement la frontière où quelque chose s’arrête. La limite signifie ce par quoi quelque chose se rassemble, manifestant sa plénitude ». Cette notion de borne, ou delimite, recoupe toute la question, combien controversée, des frontières, de l’identité et de la filiation. Dominique Venner rend justice à la contribution du philosophe Martin Heidegger, notamment pour son essai intitulé « Être et Temps », qui a su définir « le monde contemporain par la disparition de la mesure et de la limite ».

    Le rituel de la consommation

    Mais, comment sommes-nous passés d’une civilisation agraire, à l’écoute des rythmes de la nature, à cet espèce de VORTEX du commerce qui désintègre tous nos habitus, nos lieux communs? La mémoire collective se déploie sur le cours d’une histoire longue, elle consiste en une agrégation de rites qui fondent leurs pratiques sur des cités pérennes. Le commerce, a contrario, nécessite une fluidité constante, des flux tendus qui permettent de produire, écouler, échanger, retourner, recycler, détruire et recommencer le cycle de la production-consommation de manière quasi instantanée. Consommer c’est oublier qui nous sommes, puisque la marchandise impose son langage propre au sein de nosagoras qui sont devenues des places marchandes. Le commerce ne constitue pas un problème en soi; c’est son développement sans limites et son instrumentalisation au profil de la sphère financière qui blessent. Guy Debord, nous le répétons, n’aurait pas hésité à affirmer que « c’est la marchandise qui nous consomme » en définitive.

    La consommation demeure le seul rituel toléré par l’ordre marchand. À l’instar de la marchandise qui se déplace, suivant les flux monétaires, nos habitudes de consommation sont instables, elles induisent des rituels qui ne sont fondés que sur des concepts arbitraires. Dans de telles conditions, lacité se dissout et, invariablement, les rapports citoyens se distendent. Curieusement, plusieurs grandes « marques » commerciales se sont glissées, tels des parasites, sous la dépouille de termes empruntés à la mythologie. Ainsi, les chaussures Nike ont été affublées du nom de la déesse grecque de la VICTOIRE (Niké). Idem pour les voitures Mazda, empruntant au dieu perse Ahura Mazdâ la prérogative d’être un « Seigneur de la Sagesse ». Les commodités du monde marchand se sont infiltrées à travers tous les pores de la cité, au point de permettre à la caste aux manettes d’investir nos repères symboliques afin de les récupérer.

    Wall Street représente l’Acropole, ou cité des dieux. Les centres commerciaux tiennent la place detemples de la consommation. Les vendeurs ressemblent, à s’y méprendre, à des prêtres officiant au culte de l’achat compulsif et salutaire. Les marques affichées sur les bannières servent à nommer les divinités tutélaires de la cité marchande. Et, in fine, les logos commerciaux se sont substitués aulogos, c’est-à-dire le discours de la raison des antiques philosophes. Les logos commerciaux nous propulsent en arrière, à l’époque des hiéroglyphes, en s’imposant comme « signes moteurs » de la communication. Il n’y a qu’à observer les nouvelles formes d’écriture tronquée utilisées pour transmettre des message-textes via nos téléphones « intelligents » pour comprendre l’étendu des dommages. De facto, on pourrait parler de « troubles moteurs » de la communication. Ainsi donc, c’est toute la syntaxe des rapports langagiers qui est déconstruite, déstructurée, au gré d’une communication humaine calquée sur celle des échanges marchands.

    Le Léviathan de la sphère marchande

    Qu’est-ce qui nous prouve que les fondations de la cité aient été pulvérisées par l’ordre marchand en fin de parcours ? Le fait qu’un ancien cimetière soit converti en centre d’achat, ou qu’une église désaffectée se métamorphose en édifice à condominiums, tout cela nous interpelle. Il n’est pas surprenant, dans un tel contexte, d’assister à la multiplication de profanations qui visent les cimetières, et autres nécropoles (cités des morts), où ont été enterrés nos ancêtres. Ceux et celles qui profanent et souillent les sites sacrées de nos cités dévoyées agissent au profit de l’ordre marchand. Il s’agit de banaliser, de néantiser, tous les lieux de la mémoire collectives qui conservent (pour combien de temps?) une part inviolable de cette tradition immémoriale. Lorsque certaines églises étaient érigées sur les décombres d’anciens sites de rituels païens, il ne s’agissait pas de souiller la mémoire collective en abrogeant la symbolique initiale des lieux. La tradition avait, donc, été respectée dans une certaine mesure. Le Genius loci (Esprit du lieu) n’avait pas été transgressé.

