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culture et histoire - Page 1376

  • Note de lecture : bal tragique à la Concorde

    Et si … Et si, lors du 14-Juillet, pendant le défilé, trois hélicoptères s’écrasaient accidentellement sur la tribune présidentielle, tuant d’un coup le président de la République, celui des deux chambres, le Gouvernement et une partie de l’opposition ? 

    C’est la thèse d’un roman écrit il y a exactement trente ans par un/des inconnus (le livre est signé SPQR, probablement rédigé par un haut fonctionnaire). Avec le recul, cet ouvrage est passionnant tant il permet de voir les grands changements et les permanences du pays depuis 30 ans.

    Première surprise et de taille : pas un mot sur l’Europe et les devoirs envers elle. La France d’avant Maastricht était indépendante à un point que l’on ne peut imaginer aujourd’hui. A peine parle-t-on des partenaires américains et de l’OTAN… La France a encore des frontières avec une police qui fait son travail et arrête des suspects (le livre est ponctué d’interpellations de terroristes venu profiter du chaos français).

    Seconde surprise, à l’époque, ce sont les immigrés qui rasent les murs… et quelques vilains français qui les agressent (ce qui, de manière est aussi la vision manichéenne générale des défenseurs de sans-papiers illégaux voyant dans le Français un raciste-né). Les immigrés semblent se concentrer essentiellement dans les 18e, et 20e arrondissements de Paris. A peine si Lyon et Marseille sont évoqués…. Le Grand Remplacement n’avait pas encore eu lieu. 

    Troisième surprise, il y a encore une armée nombreuse et des serviteurs de l’Etat fidèles et désintéressés… 

    Quatrième surprise – qui n’en n’est pas une –, à l’époque déjà, les chambres haute et basse du Parlement manquent quelque peu d’efficacité et de sens de la Patrie… Sans doute est-ce en grande partie l’explication de l’évolution du pays entre hier et aujourd’hui… Sans doute est-ce aussi que le problème vient des gouvernants, à la fois au niveau de l’exécutif que des parlementaires... 

    Enfin l’inquiétude sous-jacente du livre n’est pas dans l’unité nationale qui parait évidente, mais dans la continuité de l’Etat… Les temps changent. 

    Ce roman est passionnant par la précision des portraits et des décors. L’auteur est issu de cette caste de hauts fonctionnaires et les connait tous (à part probablement Le Pen qui est dépeint « à gros traits »). Il multiplie les focales allant du sommet de l’Etat jusqu’au PMU de quartier en passant par les réseaux d’espionnage / terroristes de différents pays. 

    Si d’aventure vous tombiez sur ce roman un jour de pérégrination, dans une brocante ou une braderie. Achetez-le vite, vous ne serez probablement pas déçus.

    http://www.oragesdacier.info/

  • Japon : Qu’est-il advenu des richesses pillées pendant la Seconde guerre mondiale ? 2/2

    A Manille, le Lis d’Or construit même des cavernes au trésor dans le donjon de l’ancien fort Espagnol de Santiago, au sein des anciens quartiers généraux Américains (Fort McKinley, aujourd’hui Fort Bonifacio), sous la cathédrale de la ville, ainsi qu’à tous les autres endroits que les Américains ne penseraient jamais à bombarder. Vers la fin de la guerre, Chichibu et Takeda fuirent vers le Japon en sous-marin.

    Peu de temps après la libération des Philippines, des agents spéciaux Américains commencèrent à découvrir un certain nombre de ces cavernes au trésor. La figure clé de ces découvertes fut un Philippino-Américain né à Luzon entre 1901 et 1907 et portant le nom de Severino Garcia Diaz Santa Romana (etc…), et ayant travaillé pour le chef des services de renseignements de MacArthur, le général Willoughby, au milieu des années 1940.

    Lors de son service en tant que commandant aux Philippines, il a un jour pu observer le déchargement de lourdes caisses de bois par un navire Japonais, avant de voir ces mêmes caisses être placées dans un tunnel dont l’entrée fut ensuite dynamitée. Il s’est immédiatement douté de ce qu’il se passait. Après la guerre, Santa Romana fut rejoint à Manille par le capitaine de l’OSS (prédécesseur de la CIA) Edward Lansdale. Lansdale devint plus tard un personnage important de la Guerre Froide du fait de ses manipulations des gouvernements et armées des Philippines et de l’Indochine Française. Il devint ensuite major de la Royal Air Force avant de prendre sa retraite.

    Ensemble, Santa Romana et Lansdale torturèrent le chauffeur du général Tomoyuki Yamashita, dernier commandant Japonais aux Philippines, le forçant à divulguer les endroits dans lesquels il avait conduit Yamashita au cours des derniers mois de la guerre. A l’aide de troupes d’ingénieurs de l’armée Américaine, ils rouvrirent une douzaine de sites dans la vallée au nord de Manille. Ils furent impressionnés par la quantité de lingots présents dans les tunnels, et firent part de leur découverte à leurs supérieurs.

    Lansdale fut envoyé à Tokyo pour en faire part à Macarthur et Willoughby qui ordonnèrent à leur tour à Lansdale de se rendre à Washington pour en informer Clark Clifford, responsable de la sécurité nationale sous Truman. En conséquence, Robert Anderson, sur les conseils du membre du Secrétariat de la Guerre Henry Stimson, retourna à Tokyo avec Lansdale et, selon les Seagrave, s’envola ensuite secrètement vers les Philippines avec MacArthur pour inspecter personnellement un certain nombre de ces cavernes. Selon eux, la valeur des trésors découverts à Luzon, ajoutée à ceux découverts dans d’autres cachettes au Japon, s’élevait à plusieurs milliards de dollars.

    De retour à Washington, il fut décidé par d’importants membres du gouvernement, probablement Truman, de garder ces découvertes secrètes et de transférer les butins découverts vers de nombreux fonds secrets destinés à financer les activités de la CIA. L’une des raisons à cela aurait été de maintenir la stabilité du prix de l’or et de conserver le système d’échange de devises basé sur l’étalon or ayant été mis en place à Bretton Woods en 1944. De la même manière que le cartel des diamants en Afrique du Sud, les conspirateurs de Washington se sont demandé ce qu’il se produirait si ce nouvel or était soudainement injecté sur les marchés du monde.

