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culture et histoire - Page 1338

  • Louis XVI : seize pages assassines

    Le "testament politique" de Louis XVI vient d'être retrouvé aux États-Unis. Ce manuscrit de seize pages, qui passait pour perdu, a fortement contribué à la condamnation du roi, qui exposait ses critiques contre la Révolution et les motifs de son départ de Paris.

    Dans le courant de l'hiver 1790-1791, conscient de son abaissement politique, mis dans l'impossibilité d'influer sur le cours des événements, de s'opposer aux mesures qui, telle la constitution civile du clergé, le scandalisent, Louis XVI envisage de s'évader. Un projet de fuite s'élabore concrétisé au soir du 20 juin 1791 lorsque la famille royale quitte les Tuileries et part vers l'est.

    Franchise

    Cependant, avant de quitter Paris, le roi souhaite justifier son choix, exposer son opinion sur la Révolution. Il entend que ce texte soit rendu public aussitôt. Évidemment, dans son esprit, cette publication doit concorder avec la réussite de son projet d'évasion. Il s'agit de condamner l'oeuvre révolutionnaire dans ses excès, et de rassurer une population parisienne encline à redouter d'éventuelles représailles, avant le retour du monarque rétabli dans la plénitude de ses prérogatives, à la tête de troupes fidèles. Trop assuré du succès de ses plans, Louis XVI, au fil des seize feuillets in quarto rédigés en secret, se montre d'une grande franchise : non, il n'accepte pas l'abaissement de son pouvoir, les atteintes « à la dignité de la couronne de France », « le despotisme » des comités de la Constituante, « plus barbare et insupportable qu'aucun de ceux dont l'Histoire ait jamais fait mention », les restrictions à son droit de veto, la suppression de son droit de grâce... C'est pour cela qu'il s'en va. En raison, aussi, des outrages constants infligés aux siens, dont son frère, le comte de Provence, qui est, à la dernière minute, appelé à témoigner par une lettre jointe, destinée dans l'esprit de Louis XVI, en compromettant son cadet, à l'obliger à partir avec lui.

    Concessions

    En contrepoint de ces plaintes, le roi, cependant, fait d'importantes concessions à l'opinion publique, ou ce qui paraît tel, acceptant de nombreux acquis de la Révolution, entre autres l'égalité civile et l'abrogation des ordres, ce qui représente, de sa part, une profonde évolution. S'il part, c'est pour se donner les moyens à son retour d'offrir aux Français une véritable constitution, conforme à leurs voeux, dans le respect du catholicisme, de la monarchie et des droits de chacun pour le plus grand bien de la France.

    Hélas, l'arrestation de Varennes, en mettant fin à la tentative royale, transforme ce programme politique plutôt ouvert et acquis aux réformes en acte d'accusation contre Louis XVI. Puisque, dans ce document officiel, remis au matin du 21 juin au président de l'Assemblée, Alexandre de Beauharnais, le roi critique ouvertement, et condamne, des mesures qu'il a lui-même acceptées auparavant, il faut y voir la preuve d'une intolérable duplicité de la part du monarque qui n'a pas voulu jouer honnêtement le jeu constitutionnel... Que le pouvoir révolutionnaire ait fait en sorte de rendre sa position intenable n'entre évidemment pas en ligne de compte.

    La main du roi

    Ces seize feuillets manuscrits, écrits et signés par Louis XVI, font désormais figure de pièces à conviction. Ils pèseront terriblement lourd en janvier 1793, quand ils seront présentés comme destinés « à plonger la France dans les horreurs de la guerre civile ». Versé au dossier du procès, commenté d'abondance par des accusateurs décidés à noircir les intentions royales, le document, malgré son importance, disparaît des archives à une date indéterminée, sans doute pendant la Terreur. Considéré comme définitivement perdu, il n'est plus connu qu'à travers les copies des archives parlementaires.

    Une mystérieuse disparition

    Qui s'en est emparé ? Pourquoi ? Nul ne le sait. Des rumeurs, parfois, le disent dans quelque collection privée, Charavay ou Feuillet de Conches. En 1950, il est signalé lors d'une vente Hennessy. Par quelle voie ce "testament politique", qui en fait n'en fut jamais un dans l'esprit de son auteur, a-t-il traversé l'Atlantique ? La seule certitude est qu'il vient d'être retrouvé dans une collection américaine, accompagné du texte que Louis XVI avait réclamé au comte de Provence, lequel allait beaucoup plus loin que son aîné dans ses critiques de la Révolution.