    À l’heure du néolibéralisme, dans un contexte où de puissants intérêts privés investissent les espaces de la cité, tous nos rites immémoriaux sont menacés d’extermination. Enterrer ses morts constitue une pratique universelle qui aura contribué à façonner nos espaces collectifs. De nos jours, par soucis d’économie et au nom de la protection de l’environnement, nous utilisons la crémation (ici, nous ne remettons pas cette pratique en question) afin de faire disparaître toute trace du défunt et l’urne funéraire, posée tel un bibelot sur une console, a définitivement pris la place de la pierre tombale. Les morts n’ont plus droit de cité, ils sont devenus des itinérants, sans domicile fixe, qui, passant d’une main à l’autre, ne peuvent même plus reposer en paix ! Tout doit circuler dans le monde marchand. Même les morts …

    Pierre Manent souligne, dans son essai intitulé « Les métamorphoses de la cité », que la caste des guerriers dans le monde de l’ancienne Grèce constituait le « petit nombre » des citoyens aux commandes de la polis. Outre leurs prérogatives guerrières, les patriciens s’adonnaient, aussi, au commerce qui permettait à la cité de s’épanouir en tissant des liens avec d’autres cités concurrentes. Maîtres du commerce, les patriciens ne possédaient pas de grandes richesses, hormis des propriétés terriennes et des titres se rapportant aux tombeaux des ancêtres. Il ajuste le tir en précisant que « le petit nombre était surtout propriétaire de rites – rites funéraires, rites de mariage –, tandis que le grand nombre n’avait que la nudité de sa nature animale. Le grand nombre était extérieur au genos, ou à l’ordre des « familles », comme plus tard l’étranger (métèque) « proprement dit » sera étranger à la cité ». L’auteur cerne, avec précision, la notion capiton de filiation, dans le sens d’une passation de prérogatives qui n’ont rien à voir avec une quelconque fortune personnelle. Nul de besoin, ici, de discuter (ou de nous disputer) des limites objectives de cette démocratie primitive limitée aux descendants (patriciens) d’une haute lignée. Le point de cette observation portant sur l’importance des rites funéraires dans le cadre d’une transmission de la mémoire collective, sorte de « génome » de la cité.

    Les puissantes guildes marchandes de la Renaissance permettront au grand capital de circuler et de concurrencer le pouvoir tutélaire des patriciens. L’auteur Thomas Hobbes, dans son célèbre traité intitulé « Le Léviathan », oppose le droit naturel à un contrat social qui représenterait les fondations politiques de toute société évoluée. Une société où tout un chacun tire sur la couverture peut se désagréger sous l’effet délétère de la guerre civile et dégénérer en chaos. Rappelons que le termeLéviathan représentait le monstre du chaos primitif dans la mythologie phénicienne. C’est précisément la figure symbolique du chaos qui semble menacer une tradition par laquelle se fondent les « rapports citoyens durables ». Et, c’est la notion moderne de progrès illimité qui conforte toute la politique d’une sphère marchande emportée par un hubris sans vergogne. Pierre Hadot, un spécialiste cité par Dominique Venner, nous prévient que « le « oui » stoïcien est un consentement à la rationalité du monde, l’affirmation dionysiaque de l’existence dont parle Nietzsche est un « oui » donné à l’irrationalité, à la cruauté aveugle de la vie, à la volonté de puissance par-delà le bien et le mal ».

    L’hubris au service d’une volonté de puissance démoniaque

    Nous sommes rendus au terme de notre analyse critique et nous devons conclure, faute de temps et d’énergie. Qu’il nous soit permis de revenir sur cette notion d’« affirmation dionysiaque de l’existence » afin d’expliciter le rôle de la « contre-culture » au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Prétextant une étape inévitable, au cœur d’un fallacieux processus de libération, les activistes à l’œuvre dans les coulisses de Mai 68 ont moussé l’« affirmation dionysiaque de l’existence » dans un contexte où l’« état profond » souhaitait accélérer le cours des choses. « Il est interdit d’interdire » deviendra l’antienne d’une communication au service de la dissolution des repères identitaires qui auraient dû, normalement, guider l’éclosion des forces vives du « baby boom » de l’après-guerre.

    Jim Morrison, chantre emporté par un hubris débridé, déclame vouloir « faire l’amour à sa mère et tuer son père ». Brisant le tabou fondateur de la famille, unité de base de la cité, Morrison inaugure, tel un prophète de malheur, une nouvelle ère. Cette ultime provocation agira comme le « geste fondateur » d’une « rébellion sans cause ». La jeunesse paumée de l’Amérique se mettra à danser en solitaire dans les discothèques, en répétant, pour paraphraser le philosophe Michel Clouscard, la gestuelle d’une rébellion supposément révolutionnaire. Il s’agissait, pour dire vrai, de se mouler aux exigences de la nouvelle « société de consommation » afin d’épouser les gestes d’un automate programmé dans ses moindres affects par les « sorciers » de la « contre-culture ». Et, à coup de drogues de plus en plus dures, il sera possible de rendre amnésique la jeunesse pour qu’elle ne soit plus JAMAIS capable de renouer avec ses racines.