    Ils réalisèrent également que la participation de la maison Impériale au pillage de l’Asie pourrait détruire l’histoire officielle voulant que l’Empereur du Japon soit un biologiste pacifiste. Washington a donc conclu que, bien que le Japon, ou du moins l’Empereur, ait disposé d’assez de fonds pour indemniser les prisonniers de guerre Alliés, le traité de paix devrait être rédigé de manière à ce que la richesse du Japon puisse demeurer secrète.

    Le traité a donc laissé de côté toute possibilité pour les prisonniers de guerre Américains de réclamer compensation. Afin de garder secrètes les découvertes de Santa Romana et de Lansdale, MacArthur décida également de se débarrasser de Yamashita, ayant accompagné Chichibu à de nombreuses condamnations de sites. Après un procès précipité pour crime contre l’humanité, Yamashita fut pendu le 23 février 1946.

    Sur les ordres de Washington, Lansdale supervisa la fouille de nombreuses cavernes creusées par le Lis d’Or, fit l’inventaire des quantités de métal qu’elles contenaient, et les fit transférer vers la base navale Américaine de Subic Bay et la base aérienne de Clark Field. Selon Seagraves, deux employés de Stimson, accompagnés d’experts financiers appartenant à la nouvellement formée CIA, ordonnèrent à Santa Romana de déposer l’or découvert auprès de 176 banques de 42 pays. Ces dépôts furent ouverts sous son propre nom afin de conserver le secret quant à la propriété réelle du butin.

    Une fois que l’or fut placé dans leurs coffres, les banques délivrèrent des certificats encore plus négociables que n’importe quelle monnaie, puisqu’ils étaient réellement soutenus par de l’or.

    Grâce à cette source monétaire aux allures inépuisables, la CIA influença les politiques du Japon, de la Grèce, de l’Italie, de la Grande Bretagne et de beaucoup d’autres pays du globe. Par exemple, les réserves monétaires de ce qui fut appelé le ‘M-Fund’ (après le général major William Marquat de la troupe de MacArthur) furent utilisées pour financer le réarmement du Japon après l’éclatement de la guerre de Corée, dans la mesure où même les Japonais refusaient alors de dépenser de l’argent en ce sens. Ces fonds servirent également à financer les attaques des contre-révolutionnaires contre le gouvernement du Nicaragua, une affaire qui à elle seule pourrait faire l’objet de plusieurs volumes. Toute personne ayant été impliquée dans l’affaire des fonds secrets de la CIA a vu sa carrière ruinée.

    Santa Romana mourut en 1974, laissant derrière lui de nombreux testaments, dont un testament olographe, faisant mention de Tarciana Rodriguez, une Philippine qui était également la trésorière de quelques-unes de ses nombreuses sociétés, et Luz Rambano, sa concubine, en tant qu’héritiers principaux. Ces dernières tentèrent donc de récupérer cet or puisqu’il avait après tout été placé auprès de nombreuses banques sous le nom de Santa Romana, et qu’elles possédaient tous les documents dont elles avaient besoin pour ce faire.

    Grâce à l’avocat de San Francisco Melvin Belli, Rambano porta plainte contre John Reel, ancien PDG de Citibank à New York et actuel président du NYSE, l’accusant de ‘conversion erronée’, ou si vous préférez, d’avoir vendu 20 millions de dollars de l’or de Romana et utilisé les recettes de ces ventes à des fins personnelles. Les Seagrave décrivent de manière saisissante les réunions extraordinaires qui eurent lieu entre Rambano et Reed ainsi que leurs avocats dans la salle de réunion de Citibank à New York. Reed finit par avouer que l’or avait été transféré sur un compte Cititrust aux Bahamas.

    Santa Romana et Lansdale ne sont jamais parvenus à découvrir l’intégralité des sites recelant les trésors du Lis d’Or. Au fil des années, de plus en plus de chercheurs de trésor se sont mis à creuser des trous dans la vallée de Luzon, sous prétexte d’être à la recherche des restes de membres de leur famille ou de leurs épouses. Dans le village de Bambang, dans la vallée de Cagayan de la province Nueva Viscaya – l’un des endroits dans lesquels Takeda dit avoir été le plus actif -, il est normal de voir de vieux ‘touristes’ Japonais armés non pas de clubs de golf mais de détecteurs de métaux sophistiqués.

    Cette région des Philippines est l’une des régions dans lesquelles était retranchée la Nouvelle Armée du Peuple, et ne dispose d’aucune attraction touristique notable. De nombreux locaux se sont mis, contre un petit pécule, à indiquer aux touristes les plus crédules vers où chercher.

    Vingt ans après que Santa Romana cessa ses recherches, une seconde (et violente) chasse à l’or commença, avec à sa tête Ferdinand Marcos. Marcos fit la découverte de plus de 14 milliards de dollars d’or – dont six milliards de dollars dans l’épave du navire Japonais Nachi dans la baie de Manille, et 8 milliards dans le tunnel connu sous le nom de ‘Teresa 2’, 50 km au Sud de Manille, dans la province de Rizal. En 2001, une crise politique éclata aux Philippines après que Francisco Chavez ait déclaré qu’Irene Marcos-Araneta, la plus jeune des filles de Marcos, possédait des biens d’une valeur de 13,2 milliards de dollars sur un compte en Suisse.

    L’existence de ce compte fut rendue publique après qu’elle tenta de le transférer depuis l’Union de Banques Suisses vers la Deutsche Bank de Düsseldorf. Marcos, ayant supervisé l’ouverture d’au moins six sites et utilisé ses employés pour voler les trésors découverts par les paysans locaux, mourut en exil en 1989. En 1998, la Cour Suprême d’Hawaii décréta le remboursement de la somme de 1,4 milliards de dollars en faveur d’un Philippin à qui Marcos avait dérobé un Bouddha en or qu’il avait découvert, et que Marcos s’est également fait une joie de torturer pour avoir osé protester.

