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culture et histoire - Page 1366

  • JOHANNES ALTHUSIUS (1557-1638) Alain de Benoist

    Alors même que Carl Joachim Friedrich n’a pas hésité à le décrire comme « le penseur le plus profond entre Bodin et Hobbes », on reste stupéfait de l'ignorance dans laquelle le public français n'a cessé d'être tenu de la pensée de Johannes Althusius. Au XVIIIe siècle, c'est à peine si Bayle lui consacre quelques lignes de son Dictionnaire historique et critique : « Althusius, jurisconsulte d'Allemagne, florissait vers la fin du XVIe siècle. Il a fait un livre de Politique. Quelques jurisconsultes de son païs s'emportent étrangement contre lui, parce qu'il a soutenu que la souveraineté des Etats appartient aux peuples [...] J'oubliai de dire, dans les deux premières éditions, qu'il était de la Religion protestante ; qu'après avoir été Professeur en Droit à Herborn, il eut à Brême [sic] la dignité de syndic ; et que les Jésuites, en répondant à l'Anti-Coton, le mirent dans la catégorie des Protestants qui ont mal parlé de la Puissance Roiale » 1 . En 1858, dans son Tableau historique, Edmond de Beauverger lui consacre à son tour la moitié d'un chapitre2 . Frédéric Atger, puis Victor Delbos ne l'évoquent que brièvement3 . La seule présentation substantielle de ses idées dont on dispose en France est celle qui figure dans le livre de Pierre Mesnard, L'essor de la philosophie politique au XVIe siècle, paru en 19364 . Dans la plupart des manuels d'histoire des idées édités depuis 1945, son nom brille par son absence5 . Aujourd'hui encore, aucun livre de langue française ne lui a été consacré, aucune traduction de ses œuvres, même de la plus célèbre, n'a été publiée. On ne saurait s'étonner, dans ces conditions, que peu d'auteurs semblent avoir entendu parler de cet esprit rigoureux, effectivement comparable en importance à Hobbes, Machiavel, Bodin ou Rousseau. 

    Il est vrai qu'à partir de la fin du XVIIe siècle, à l'instar des monarchomaques, dont il était proche6 , Althusius a longtemps passé pour un esprit subversif, et cette réputation a probablement contribué à faire tomber son nom dans un oubli dont il n'est véritablement sorti qu'en 1880, grâce au célèbre livre qui lui fut consacré par Otto von Gierke7 . Dès lors, son influence n'a cessé de s'étendre, en Allemagne d'abord, puis aux Pays-Bas, en Angleterre et aux Etats-Unis. En 1932, Carl Joachim Friedrich a réédité le texte latin de la plus grande partie de l'édition de 1614 de la Politica, en même temps qu'il consacrait plusieurs études à son auteur, dans un esprit d'ailleurs fort différent de celui de Gierke. Depuis lors, de nombreux chercheurs ont travaillé sur l'œuvre d'Althusius, parmi lesquels il faut surtout citer Frederick S. Carney, Heinz Werner Antholz, John Neville Figgis, Erik Wolf, Ernst Reibstein, Dieter Wyduckel, Peter Jochen Winters, etc.8 Un symposium international consacré à Althusius s'est tenu à Herborn du 12 au 16 juin 1984, et une JohannesAlthusius Gesellschaft s'est également constituée dans les années quatre-vingt à l'Université de Dresde9 . En 1973, la bibliographie sur Althusius, publiée par Dieter Wyduckel, Hans Ulrich Scupin et Ulrich Scheuner, ne comptait déjà pas moins de 16 000 références10 . Et pourtant, exception faite de l'espagnol, langue dans laquelle on dispose depuis 1990 d'une traduction satisfaisante de la Politica, l'œuvre majeure d'Althusius n'a encore à ce jour jamais été publiée intégralement dans aucune langue moderne !  

    Johannes Althusius (Johann Althaus) est né en 1557 à Diedenshausen, en Westphalie, à la frontière du comté de Nassau, région alors d'obédience calviniste. D'origine modeste, c'est grâce à l'aide de l'un des comtes de Nassau qu'il fait ses études de droit, de philosophie et de théologie, d'abord en 1581 à Cologne, où il se familiarise avec la pensée d'Aristote, puis à Paris et à Bâle. Dans cette dernière ville, où il apprend l'histoire et la théologie, il loge chez son ami Johann Grynaeus, avec qui il entretiendra une correspondance tout au long de sa vie, et fait la connaissance du monarchomaque protestant François Hotman. En 1586, il obtient le titre de docteur in utro jure, avec une thèse intitulée De arte jurisprudentiæ Romanæ methodice digestæ libri, qu'il publie la même année sous la forme d'un ouvrage (Juris Romani Libri Duo) qu'il remaniera à plusieurs reprises par la suite. Il séjourne ensuite à Genève, où il achève sa formation en sciences juridiques et logiques auprès de Denis Godefroy, spécialiste réputé du droit romain. Il est alors marqué par les idées de Calvin, qui séjourna dans cette ville de 1536 à 1538, puis de 1541 jusqu'à sa mort, en 1564. 