    Patrice-Hans Perrier

    Petite bibliographie

    (*) Un samouraï d’Occident – Le Bréviaire des insoumis, une source de références incontournable achevée en 2013. Écrit par Dominique Venner, 316 pages – ISBN : 978-2-36371-073-4. Édité par Pierre-Guillaume de Roux, 2013.

    (*) Les Métamorphoses de la cité – Essai sur la dynamique de l’Occident, une étude synoptique de l’histoire politique de l’Occident achevée en 2010. Écrit par Pierre Manent, 424 pages – ISBN : 978-2-0812-7092-3. Édité par Flammarion, 2010.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/08/21/de-la-tradition.html

  • RATIER : UNE ENCYCLOPÉDIE LIBRE DISPARAÎT

    Un anti système jamais condamné car il disait des vérités

    Jean Ansar 

    Ex: http://metamag.fr 

    C’est une bibliothèque qui disparaît avec un journaliste druide unique en son genre. Emmanuel Ratier, journaliste et écrivain, nous a quitté ce mercredi 19 août à l’âge de 57 ans. Militant infatigable de la «  vérité est ailleurs », il était le rédacteur de la lettre confidentielle Faits et documents, indispensable pour tous les journalistes désireux de connaitre les dessous du pouvoir et le parcours des personnalités du monde politique, économique et médiatique. Il était – dans la lignée d’Henry Coston – l’archiviste et le documentaliste numéro un de la droite nationale , régulièrement pillé par ses détracteurs et haï par ceux qui veulent vivre cachés pour manipuler sans se dévoiler.

    Il fût également l’auteur d’une inégalée « Encyclopédie politique Française » en deux volumes, mais également d’un précieux « Au coeur du pouvoir : enquête sur Le Siècle ». Plus récemment son remarquable livre « Le vrai visage de Manuel Valls » avait été frappé de la loi du silence. Il prétendait notamment révéler le rôle de l’épouse du Premier ministre dans une subite «conversion» qu’aurait connue ce dernier en faveur d’Israël. Il gênait le vrai pouvoir, mais ses analyses et  portraits sans concession n’ont jamais été contestés.

     

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    Inconnu du grand public, cet ancien du journal Minute avait aussi collaboré à Valeurs Actuelles et auFigaro Magazine. Il s’était également fait surtout le documentaliste de sa famille politique. «Faits et Documents», cette publication bimensuelle était devenue une petite institution utilisée même par des spécialistes extérieurs à la mouvance. Jeudi, de nombreuses figures de son camp saluaient la mémoire de l’essayiste - dont Jean-Marie Le Pen.

    «Ces dernières années, Emmanuel Ratier s’était rapproché du polémiste antisémite Alain Soral, participant notamment à alimenter le site de son organisation Egalité et Réconciliation,» croit devoir préciser Libération,  sans doute pour discréditer un véritable journaliste d’investigation et non  le membre d'une meute conformiste forte de son nombre. Animateur sur Radio Courtoisie, l’antenne «de la libre parole et du pays réel», Ratier dirigeait également la librairie Facta, dans le neuvième arrondissement de Paris. 

    Le journaliste entretenait enfin une très riche documentation personnelle sur de nombreuses personnalités, associées ou non à l’extrême droite. Des dossiers parfois mis à disposition de ses amis politiques ou de journalistes, même représentants de cette «presse du système» honnie.

     

    Qui prendra la suite d’un  journaliste quasiment irremplaçable aujourd’hui? 

    S’ils sont Charlie, on nous permettra d’être plutôt Ratier….. Car savoir et comprendre vaut mieux que caricaturer et salir.

     

  • Philippe de Villiers et le "refus de l'innommable"

    Voici un extrait de l'interview accordé à Jeanne Smits par Philippe de Villiers à propos du Puy-du-Fou et en particulier du don fait à la fondation Jérôme Lejeune :

    Philippe de Villiers, la Fondation Puy-du-Fou Espérance vient de doter la Fondation Jérôme-Lejeune d’un chèque de 50.000 euros (...). Pourquoi avez-vous choisi la Fondation Jérôme-Lejeune ?

    Pour deux raisons. La première : c’est par fidélité à un homme qui connaissait bien le Puy-du-Fou, et qui l’aimait, et qui m’a profondément marqué personnellement, le professeur Jérôme Lejeune. La deuxième raison, c’est que la Fondation Lejeune, magistralement emmenée par Jean-Marie Le Méné, son président, fait un travail considérable et qui mérite d’être encouragé, pour protéger les enfants trisomiques qui sont souvent abandonnés par la société médiatique, et qui trouvent face à eux une difficulté nouvelle : la tentation de la société de fabriquer un modèle d’enfant sur catalogue.

    En effet, lorsque les petits trisomiques sont dépistés avant leur naissance – on sait que 96 % d’entre eux sont éliminés. Spontanément, j’ai fait le lien entre le rappel que fait le Puy-du-Fou du génocide des Vendéens avec ce nouveau génocide des imparfaits. Le faites-vous aussi ?