    Derrières les découvertes de Marcos se cache Robert Curtis, chimiste, métallurgiste et ingénieur minier du Nevada, que Marcos avait employé pour fondre son or de manière à ce qu’il puisse remplir des critères de pureté internationaux et être vendu sur les marchés. Curtis se prouva également être le seul à pouvoir décrypter les cartes codées ayant été retrouvées en la possession de l’ancien valet de Takeda, un jeune Philippin de la ville de Bambang. Les Seagrave décrivent dans le détail les activités de Curtis, ainsi que la fois où l’homme de main de Marcos, le général Ver, lui a permis d’échapper de justesse à la mort après qu’il ait découvert le trésor de ‘Teresa 2’.

    Les ouvrages des Seagrave sont structurés et détaillés, mais ils ne sont pas entièrement fiable en tant que documents historiques. Les auteurs ont tendance à exagérer les rôles des brigands Japonais et des anciens militaires Américains à chaque fois que les opérations des politiciens, des banquiers et de la CIA paraissent suffisamment pétrifiantes. Ils connaissent bien les Philippines, mais ne sont pas des experts de l’histoire du Japon et ne savent pas lire le Japonais.

    L’ouvrage est truffé d’erreurs qui pourraient aisément être corrigées par étudiant en Japonais de deuxième année – par exemple, le bateau qu’ils appellent Huzi devrait être romanisé sous le nom Fuji ; le plus important port de la mer du japon est Maizuru et non Maisaru ; tairiki n’est pas un mot Japonais, mais tairiku ronin signifie ‘aventurier continental’ ou ‘opportuniste Chinois’ ; et le nom Ichivara est une absurdité (il s’agit sûrement en réalité du nom Ishihara).

    Les auteurs semblent conscients de leur souci de crédibilité, puisqu’ils ont également publié deux CD-Roms contenant plus de 900mb de documents, de cartes et de photographies réunies au cours de leurs recherches. Ils peuvent être commandés sur leur site internet (www.bowstring.net), et sont inestimables, tout particulièrement pour les documents qu’ils contiennent au sujet des opérations menées par le gouvernement des États-Unis à l’encontre de l’ancien avocat général Norbert Schlei.

    Schlei a autrefois représenté une soixantaine de Japonais auxquels le gouvernement Japonais avait offert des billets à ordre afin de garder secret le M-Fund après que l’ancien premier ministre Tanaka fut condamné pour corruption. Le gouvernement jugea ces billets à ordre d’être des contrefaçons, et la carrière de Schlei fut ruinée. Gold Warriors, est cependant très certainement le meilleur guide disponible sur le scandale de l’or de Yamashita, et ses auteurs jouent la carte de la transparence en offrant à leurs lecteurs leur matériel de recherche.

    La note d’auteur de l’ouvrage des Seagrave s’achève ainsi : ‘Par mesure de précaution, si quoi que ce soit devait se produire, nous avons fait en sorte que cet ouvrage soit disponible sur un certain nombre de sites internet. Si nous venions à être assassinés, nos lecteurs n’auront aucune difficulté quant à savoir qui sera le responsable’. Malheureusement, la liste des meurtriers potentiels dont le livre fait mention s’étend à quelques milliers de généraux, espions, banquiers, politiciens, avocats, chercheurs d’or et voleurs de plus d’une douzaine de pays. Je souhaite une longue vie aux Seagrave. Sachez en passant que d’importantes quantités d’or pillées par les Japonais sont encore aujourd’hui enterrées aux Philippines.

    24HGold

     

    http://fortune.fdesouche.com/293980-le-pillage-de-lor-de-lasie#more-293980

  • Japon : Qu’est-il advenu des richesses pillées pendant la Seconde guerre mondiale ? 1/2

     

    [...]Durant la Seconde guerre mondiale, les Japonais auraient massacré environ trente millions de Philippins, Malais, Vietnamiens, Cambodgiens, Indonésiens et Birmans, dont 23 millions étaient d’ethnie Chinoise. Après le conflit, pourquoi les États-Unis ont-ils employé des politiques différentes envers le Japon et l’Allemagne ? Pourquoi le traité de paix a-t-il été rédigé ainsi ?

     

    De nombreuses hypothèses ont fait leur apparition au fil des années, certains ayant dit que le Japon aurait simplement été trop pauvre pour rembourser ses victimes, que de telles politiques auraient permis d’empêcher un tournant communiste au Japon, ou encore que l’empereur du Japon avait été poussé à faire la guerre par une cabale de militaristes…

     

    L’explication offerte par le livre des Seagrave est considérablement plus sinistre que toutes ces explications potentielles. Elle concerne ce qu’auraient fait les États-Unis après avoir découvert l’étendue et la forme des pillages ayant été menés par le Japon, et la très faible influence de leurs victimes.

     

    [...] Après la défaite du Japon, le gouvernement Américain a cherché à disculper l’Empereur et sa famille de toute responsabilité de guerre. Dès 1948, il a tenté de placer au pouvoir d’anciens dirigeants de guerre (ministre des munitions au cours de la seconde guerre mondiale, Nobusuke Kichi occupa par exemple le poste de premier ministre de 1957 à 1960). Les États-Unis ont également classé confidentielles les archives relatives au Japon d’après-guerre, décision allant à l’encontre de leurs propres lois.

     

    Plus important encore, John Foster Dulles, représentant du président Truman au Japon chargé de mettre fin à l’occupation, rédigea le traité de paix en 1951 de manière à empêcher toute demande de compensation de la part des anciens prisonniers de guerre et victimes du Japon, à la fois auprès du gouvernement Japonais et des corporations du pays ayant profité de l’esclavage tout au long de la guerre. Il a pris cette décision dans le plus grand secret, et a forcé les autres Alliés à accepter son texte (à l’exception de la Chine et de la Russie, qui ne l’ont pas signé).