    Ses études achevées, en octobre 1594, Althusius est appelé à l'Académie protestante de Herborn, fondée deux ans plus tôt par le comte Jean de Nassau, et devient membre de sa faculté de droit. Il y occupe une chaire de droit romain, qu'il conservera pendant dix-sept ans, tout en enseignant également la philosophie et la théologie. En 1597, il est nommé recteur du collège de Herborn et devient membre du conseil du comte de Nassau. Durant cette période, il séjourne également à Steinfurt, à Siegen, où il se marie, ainsi qu'à Heidelberg. En 1599 et 1600, on le retrouve comme recteur du collège de Siegen, puis en 1602 comme recteur du collège de Herford. Dans l'exercice de ses fonctions, il défend avec vigueur les libertés universitaires contre les empiètements de la noblesse et du clergé. En 1601, il publie un volume de morale, Civilis conversationis libri duo, puis deux ans plus tard son principal ouvrage, la Politica methodice digesta, qui reçoit une attention immédiate dans les milieux savants, mais lui vaut aussi certaines critiques de la part des théologiens et des jésuites.

     

    C'est alors que se produit dans sa vie un événement décisif. En 1603, Althusius se voit proposer par les habitants de la cité portuaire d'Emden, en Frise orientale, de venir occuper dans cette ville un poste de syndic municipal (Ratssyndikus). Acquise au calvinisme (elle a même été, en 1526, la première cité allemande à embrasser la foi réformée), Emden joue à cette époque un rôle important. Depuis que Jean Laski a été invité en 1542 à y réorganiser la vie religieuse, la ville est devenue une sorte de Genève du Nord. Sa position stratégique, à la frontière de l'Empire et des Provinces-Unies, qui se sont constituées en 1579 en Etat indépendant tout en restant officiellement terres d'Empire11 , lui permet en outre de jouir d'une certaine liberté. Un synode protestant s'y est réuni en 1571, qui a vu les Eglises néerlandaises (belgici) se réunir aux communautés de Frise orientale et du Bas-Rhin. Un autre synode général des Eglises réformées rhénanes et westphaliennes s'y déroulera en 1610, réalisant ainsi l'union organique du calvinisme septentrional. Il semble d'ailleurs que la crainte de perdre leur autonomie n'ait pas étrangère à la décision des habitants d'Emden d'inviter Althusius à venir mettre ses idées en pratique parmi eux. A cette date, la renommée de l'auteur de la Politica est d’ailleurs bien établie, d'autant que le conseil de la ville, dit Conseil des Quarante, compte dans ses rangs le pasteur Menno Alting, dont le fils, Johann Alting, a été son élève à Herborn.

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  • RÉINTÉGRER L’HISTOIRE

    De tous les présidents de la Ve République, François Hollande est, paraît-il, celui qui voyage le plus à l’étranger et ce n’est pas un hasard. Avant lui, Jacques Chirac s’était aussi mué en commis-voyageur de la République, pour échapper au sentiment de son impopularité. Hollande, fade et potelet, le cheveu teint, la joue molle, l’œil coulant, mais la dent dure et l’esprit fourbe, va chercher ailleurs la considération que lui refusent les Français. Les tapis rouges que déplient encore sous ses pieds les domestiques des émirs du Golfelui font oublier les lazzis qu’il essuie au cours de ses déplacements en France, où les CRS eux-mêmes se font porter pâles pour éviter de l’accompagner. VRP favori de la firme Dassault, Hollande s’est donc rendu au début du mois au Qatar, acheteur de 24 avions Rafale, puis à Riyad, où les Français, opposés à Bachar el-Assad, à Daech, mais surtout à l’Iran, sont aujourd’hui mieux considérés que les Etats-Unis, jugés peu fiables.

    Il ne faudrait cependant pas croire que la France soit prête à commercer avec n’importe qui. Nous avons, chez nous, la vente d’armes morale. Nous vendons nos bombardiers aux amis de la liberté qataris et saoudiens, mais pas question de livrer les navires de guerre qu’il a commandés au dictateur Poutine. Des esprits mesquins observent qu’en Russie on ne lapide pas les femmes adultères, comme cela se pratique chez les rois du pétrole ; mais il faut croire que ces dévergondées l’ont bien mérité, puisque cela ne semble pas choquer Najat Vallaud-Belkacem… De même, la Russie ne soutient pas les islamistes d’Al-Nosra, organisation liée à Al-Qaida, comme en sont fortement suspectés nos bons alliés qataris et saoudiens.

    Mais, quoi ? Nul n’est parfait. Nouvelle pomme de discorde entre la Russie et la France, l’affaire des Mistral s’ajoute aux positions prises par la France au cours du conflit ukrainien, et à la manière dont les Européens, Français compris, ont boudé un grand défilé militaire organisé par Moscou pour l’anniversaire de l’armistice de 1945. Ces bruits de bottes russes, rappelant une époque que l’on espérait révolue, répliquent au récent débarquement en Ukraine de 600 paras US et au déploiement annoncé d’armes américaines en Roumanie, Bulgarie, Pologne et dans les pays baltes.