    Au moment de la remise du chèque de la Fondation Puy-du-Fou Espérance à la Fondation Jérôme-Lejeune, j’ai souligné la communauté d’esprit et de démarche du Puy-du Fou et de la Fondation Lejeune, et le lien entre le beau que nous cultivons ici, et le bien que cultive la Fondation Lejeune.J’ai ajouté une évidence : il y a une communauté d’attitude dans ce que j’ai appelé « le refus de l’innommable ». La laideur qui défigure le beau et l’atteinte au principe même de la vie qui défigure la civilisation… (...)

    La réussite du Puy-du-Fou a une cause, une seuleC’est la gloire passée que nous rappelons, de toutes ces générations qui ont défendu la France et la chrétienté. Qui ont vécu par la France et la chrétienté. Et qui ont porté haut les valeurs de la France et de la chrétienté. Qui les ont vécues, qui les ont défendues, qui les ont incarnées : du mouvement le plus naturel du monde. Par-delà la réussite, l’aventure du Puy-du-Fou doit demeurer dans son dépouillement initial, et ne jamais sacrifier à l’esprit de richesse. L’esprit de richesse, ce serait de succomber à l’hubris des Grecs, à l’orgueil, et croire que notre réussite vient de nous-mêmes. Or notre réussite vient du fait que nous nous sommes comportés comme des héritiers et non pas comme des enfants démiurges et thaumaturges de la table rase. Donc l’esprit de pauvreté du Puy-du-Fou, c’est l’esprit de fidélité à tous les pauvres de l’histoire de France qui ont donné leur immense richesse à la France – et qui était justement la pauvreté de leur cœur."

    Philippe Carhon

  • Charles Maurras : l’Intelligence, l’Or et le Sang

    Pour Maurras, le monde est régi par un certain nombre de forces. Ces forces sont de natures différentes : matérielle et spirituelle. « Il faut être stupide comme un conservateur ou naïf comme un démocrate pour ne pas sentir quelles forces tendent à dominer la Terre. Les yeux créés pour voir ont déjà reconnu les deux antiques forces matérielles : l’Or, le Sang. »

    Le destin de l’unique force spirituelle, l’Intelligence, est de s’allier à l’une de ces forces matérielles. Elle doit décider, trancher « entre l’Usurier et le Prince, entre la Finance et l’Épée. » Aux yeux de Maurras, le déclin de l’Intelligence est dû à un renversement d’alliance. Autrefois, l’Intelligence était souveraine car liée au Sang, c’est-à-dire aux rois. Aujourd’hui, l’Intelligence est soumise au règne de l’argent. La cause de ce retournement est la Révolution française. « De l’autorité des princes de notre race, nous avons passé sous la verge des marchands d’or, qui sont d’une autre chair que nous, c’est-à-dire d’une autre langue et d’une autre pensée. »

    Avant la Révolution française, le déclin de la monarchie a coïncidé avec l’essor des hommes de lettres. L’Intelligence a pris les traits de la noblesse. La voix des philosophes compte alors plus que celle des seigneurs. Jean-Jacques Rousseau rédige la constitution polonaise et l’on parle désormais du « roi Voltaire ». Pour Maurras, « le successeur des Bourbons, c’est l’homme de lettres. » La révolution marque donc, selon le mot du martégal, l’avènement « d’une dictature littéraire ». L’Intelligence, ayant mis à mal le Sang, ménage de la place pour le retour de la force matérielle concurrente : l’Or. Pour Maurras, le paradoxe est le suivant : la victoire de l’Intelligence pendant la période révolutionnaire, parce qu’elle s’est faite contre la force du Sang, favorise le règne de l’Or. L’Intelligence révolutionnaire, détachée de sa référence au Sang, aboutit au règne illégitime de l’Écrit. « L’Écrit régna non comme vertueux ni comme juste, mais précisément comme Écrit. Il se fit nommer la Raison. » Le philosophe maurrassien Pierre Boutang parle ici d’une « absurde victoire » et explique que celle-ci s’est plus faite contre l’Église que contre la royauté déjà moribonde. Les hommes de lettres deviennent selon Boutang les nouveaux clercs : « le nouveau pouvoir du littérateur s’est modelé sur le pouvoir ecclésial ». Mais cette autorité va vite s’émousser car la rupture d’avec le Sang est insoutenable pour l’Intelligence. Au « roi Voltaire » va succéder le « père » Hugo, un symbole qui montre dès la moitié du XIXe siècle la déliquescence de cette Intelligence séparée.

    Avec le progressisme révolutionnaire et la complication du monde va naître l’abondance matérielle. Cette abondance va favoriser l’émergence d’un nouveau type d’homme : le bourgeois. Les rapports de force vont donc changer radicalement. L’Or va définitivement prendre le pas sur le Sang pour plus tard asservir l’Intelligence. « Cet Or est sans doute une représentation de la Force, mais dépourvue de la signature du fort. » Ce qui afflige Maurras, c’est que « les quelques familles devenues maîtresses de la planète » sont les tenants de l’Or et non du Sang. C’est donc une nouvelle forme de pouvoir, sans noblesse, sans vertu, toute soumise et conditionnée par les lois ignobles de l’argent, qui dirige le monde.

