Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1528

  • Croisades : la grande épopée

    Le Figaro Magazine - 05/07/2003

    Le souvenir de ces expéditions lointaines a longtemps fait rêver les Français. Aujourd'hui, elles ont moins bonne presse. Pourtant, au-delà de la légende dorée ou de la légende noire, les chercheurs voient dans l'aventure des croisades un moment capital de l'histoire occidentale.

    Au mois de mars dernier, quand les troupes américaines et britanniques s'apprêtaient à donner l'assaut à l'Irak, afin d'inciter ses lecteurs à soutenir « the true Brits » partis combattre dans le désert, un tabloïd anglais illustrait ses pages d'un logo figurant un chevalier ceint d'un heaume décoré de la croix. Il n'était pas étonnant, dans ces conditions, d'entendre certains islamistes - comme ils l'avaient fait lors de la première guerre du Golfe, en 1991, ou lors de la guerre d'Afghanistan, en 2001 - dénoncer l'armée des croisés venue d'Occident pour occuper un pays musulman. Cependant, dans un cas comme dans l'autre, l'analogie ne vaut rien. Car les croisades, comme tout événement historique, ne peuvent être expliquées, comprises et jugées que dans leur contexte et, sauf à commettre un anachronisme délibéré, le monde du XIe siècle peut difficilement être comparé au nôtre.

    Le 27 novembre 1095, à Clermont, le pape Urbain II lançait un appel à la chrétienté. En Terre sainte, expliquait-il, beaucoup de chrétiens avaient été « réduits en esclavage » , les Turcs détruisant leurs églises. Et le souverain pontife avait exhorté les chrétiens à « repousser ce peuple néfaste » . A Limoges, Angers, Tours, Poitiers, Saintes, Bordeaux, Toulouse et Carcassonne, Urbain II avait renouvelé son appel. Voilà le point de départ d'une entreprise que l'historien Emmanuel Le Roy Ladurie n'hésite pas à qualifier de « magnifique aventure » .

    Naguère, même dans les manuels de l'école républicaine, les croisades étaient regardées d'un oeil favorable : les laïcs y voyaient une expédition qui avait fait rayonner la culture française. De nos jours, le discours est facilement contraire : certains tendent à considérer les croisades comme une agression perpétrée par des Occidentaux violents et cupides à l'encontre d'un islam tolérant et raffiné. Et chez les chrétiens, le sujet frôle la repentance...

    La question doit pourtant être abordée au-delà de l'air du temps, en refusant la légende noire comme la légende dorée, et en considérant les seuls faits. Les faits, du point de vue de la longue durée, c'est que la croisade n'a pas constitué une attaque gratuite contre le monde musulman mais, au contraire, a formé une réplique à l'expansion de l'islam.

    Partis répandre la foi de Mahomet, les Arabes s'emparent de Jérusalem en 638. Réduits à la condition de dhimmi, les chrétiens du Moyen-Orient sont autorisés à pratiquer leur religion, mais astreints au port de signes distinctifs et au paiement d'un impôt spécial. Construire de nouvelles églises leur est interdit, ce qui, à terme, les condamne. Les pèlerinages européens peuvent continuer (pour les chrétiens du Moyen Age, le pèlerinage est une dévotion essentielle), mais à condition de payer un tribut.

    En 800, les califes abbassides, qui ont Bagdad pour capitale, reconnaissent à Charlemagne la tutelle morale sur les Lieux saints. Toutefois, au début du XIe siècle, la situation s'aggrave. Pour conserver leur poste, les chrétiens employés par le califat doivent se convertir à l'islam. En 1009, le calife El-Hakim persécute les non-musulmans. En 1078, les Turcs seldjoukides prennent Jérusalem. Dès lors, les pèlerinages deviennent si dangereux qu'ils finissent par s'interrompre.

    Au VIIe siècle, les musulmans ont conquis la Palestine et la Syrie ; au VIIIe siècle, ils ont envahi l'Afrique du Nord en y détruisant une chrétienté dont saint Augustin avait jadis été la gloire, puis ils ont occupé l'Espagne et le Portugal ; au IXe siècle, ils ont conquis la Sicile. En ce XIe siècle, Constantinople fait face au péril turc. En 1054, un schisme a séparé l'Eglise d'Orient de l'Eglise de Rome, mais les différends théologiques n'empêchent pas les deux pôles du monde chrétien de se parler. Contre la pression turque, en 1073, l'empereur byzantin Michel VII appelle au secours le pape Grégoire VII, demande renouvelée par Alexis Ier Comnène à l'adresse d'Urbain II en 1095.