    Un quart de siècle après l’effondrement de l’Union soviétique, l’intérêt des Etats-Unis consiste peut-être à recréer une atmosphère de guerre froide en Europe et à créer un cordon sanitaire autour de la Russie. Mais il ne coïncide pas forcément avec celui de la France. Le 3 février dernier, au cours d’un colloque organisé par le Conseil de Chicago sur les affaires mondiales, George Friedman, fondateur de l’influente agence de renseignement privée américaine Stratfor, décrivait les grands traits de la politique américaine. Il expliquait notamment que l’Europe n’existe pas en tant que tel et sera à l’avenir le théâtre de guerres mineures; que l’extrémisme islamique représente « un problème pour les Etats-Unis, mais pas une menace pour notre survie », les Américains ayant « d’autres intérêts de politique étrangère »; et que leur « intérêt primordial » consiste à empêcher l’entente entre la Russie et l’Allemagne, qui, unis, « représentent la seule force qui pourrait nous menacer ».

    La France serait-elle sortie de l’histoire ? Il ne s’agit certes que de l’analyse d’un Américain très bien informé, pas d’une prédiction venue du ciel. Mais elle devrait donner à réfléchir à nos gouvernants. A l’heure où l’on apprend – sans que François Hollande ne s’en émeuve outre mesure – que nos bons alliés allemands nous espionnent pour le compte de nos autres bons alliés américains, la restauration de l’alliance franco-russe pourrait bien être la seule manière de revenir dans l’histoire.

    Eric Letty http://www.monde-vie.com/

  • Bibliographie jüngerienne (2)

    ♦ Günter FIGAL und Heimo SCHWILK (Hrsg.), Magie der Heiterkeit : Ernst Jünger zum Hundersten, Klett-Cotta, Stuttgart, 1995.
     
    Ce volume est le “cadeau” que l’éditeur Klett-Cotta (maison fondée en 1659 !) offre à son meilleur auteur pour ses 100 ans. Toutes les grandes plumes du “jüngerisme” s’y sont données rendez-vous, y compris quelques nouveaux venus dans cette phalange réduite mais prestigieuse. Dans leur brève mais dense préface, les éditeurs soulignent l’importance de l’œuvre du centenaire : elle est une clef pour déchiffrer le siècle, elle nous enseigne la distance pour ne pas être avalé par le temps, elle nous révèle qu’il faut demeurer en dehors de la modernité pour pouvoir la comprendre. Plus essentiellement encore : le continent qu’est cette œuvre nous invite sans cesse à de nouvelles expéditions, de nouvelles explorations. Gottfried Boehm, d’emblée, nous énonce le fondement le plus sûr de la démarche jüngerienne : « Qui lit Jünger, apprend à voir ». L’œuvre de Jünger est donc une « optique fondamentale ». Wolfgang Bergsdorf montre que la “postmodernité” de Jünger n’est pas celle de l’anything goes de Paul Feyerabend mais une volonté de revitaliser la gnose chrétienne, dans le sens des paroles du Père Felix d’Heliopolis : « Vous devez veiller à ce que le monde demeure ouvert ». Le philosophe italien Franco Volpi, après avoir posé une analyse rigoureuse de l’histoire philosophique occidentale, constate que Jünger, au bout de cette trajectoire, en ce siècle, propose ce qu’il faut proposer, soit une « éthique de la sobriété ». Karlheinz Weißmann explore le rapport Barrès/Jünger. Michael Großheim se penche sur Le Travailleur et compare les travaux de Klages et de Jünger ; Klages rejetait complètement la technique au nom de la “Terre-Mère” et Jünger l’acceptait, pour éviter les sentimentalités de la nostalgie ruraliste. Peter Koslowski met en exergue les grandes lignes de la “philosophie poétique” de Jünger, comme tentative d’échapper aux systèmes dogmatiques et doctrinaires de la modernité, et même, dans une certaine mesure, du gnosticisme, qui confisquent toute légitimité à la poiesis, au “faire”, à la créativité et à l’histoire vécue. Botho Strauß, haï depuis peu par les gauches dogmatiques et hyper-simplificatrices, termine le volume par un appel à une Aufklärung plus profonde. Renouant avec Vico et Hamann, contre Kant et Descartes.
     
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    Hans-Harald MÜLLER & Harro SEGEBERG, Ernst Jünger im 20. Jahrhundert, Wilhelm Fink Verlag, München, 1995.
     