     

    L’article 14(b) du traité, signé à San Francisco le 8 septembre 1951, spécifie que : ‘Excepté mention contraire, les pouvoirs Alliés font grâce au japon de toute demande de réparation, et annulent toute plainte ayant été portée par les pouvoirs Alliés et leurs citoyens contre les décisions prises par le Japon durant la guerre, ainsi que toute demande de dédommagement relative aux coûts de l’occupation’.

     

    Le 25 septembre 2001, trois anciens ambassadeurs Américains au Japon – Thomas Foley, ancien orateur de la Chambre des Représentants, Michael Armacost, président de l’institution Brookings, et Walter Mondale, vice-président de Carter – ont écrit une lettre commune au Washington Post condamnant le Congrès pour avoir ne serait-ce que pensé aider d’anciens travailleurs forcés Américains à contourner les termes du traité.

     

    Aussitôt que la guerre prit fin, les Américains commencèrent à découvrir les trésors de guerre des Japonais. Le général MacArthur, en charge de l’occupation, aurait rapporté la découverte d’un très important butin d’or, d’argent, de pierres précieuses, de timbres postes étrangers, de plaques gravées ainsi que… de devises illégales au Japon. Ses représentants ont été chargés d’arrêter Yoshio Kodama, ayant vendu de l’opium en Chine durant la guerre, et supervisé les cargaisons de métaux industriels tels que le tungstène, le titane et le platine en partance pour le Japon.

     

    Tout au long du XXe siècle, le Japon était de loin le plus important producteur d’opium d’Asie, tout particulièrement du fait de ses colonies de Corée puis de Manchourie, saisie en 1931. Kodama fournissait de l’héroïne et des liqueurs à la Chine occupée en échange de pièces d’or, de bijoux et d’objets d’art, que les Japonais fondaient ensuite pour en faire des lingots.

     

    Après la défaite, Kodama rentra au Japon immensément riche. Avant d’être envoyé en prison, il offrit une partie de son butin aux hommes politiques conservateurs Ichiro Hatoyama et Ichiro Kono, qui utilisèrent ces recettes pour financer le jeune parti libéral, précurseur du parti ayant été à la tête du Japon quasiment sans interruption depuis 1949.

     

    A sa sortie de prison en 1949, Kodama devint membre de la CIA et devint agent chef au Japon pour la société Lockheed Aircraft. Il fut chargé de faire chanter les hommes politiques pour qu’ils achètent des avions de chasse Lockheed F-104 et des avions F-104. Grâce aux richesses issues de son pillage, ses contacts avec le milieu contrebandier et sa position en tant que partisan du militarisme, Kodama devint le parrain de l’élaboration du parti unique pro-Américain au Japon.

     

    Il n’était pas le seul à profiter des conséquences de la guerre. L’une des hypothèses les plus controversées des Seagrave est que le pillage de l’Asie aurait eu lieu sous la supervision de la maison Impériale, ce qui contredit l’idée américaine voulant que l’Empereur ait été un pacifiste et rien de plus qu’un figurant dans la guerre.

     

    Selon lui, après l’invasion de la Chine par le Japon le 7 juillet 1937, l’Empereur Hirohito aurait nommé l’un de ses frères, le Prince Chichibu, à la tête d’une organisation secrète appelée kin no yuri (‘le Lis d’Or’), et dont l’objectif était de s’assurer que les activités de contrebande étaient menées en bonne et due forme et qu’aucune cargaison n’était détournée par des officiers militaires ou autres personnes extérieures telles que Kodama. Placer un Prince à la tête d’une telle organisation permettait de garantir à ce que tout le monde se plie aux ordres, et à ce que l’Empereur devienne immensément riche.

     

    L’Empereur a également employé le Prince Tsuneyoshi Takeda, l’un de ses cousins, dans l’armée Kwantung en Manchourie, puis en tant qu’officier de liaison personnel dans les quartiers du général Hisaichi Terauchi à Saigon, afin qu’il supervise les pillages et s’assure à ce que le butin soit exporté vers des régions du Japon contrôlées par Terauchi. Bien qu’affecté à Saigon, Takeda travailla quasi-exclusivement aux Philippines en tant qu’adjoint du commandant Chichibu. Hirohito nomma le Prince Yasuhiko, son oncle, au poste de commandant adjoint de l’armée d’occupation de la Chine centrale.

     

    C’est lui qui mena l’assaut final à Nanking, alors capitale de la Chine, entre les 2 et 6 décembre 1937, et donna l’ordre ‘d’exécuter tous les captifs’. Les Japonais pillèrent 6000 tonnes d’or du trésor de Chiang Kai-shek ainsi que des domiciles des dirigeants de la Chine Nationaliste. Les trois Princes étaient diplômés d’université, et tous trois survécurent à la guerre. Chichibu mourut en 1953 de tuberculose, mais les deux autres eurent le temps de devenir très vieux.

     

    Entre l’hiver 1941 et le printemps 1942, avec la prise par le Japon de l’ensemble de l’Asie du Sud, dont les Philippines et l’Indonésie, la mission du Lis d’Or redoubla d’importance. En plus des actifs monétaires des Hollandais, des Anglais, des Français et des Américains dans leurs colonies respectives, le Lis d’Or s’est emparé d’autant de richesses Chinoises qu’il a pu en trouver, a pillé les temples Bouddhistes, dérobé les Bouddhas d’or de Birmanie, vendu de l’opium aux populations locales et volé des pierres précieuses à tous ceux qui en possédaient.

     

    L’or ainsi récolté était ensuite fondu sous forme de lingots auprès d’un atelier de fonte dirigé par des Japonais à Ipoh, en Malaisie, qui étaient ensuite marqués en fonction de leur poids et pureté. Chichibu faisait l’inventaire du butin et le faisait transporter par bateaux maquillés en navires-hôpitaux vers le Japon. Il n’existait alors aucune route terrestre entre la Corée et le Japon, à l’exception d’une très courte période à la fin de l’année 1944.