    En Espagne, la Reconquête chrétienne a commencé dès 1030. Tolède a été repris aux Maures en 1085 mais, l'année suivante, les Almoravides, venus du Maroc, ont lancé une nouvelle offensive. A l'incitation du pape, des chevaliers français se sont engagés dans les armées d'Aragon, de Castille et du Portugal. En Sicile, les Normands ont débarqué en 1040, ont chassé les Arabes au terme d'une guerre de trente ans.

    C'est dans cette perspective à la fois géopolitique et culturelle qu'il faut replacer l'appel lancé par le pape, à Clermont, en 1095. La croisade, répétons-le, forme une réplique à l'expansion de l'islam, une riposte à l'implantation des Arabes et des Turcs en des régions qui ont été le berceau du christianisme au temps de saint Paul, implantation musulmane qui ne n'est d'ailleurs pas opérée par la douceur mais par de très classiques moyens militaires, c'est-à-dire par la force. Délivrer les Lieux saints, permettre aux chrétiens de se rendre sur les lieux où le Christ a vécu et où ses fidèles sont désormais persécutés, c'est le but de la croisade.

    Croisade, disons-nous ? Oui, mais c'est encore un anachronisme. Car le mot croisade, apparu au tout début du XIIIe siècle, est postérieur aux premières croisades. Les croisés initiaux, eux, parlaient de pèlerinage, de passage, de voyage outre-mer. C'est que le but premier de la croisade était spirituel : il fallait mettre ses pas dans les pas du Christ. L'homme de 2003 est contraint de faire un effort intellectuel pour comprendre l'enjeu dont il est ici question. C'est que nous vivons tous, croyants ou incroyants, dans une société où la liberté de conscience et la laïcité sont érigées au rang de principes.

    Au Moyen Age, non seulement ce n'est pas le cas, mais ces concepts ne sont pas même intelligibles : ils sont, au sens propre, inconcevables. L'Europe est chrétienne, et cette foi lui confère une communauté de civilisation, dans un temps où les nations ne sont pas constituées. Cette foi médiévale rend ténue, même si la tradition chrétienne distingue le domaine de Dieu et le domaine de César, la frontière entre le temporel et le spirituel. L'homme de 1003, lui, adore Dieu et craint le diable. Il y a pour lui beaucoup plus important que la vie terrestre : la vie au Ciel, qui n'est pas gagnée d'avance puisqu'il faut, pour la mériter, faire son salut afin d'échapper à l'enfer. L'Eglise, qui enseigne la parole divine, est gardienne du dogme : le Moyen Age, sans complexe, est dogmatique. Et puisque la vérité ne se divise pas, la liberté religieuse, à l'époque, est au même degré inenvisageable. Si l'on oublie ces données, on ne peut pas comprendre les motivations des croisés.

    Imaginons un voyage à pied ou à cheval, au XIe siècle, depuis la Touraine jusqu'à la Palestine ! Des milliers de kilomètres sur un itinéraire incertain (ni panneaux ni cartes), en traversant des contrées hostiles (pas de téléphone en cas de problème), en affrontant la faim et la soif (l'intendance n'était pas prévue), et tout cela pour se diriger vers un pays dont les pèlerins ne savaient rien. Pour les gens du peuple, c'était la folie absolue. Pour les seigneurs aussi, avec en prime, pour eux, un risque financier, car ils devaient entretenir sur leur cassette propre leurs soldats et les pauvres qui les accompagnaient : la croisade a ruiné de nombreux seigneurs qui ont dû emprunter ou vendre des biens fonciers afin d'équiper leurs compagnies.

    Est-ce l'appât des terres qui les a attirés ? Même pas : l'historien Jacques Heers montre que de larges étendues étaient encore en friche en Occident, bien plus accessibles. Il n'y a pas de doute : ce qui a poussé les premiers croisés à partir, c'est la foi. « Dieu le veut », s'exclamaient-ils.