    Dans leur introduction, les éditeurs soulignent quelques-unes de leurs intentions : dénoncer comme dépourvues de sens et d’intérêt toutes les stratégies visant à ostraciser Jünger à cause de son passé “national-révolutionnaire”, insister sur la difficulté à embrasser toute l’œuvre jüngerienne en un seul recueil d’hommages, insister sur la pluralité de perspectives qu’autorise cane œuvre, abonder dans le sens de Koslowski quand il parle de “philosophie poétique”, de Müller quand il en souligne la “flexibilité” et de Ketelsen quand il juge que l’attitude centrale de l’œuvre est la souveraineté. H.-H. Müller : « La réalité politique de la République de Weimar, après 1927, n’était plus pour lui que l’objet de ses fantaisies destructrices ». Jünger était un prophète annonciateur de la fin d’une époque, au langage violent. Brigitte Werneburg explore quant à elle le rapport entre Jünger, Benjamin et la photographie. Cette technique fige la pluralité des expressions de l’événement, du paysage ou de la personne photographiés, générant ainsi une uniformité, comme si toutes les cover persons étaient des statues d’acier. 
    Walter Benjamin y voyait la quintessence de l’esthétique fasciste : une marche vers l’uniformisation, l’enrégimentement et l’unidimensionnalité. Jünger, au contraire, estimait que les techniques — dont la photographie — n’étaient pas instrumentalisables de manière unidimensionnelle. Voilà, en gros, ce qui le différencie de Benjamin. Josef Fürnkäs reprend un débat déjà assez ancien en Allemagne : Y a-t-il équivalence entre les démarches des surréalistes français et Jünger ? Le philosophe Bohrer avait répondu oui. L’équivalence résidait dans le “momentanisme”, l’attention privilégiée à l’endroit de toute “soudaineté”, de tout “effroi” inattendu. Fürnkäs relativise cette équivalence : les surréalistes demeurent plus citadins que Jünger dans les mythologies qu’ils développent, plus ludiques et gratuits dans leurs expressions. Harro Segeber explore le moment où l’idéologie de Jünger se transforme, il en fait la zone d’intersection, entre Über den Schmerz (Sur la douleur) et Les Falaises de marbre. Dans ces œuvres, deux perspectives sont étroitement entremêlées. 
    Jünger a cru que la technique allait mettre un terme définitif au bourgeoisisme libéral, mais la technique échappe à tout contrôle ; il développe dès lors un discours sur la métaphysique qui agit derrière tout cela : en dépit de cette folie incontrôlable de la technique, une régénération demeure possible, cachée, encore occultée, mais qui finira par se manifester, avant que l’humanité ne provoque son propre anéantissement. Comme le Travailleur, l’observateur distant, qui devine les puissances à l’œuvre dans cette métaphysique, doit demeurer attentif, utiliser son “regard”, sa faculté de “voir” pour déceler les forces en action. Le “Voir” est ainsi un acte d’attaque. Günter Figal revient sur le dialogue Jünger/Heidegger : le philosophe de la Forêt Noire démontre que le stade techno-nihiliste de notre époque est le produit d’une métaphysique occidentale remontant aux Grecs. et si la conséquence de cette métaphysique est si effrayante, il est inutile de revenir à l’un ou l’autre de ses stades antérieurs. Jünger ne voit pas la métaphysique de la même manière : c’est dans l’ambiguïté de la définition même de la métaphysique que réside tout entier le désaccord entre Jünger et Heidegger. 
    Peter Koslowski répond en quelque sorte aux problématiques que suscitent ce désaccord et cette ambiguïté définitionnelle. Il faut se référer à d’autres traditions ou à d’autres métaphysiques que l’occidentale. Koslowski, pour sa part, introduit dans le débat les interprètes japonais de la modernité, tels Kogaku Arifuku, Naoki Sakai et Takeuchi. Ces Japonais voient dans le projet de la modernité une auto-projection de l’Europe (des Lumières). Les Euro-Occidentaux ne considèrent comme “histoire” que le développement et la transposition de leur modèle “renaissanciste-illuministe”. Or la modernité, tout comme la métaphysique, est ambiguë : la langue japonaise possède deux termes pour désigner la modernité ; kindaisei, pour le projet moderne occidentalo-hégélien (cher à Kojève et à Fukuyama), et gendaisei, pour ce qui actuel, au diapason des moyens techniques du moment. S’il y a deux définitions possibles de la “modernité” en japonais, d’autres cultures pourraient donner encore d’autres définitions : la mise au diapason pratique, soit la modernité-gendaisei, n’est pas nécessairement l’application du modèle unique kojèvo-fukuyamaïen. On peut parler d’une pluralité de projets modernes (gendaisei !), face à une illusion moderne-kindaisei. Jünger a été aussi un exposant de la modernité-kindaisei, à relents hégéliens, mais en a rapidement perçu les limites, notamment dans cette période d’interrègne, analysée par Segeberg. Le Japon, poursuit Koslowski, est une société moderne-gendaisei, postérieure au projet de la modernité-kindaisei. Il prouve qu’il y a des projets modernes autres qui demeurent possibles après l’effondrement du projet de la modernité illuministe. Cette possibilité réinstaure le pluralisme des cultures et l’historicisation des projets modernes-gendaisei alternatifs, au-delà des pénibles exercices de ravalement du vieux projet moderne-kindaisei, que sont les démonstrations boiteuses de Fukuyama et des vigilants de la political correctness. Pour revenir plus spécifiquement à Jünger, Rolf Günter Renner conclut que vu la dépotentialisation des orientations mythiques et historiques, on ne peut plus reconstruire la modernité par le mythe ou l’esthétique, mais il faut la contourner et la retourner par la méthode d’une stratégie narrative et subversive. Ainsi, on sort de cette histoire occidentale, soumise irrémédiablement à la raison instrumentale.
     