     

    Beaucoup d’or et de pierres précieuses furent perdus lors de conflits sous-marins avec les États-Unis. Dès le début 1943, il n’était plus possible pour le Japon de traverser le blocage des Alliés autrement que par voie sous-marine. Chichibu transféra donc ses quartiers depuis Singapour jusqu’à Manille, et demanda à ce que les cargaisons soient désormais envoyées vers les ports des Philippines. Lui et son personnel s’attendaient à ce que la guerre prenne fin sur simple signature de contrat, et s’imaginaient que les États-Unis rattacheraient les Philippines au Japon en récompense pour avoir mis fin à la guerre.

     

    A partir de 1942, Chichibu supervisa la construction de 175 sites de stockage ‘impériaux’ destinés à dissimuler le butin du Japon jusqu’à ce que la guerre prenne fin. Les travailleurs forcés et prisonniers de guerre creusèrent des tunnels, et s’y retrouvèrent souvent enterrés vivants aux côtés de quelques officiers et soldats Japonais lorsque les sites étaient rebouchés afin de garder leur localisation secrète. Chacune de ces cachettes était piégée, et les cartes du Lis d’or furent soigneusement codées pour dissimuler toute information relative à leur localisation et leur profondeur.

    à suivre

  • Les racines de la France sont catholiques depuis le baptême de Clovis

    Extrait de la tribune de Denis Tillinac dans Valeurs Actuelles :

    "(...) L’islam prétend enraciner le multiculturalisme confessionnel dans notre pays. Or, le nombre ne saurait suppléer l’absence de racines historiques. Les confessions sont évidemment égales devant la loi, laïcité oblige ; elles ne le sont pas à l’aune de la mémoire. Quinze siècles d’accointances intimes avec la catholicité ont profilé notre paysage intérieur, façonné notre spiritualité, notre sentimentalité, notre sociabilité, notre esthétique, notre ludisme, notre scansion du temps, notre érotisme même (...)

    La séparation des Églises et de l’État a émancipé le citoyen de la tutelle d’un cléricalisme tantôt gallican, tantôt vaticanesque : c’était opportun et nul ne le conteste. Reste l’héritage d’une architecture mentale bâtie, étayée, enluminée par la catholicité romaine. L’âme de la France plane au-dessus des clochers de Notre-Dame qui a solennisé les hautes heures de son histoire, y compris le Te Deum de la Libération avec de Gaulle et Leclerc. L’“identité” de la France est insaisissable si l’on occulte la symbolique liée à la cathédrale de Reims, à la crypte de Saint-Denis — et à ces monastères bénédictins et cisterciens qui ont transmis le savoir et défriché nos arpents (...)

    J’ai le plus sincère respect pour la piété d’un musulman ou d’un hindouiste : toute invocation d’une transcendance vaut mieux que le culte du fric et de l’egoMais ces confessions n’ont aucun ancrage dans notre inconscient collectif, aucune résonance dans nos coeurs. En accréditant sournoisement l’illusion d’une équivalence, nos dirigeants assèchent les sources de notre patriotisme et humilient les fidèles catholiques (...)

    Il y a beaucoup de musulmans en France, ils ont droit au respect de leur foi et à la possibilité d’exercer dignement leur culte. Mais on ne décrète pas des racines : les nôtres sont catholiques au sens large depuis le baptême de Clovis, point final."

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Jésus appelant au meurtre ? Ceci est mensonge

    Les versets fantaisistes de Paul Moreira

    Je ne connaissais pas Paul Moreira il y a encore quelques minutes. À la vérité, je ne savais pas ce que je perdais. Je ne le connaissais donc pas jusqu’à ce que j’ouïsse qu’invité au Grand Journal de Canal + lundi soir pour présenter son documentaire sur le « nouveau Front national », marronnier de la décennie, il se serait laissé aller à affirmer que la Bible comptait deux fois plus d’appels au meurtre que le Coran. Bien. Pourquoi pas ?

     

    Tout le monde sait que ce que l’on appelle la Bible – et qui n’est d’ailleurs pas exactement le même livre selon que l’on est juif, protestant ou catholique, il eût peut-être fallu le préciser – est un très vaste ouvrage qui, au doigt mouillé, doit bien représenter dix fois le Coran en nombre de caractères, et encore je suis gentil. D’où l’invention du papier bible. On n’a jamais vu de papier coran pour la seule raison que c’est un livre d’une taille normale.

    Donc, la Bible, livre inspiré pour les croyants et non livre éternel directement écrit de la main de Dieu contrairement à certain autre, est faite de strates diverses, de multiples époques, et personne, même avant l’époque de Jésus, ne s’est jamais laissé aller sottement à la lire de manière littérale. Tout le monde connaît l’histoire des Amalécites qu’il faut anéantir et des tentations génocidaires de Josué. Tout le monde les connaît mais personne n’a jamais eu l’intention de les réitérer, parce que la Bible se lit à différents niveaux de lecture (typologique, allégorique, etc.) et surtout parce que tout le monde se fout de savoir si les événements racontés dans ces temps très anciens sont véridiques. Il doit bien exister quelques sectes nées au XIXème ou au XXème pour prendre cela au pied de la lettre. Heureusement pour nous, ce ne sont pas là des mouvements de masse – et je n’en ai d’ailleurs jamais rencontré.

    Mais cela est de la petite bière. Le gros, le grand, l’hénaurme, c’est quand M. Moreira, dont je lis qu’il possède au moins deux titres plaidant en faveur de la scientificité de son propos – une maîtrise d’anthropologie et de sociologie de Paris IV et une participation au “Vrai Journal” de Karl Zéro – affirme ceci sur le plateau de la chaîne à bobos : « Jésus, deux fois il appelle à couper la tête de ceux qui croient pas en lui » (« - À les égorger », renchérit quelqu’un que l’on n’identifie pas parmi les journalistes présents). Devant tel mensonge ou telle stupidité, j’hésite encore, on en reste comme deux ronds de flan. Je déteste cette expression d’ailleurs, mais j’avoue n’en pas trouver d’autre. Comment peut-on affirmer cela, et en se réclamant de quelle source, de quel verset de quel évangile, de quelle interprétation, de quelle tradition ? C’est incroyable, stupéfiant, renversant. Les mots manquent. [....]