    Authentifié comme étant bien de la main de Louis XVI, ce qu'atteste entre autres le paraphe du vicomte de Beauharnais porté sur l'original, le document vient d'être acquis par un collectionneur français, Gérard Lhéritier, président d'Aristophile, société spécialisée dans le rachat d'autographes et de manuscrits.

    S'il n'apporte aucune information supplémentaire aux chercheurs, son contenu étant parfaitement connu, ce document retrouvé a le double mérite de rendre à la France une part de son passé, et d'attirer une fois encore l'attention du public sur la personnalité de Louis XVI et les tragiques circonstances qui le poussèrent à rédiger ce texte.

     

    Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 4 au 17 juin 2009

  • « Quand nous serons tous des cyborgs, il sera trop tard »

    On corrige la myopie au laser, pourquoi ne pas obtenir une vision de 16/10 ? Militaires et navigateurs peuvent ne pas dormir pendant des jours et des jours grâce au Modafinil. Les étudiants débrouillards aussi. On fabrique des exosquelettes pour permettre aux handicapés de marcher... et aux soldats américains de concurrencer Hulk !

    Après l’homme réparé, voici l’homme augmenté et bientôt le transhumain (hybride homme-machine). Cet homme 2.0 n’est pas sans poser toutes sortes de questions d’ordre éthique et philosophique. Auxquelles tente de répondre depuis des années l’anthropologue suisse Daniela Cerqui.

    Rue89 : « Transhumanisme », « post-humanisme »... Ces mots ne font pas encore partie du vocabulaire courant. De quoi s’agit-il ?

    Daniela Cerqui : Il n’y a pas de définition universellement admise ni solidement établie. Mais je dirais que le transhumanisme est une idéologie portée par différents courants des sociétés occidentales affirmant qu’il est du devoir de l’homme d’utiliser toutes les avancées possibles des sciences et des technologies pour augmenter ses performances. 

    Autrement dit, multiplier prothèses, implants, transgénèses et autres produits stimulants, non seulement pour réparer l’individu si besoin, mais aussi pour l’améliorer. 

    L’objectif ? Qu’il reste jeune et en bonne santé ; qu’il soit hyper relié aux autres et au monde ; qu’il devienne plus intelligent, plus rapide, plus empathique. Et qu’il soit même doté de capacités inédites comme la télépathie ou la vision à 360° par exemple.

    L’idée est donc de perfectionner l’homme. Quitte à parvenir à un point de rupture évolutif au-delà duquel nous ne pourrons plus parler d’humain mais de post-humain : un être inédit. Par exemple un cyborg, de l’anglais « cybernetic organism », être vivant amélioré par des implants électroniques.

    Ou peut-être même une pure machine, puisque certains rêvent d’uploader leur cerveau dans un ordinateur, c’est-à-dire faire migrer toutes les données de leur système nerveux dans des circuits électroniques.

    Mais l’uploading, la migration du cerveau vers l’ordinateur, n’est-il pas un fantasme navrant d’informaticiens qui trouvent leurs ordinateurs plus intelligents qu’eux ?

    C’est en tout cas l’idée de personnes qui soutiennent que le propre de l’homme est son esprit rationnel. Seul cet esprit serait digne d’être conservé et développé. D’ailleurs, pensent-elles souvent, on se portera probablement beaucoup mieux lorsqu’on se sera débarrassé de scories comme le corps (putréfiable) et les émotions (perturbantes). 

    Je vous accorde qu’implanter son esprit dans un disque dur est aujourd’hui de la science-fiction. Pour autant, je ne pense pas que cela doive nous rassurer à bon compte et nous dispenser de réfléchir à ce qui se passe aujourd’hui.

    Le transhumanisme est le miroir des valeurs que nous accordons à l’humain ici et maintenant. Il est très révélateur des tendances profondes de notre société. Cette propension par exemple à toujours plus rapprocher la machine de l’homme. 