    Dans son appel de Clermont, le pape s'est adressé en priorité aux chevaliers. Mais il est d'abord entendu par le peuple de Normandie, de Picardie, de Lorraine, d'Auvergne, du Languedoc ou de Provence. On cite le cas de villages entiers marchant vers l'Orient. Guidée par des chefs improvisés - Pierre l'Ermite et Gautier Sans Avoir -, la croisade populaire suit le Danube ou la plaine du Pô et traverse les Balkans. Le 1er août 1096, cette foule est à Constantinople. Mais le Bosphore à peine franchi, elle se fait massacrer par les Turcs.

    L'autre croisade, celle des barons, suit derrière. Flamands, Lorrains et Allemands, le 15 août 1096, ont emboîté le pas à Godefroi de Bouillon ; les seigneurs du Languedoc et de Provence à Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse ; Normands et Français à Robert Courteheuse, duc de Normandie, et à son beau-frère, Etienne de Blois ; les Normands de Sicile sont conduits par Bohémond de Tarente et son neveu Tancrède. Les uns ont passé par la Hongrie, d'autres par l'Italie, le reste par la mer. On les appelle tous les Francs car ceux qui sont issus des provinces qui formeront un jour la France sont les plus nombreux.

    30 000 hommes en tout, qui se retrouvent à Constantinople en mai 1097. Passant en Asie, ils prennent Nicée puis Antioche. Ils progressent lentement car leurs adversaires sont de redoutables soldats, et parce que les chefs des croisés, rivaux, ne s'entendent guère entre eux. Cependant, le 15 juillet 1099, Jérusalem tombe entre leurs mains.

    En entrant dans la ville, les barons chrétiens ont tué et pillé, c'est certain. La légende noire y voit la preuve de leur injustifiable violence. C'est oublier que les croisés se sont conduits comme tous les guerriers de l'époque. Le 10 août 1096, 12 000 « pauvres gens » de la croisade populaire ont été massacrés par les Turcs. Le 4 juin 1098, devant Antioche, les Turcs et les Arabes ont passé au fil de l'épée la garnison chrétienne de la forteresse du Pont de Fer. Le 26 août 1098, les Egyptiens ont arraché Jérusalem aux Turcs et anéanti les défenseurs de la ville, des musulmans liquidant d'autres musulmans...

    Les premiers croisés, on l'a dit, étaient des pénitents motivés par un but spirituel. Après la prise de Jérusalem, un royaume latin est institué. Avec le titre d'« avoué du Saint-Sépulcre », Godefroi de Bouillon en prend la tête ; quand il meurt, quelques mois plus tard, son frère Baudouin le remplace. D'autres Etats chrétiens sont créés : la principauté d'Antioche, le comté d'Edesse, le comté de Tripoli. Or leur fondation ne figurait pas dans les plans primitifs du pape. Dès la prise de Jérusalem, chevaliers ou pauvres, les croisés sont retournés massivement en Europe. Ceux qui sont restés sur place sont isolés, car jamais les établissements francs ne seront des colonies de peuplement.

    Afin de protéger les principautés chrétiennes et les pèlerinages venus d'Occident, des ordres de moines-soldats - les Hospitaliers ou les Templiers - sont fondés. Mais le but de toutes les croisades postérieures à celle de 1096 ne sera jamais que de secourir les Etats latins implantés en Orient. Dorénavant, des enjeux temporels sont en cause. Après l'élan mystique, une autre logique s'en-clenche : elle est politique, elle est militaire, avec tout ce que cela peut entraîner d'humain, trop humain.

    Dès 1144, les musulmans de Syrie reprennent Edesse. La deuxième croisade, prêchée par saint Bernard de Clairvaux, est conduite, en 1147, par l'empereur Conrad III et le roi Louis VII, mais l'opération échoue. En 1187, le sultan Saladin - maître de la Syrie, de l'Egypte, de l'Irak et de l'Asie Mineure - reprend Jérusalem et une grande partie des territoires francs. D'où une troisième croisade (1189-1192), emmenée par l'empereur Frédéric Barberousse, le roi de France Philippe Auguste et le roi d'Angleterre Richard Coeur de Lion. L'expédition ne parvient pas à reconquérir Jérusalem, mais obtient la reprise des pèlerinages.