    Quel avenir pour l’Intelligence dans un contexte où les forces matérielles de l’Or ont triomphé de celles du Sang ? « Au temps où la vie est simple, la distinction de l’Intelligence affranchit et élève même dans l’ordre matériel ; mais, quand la vie s’est compliquée, le jeu naturel des complications ôte à ce genre de mérite sa liberté, sa force. » Aux yeux de Maurras, le danger ultime pour l’Intelligence est l’industrie littéraire, c’est-à-dire le conditionnement de la pensée par des impératifs d’argent. Si Maurras n’a pas développé, comme le montre Boutang, de méfiance particulière vis à vis du progrès matériel – progrès technique « qu’il attribue à Pallas-Athéna et à l’industrieux Ulysse dans leur véritable origine » – « l’ordre mauvais » et les « lois défectueuses » le corrompent fatalement jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un moyen pour l’argent d’étendre sa domination.

    L’Intelligence ne peut reconquérir sa noblesse perdue avec cette nouvelle allégeance. « La vraie gloire étant évaluée en argent, les succès d’argent en reçurent, par une espèce de reflet, les fausses couleurs de la gloire. » Pour Maurras, le prestige lié à l’Or est un faux prestige. L’Intelligence en s’alliant à l’Or ne peut plus être prestigieuse. Elle n’est plus que la victime du mépris des industrieux. Car si tout succès est aujourd’hui évalué en argent, l’écrivain, le représentant de l’Intelligence, parce qu’il ne pourra jamais dégager autant d’argent que le grand industriel, est condamné à la relégation. « Non contentes, en effet, de vaincre l’Intelligence par la masse supérieure des richesses qu’elles procréent, les autres Forces industrielles ont dû songer à l’employer. » Dans ce monde dominé par l’Or, l’Intelligence n’est plus une fin, seulement un moyen. L’Intelligence est soumise, elle défend des intérêts qui ne sont pas les siens, elle prend partie pour le plus offrant. Avec le règne de l’Or, la liberté de penser devient monnayable, négociable. On échange « un peu de son franc-parler contre de l’argent. » La presse en particulier n’est plus qu’un instrument entre les mains des possédants. L’Intelligence est humiliée, étriquée. Elle sert.

    L’argent est aussi un moyen pour l’Étranger d’œuvrer à travers et par lui. Maurras s’appuie sur deux exemples historiques : les distributions d’or anglais en France pour les campagnes de presse, de 1852 à 1859, en faveur de l’Unité italienne et les arrosages de la presse française par Bismarck après la bataille de Sadowa en 1866. Pour autant, Maurras, face aux intrusions de l’Étranger via l’argent, ne cède pas à la fatalité. « C’est à la Patrie de se faire une presse, nullement à la presse, simple entreprise industrielle, de se vouer au service de la Patrie. » Cette phrase contient en elle-même une légitimation de L’Action Française.

    Néanmoins, aux yeux de Maurras, la liberté absolue de l’Intelligence est de tout temps dure à conquérir. « L’indépendance littéraire n’est bien réalisée, si l’on y réfléchit que dans le type extrême du grand seigneur placé par la naissance ou par un coup de la fortune au-dessus des influences et du besoin (La Rochefoucauld) et dans le type correspondant du gueux soutenu de pain noir, désaltéré d’eau pure, couchant sur un grabat, chien comme Diogène ou ange comme Saint François. » La logarchie (de logos et archè) absolue qui est l’horizon de Maurras semble donc inatteignable. Par ailleurs, beaucoup lui ont reproché la liberté de ton de L’Action Française conjuguée à une conception autoritaire du pouvoir politique. Une dévotion à l’État qui l’amènera en septembre 1939 à demander des mesures pour limiter la liberté de la presse. Cependant, pour Boutang, il n’y a pas de contradiction « mais la reconnaissance de deux pouvoirs contraires ».

    L’avenir de l’Intelligence n’est donc pas radieux. Maurras a cette phrase terrible : « Le Sang et l’Or seront recombinés dans une proportion inconnue. Mais l’Intelligence, elle, sera avilie pour longtemps ; notre monde lettré, qui paraît si haut aujourd’hui, aura fait la chute complète, et, devant la puissante oligarchie qui syndiquera les énergies de l’ordre matériel, un immense prolétariat intellectuel, une classe de mendiants lettrés comme en a vu le moyen âge, traînera sur les routes de malheureux lambeaux de ce qu’auront été notre pensée, nos littératures, nos arts. » Cependant, il n’est pas dans la nature du maurrasisme que de céder à la tentation pessimiste. L’Or peut être vaincu et l’alliance de L’Intelligence avec le Sang restaurée. Ce salut pour l’écrivain, « le plus déclassé des êtres », est possible sous deux conditions : le renforcement en France du catholicisme en tant que « croyance autonome de l’esprit pur » et la reconstitution progressive de l’ancienne alliance à travers une contre-révolution.