    Jacques de Guillebon

    La suite dans Causeur

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Jesus-appelant-au-meurtre-Ceci-est

  • Chemins de luttes pour les libertés

    Trop d'anniversaires, cela envahit la Mémoire. Et cela tue décidément la compréhension même de l'Histoire.

    Certaines dates pourtant restent occultées. On les a trop souvent oubliées si tant est qu'on les ait apprises. La démarche aboutit au même résultat que la surabondance des commémorations frelatées.

    Qui donc a osé ces derniers mois évoquer le 150e anniversaire de trois tournants conjoints de l'Histoire sociale de la France ?

    Le 19 janvier 1865 en effet mourait à Paris Pierre-Joseph Proudhon, âgé de seulement 56 ans.

    La même année, en mai, fut édité son livre testament "De la Capacité politique des classes ouvrières" qu'il avait remis sur épreuves à son ami Gustave Chaudey quelques jours avant sa mort, avec mission d'en rédiger la conclusion, texte d'une immense importance dans l'Histoire des idées puisqu'il conclut dans le sens le plus radicalement opposé au marxisme.

    Je ne résiste pas à la tentation d'en reproduire ici quelques lignes :

    "Les classes ouvrières partagent encore presque toutes les fausses idées du temps."

     

    "Elles aiment le militarisme ; elles se complaisent aux jactances du sabre ; elles ont un faible pour la crânerie du soldat ; elles en sont encore à donner la préférence à celui qui se bat bien sur celui qui pense bien ou travaille bien, comme si le courage ne devait pas être seulement l’auxiliaire des grandes énergies morales."

    "Dans les questions de politique étrangère, elles se laissent toujours troubler par la passion. Ou elles exagèrent les vanités et les prétentions françaises, ou elles oublient trop les intérêts français. Elles n’ont, sur la nationalité, que des notions pleines d’erreurs. Elles cèdent, sans réflexion, aux impulsions d’une sentimentalité banale, et ne veulent plus comprendre, dans les rapports de nation à nation, cette idée de justice, de pondération, d’équilibre, qu’elles aspirent à faire prévaloir dans les rapports d’individus à individus."

    Ces réflexions sont-elles vraiment inactuelles, si l'on songe aux admirateurs et aux continuateurs de Georges Marchais, ce grand "patriote", ce modèle de "souverainisme", qui après avoir été travailleur volontaire dans les usines Messerschmidt sera imposé, 25 ans plus tard, à la tête du PCF par l'appareil soviétique ? (1)⇓

     

    Quelque temps auparavant le 28 septembre au Saint-Martin’s Hall de Londres avait été fondée l'Association internationale des travailleurs, nom officiel de l'organisation habituellement désignée pour la Première Internationale, et qui disparut assez rapidement.

    Mais la date que l'on aurait aimé entendre commémorer le 20 avril avait été celle de la Lettre aux ouvriers du Comte de Chambord.

    Ce dernier document presque aussi célèbre que le prétendu "Programme du CNR" de 1944 est, quant à lui, pratiquement oublié de nos jours par les commentateurs agréés. Il a paradoxalement été lu, quand même, par un certain nombre d'internautes cultivés. (2)⇓

    On peut, et même on devrait, de nos jours saluer en ce manifeste à la fois la grande noblesse de son inspiration, et probablement aussi comprendre pourquoi, sous prétexte de la question dite du drapeau, il explique que l'assemblée étiquetée monarchiste de Versailles ne voulut pas mettre son auteur sur le trône en 1873. Il est à l'origine de ce que l'on considère depuis 1891 comme la doctrine sociale-chrétienne, radicalement opposée au socialisme étatiste.

    Deux fidèles disciples légitimistes, Albert de Mun et son ami René de La Tour du Pin avaient entre-temps, à partir de 1871, développé les cercles catholiques d'ouvriers. En 1884, aux côtés de leurs amis autrichiens et allemands ils allaient créèrent l'Union de Fribourg destinée à attachée à l'idée d'une Europe véritable, c'est-à-dire d'une Europe d'inspiration sociale et chrétienne. Et c'est sur cette base qu'apparut la première des encycliques sociales en 1891 "Rerum Novarum" par Léon XIII. Elle sera suivie 40 ans plus tard en 1931 par "Quadragesimo anno" par Pie XI, puis, 100 ans après, en 1991 de "Centesimus annus" par Jean-Paul II.

    Il faut évidemment n'avoir pas lu une ligne de ces textes pour les revêtir en imagination d'une quelconque parenté avec le socialisme étatiste, technocratique ou marxiste.

    Le premier d'entre eux fut publié cent ans après la plus funeste erreur de la révolution jacobine, confirmée en 1810 par le Code pénal napoléonien, qui décida en juin 1791 d'interdire, aux entrepreneurs comme aux ouvriers, toutes les formes d'association professionnelle.

    À ces doctrines et ces législations de contrainte, René de La Tour du Pin opposait une doctrine de liberté. Défenseur des libertés corporatives, il rassembla donc au début du XXe siècle les "jalons de route" de son combat sous le titre "Vers un ordre social chrétien". (3)⇓

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1.  Et non requis au titre du STO, contrairement à ce que semble croire Éric Zemmour. Cf. à ce sujet "L'impossible biographie de Georges Marchais par Nicolas Tandler, Albatros, 1980 entièrement confirmé par Philippe Robrieux dans son "Histoire intérieure du parti communiste", ed. Fayard. 
    2.  Il est ainsi consultable sur le site royaliste "Vive le Roy" 
    3.  Réédition disponible sur le site des Éditions du Trident." 

    http://www.insolent.fr/

  • Habile guerrier, Charles Martel change l’apparence de l’Europe au milieu du VIIIe siècle

    (D’après « Précis de l’histoire des Français » (tome 1) de Jean de Sismondi, paru en 1839)

    Charles Martel fut peut-être le guerrier le plus habile et le plus heureux qu’aient produit les Pippinides, dynastie de la noblesse franque d’Austrasie précédant la lignée carolingienne. Ayant vécu dans un temps où la culture des lettres était presque absolument abandonnée — ni lui ni aucun de ses guerriers ne savaient écrire —, ce qui explique que les dates seules de quelques grands événements de son règne (715-741) nous ont été conservées, il marqua durablement de son empreinte l’histoire des royaumes francs qu’étaient l’Austrasie, la Neustrie et la Bourgogne : continuant l’ouvrage de son père Pépin d’Héristal, Charles Martel changea l’apparence de l’Europe.