    En 1202, le pape Innocent III lance une quatrième croisade. Devenue le centre de la puissance musulmane, l'Egypte est cette fois visée. Les Vénitiens doivent transporter les troupes chrétiennes mais, les croisés n'étant pas assez nombreux pour réunir la somme exigée, les hommes de la Sérénissime se paient sur la bête en pillant une ville chrétienne de Dalmatie. Même scénario à Constantinople, facilité par les rivalités internes au sein de la dynastie byzantine. Assiégée par les Vénitiens en avril 1204, la capitale de l'empire d'Orient est pillée trois jours durant. Innocent III se trouve contraint de dénoncer ses propres soldats : « Vous avez dévié et fait dévier l'armée chrétienne de la bonne route dans la mauvaise. » Resté comme une déchirure dans la mémoire orthodoxe, le sac de Constantinople rendra irrémédiable le schisme de 1054 entre la chrétienté latine et la chrétienté d'Orient.

    Il y aura encore quatre croisades. La cinquième (1217-1221), prêchée de nouveau par Innocent III et continuée par son successeur, Honorius III, aboutira à la conquête de Damiette. La sixième (1228-1129), conduite par l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, placera à nouveau Bethléem, Nazareth et Jérusalem aux mains des chrétiens, mais en 1244, la Ville sainte sera reconquise par les musulmans. Lors de la septième croisade (1248-1254), dirigée contre l'Egypte, l'armée de Saint Louis sera ravagée par la peste, le roi étant fait prisonnier et n'obtenant sa liberté qu'au prix d'une rançon et de la restitution de Damiette. La huitième croisade, menée en Tunisie en 1270, sera un désastre, Saint Louis y trouvant la mort. En 1291, la chute de Saint-Jean-d'Acre signifiera la fin des établissements chrétiens du Levant.

    Le terme de croisade est trompeur. Il recouvre des événements étalés sur près de deux siècles, de 1095 à 1270, où les intérêts temporels pèsent de tout leur poids. Si la légende noire des croisades, pratiquant des indignations sélectives, est mensongère, la légende dorée de la chrétienté en marche, telle qu'on la trouvait naguère dans des livres bien intentionnés mais eux aussi mensongers, n'a pas de validité historique. En réalité, les croisades constituent un phénomène extrêmement complexe.

    Ces expéditions multiples n'ont pas constitué un affrontement de bloc à bloc. Les chrétiens comme les musulmans ont été divisés : des combats ont opposé des chrétiens à d'autres chrétiens, des musulmans à d'autres musulmans. On a même vu des tribus musulmanes s'allier aux croisés et certains chrétiens orientaux préférer le service de princes musulmans. Les deux siècles de présence franque ont aussi compris des périodes de paix, au cours desquelles on a vu chrétiens et musulmans coexister.

    Toutefois, aujourd'hui, cette rencontre fait l'objet d'un mythe, car on ne veut pas attiser la notion de choc des civilisations. Mais l'histoire reste l'histoire. S'il est exact que des influences mutuelles se sont produites entre chrétiens et musulmans à l'époque des croisades, les chercheurs s'accordent à en souligner le caractère limité et fragile. Car jamais les trêves n'ont été durables. Sauf pour la principauté d'Antioche, les royaumes francs, réduits à une mince bande côtière, ont eu moins d'un siècle d'existence.

    En s'en tenant aux grandes lignes de leur histoire, force est de constater que ces Etats, le dos à la mer, ont été constamment sur la défensive. Dès qu'un territoire était reconquis par les musulmans, les chrétiens endossaient à nouveau leur statut de dhimmi. Et dans les principautés chrétiennes, même si les musulmans pouvaient construire des mosquées (ce qui n'était pas le cas des chrétiens en pays musulman), ils étaient soumis à un statut social inférieur. En d'autres termes, à l'époque des croisades, on n'a vu nulle part de tolérance au sens où notre culture contemporaine comprend ce concept.

    Saladin, de nos jours, est présenté comme un souverain libéral. Mais lors la prise de Jérusalem, en 1187, s'il traite avec égard Guy de Lusignan, le roi de Jérusalem, il laisse massacrer Renaud de Châtillon, les Hospitaliers et les Templiers, de même que les troupes turques alliées aux Francs. Les plus chanceux des prisonniers chrétiens qui ne peuvent payer une rançon sont réduits en esclavage. Les autres sont placés devant cette alternative : la conversion à l'islam ou la mort. Saladin, un modèle de tolérance ?