    Matthieu Giroux

    SourcePhilitt

    http://la-dissidence.org/2015/08/11/charles-maurras-lintelligence-lor-et-le-sang/

  • 22 août 1914 : mort au front d’Ernest Psichari,

    à l’âge de 31 ans. Ce jeune écrivain était le petit fils d’Ernest Renan.

    Il rejetta tôt les idées exprimées par le milieu de la bourgeoisie intellectuelle dreyfusarde de sa jeunesse.
    Au pacifisme succéda la ferveur nationale, au culte du moi celui de la communauté enracinée, au rationalisme la ferveur des sentiments.
    Même s’il n’a pas laissé une œuvre très importante, Psichari est, par sa personnalité, ses préoccupations, ses aspirations morales et son engagement, emblématique d’une jeunesse exaltée dont fit aussi partie Charles Péguy par exemple.

    Engagé dans l’artillerie à l’âge de vingt ans, il servit d’abord au Congo, puis en Mauritanie, ce qui lui inspira des récits de voyages (Terres de soleil et de sommeil, 1908). Ayant choisi l’armée par idéal, il y éprouva la satisfaction d’appartenir à un corps dépositaire d’une longue tradition. Il se mit également à soutenir les idées de Charles Maurras et de l’Action française.

    En 1913, il publia L’Appel des armes, contre l’humanitarisme pacifiste et le déclin moral qui lui sembla en être la conséquence, au profit d’un idéal de dévouement et de grandeur.

    Cette attitude s’exprima avec encore plus de force dans son second livre, publié à titre posthume, Le voyage du centurion (1916). Il s’agit de la transposition (à peine masquée) de son expérience et de son évolution spirituelle. Longtemps à la recherche de certitudes intellectuelles, le jeune homme se tourna vers la foi catholique et la méditation. De simple croyant, il devint pratiquant en 1912, puis décida d’entrer dans l’ordre des dominicains.

    La guerre, qui éclata peu après, l’empêcha de concrétiser son vœu. Sous-lieutenant au 2e régiment d’artillerie coloniale, il fut tué à Rossignol en Belgique le 22 août 1914. Les monarchistes de l’Action française tels Henri Massis et Paul Bourget, mais aussi Maurice Barrès ont vu en Psichari un héros national et ont entretenu sa mémoire par diverses publications.

    Une stèle puis un monument-autel ont été érigés à la mémoire de Psichari à Rossignol, à l’initiative du poète Thomas Braun et de Henri Massis.

    Quelques-uns de ses livres sont commandables ici.

    http://www.contre-info.com/22-aout-1914-mort-au-front-dernest-psichari#more-14227

  • « Les racines de notre Europe sont-elles chrétiennes et musulmanes ? » de Guy Rachet

    Les papes Jean Paul II et Benoît XVI ayant donné l’exemple, le premier en sollicitant humblement le pardon des mahométans pour les atrocités commises pendant les Croisades, le second en priant tourné vers La Mecque dans l’ancienne basilique Sainte-Sophie d’Istanbul transformée en mosquée puis en musée, les chrétiens seraient-ils tétanisés devant l’islam, comme ils le sont devant le judaïsme depuis la Shoah ?

    Al-Andalous, paradis ou enfer ?

    On se souvient de la phrase définitive du président Jacques Chirac refusant en mai 2003 toute référence au christianisme dans la constitution européenne au prétexte que « les racines de la France sont tout autant musulmanes que chrétiennes », en raison de l’inestimable apport culturel prétendument dû aux docteurs et philosophes de l’islam. L’antienne est reprise les 17 et 18 juin 2011 à la Sorbonne à l’occasion d’un très officiel colloque sur « L’Europe et l’Islam, d’Al Andalous aux négociations d’adhésion de la Turquie ». Et comme rien ne doit être négligé pour imposer ce nouveau credo à nos peuples, le magazine Histoire le si mal nommé avait consacré un mois plus tôt un dossier extatique à Al-Andalous, ce « paradis perdu », émergeant d’un océan de barbarie, où toutes les religions et toutes les communautés auraient vécu en paix dans le meilleur des mondes évolués, irradiant ses lumières de l’Irlande à la Chine. Dommage pour le mensuel : au même moment sortait un livre de Guy Rachet, Les racines de notre Europe sont-elles chrétiennes et musulmanes ?, dénonçant entre autres cette sornette devenue vérité d’évidence à force de rabâchage. Or, de même que Sylvain Gouguenheim, auteur d’un autre ouvrage radicalement démythifiant, Aristote au Mont Saint-Michel(éd. du Seuil 2008), l’historien Guy Rachet, auquel on doit de multiples études et romans sur la Grèce et l’Egypte notamment, n’a rien d’un indéfectible paladin du Vatican. Bien au contraire : tout comme son ami l’écrivain Pierre Gripari en guerre contre « Le Méchant Dieu » de la Bible, l’historien revendique bien haut son agnosticisme et son hostilité à tous les monothéismes venus d’Orient, « stérilisateurs », selon lui, des grandes époques, des grandes civilisations et de la haute pensée qui les ont précédés.