     
    ► Robert Steuckers, Vouloir n°123-125, 1995.

  • LE VRAI VISAGE DE LA DÉMOCRATIE

    Extrait du livre « L’Eglise et le ralliement » de Philippe Prévost aux éditions C.E.C.
    Chapitre IV « Le ralliement actif à la « démocratie » p441 :

    La démocratie a anéanti, et c’est heureux, cette stupide recherche du Vrai, du Beau, du Bien. Son seul dogme, nous dit-on, et les papes, Jean XXIII en tête, nous l’ont confirmé, réside dans le respect des droits de l’Homme. Ça, c’est un absolu auquel personne ne peut échapper. La preuve en est, c’est qu’au tribunal de Nuremberg ont été condamnés des dignitaires nazis responsables de crimes contre l’humanité.
    Ce qui est étonnant, lorsque l’on y réfléchit un peu, est que les nazis étaient arrivés légalement au pouvoir, à la suite d’élections. C’étaient donc des démocrates comme ceux qui les avaient condamnés. Quant aux crimes qu’ils avaient commis, ils pouvaient rétorquer que les juges représentant le pouvoir soviétique avaient fait dix fois pire. Aujourd’hui encore, vingt ans après la chute du communisme à l’Ouest, il n’est toujours pas question de juger les bourreaux du peuple russe.

    Plus récemment, l’Organisation des Nations Unies a décidé de bombarder sans relâche le peuple irakien coupable de n’avoir pas accepté à la virgule près toutes les résolutions votées contre lui en 1990 et en 1991. Mais, dans le même temps, la même organisation internationale protège et soutient Israël qui n’a jamais appliqué aucune des résolutions votées depuis 1948. Y aurait-il alors deux poids deux mesures ? Mais dans ce cas, quels sont les véritables Droits de l’Homme ? Ceux que l’on enferme dans une arche d’alliance décorée d’un chandelier à sept branches qu’on présente précisément à l’adoration du public ou la foule des victimes du bolchévisme et du sionisme qu’on nous dissimule et que recouvre le plus total oubli ?
    Depuis il faut dire que l’on a fait mieux à la suite de l’attentat du 11 septembre attribué sans preuves à Ben Laden, ancien agent de la CIA, et à l’encontre de la volonté des Nations Unies, les Américains, poussé par Israël, ont envahi l’Afghanistan et l’Irak à la recherche de soi-disant « coupables » qu’ils se sont bien gardés d’appréhender dans le premier cas et d’armes de destruction massives dans le second, qu’à ce jour on n’a toujours pas trouvées. On voit donc que nos démocraties sont fondées sur le mensonge. On peut même dire que le mensonge est consubstantiel à ce genre de régime.
    Pourtant, le Christ a dit « que ton oui soit oui, que ton non soit non ». Il est à craindre qu’en pactisant avec un pareil système, l’Eglise n’en vienne à perdre son âme.

    […]
    Il est vrai que très exceptionnellement nos dirigeants consentent à consulter ce peuple dont ils ne se servent que pour se hisser au pouvoir. C’est arrivé le 29 mai 2005 lors du référendum sur la constitution européenne. Hélas, en dépit du matraquage médiatique dont il fut l’objet, le peuple refusa de suivre les illusionnistes qui le gouvernaient ; à 56% le projet fut rejeté. Qu’à cela ne tienne, les députés le votèrent à une écrasante majorité, ce qui montre d’une part combien on tient compte en démocratie de la « volonté populaire » et aussi combien nos parlementaires représentent peu les électeurs ! Il faut dire que grâce à d’astucieux systèmes électoraux, la représentation des citoyens est constamment truquée.

    Les élections elles-mêmes sont déclarées sans valeur lorsqu’elles déplaisent à nos grandes consciences. Ainsi, en Algérie en 1991 furent-elles arrêtées, sur les conseils de François Mitterrand, lorsque les islamistes faillirent arriver au pouvoir. Plus près de nous, en 2006, les élections palestiniennes furent déclarées nulles et non avenues bien qu’elles aient été honnêtes, parce que les résultats, donnant la majorité au Hamas, déplaisent à Israël. Par contre, les élections égyptiennes qui sont honteusement truquées, sont validées sans problèmes par nos grandes consciences puisque les élections sont conformes à leurs désirs.
    Telles sont les comédies que l’on nous joue au nom des « grands principes ».

