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culture et histoire - Page 1380

  • Il y a un devoir de vérité de la France vis-à-vis de son passé

    D'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :

    Numero-1944-samedi-18-avril-2015-islam-et-laicite-quelle-france-voulons-nous_large"[...] Ce dont la France a besoin, c’est ainsi que l’on remette l’église au centre du village, au propre comme au figuré.De même qu’il y a un devoir de vérité à faire sur l’islam, il y a un devoir de vérité de la France vis-à-vis de son passé, dont on ne peut plus faire table rase.

    Regarder le passé avec reconnaissance n’est pas cultiver la nostalgie, mais se ressourcer dans « l’étincelle inspiratrice », affirmait le pape François. Étincelle qui naît à la Croix, lorsque meurt l’Agneau sans tache. Parce qu’absolument incontestable et pur, Lui seul permet d’éviter la concurrence des mémoires et des victimes. C’est pourquoi notre histoire et notre culture ont un lien fondamental avec la Croix, signe d’une religion d’amour poussée jusqu’à son ultime exigence. C’est d’ailleurs sur cette Croix que furent inscrites la condamnation et la royauté du Christ, et ce en trois langues : l’hébreu, le grec, et le latin. Là se trouvent bien les sources de notre civilisation, qu’il faut oser rappeler publiquement.

    À contretemps parfois, comme le pape François vient de le faire en qualifiant de génocide le massacre des chrétiens arméniens en 1915, bravant la colère du gouvernement turc. En sera-t-il de même demain en France  pour les Vendéens de 1793 ? La laïcité y gagnerait certainement. Mais il existe aussi des moments de concorde nationale : c’est ce qui vient de se produire avec les chrétiens d’Orient, mobilisant contre la RATP l’ensemble de la classe politique. Ce qui montre que finalement, la culture de notre pays est encore majoritairement chrétienne, quoi qu’on en dise. C’est un point d’appui, et un essai à transformer."

    Michel Janva  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Quand les services turcs tuent en plein Paris

    Ce 9 avril le quotidien Le Monde faisait connaître une décision du 11 mars : le gouvernement français acceptait de déclassifier es documents émanant de nos services de renseignement à propos d'une affaire qui remet en cause les relations d'État entre la France et la Turquie. (1)⇓

    L'assassinat, le 9 janvier 2013, rue Lafayette, à Paris, de trois militantes kurdes pose en effet plusieurs problèmes, que l'on devrait examiner séparément. Depuis septembre 2014 le magistrat instructeur demande cette déclassification dans ces termes : « L’enquête judiciaire,écrit-elle, a mis en évidence que l’un des mobiles les plus plausibles de ce triple assassinat pouvait être mis en relation avec les activités supposées d’Omer Güney [le "tireur présumé" précise Le Monde] en France au sein des services secrets turcs (MIT). »

    L'aspect le plus grave, du point de vue français, nous ramène en quelue sorte à l'énorme indignation que remua en son temps l'affaire Ben Barka, en 1965. La même question, 50 ans plus tard, est rappelée par l'avocat des victimes, Me Antoine Comte : « le silence de la France sur ces crimes reviendrait à accorder à des États étrangers le droit de tuer sur le sol français en toute impunité, et nous serions fous de croire que cela ne se reproduirait pas ».

    Il y a un demi-siècle la liquidation sur notre sol d'un opposant marocain fut considérée comme un scandale d'État. Ceci avait conduit à la réforme de l'organigramme des services spéciaux français. Aujourd'hui, rien jusqu'ici.

    Ne dissimulons pas qu'à quelques jours du Centenaire du génocide arménien de 1915, c'est aussi le rôle de plus en plus trouble du gouvernement turc dans les affaires du proche-orient qui se trouve visé.

    D'autre part, en 2013, les trois victimes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez ont été tuées par balles au siège du Centre d’information du Kurdistan. Lié au PKK, cet organisme pose évidemment un problème inhérent à toutes les luttes de libération. Le"parti des travailleurs du Kurdistan", en tant que tel, a été classé parmi les organisations terroristes par l'Union européenne. On ne saurait en dire autant de tous les sympathisants de la cause kurde, auxquels l'État turc, jusqu'à une date récente, n'offrait aucune possibilité d'expression légale.

    Le tribunal de grande instance de Paris, le 24 mars, jugeant une affaire mettant en cause des membres du PKK, a précisé – curieuse justice – dans une déclaration liminaire"que l’on devait désormais tenir compte de l’action du PKK contre l’État islamique".

    L'État turc l'entend si peu de cette oreille qu'il déclare très officiellement considérer la révolte kurde, avec laquelle il cherche à négocier en position de force, comme plus dangereuse que l'État islamique. En 2014 au parlement d'Ankara un député kémaliste a même diffusé des documents tendant à prouver un soutien des services secrets turcs aux islamo-terroristes. Depuis lors l'ambiguïté de la participation d'Erdogan à la coalition anti "État islamiste" ne s'est jamais démentie. On a même pu présenter le nouveau patron du MIT comme "le contact de Daesh à la tête des services secrets"(2)⇓

    La France et l'Europe peuvent certes exiger des exilés établis dans nos pays qu'ils y observent les lois. Mais on ne peut admettre que les services secrets d'Ankara viennent régler leurs comptes sur notre sol.