    Mais tous n’ont pas à ses yeux la même capacité de nuisance. Ainsi écrit-il :

    « Si l’on me demande : Le christianisme a-t-il exercé une influence capitale sur le développement de ce qu’on put appeler la civilisation européenne ? Je répondrai oui, à l’évidence [avec] le déploiement prodigieux d’une vaste architecture laquelle, sur les données romaines et plus encore gréco-byzantines, nous a donné ces merveilles de l’art que sont les cathédrales romanes, gothiques et baroques (…). Par ailleurs, la mythologie issue de la légende chrétienne et la théologie sont à l’origine de toute une peinture et une sculpture dites sacrées qui apparaissent comme des manifestations uniques et sublimes d’un art religieux. »

    « Si l’on me demande : Les racines de l’Europe sont-elles d’une certaine manière musulmanes ? Je répondrai : en aucune manière. Et je préciserai que l’islam en tant que religion se trouve à l’opposé de la mentalité européenne telle qu’elle s’est forgée pendant des millénaires au cours desquels se sont accumulées des nappes de populations et de cultures diverses qui ont constitué l’Europe dans sa diversité et dans son unité. »

    Cette conclusion couronne une étude aussi érudite que parfaitement étayée (impressionnante bibliographie), qui commence par le survol des « substrats ethniques de l’Europe », où romanité et germanité parfois s’opposèrent et souvent composèrent pour s’harmoniser (en matière de droit notamment, comme l’a souvent souligné l’avocat Eric Delcroix), et où les constantes références n’excluent jamais un ton polémique assez réjouissant : par exemple, quand l’auteur étrille les intellectuels et chercheurs triturant désespérément les textes pour légitimer leur zèle islamomaniaque, ou quand il évoque le Kossovo, foyer national serbe follement abandonné par les Occidentaux aux mafias islamistes pressées – comme, du reste, les envahisseurs turcs avant elles – de détruire les plus purs chefs-d’œuvre de l’art orthodoxe… parfois d’ailleurs, ajouterons-nous, sublimés par un apport catholique, comme l’admirable monastère de Detchani, qui inclut la plus vaste cathédrale médiévale des Balkans et dont, au XIVe siècle, le roi serbe Stefan Ourosh avait confié la construction à des franciscains italiens, bel exemple d’unité européenne.

    Byzance, la grande oubliée

    On retiendra, parce que les faits sont mal connus sous nos climats, le chapitre sur le rôle déterminant – sans commune mesure avec celui que l’on prête indûment aux musulmans ! – joué par l’empire byzantin dans la transmission de l’héritage grec classique. Loin de l’obscurantisme des Iconoclastes, les basiléus et les lettrés de Constantinople s’attachèrent à la préservation du patrimoine pictural antique (voir les admirables mosaïques de l’ancienne église Saint-Sauveur stin Chôra, aujourd’hui simple musée) comme des écrits des philosophes, des poètes et des dramaturges qui avaient fait de l’Hellas le phare intellectuel du monde alors connu. Car ce n’est pas à quelque ouléma du Caire ou de Grenade qu’on doit la redécouverte d’Homère, d’Hésiode, de Diogène Laërce ou même du sceptique Pyrrhon mais à « Byzance, la grande oubliée » qui, avant que ne s’abatte sur elle, en 1453 – jour de deuil pour notre continent – la nuit ottomane, transmit ces richesses à Rome, avec le « souffle vivifiant de la Grèce antique ».

    Car le mécréant qu’est Guy Rachet ne mésestime pas l’action de la Papauté, ou du moins de certains pontifes, passionnés par l’Antiquité – même venue la Contre-Réforme – dans la prise de conscience de l’héritage ainsi transmis. Notre historien cite les édits pris par Eugène IV, Nicolas V (qui possédait une bibliothèque de « huit cents volumes, dans lesquels on trouvait des auteurs grecs en grand nombre »), Alexandre VI, etc., pour faire relever les ruines de Rome et restaurer les monuments anciens, tels le Capitole ou « le château Saint-Ange, qui est le mausolée de l’empereur Hadrien », créant ainsi une science toute nouvelle et dont l’Europe garda l’exclusivité des siècles durant : l’archéologie. Bien sûr, les sculpteurs de nos cathédrales n’avaient pas attendu la Renaissance pour représenter la nudité, comme en témoigne l’étonnant « Adam » conçu pour Notre-Dame en 1260, aujourd’hui exposé au Musée de Cluny, certes éloigné de l’ «Hermès» d’Olympie mais qu’un critique a pu définir en 2006 comme un « trait d'union, chaînon manquant entre Praxitèle et Donatello ou Michel-Ange ». Mais, en encourageant les artistes à s’inspirer, même dans les monuments religieux, de la statuaire antique, la papauté donna à tous les arts un prodigieux essor. Les mieux disposés envers l’Islam ne sauraient créditer celui-ci d’un rôle quelconque dans cet essor puisqu’il interdit toute représentation des êtres vivants !