    C’est-à-dire ?

    Je prends toujours l’exemple du téléphone. Nous sommes passés du gros téléphone collectif posé sur une table ou accroché à un mur au téléphone individuel toujours plus petit et mobile, toujours plus personnalisé et toujours plus près du corps. On n’a plus besoin de se lever pour aller le chercher, il est constamment dans notre poche !

    De là à penser que la prochaine étape est l’implantation du téléphone portable, il n’y a qu’un pas. Dont on a déjà vu les prémices : en 2002 en Grande-Bretagne, deux chercheurs, Jimmy Loiseau et James Auger du Medialab de Londres, ont mis au point un prototype de mobile insérable dans une molaire et relié à l’oreille interne. Plus aucun risque de le perdre ou de déranger les autres par des sonneries intempestives.

    Certes, cette invention ne s’est pas encore répandue. Mais je trouve ce mobile molaire symptomatique de ce qui se passe actuellement – sans même s’apesantir sur cette société qui tolère que je ne vous dise pas bonjour lorsque je suis assise en face de vous dans le train mais que je puisse continuer à répondre au téléphone !

    En quoi ce rapprochement homme-machine est-il un problème ?

    Disons, je le répète, que c’est une question qui doit faire réfléchir. Je suis une anthropologue spécialisée dans l’étude des relations entre l’homme, les techniques et la société. J’ai commencé par m’intéresser aux TIC (technologies de l’information et de la communication), donc au téléphone, à l’ordinateur. Et bien sûr j’ai constaté que ces objets se rapprochaient toujours plus près du corps. Cela m’a amenée à regarder toute une série d’autres technologies : les puces, les implants divers et variés. Mais je me suis vite aperçu que tout cela n’était que la pointe émergée de l’iceberg : la question sous-jacente mais absolument centrale était bien d’augmenter les performances de l’humain.

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  • Célébrer le solstice d'été

    Chers amis et camarades

    Nous voici à nouveau réunis autour du feu du solstice, comme jadis nos lointains ancêtres en des temps révolus. Cette fête, ainsi que d’autres, ont traversé les siècles et les millénaires en dépit des épreuves, des persécutions et des récupérations. Et l’on peut dire que c’est même devenu une habitude remarquable de la célébrer dans nos petits cercles de résistants patriotes. C’en est devenu une telle habitude qu’on la croit être le principal prétexte à chants joyeux, beuveries très gauloises et retrouvailles familiales annuelles autour d’un simple feu de camp.

    Ce serait méconnaître le sens profond du solstice qui compte, jusque sous le travestissement, parmi les fêtes les plus importantes et les plus sacrées de l’année, sans doute en raison du pouvoir immense et indestructible de celui qui en est la cause : le soleil.

    Nous allons donc présenter un bref résumé de la signification et des symboles du solstice.

    On pourrait penser, de prime abord, que la fête du solstice ne se rapporte qu’au cycle solaire. Mais une étude sérieuse de la symbolique y étant liée nous révèle que nos ancêtres ont eu une compréhension des phénomènes naturels beaucoup plus étendue qu’on ne peut l’imaginer et qui ne découle pas seulement de leur simple observation physique puisqu’une signification spirituelle y est toujours sous-jacente.

    Les fêtes solsticiales du 21 juin et du 21 décembre sont paradoxales. A priori, leur sens devrait refléter le caractère des saisons auxquelles elles se rapportent. Mais ce n’est pas le cas. Le solstice d’hiver, saison habituellement sombre, froide et triste, inaugure en fait le début de la phase ascendante du soleil dans le ciel vers la lumière, qui coïncide avec l’allongement des jours. Le solstice d’été, quand à lui, saison chaude, joyeuse et claire, amorce au contraire la phase descendante de l’astre vers l’obscurité, et le raccourcissement des jours ; tout cela étant conditionné par le mouvement elliptique de la terre autour du soleil.

    Dans le monde romain, les fêtes solsticiales renvoyaient au symbole du dieu Janus aux deux visages, qui signifie la porte, d’où dérive le nom de janvier, début du cycle astronomique. Ces fêtes ont d’ailleurs été récupérées telles quelles par le christianisme sous les formes de St Jean l’Evangéliste en hiver et St Jean Baptiste en été.