    Or, depuis janvier 2013, l'identité du meurtrier des trois femmes Kurde est pratiquement établie. Il s'agit d'un nationaliste turc Omer Güney, aujourd'hui âgé de 32 ans. Il a été mis en examen dès le 21 janvier, "pour assassinat en lien avec une entreprise terroriste" et se trouve toujours en détention provisoire en France. Arrivé dans notre pays en 2011, après avoir résidé huit ans en Allemagne, se prétendant faussement kurde, il s'était infiltré parmi les militants de cette cause. On a pu établir, entre autres preuves de son infiltration, qu'il avait transféré 329 photos de fiches d'adhérents d'une association, photographiées sur son téléphone mobile durant la nuit qui a précédé les assassinats.

    Depuis le 13 janvier 2014 on a connaissance d'un document confidentiel du MIT, service secret turc : un ordre de mission. La lettre, datant de 2012, deux mois avant le triple meurtre, fait la synthèse des informations recueillies auprès du « légionnaire », nom de code d'Ömer Güney. La démarche du MIT s'inscrit « dans l'objectif de déchiffrer les activités du PKK à Paris et en France, et de rendre inactifs les hauts membres de l'organisation. »

    Depuis 3 ans, on sait de façon quasi officielle que des tueurs du MIT sont susceptibles d'opérer impunément dans nos pays.

    Plus de deux années se sont écoulées depuis l'assassinat de trois femmes en plein Paris. On commence à voir poindre l'information, en relation avec le malaise de la participation officielle d'Ankara à la coalition anti-terroriste.

    Dans mon livre sur "la Question turque et l'Europe"  (3)⇓ je crois avoir démontré le caractère permanent de cette ambiguïté, que j'appelle la "diplomatie de la chauve-souris". Elle rend impossible l'appartenance de ce pays à l'Union européenne. Il semble grand temps d'en tenir compte.

    Et pour commencer il est temps que cessent les exactions des services turcs sur notre territoire.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1.  cf. Le Monde en ligne 09.04.2015 à 16h32… "Une enquête met en cause les services secrets turcs" 
    2.  cf. Présent N° 8295 du 17 février 2015. 
    3.  cf. "La Question turque et l'Europe" que l'on peut se procurer en ligne sur la page dédiée des Éditions du Trident ou en adressant par correspondance un chèque de 20 euros franco de port aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche-Midi, 75006 Paris en mentionnant le titre du livre commandé. 

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    http://www.insolent.fr/2015/04/quand-les-services-turcs-tuent-en-plein-paris.html

  • Histoire : République et démocratie en France, une histoire troubleNotes :