    Chacun sait que, dans nos démocraties représentatives, la participation est un leurre puisqu’une fois que le citoyen a voté, le pouvoir lui est confisqué pendant tout le mandat des élus. La procédure du référendum existe, mais elle est rarement utilisée, et quand c’est le cas, elle l’est à contresens, c’est-à-dire pour des questions complexes ou qui intéressent peu les gens. Par contre, sauf en Suisse, les hommes politiques de tous les pays s’entendent pour exclure tout référendum d’initiative populaire, car ils n’aiment le peuple que dans leurs discours. Ils le craignent et le méprisent en réalité, car ils savent que les électeurs, qui connaissent leurs turpitudes, n’ont aucun respect pour eux, surtout lorsqu’ils ont l’arrogance de leur parler de morale, eux dont l’action est fondée, la plupart du temps, sur la démagogie et sur l’absence de toute moralité.

    Quant au pluralisme, il est purement artificiel. Certes, il existe, au moins dans les pays occidentaux, des partis divers, mais à peu de chose près, leurs programmes sont les mêmes.
    La seule opposition véritable, c’est que les équipes qui dirigent sont différentes alors qu’elles aspirent toutes au pouvoir afin de profiter des avantages de toutes sortes qu’il confère à ses heureux détenteurs. Il existe entre eux un trait commun à tous les systèmes mafieux : une immense complicité dont on a des preuves flagrantes lorsque des magistrats mettent à jour leurs actes délictueux. Il n’existe alors plus ni droite ni gauche, ni majorité ni opposition. Ils se couvrent tous. C’est l’omerta, la loi du silence, la solidarité totale, propre au gangstérisme.
    Il existe bien quelques citoyens honnêtes, mais ils n’ont pratiquement jamais le droit à la parole. Ils sont méthodiquement exclus de tous les médias. L’Eglise, qui devrait les défendre en prenant leur parti, s’interdit de le faire puisqu’elle s’est ralliée au système dominant.

    Curieusement, il y a un dogme, dont le P. Calvez et Henri Tincq ne parlent pas et qui est pourtant fondamental en démocratie : c’est la loi du nombre. On sait que ce nouveau sacrement a le pouvoir de transformer instantanément le vice en vertu, l’acte criminel en acte bienfaisant à partir du moment où la moitié des votants plus un en a décidé ainsi. Tel a été le cas de l’avortement. Depuis 1920, en France, c’était un crime puni par la loi. En 1974 c’est devenu un acte légal, qui a été remboursé ensuite par la Sécurité sociale au même titre que l’aspirine. L’Eglise a été mise au pied du mur puisqu’elle a dû choisir entre le commandement de Dieu « Tu ne tueras pas », et le nouveau dogme démocratique « Tu peux tuer à ta guise les enfants à naître. »

    Après le vote de la loi, les évêques français ont émis quelques timides protestations, mais ils ont réservé leur sainte colère pour condamner ceux qui avaient l’audace de protester contre ce crime, en particulier quand ils manifestaient devant les avortoirs publics et privés. En cela ils ont été parfaitement logiques avec eux-mêmes et fidèles à l’enseignement initialisé par Léon XIII : avant de servir Dieu, il faut obéir à César.
    Quelle attitude adopteront-ils demain lorsqu’une loi permettra, ce qui signifie encouragera, l’euthanasie ? Souhaitons qu’ils se ressaisissent et qu’entre la loi de Dieu et la loi de la démocratie, ils choisissent plutôt la première que la seconde, même si un siècle d’esclavage a émoussé bien des réflexes.

    Prévost

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  • La géopolitique en mutation

    La géopolitique tente aujourd’hui de devenir une réflexion générale sur les espaces du politique – et non plus seulement sur les espaces de la puissance. Elle se trouve, pour certains, au seuil d’un changement majeur.

    «  Guerres et conflits : la planète sous tension ! », tel est le thème du prochain Festival international de la géographie à Saint-Dié-des-Vosges début octobre 2008, l’un des plus importants rassemblements de la géographie en Europe et dans le monde. Au-delà de ce thème d’actualité, ce sont les analyses géopolitiques du monde qui, partout, s’imposent en force. C’est Courrier international qui en 2007 consacre une série de 5 grands dossiers aux « Essentiels de la géopolitique » (1), ce sont les nouveaux programmes de classes préparatoires économiques qui s’intitulent depuis 2002 « Histoire-géographie-géopolitique ». C’est l’énorme succès de l’émission d’Arte, des DVD et des atlas du Dessous des cartes de Jean-Christophe Victor (le premier Atlas, sorti en 2005, s’est vendu à 300.000 exemplaires). C’est enfin l’omniprésence des questions « géopolitiques » dans les informations télévisées, la presse et les publications récentes : Géopolitique de l’Iran, Géopolitique du Moyen-Orient, Géopolitique de l’empire américain…

    La géopolitique se trouve donc aujourd’hui partout, situation d’autant plus étonnante que, après une période de large développement au début du XXe siècle, elle a disparu de 1945 au début des années 1970. L’histoire de la géopolitique peut donc nous aider à comprendre la situation actuelle, à condition de bien voir que c’est la rupture, non la continuité, qui compte ici.