    Janus regarde à la fois en direction de la phase ascendante et de la phase descendante du soleil. Il est le maître des temps, le gardien des deux portes solsticiales qui sont aussi les deux voies de développement spirituel. Les clés sont ses principaux attributs. La clé d’or (ou le sceptre) ouvre ou ferme la voie ascendante vers la lumière ou la connaissance spirituelle. La clé d’argent ouvre ou ferme la voie descendante vers l’obscurité ou la connaissance matérielle. Janus est donc le dieu de l’initiation aux « mystères ».

    Que pouvaient signifier ces mystères dont parle aussi la tradition grecque et dont on ne sait presque rien ? La tradition aryo-védique nous livre, quant à elle, quelques explications :

    Le solstice d’été et son cycle de six mois sont nommés la « voie des ancêtres ». Ce sont les « petits mystères » qui ont trait à la connaissance individuelle. L’homme se régénère psychiquement en se recentrant sur son être individuel et réfléchit à sa place dans l’ordre du monde. C’est aussi la période où l’on considère que les âmes des morts se réincarnent dans le monde terrestre.

    Le solstice d’hiver et sa période sont nommés la « voie des dieux ». Ce sont les « grands mystères » qui permettent à l’homme d’accéder à un état supra-humain, d’acquérir la connaissance spirituelle ultime de l’unité primordiale. Durant ce cycle, les âmes des morts ne reviennent plus dans le monde terrestre.

    De plus, il est intéressant de remarquer que Janus présidait aux « collegia fabrorum » ou guildes au Moyen-Age, c’est-à-dire les corporations des métiers du monde antique. On voit donc que toutes ces professions artisanales, - charpentiers, menuisiers, forgerons, sculpteurs, tailleurs de pierre, etc. – sont les véritables dépositaires et architectes de la civilisation indo-européenne, aux côtés des prêtres et des guerriers.

    Les solstices sont indissolublement liés au soleil, donc à l’élément feu qui est celui de la connaissance. Au solstice d’été règne le feu extérieur, feu du monde et de la vie corporelle. On y élève une pyramide en bois autour d’un poteau central portant une croix celtique et qui signifie les différents états de connaissance auxquels on parvient. Mais la pyramide est tronquée et la connaissance ne concerne que la sphère individuelle humaine dans le monde extérieur. C’est la fête de la communauté.

    Le tison que l’on recueille en fin de cérémonie est la continuité. Il forme le lien avec le solstice d’hiver. Il allumera le feu de la buche ou de la bougie dans le chandelier de Jul, autre pyramide axe du monde. Mais là, c’est le feu intérieur du cœur que l’on voit sur le chandelier, de la connaissance intuitive directe qui va illuminer l’être et le faire accéder à l’unité universelle, d’où la rune Hagal signifiant l’univers. C’est la fête de la famille.

    A travers toute cette symbolique, on comprend alors que nos ancêtres ont appréhendé la religion, non comme un conglomérat de croyances obscurantistes ou de délires fantaisistes, mais comme une véritable science reposant sur la connaissance de phénomènes physiques et hyper-physiques dont on ne fait, de nos jours encore, qu’à peine entrevoir toute la portée.

    Ils auraient pu s’en tenir à une formulation purement matérialiste et mathématique des choses, comme nous le faisons actuellement. Mais ils ont choisi de transcrire ces connaissances sous une forme poétique et symbolique afin que seuls ceux qui en sont dignes, puisse en comprendre le sens ultime, non par esprit de discrimination, mais tout simplement pour éviter que ce savoir soit mal employé ou perverti.

    Telle est ce que nous nommons aujourd’hui « religion païenne », (car j’exclue de ce qualificatif les monothéismes qui, eux, relèvent, du phénomène sectaire). Les dieux et les rites sont donc de merveilleuses manières d’enchanter la science.

    Ne l’oublions pas et n’oublions pas non plus que nous nous trouvons ici et maintenant en un lieu sacré et consacré, et que donc le feu du solstice est particulièrement sacré. Rien ne doit le souiller.

    Au-delà même de la simple signification religieuse, la célébration du solstice nous rappelle aussi à quel clan nous appartenons et quel sang coule dans nos veines.