    Lorsque Pépin d’Héristal, père de Charles Martel et maire du palais d’Austrasie, mourut le 16 décembre 714, les deux fils qu’il avait eus de son épouse Plectrude étaient morts avant lui : le premier, Drogon, en 708 ; le second, Grimoald, maire des palais de Neustrie et de Bourgogne, assassiné en avril 714. A l’époque, les maires des palais régnaient au nom du roi Dagobert III, mineur lorsqu’il avait reçu en héritage, de son père Childebert IV, les royaumes des Francs en 711.

    A la mort de Grimoald, Pépin fit de Théodebald, fils de Grimoald et âgé de seulement six ans, l’héritier des palais de Neustrie et de Bourgogne, au détriment de Charles (futur Charles Martel), âgé d’environ vingt-cinq ans et propre fils de Pépin mais illégitime, puisqu’il l’avait eu de sa concubine Alpaïde. Ce choix d’un enfant pour exercer, sous la régence de Plectrude, les fonctions de maire du palais du roi des Francs Dagobert III, lui-même seulement âgé d’une quinzaine d’années, fut regardé comme insultant par des Neustriens impatients de se délivrer du joug des Austrasiens ; ressentiment accentué lorsque, à la mort de Pépin quelques mois plus tard (décembre 714), Théodebald devint, de fait, maire du palais des trois royaumes francs.

    Sur ces entrefaites, Dagobert III rendant son dernier souffle en 715 des suites d’une maladie, les Neustriens s’empressent de désigner Chilpéric II — le plus jeune fils du roi d’Austrasie assassiné en 675, Childéric II —, âgé de quarante-quatre ans, comme nouveau roi des Francs de Neustrie et de Bourgogne. Ce nouveau souverain plaça à la tête du palais de Neustrie Rainfroi (Ragenfrid), sous la conduite duquel les Neustriens mirent bientôt en déroute dans la forêt de Compiègne l’armée de Plectrude, l’épouse de feu Pépin qui refusait de reconnaître cette prise de pouvoir.

    A la suite de cette victoire, Chilpéric II fut proclamé roi d’Austrasie, devenant de fait roi de l’ensemble des royaumes francs. C’est alors que le jusqu’à présent infortuné Charles Martel, écarté du pouvoir et emprisonné par Plectrude, fut délivré par les Austrasiens qui le proclamèrent à leur tour maire du palais d’Austrasie, avides qu’ils étaient de prendre leur revanche sur les Neustriens.

    La position de Charles Martel était difficile : d’une part, il devait combattre les Neustriens qui, loin de regarder les Austrasiens comme leurs compatriotes, semblaient avoir hérité de tous les ressentiments des Gaulois contre eux ; d’autre part, il était aussi attaqué par les nations germaniques, qui avaient bien voulu s’associer aux Austrasiens pour la guerre et le pillage, mais qui repoussaient toute dépendance comme un joug odieux. Saint Winifrid ou Boniface travaillait alors à la conversion des nations germaniques ; mais parmi elles tous ceux qui tenaient aux anciennes mœurs regardaient la prédication du christianisme comme faisant partie d’un plan formé pour les asservir.

    Dès lors les Frisons et les Saxons, rom­pant toute connexion avec les Francs, formèrent une confédération nouvelle pour résister à la civilisation qui leur paraissait la servitude : ils firent entrer dans cette confédération beaucoup de peuples, qui jusqu’alors avaient marché avec les Francs. Ils pénétrèrent ensuite dans la Fran­conie, ou la partie de la Germanie qui voulait rester franque, et ils la mirent à feu et à sang. De son côté, le duc Eudes d’Aquitaine s’était allié aux Neustriens ; en sorte que presque toute la Gaule s’armait contre les Austrasiens.

    Charles Martel eut ainsi besoin de tout son talent pour la guerre, et de remporter de nombreuses victoires avant d’avoir recouvré et affermi son autorité. Il fut enfin reconnu, en 720, comme maire du palais des deux royaumes d’Austrasie et de Neustrie. Son père Pépin d’Héristal avait transporté le siège du gouvernement de l’Austrasie, de Metz à Cologne, et ce fut aussi dans cette ville que Charles Martel fixa sa résidence au milieu d’une population pu­rement germanique, qu’il eut le talent d’appeler tout entière aux armes. Il réussit à faire de l’Aus­trasie une pépinière de soldats, qui l’empor­taient sur les Neustriens, Bourguignons et Aquitains, déjà énervés, et sur les Frisons, Suèves et Saxons encore barbares.

    Nous ne savons point comment il s’y prit pour y parvenir ; on ne nous a point dit quelle était la condition des paysans en Austrasie, à l’époque où, dans tout le reste de la France, les campagnes, cultivées uniquement par des serfs, ne pouvaient fournir des guerriers aux armées. Nous voyons seulement que, de 720 à 741, Charles Martel fut en butte à la jalousie de tous les peuples tant germains que gaulois ; que chaque année il fut obligé de se mettre à la tête d’une expédition nouvelle ; que tant qu’il vécut il combattit sans relâche, et que de toutes ces guerres il revint victorieux.

    Les Sarrasins avaient conquis l’Espagne de 711 à 714, et y avaient détruit la monarchie des Wisigoths. Ils avaient ensuite passé les Pyré­nées, en 720 ; ils avaient pris Narbonne, et ils en avaient massacré tous les habitants, Dès lors ils s’étaient répandus tour à tour dans les deux royaumes d’Aquitaine et de Bourgogne ; ils avaient envahi presque toute la Pro­vence, et avaient poussé leurs incursions, tan­tôt jusqu’aux bords de la Loire, tantôt dans la Bourgogne propre jusqu’à Autun, et même jusqu’à Sens.