    Prisonnier de la géographie

    Si, comme le dit Pascal Lorot, « la géopolitique est fille de la géographie (2) », il s’agit d’une géographie qui n’a pas grand-chose à voir avec la science sociale actuelle. La géographie de la fin du XIXe siècle est essentiellement «  une science naturelle des genres de vie » : elle s’intéresse aux relations de causalité entre les espaces physiques (nature, territoires, paysages, climats…) et la politique des États. Ceux-ci deviennent la principale structure de l’Europe et s’organisent autour des questions nationales et du nationalisme (3). C’est dans ce cadre que les premiers auteurs importants de la géopolitique publient leurs premiers ouvrages.

    Friedrich Ratzel (1844-1904) et Rudolf Kjellen (1864-1922) sont souvent considérés comme les fondateurs de ces premières formes de géopolitique. Le premier, membre du Parti social-libéral allemand et défenseur du pangermanisme, publie en 1897 la première édition de sa Géographie politique (4). En 1902, il ajoute comme sous titre à la deuxième édition : « Géographie des États, du commerce et de la guerre ». F. Ratzel y propose une analyse des rapports entre les peuples et leurs territoires : « L’État est un organisme non seulement parce qu’il articule la vie du peuple sur l’immuabilité du sol, mais parce que ce lien se renforce par réciprocité au point que l’on ne peut plus les penser l’un sans l’autre (…). Les caractères les plus importants de cet État sont la taille, la situation et les frontières ; viennent ensuite le type et la forme du sol avec sa végétation, son irrigation et enfin les relations qu’il entretient avec le reste de la surface terrestre et particulièrement les mers attenantes et les terres inhabitées. »

    R. Kjellen forge le mot « géopolitique » en 1916. Enseignant à Uppsala et à Göteborg (Suède), il se situe explicitement dans la lignée de F. Ratzel dont il se veut le disciple. Son analyse géopolitique est elle aussi centrée sur l’État et vise à s’interroger sur la préservation et l’agrandissement de son espace par l’outil privilégié que sont la puissance militaire et la guerre. Ces deux auteurs proposent une vision très déterministe et darwinienne de la politique des États. Prisonniers de la géographie, ils sont condamnés à la guerre pour survivre. La géopolitique est ici synonyme de fatalité géographique.

    Le brouillard de la guerre

    Ces visions débouchent pendant l’entre-deux-guerres sur toute une série de travaux visant à proposer des lois de la géopolitique. Deux auteurs se distinguent tout particulièrement : le Britannique Halford Mackinder (1861-1947) et l’Allemand Karl Haushofer (1869-1946). Pour le premier, les comportements géopolitiques découlent de trois cercles planétaires. Au centre, le « heartland » est le pivot central du monde. Comprenons bien : c’est la forme même des continents qui fait que cet espace existe, il n’est pas lié aux structures sociales des États. Ce pivot est occupé par la Russie, puis par l’URSS. Autour de ce pivot, l’anneau intérieur (« inner or marginal crescent ») comprend l’Europe occidentale et l’Asie du Sud et du Sud-Est. Enfin, dernier cercle géopolitique, l’anneau insulaire (« outer or insular crescent ») englobe les Amériques, l’Afrique subsaharienne et l’Asie insulaire jusqu’à l’Australie. En fonction de sa position dans l’un de ces cercles, les États ne peuvent qu’adopter tel ou tel comportement de puissance pour pouvoir survivre et se développer. Les États-Unis et le Royaume-Uni doivent être des puissances maritimes, l’URSS ou la Chine doivent être des puissances continentales.

    K. Haushofer se situe dans ce même projet intellectuel : déterminer les lois des espaces et de la puissance, proposer les comportements optimums des États. Il théorise donc les aires d’influence, à la fois naturelles et idéales de l’Allemagne (l’ensemble de l’Europe, de l’Afrique et du Proche-Orient), des États-Unis (l’ensemble du continent américain), de la Russie (la Sibérie, l’Asie centrale et l’Inde) et du Japon (des Sakhalines à l’Australie en passant par la Chine).

    K. Haushofer fut-il lié à l’émergence des doctrines nazies de « l’espace vital » ? La question est encore discutée. Mais, c’est à cette collusion entre géopolitique et programme nazi que l’on va faire porter le chapeau de la disparition de la discipline pendant trente ans… alors que la cause réelle est à chercher dans la faiblesse épistémologique du projet intellectuel. La géopolitique apparaît comme perdue dans ce que l’on appelle « the fog of war ». Le « brouillard de la guerre » brouille les repères et empêche toute sortie du conflit : la géopolitique est incapable de sortir des impasses conceptuelles de son projet intellectuel.

    Une nouvelle géopolitique ?