    Il y a de cela 40 000 ans, pas plus de 10 000 personnes peuplaient toute l’Europe. Et de ces 10 000 personnes sont nés les 500 millions d’Européens que nous connaissons aujourd’hui. C’est-à-dire, comme la génétique vient de le démontrer récemment, nos frères de sang.

    Déjà ils avaient les yeux tournés vers les étoiles et y décelaient l’archer céleste d’Orion. Déjà ils inventaient la civilisation au fond des grottes matrices de rêves galopants. Alors n’oublions jamais que de Lisbonne à Vladivostok, de Reykjavik à Bénarès, un même sang conquérant traverse l’espace et le temps tel un feu créateur. Une même volonté est là, couvant au fond de notre mémoire fragmentée, et qui ne demande qu’à se réveiller sous le coup du grand Appel prométhéen.

    Si l’axe du monde est au Nord, le soleil, lui, se lève à l’Est, au pays d’Arkhaïm la primordiale. Entendons l’appel et regardons encore le soleil de l’esprit se lever dans le regard bleu de nos enfants.

    A présent, allumons le feu et bon solstice, mes camarades.

    http://www.terreetpeuple.com/121-tp-en-regions/bearn-gascogne/1255-celebrer-le-solstice-d-ete.html

  • Nos chers amis américains, épisode 3 : de la création de la Réserve fédérale à la fin de la 1ere guerre mondiale

    L’Agence Info Libre vous propose de vous replonger dans l’histoire de la création des États-Unis d’Amérique. Comment ce peuple qui n’a qu’une histoire de deux siècles est-il parvenu à contrôler la politique mondiale de nos jours ? En quoi ces idées de liberté et d’égalité peuvent être considérées comme fallacieuses et iniques au vu des différents éléments de l’histoire sciemment occultés par les élites depuis la création des États-Unis ?
    Pourquoi ce pays est-il devenu le chantre du mondialisme, gouverné par des gens élus par personne au nom des valeurs démocratiques ?

     

     

    Caméra 1 : David
    Caméra 2 : Damien 
    Intervenants : Gabin et Denis
    Voix Off : Julia
    Illustration : Clark Kent
    Montage : David

    www.agenceinfolibre.fr

  • Chronique de livre: Sylvain Tesson "Géographie de l'instant"

    9782266241342.jpgRetrouver la magie du monde malgré l'horreur présente, tel est l'objet de ce recueil de Sylvain Tesson regroupant des articles publiés comme bloc-notes pour le magazine « Grand Reportages », mais également pour d'autres revues et quotidiens, de 2006 à 2012.

    En choisissant la formule du bloc-notes, Sylvain Tesson explique dans l'introduction de ce recueil que « le bloc-notes, c'est l'hommage que l'observation rend aux détails. Les détails composent la toile du monde. Ils sont les atomes de la réalité, nom que les myopes donnent à la complexité, à la fragmentation des choses. Le faiseur de vitraux assemble des milliers d'éclats de verre. Soudain, surgit un dessin. Les Parties ont formé un Tout. De même pour le bloc-notes : les notes s'assemblent, elles font bloc. »

    Nous retrouvons au fil des pages le vagabondage propre à cet « étonnant voyageur » qu'est Sylvain Tesson. Il nous mène des zones « grises » que sont devenues nos banlieues et autres zones de non-droit à la beauté des Calanques, en passant par l'Afghanistan ou les Kalash. Sans oublier nos forêts. Il manifeste ainsi que son amour de la géographie. Beauté du monde par sa diversité. Mais aussi horreur du monde actuel que Sylvain Tesson n'hésite pas à montrer et décrire avec un sens de la formule plutôt efficace.