    Ainsi, n’en déplaise au prédécesseur de Nicolas Sarkozy, les racines de notre Europe sont-elles essentiellement grecques et latines (sans oublier les apports slaves, celtes et germano-scandinaves, avec les sagas), le « génie du christianisme » ayant été au fil des millénaires d’assimiler le passé européen et de s’en enrichir. Elles ne sont en aucune façon musulmanes.

    En réaction contre le propos de Jacques Chirac, Guy Rachet avait écrit son livre magistral en 2004, pour Jean-Paul Bertrand, patron des éditions du Rocher. Cette maison d’éditions ayant été rachetée, la commande fut annulée mais Les Racines de notre Europe firent l’objet d’une conférence prononcée en 2005 devant les membres du Cercle Ernest Renan (www.cercleernestrenan.org, contact : infos@cercleernestrenan.org) dont l’historien est aujourd’hui le président. Le livre paraît enfin, hélas trois ans après celui de Sylvain Gouguenheim, étude excellente mais plus ciblée et moins exhaustive que celle de Guy Rachet. Dommage. Mais ceux qui s’intéressent à la question seront comblés. Voilà tout un arsenal d’arguments décisifs pour les Européens en général et nos compatriotes en particulier qui refusent l’envahissement de notre continent par l’islam et l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

    Camille Galic, Réfléchir & Agir 
    n° 39 (automne 2011) Guy Rachet, Les racines de notre Europe sont-elles chrétiennes et musulmanes ? Ed. Jean Picollec, mars 2011, 565 pages.

    http://archives.polemia.com/article.php?id=4291

  • 42 000 immigrants passés par la seule Macédoine en deux mois

    Le Camp des Saints, c'est maintenant : 

    "Le gouvernement macédonien, qui entretient des relations tendues avec la Grèce, et qui accuse Athènes d'acheminer les migrants en trop grand nombre à sa frontière, avait décrété l'état d'urgence jeudi. Skopje avait fermé ses points de passage aux migrants qui arrivaient au rythme de 2.000 par jour et espéraient passer en Serbie puis en Hongrie pour atteindre l'espace Schengen.Cette mesure a donné lieu à des scènes de chaos, notamment à Gevgelija, où des milliers de réfugiés ont passé plusieurs nuits à ciel ouvert et sans aide alimentaire.

    La police a repoussé vendredi, à coups de matraques et par des tirs de grenades assourdissantes, une tentative de passage de la foule. La situation humanitaire se dégradant, elle a tenté de faire passer les plus vulnérables par petits groupes, mais la foule a débordé le cordon, des milliers de personnes se sont ruées samedi en territoire macédonien, malgré les tirs de grenades assourdissantes. Peu après, les autorités ont laissé passer tous les migrants et affrété des trains et des cars supplémentaires pour les conduire vers la Serbie.

    Avant le passage de cette dernière vague, les autorités macédoniennes ont enregistré l'entrée dans le pays depuis le 19 juin de 42.000 migrants, dont plus de 7.000 enfants".

    Lahire

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Disparition du journaliste d’investigation Emmanuel Ratier

     Le journaliste d’investigation Emmanuel Ratier est décédé mercredi 19 août 2015. Son nom est familier aux lecteurs deNovopress et de la réinfosphère dans son ensemble. Entre autres créateur de la lettre confidentielle Faits & Documents, animateur d’une émission sur Radio Courtoisie, cet homme d’exception manquera à tous ses amis. Nous publions ci-dessous le communiqué de la famille d’Emmanuel Ratier.

    En hommage à la disparition de notre père et époux, Emmanuel Ratier, sa famille et ses amis proches l’accompagneront dans son dernier voyage au cours d’une cérémonie intime mardi 25 août. Un hommage public lui sera rendu à Paris courant septembre. La date vous en sera communiquée ultérieurement.

    Pour toute marque d’affection, plus que de l’accompagner avec des fleurs, nous souhaitons poursuivre l’œuvre d’Emmanuel en aidant ses successeurs par des dons à l’association “Les archives associatives du Vexin” qu’il venait de créer et qui lui donnait tant d’enthousiasme. C’est elle qui perpétuer a son action.
    Une urne sera disposée à cet effet le jour de l’hommage public. Vous pouvez également écrire à cette adresse : Les archives associatives du Vexin, BP 19, 60240 Chaumont-en-Vexin

    La famille d’Emmanuel

    http://fr.novopress.info/