    1970. En parodiant une formule célèbre de Jacques Lévy sur la géographie (5), on pourrait dire que « la géopolitique n’est pas de retour, c’est une autre discipline qui émerge ». Aussi bien en France avec Yves Lacoste, Béatrice Giblin, l’IFG (Institut français de géopolitique) et la revue Hérodote, qu’au Royaume-Uni avec Peter Taylor, et aux États-Unis avec John Baylis et Steve Smith (6)…, la géopolitique propose désormais des analyses sociales sur l’exercice de la puissance westphalienne ou des rapports de force d’acteurs non étatiques. L’objectif ne consiste plus du tout en une simplification du monde, mais au contraire à l’arracher aux récits simplificateurs : l’espace des conflits n’est pas celui de la guerre nucléaire englobante dans laquelle les lieux ont disparu, mais bien plus celui des représentations intellectuelles de la puissance (hardpower/softpower) et de l’appropriation des territoires (7).

    La guerre du Vietnam est un jalon essentiel dans cette redécouverte des lieux : car si les processus de puissance sont planétaires (la guerre froide ou le projet impérial de l’administration de George W. Bush), les lieux de l’affrontement ne sont pas de simples espaces neutres. Comme le dit Bertrand Badie (8), les sociétés sont entrées dans l’arène internationale et la géopolitique a désormais des choses à dire sur le fait que les chars ne servent à rien contre la frustration et la misère (comme en Irak), et qu’un avion aussi sophistiqué soit-il ne peut pas grand-chose contre les idéologies du terrorisme (comme en Afghanistan).

    Au-delà de ce renouvellement, deux débats identitaires traversent la géopolitique depuis les années 1980. Celui de la « géopolitique interne » tout d’abord. Selon elle, tous les acteurs de la vie d’un pays (administrations, entreprises, individus, etc.) peuvent entrer en compétition les uns avec les autres dans la construction des espaces. Lorsque l’on décide de construire la ligne TGV-Est en France, le tracé de la ligne est l’objet d’importants rapports de force entre l’État, les régions, les viticulteurs de Champagne, les villes, les ménages dont les maisons se trouvent sur le tracé… Il y a donc ici, la possibilité de faire une « géopolitique de l’aménagement du territoire » pour reprendre le titre de l’ouvrage récent de Philippe Subra (9).

    De façon plus radicale, pour des auteurs comme J. Lévy, P. Taylor ou David Held, la géographie du politique n’est pas la géopolitique (entretien p. 52). La puissance militaire ne fonctionnant plus dans le monde posthobbesien actuel – un monde où l’espace ne peut plus être contrôlé par la guerre –, il s’agit de réfléchir aux nouvelles formes prises par le politique et ses espaces dans la mondialisation. Les processus de la société-monde – la création d’un espace social et politique mondial dans certains domaines comme, par ex., celui des risques environnementaux – ne sont pas selon eux analysables par une géopolitique même renouvelée. Il faudrait donc, toujours selon ces auteurs, différencier clairement entre une géopolitique qui continue à renvoyer aux rapports de force westphaliens – entre les États – et une géographie du politique capable de tenir compte de phénomènes politiques nouveaux (Union européenne, protocole de Kyôto, Cour pénale internationale, opposition de l’Onu aux États-Unis…).

    ► René-Eric Dagorn, Sciences Humaines n°192, avril 2008.

    NOTES :

    (1) « Les essentiels de la géopolitique », Courrier international, n° 871 à n° 875, juil.-août 2007.
    (2) P. Lorot, Histoire de la géopolitique, Économica, 1995. Voir également A. Defay, La Géopolitique, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2005, et P. Moreau-Defarge, Introduction à la géopolitique, 2e éd., Seuil, coll. « Points essais », 2005.
    (3) Voir E. Hobsbawm, Nations et nationalisme en Europe depuis 1780, Gallimard, 1992, et Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales : Europe, XVIIIe-XXe siècle, Seuil, 1999.
    (4) F. Ratzel, La Géographie politique : Les concepts fondamentaux, 1897, rééd. Fayard, 1987.
    (5) J. Lévy, « Une géographie vient au monde », Le Débat n° 92, nov.-déc. 1996.
    (6) Y. Lacoste (dir.), Dictionnaire de géopolitique, Flammarion, 1995, Peter Taylor, Political Geography : World-economy, nation-State and locality, Longman, 1985, et John Baylis et Steve Smith (dir.), The Globalization of World Politics, Oxford Univ. Press, 1997.
    (7) Voir F. Chauprade, Géopolitique. Constantes et changements dans l’histoire, 3e éd., Ellipses, 2007, et S. Rosière, Géographie politique et géopolitique : Une grammaire de l’espace politique, 2e éd., Ellipses, 2007.
    (8) B. Badie, Le Diplomate et l’Intrus : L’entrée des sociétés dans l’arène internationale, Fayard, 2008.
    (9) P. Subra, Géopolitique de l’aménagement du territoire, A. Colin, 2007.

    http://www.archiveseroe.eu/geopolitique-a117541086

  • Alain Soral à Marseille - Vers l'insoumission généralisée - 2014 - Complet en HD