    Car Géographie de l'instant s’inscrit dans la veine des ouvrages de Sylvain Tesson, où partant du réel et de ce qu'il ressent, voit, touche, entend lors de ses voyages (parfois au plus profond de lui-même) il établit des aphorismes tranchants avec le côté un peu neuneu qu'ont certains carnets de voyage. A partir de simples détails, il établit quelques principes généraux ou universels, mais non universalistes. A l'instar d'Ersnt Jünger, que Sylvain Tesson cite régulièrement dans ce recueil. Aphorismes tant pour vanter la beauté d'une fleur, d'un insecte, d'un oiseau et par-delà de la beauté et de la poésie du monde – composant ainsi une sorte d'ode panthéiste –, l'écrivain-voyageur dresse surtout un tableau sombre de nos temps actuels. Principalement pour y montrer l'involution anthropologique due aux dernières réalisations progressistes et technicistes, notamment les réseaux « sociaux ». Comme cette note intitulée « Les Titans » (p. 232 de l'édition Pocket) :« Scène de la vie quotidienne. Je suis à la poste pour retirer un paquet qui m'est destiné. J'ai oublié mon avis de livraison. Moi, naïf : "Si je vous donne mon nom et la date ça ne suffit pas ?" Réponse : "Non ! Il faut un numéro, on a simplifié le système.La réduction de toute chose aux chiffres sonne le glas des dieux et l'avènement de temps bien sombres ». A tel point que pour Sylvain Tesson le silence, l'eau et le froid seront un luxe dans des temps très proches. Surtout le silence, précieux sésame pour la méditation et l'introspection.

    Ensuite, une phrase de Chateaubriand revient chez lui comme une sorte de leitmotiv : « Les forêts précèdent les hommes, les déserts leur succèdent. » Que ce soit pour s'insurger contre l'horreur islamiste, principalement à l'égard des femmes ou des jeunes filles, mais aussi contre l'horreur moderne qui s'incarne par exemple dans le tourisme de masse, le pire ennemi du voyage, des voyageurs et de la beauté du monde et de la découverte.

    Mais c'est surtout par ses aphorismes que Géographie de l'instant apparaît comme un manifeste certes écologiste (et réellement écologiste bien loin des mensonges du développement durable et du green washing) mais surtout comme une somme « décroissante », où la simplicité volontaire, l'émerveillement devant le monde en se passant de la technique, ou – ce qui pourrait choquer – une critique de l'explosion démographique irréversible depuis plus d'un siècle. Et on ne pourrait lui donner tort vu que la démographie est une donnée essentielle en politique... Ainsi, la note « Lévi-Strauss » (p. 38) : «  Les éditions Chandeigne ont publié l'année dernière Loin du Brésil, court entretien de Véronique Mortaigne avec Lévi-Strauss. Le vieil ethnologue se souvient avec nostalgie de la planète de sa jeunesse, lorsque le monde ne comptait que 2,5 milliards d'êtres humains. Et il s'effraie de ce que la Terre soit aujourd'hui (sur)peuplée de six milliards d'individus. Michel Serres, lui, voyait dans la récente urbanisation des nations du monde et dans le gonflement monstrueux des mégalopoles la plus grande révolution humaine depuis le néolithique. Souvent, dans un square ou dans une rue, je croise des vieux messieurs pensifs et tristes. Désormais, je me dirai qu'ils sont en train de méditer sur notre termitière. » Dans la même veine, mais en plus angoissant, nous vous conseillons la note « Des chiffres et des maux » pp. 101 et 102.

    On peut ajouter et surtout indiquer que la lecture de « Géographie de l'instant » agit comme un appel à sortir, à se confronter au réel, à éprouver les aphorisme de Sylvain Tesson, à les ressentir. Et à faire que chaque voyage, y compris dans nos contrées européennes, soit lui-même source de nos propres aphorismes. En somme, Sylvain Tesson affirme avec force que désormais tout est anthropologique, pour rester sereinement et pleinement humain. Et que l'émerveillement devant la beauté et la poésie du monde en est une première étape... Ce que résume parfaitement la note « Marche » p. 122 : « A pied, le chemin des Landes. Y a-t-il activité plus décroissante que la marche ? Le marcheur revient à sa nature profonde (la bipédie), s'emplit de la beauté du monde, ne laisse que l'empreinte de ses pas, apprend que ce qu'il ressent vaut mieux que ce qu'il possède. La clé du bonheur ? Pétrarque nous la livre dans une phrase que Schopenhauer place en exergue du Monde comme volonté et représentation : "Si quelqu'un marche toute la journée et parvient le soir à son but, c'en est assez. »

    Arnaud / C.N.C.

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