    Quiconque a un peu de culture politique sait que « République » et « démocratie » ne sont pas des termes synonymes et interchangeables. La République populaire de Chine, la République de Cuba ne sont pas démocratiques. A contrario, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Danemark sont des monarchies démocratiques. Il n’est même pas besoin d’aller chercher les exemples à l’étranger : la Première République ne fut pas démocratique (1) ; alors que le Second Empire fut démocratique (bien que les élections furent sévèrement encadrées).
    La République moderne française, née en 1870 (ou 1875 selon l’importance accordée à l’amendement Wallon) était-elle aussi parfaitement démocratique ? L’Histoire montre que si ce régime puise sa légitimité du suffrage universel, les républicains ont été plus d’une fois mal à l’aise avec le principe démocratique. C’est l’historien et sociologue Pierre Rosanvallon qui pose la question : « les républicains sont-ils philosophiquement vraiment des démocrates ? ». Il répond : « Le doute secret [sur la supériorité intrinsèque du suffrage universel] qui travaille en profondeur la foi des pères fondateurs [de la IIIe République] ne procède pas seulement d’une déception devant l’ingratitude des masses, il plonge aussi ses racines dans un indéniable dualisme philosophique de la pensée républicaine » (2).
    Philosophiquement, ces pères fondateurs étaient tiraillés entre l’exigence de la rationalité (qui ne saurait se retrouver dans les masses, sujettes à l’émotion, en partie irrationnelles) et l’exigence de l’égalité politique (la démocratie : un individu, un vote). D’un côté Voltaire (la raison), de l’autre Rousseau (la souveraineté populaire).
    Ces contradictions se traduisent dans des actes. En 1884, pour mettre fin à la hantise d’une restauration royale ou impériale par la voie des urnes, les républicains procèdent à une révision constitutionnelle (à l’initiative de Jules Ferry). A cette époque, les républicains ne sont réellement au pouvoir que depuis 1879 (Chambre, Sénat et présidence de la République), et ils ont face à eux une opposition royaliste et bonapartiste qui demeure solide. L’article 2 de cette révision constitutionnelle indique : « La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une proposition de révision ».
    Cela revient à mettre la République au-dessus du suffrage universel, à l’abri des masses électorales. Le lien entre République et démocratie est rompu ; ce qui fait alors les choux gras des conservateurs. Si la République est au-dessus du suffrage universel, obligatoire et non négociable, alors quelle est la source de sa légitimité ? Le député bonapartiste Paul de Cassagnac parlera ironiquement de « République de droit divin ».
    Un autre exemple de la méfiance des républicains à l’égard du suffrage universel tient dans le référendum. Quoi de plus démocratique que le référendum ? Pourtant, après mai 1870, les Français devront attendre la Ve République, soit près d’un siècle, pour le voir réapparaître. Utilisé par Napoléon III, il fut longtemps perçu comme un instrument du césarisme par les républicains. De plus, la plupart des républicains, tel Jules Simon, considèrent la représentation parlementaire comme un « filtre » nécessaire entre une masse électorale jugée quelque peu irrationnelle, mouvante, imprévisible, et la question à trancher (l’exigence de la raison déjà évoquée). Paradoxalement, dans la Chambre des députés de la IIIe République, ce sont les conservateurs non-républicains qui défendent l’usage du référendum.
    Si le référendum est absent des usages de la IIIe République au niveau national, quelques référendums locaux se tiennent à la fin du XIXe siècle. La municipalité de Cluny questionne ainsi ses habitants en 1888. Le conseil municipal avait été élu notamment sur la promesse de ne créer aucun impôt nouveau et de ne faire aucun emprunt ; cependant la ville souhaitait obtenir du ministère de la Guerre un bataillon d’infanterie et construire un casernement pour l’abriter. Les clunisiens sont appelés à trancher la question financière. D’autres municipalités, souvent conservatrices, suivent l’exemple de Cluny, ce qui amène le ministre de l’Intérieur à adresser aux préfets une circulaire leur enjoignant de prononcer de nullité tout appel des conseils municipaux au référendum. A la Chambre des députés, un projet de loi permettant les référendums locaux est déposé en 1890 par un bonapartiste rallié aux orléanistes, le baron de Mackau (un des chefs du groupe parlementaire de l’Union des droites, avec Piou et de Cassagnac). Le projet de loi est repoussé par la majorité républicaine.
    D’autres exemples, moins importants historiquement mais significatifs, pourraient être donnés (décret du 31 janvier 1871, interdiction des candidatures multiples en 1889 lors de l’épisode Boulanger, etc.).
    Mais au-delà des exemples donnés, remarquons que, tout au long de l’Histoire de la République, le pouvoir a cherché à canaliser l’expression du suffrage universel, jugé potentiellement dangereux. Historiquement, trois moyens principaux peuvent être dégagés :
    Le mode de suffrage (indirect – pour l’élection du Sénat par exemple – ou direct),
    Le mode de scrutin (proportionnel ou majoritaire à un tour, à deux tours),
    Les conditions requises pour être électeur et éligible (autrefois le cens, le domicile ; aujourd’hui la question du droit de vote des étrangers) (3).
    Des moyens plus anecdotiques furent utilisés, comme les redécoupages de circonscriptions (toujours d’actualité), ou le changement du lieu de vote (sous la IIIe République, voir note 4).
    Ainsi, avec la même opinion publique, les assemblées et conseils élus peuvent se trouver d’une composition radicalement différente. Les dernières élections départementales viennent récemment de le démontrer une nouvelle fois, par l’écart entre le nombre de suffrages en faveur du Front National et le nombre d’élus de ce parti.

    Aetius

    Notes : 

    (1) Même après la Terreur, le mode de scrutin à degrés et l’absence totale de campagne électorale interdisent de qualifier cette République de « démocratique » au sens moderne du terme.

    (2) Pierre Rosanvallon, Le Sacre du citoyen, p. 452 de l’éd. de poche.

    (3) Sous la IIIe République, la révision constitutionnelle de 1884 interdit aux membres des familles ayant régné sur la France de briguer les suffrages (afin d’éviter l’apparition d’un nouveau Louis-Napoléon Bonaparte). Dans la première moitié du XXe siècle, la réticence de la gauche à accorder le droit de vote aux femmes s’explique en partie par la crainte d’un vote à droite de leur part. 

    (4) En 1871, le lieu de vote fut transféré, par le gouvernement républicain de Défense nationale, de la commune au chef-lieu de canton. Cela avait pour effet d’écarter du vote une partie des paysans, ceux-ci votant généralement pour des royalistes ou bonapartistes (il fallait parfois trois heures de marche pour aller au chef-lieu et autant pour revenir à la commune, de quoi en dissuader plus d’un, notamment les vieillards et malades).

    http://www.fdesouche.com/587819-histoire-republique-et-democratie-en-france-une-histoire-trouble