    Les seigneurs du royaume de Bourgo­gne, qui comprenait la Provence, commençaient à contracter avec eux des alliances ; le duc d’Aqui­taine, qui avait voulu leur résister, avait perdu ses états, et avait été obligé de venir implorer l’aide de Charles Martel, que jusqu’alors il avait combattu comme son ennemi. Charles en effet, rassemblant ses vaillants Austrasiens, marcha à la rencontre des Sarrasins. Il les atteignit un samedi du mois d’octobre 732, auprès de Poitiers.

    Le général omeyyade Abdé­rame — les Omeyyades constituent la dynastie de califes gouvernant le monde musulman du milieu du VIIe siècle au milieu du VIIIe — conduisait leur redoutable armée, la plus nombreuse qui fût encore entrée en France. Elle consistait principalement, selon l’usage des Ara­bes, en troupes légères ; leur cavalerie se préci­pitait sur la pesante infanterie des Francs, et après une courte escarmouche, elle se dissipait, pour revenir bientôt à la charge. Pendant sept jours ces combats se renouvelèrent, sans lasser la constance des Austrasiens ; enfin, Abdérame fut tué, ses meilleures troupes se firent hacher sur le champ de bataille, le reste s’enfuit, et la France et l’Europe furent sauvées du joug des Sarrasins, par la grande victoire de Charles Martel.

    La lutte entre les Francs et les Maures continua cependant longtemps encore dans les provinces du Midi ; elle fut signalée par la ruine de plu­sieurs grandes villes, entre autres par celle d’Avi­gnon. En 737, Charles Martel vint attaquer les Sarrasins, dans la Septimanie, et pénétra jusqu’à Narbonne ; mais il traita toutes les villes de la province, comme s’il s’attendait à ce qu’elles se déclarassent pour les ennemis de la foi. Aussi, et peut-être également parce que, ignorant l’art d’attaquer et de défendre les villes, il ne voulait laisser aucune forteresse dans la province, Charles Martel rasa Nîmes, Agde et Béziers. Les révolutions qui, en 756, détachèrent l’Espagne de l’empire des califes d’Orient, et fondèrent à Cordoue le nouveau califat, épar­gnèrent à la France une lutte plus prolongée.

    Mais Charles était à peine de retour d’une de ses expéditions dans le Midi, pour combattre les Sarrasins, qu’il était appelé à en conduire une autre dans le Nord, pour combattre tour à tour les Frisons, les Allemands ou Suèves, les Bava­rois et les Saxons : ces derniers avaient reçu dans leurs rangs tous les Thuringiens, les Cattes ou Hessois, et les autres Germains qui n’avaient pas voulu abandonner le culte des anciens dieux de la Germanie.

    Les guerres de Charles Martel contre les idolâtres du Nord et les musulmans du Midi prenaient le caractère de guerres reli­gieuses, et il est probable que Charles était lui-même très dévoué à sa religion ; aussi montra-t-il beaucoup d’empressement à défendre le siège de Rome contre les Grecs et contre les Lombards ; cependant il croyait plus pressant de pourvoir aux frais de la guerre qu’à ceux de l’autel ; et comme le clergé seul possédait des richesses, il n’hésita point à y porter la main, dans les grandes nécessités, pour nourrir ses soldats. Les prêtres ne le lui pardonnèrent jamais, et ils déclarèrent que le héros qui les avait soustraits au glaive des idolâtres et au cimeterre des Sarrasins était à toute éternité livré aux flammes de l’enfer.

    Pendant la plus grand partie de son règne, Charles Martel laissa les rois mérovingiens se succéder. Dès que l’un d’eux mourait victime de son intempérance, un autre était aussitôt tiré de quelque couvent pour le remplacer. Il en fut ainsi de Chilpéric II (roi de Neustrie entre 715 et 719, puis des Francs de 719 à 721), Clotaire IV (roi d’Austrasie de 717 à 719) et Thierry IV (roi des Francs entre 721 et 737). A la mort de ce dernier, en 737, Charles Martel laissa le trône vacant et gouverna seul les royaumes francs. Ce fut seulement son fils Pépin (Pépin dit le Bref, père de Charlemagne) qui donna à la Neustrie, en 743, un nouveau roi, nommé Childéric III — fils de Chilpéric II —, le même qu’il déposa en 751 pour s’emparer de la couronne.

    Lorsque Charles Martel mourut en octobre 741, il partagea la monarchie entre ses fils, laissant l’Austrasie à l’aîné, Carloman, et la Neustrie, avec la Bourgogne, à Pépin, le plus jeune. Il avait encore eu d’une autre femme un fils, nommé Griffon, auquel il assigna un apanage fort limité, dont ses frères ne le laissèrent pas longtemps en possession. Ses fils avaient reçu une éducation très religieuse, et le dévouement à l’Église devint à chaque génération davantage le caractère de ce qui fut la lignée carolingienne : on leur vit déployer la même activité pour combattre tour à tour, au nord, les Allemands ou Suèves, les Bavarois et les Saxons ; au midi, les Sarrasins et le duc d’Aquitaine. En même temps, Carloman, sous la direction de saint Boniface, l’apôtre de la Germanie, fonda de nombreux évêchés dans la France orientale, et les dota richement, pour qu’ils fussent en quelque sorte des colonies chrétiennes, d’où la foi se répandrait parmi les peuples germaniques.

    En 747, Carloman abandonna la guerre et la politique pour se consacrer lui-même à Dieu, comme moine ; il se rendit à Rome, où il reçut l’habit religieux des mains du pape Zacharie, et il fit ses vœux dans le couvent du Mont-Cassin. Pépin le Bref resta dans le monde, et réunit l’Austrasie et la Neustrie sous son gouvernement ; mais il y servit l’Église plus efficacement que ne pouvait faire son frère dans son couvent. Avant de déposer Childéric III, il prit soin de faire sanctionner par le pape Zacharie et par les évêques de France cette déposition.

    http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article12549