    L'histoire, c'est l'histoire. Celle-ci nous dit que, depuis la prise de la Syrie par les Arabes, en 636, Byzance n'avait fait que résister aux musulmans. En 1453, Constantinople tombera aux mains des Turcs. En 1526, Soliman le Magnifique fera la conquête de la Hongrie. En 1529, les Ottomans assiégeront Vienne. En 1571, la bataille navale de Lépante donnera un coup d'arrêt à leur offensive, barrée à nouveau, en 1683, lors du second siège de Vienne. Pendant quatre siècles, l'Europe centrale et balkanique aura vécu sous la menace turque. René Grousset, le grand historien des croisades, soulignait cependant que les croisades avaient donné à Constantinople un répit de trois siècles et demi. Le rappeler, ce n'est pas exprimer un fantasme de croisé mais énoncer un fait.

    En 1983, dans un livre célèbre, les Croisades vues par les Arabes, le romancier Amin Maalouf accusait les croisés d'avoir provoqué une irrémédiable fracture : « Il est clair que l'Orient arabe voit toujours dans l'Occident un ennemi naturel. Et l'on ne peut douter que la cassure entre ces deux mondes date des croisades, ressenties par les Arabes, aujourd'hui encore, comme un viol. » Un viol, les croisades ? Sur le plan factuel, il sera toujours possible de répliquer que ce sont les musulmans qui, en envahissant des terres chrétiennes, ont violé les premiers. Mais l'expression est dangereuse, car elle semble ouvrir un crédit éternel de victimes aux pays musulmans. Et l'historien sait que les raisonnements par analogie doivent être maniés avec prudence : répétons-le, on ne peut comparer l'univers politique, social et mental de la chrétienté médiévale avec le nôtre. Mais cette autonomie de l'histoire vaut dans tous les sens. Ce n'est pas parce que nous sommes aujourd'hui confrontés à la présence de l'islam dans la société française qu'il faut récrire le passé. Les croisades, avec leurs ombres et leurs lumières, ont été une formidable épopée. On a bien le droit d'y rêver.

    Jean Sévillia

    http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_article&id=44

  • Les curés sac au dos

    Le Figaro Magazine - 13/06/2014

    Pendant la Grande Guerre, les catholiques ont épousé les passions nationales, restant sourds aux appels à la paix du pape Benoît XV. 

         Le 23 décembre 1915, Le Bonnet rouge, un journal d'extrême gauche, accuse les prêtres d'être des « embusqués » qui échapperaient au front en se faisant affecter à l'arrière, notamment dans les hôpitaux où ils rivaliseraient de « zèle clérical » auprès des blessés. Le 13 février suivant, La Dépêche de Toulouse, un quotidien radical-socialiste, reprend l'accusation, mettant « au défi n'importe quel poilu de dire qu'il a vu monter la garde aux tranchées à un curé ». Ce que les catholiques nommeront la « rumeur infâme » vaudra au journal toulousain d'être condamné par la justice et de reconnaître, le 9 juillet 1916, que les prêtres ont versé leur sang « comme tout le monde ».

         Xavier Boniface, un universitaire, évoque cette polémique dans un livre où il rappelle quelques chiffres : de 1914 à 1918, de 30 000 à 32 000 prêtres, religieux et séminaristes, ont été mobilisés, de même que 500 pasteurs et quelques dizaines de rabbins. 1 900 prêtres, 1 300 séminaristes et 1 500 religieux ont été tués pendant la Grande Guerre, soit en servant comme brancardiers et infirmiers, en vertu d'une loi de 1889 qui ne s'appliquait qu'aux plus âgés, soit, pour les plus jeunes, au sein des unités de combat où, le fusil à la main, ils faisaient souvent fonction d'aumôniers bénévoles.

         L'engagement du clergé français dans le conflit n'est qu'une facette de cette Histoire religieuse de la Grande Guerre. L'ouvrage s'intéresse à tous les pays belligérants, comme à toutes les confessions. Réactions à l'entrée en guerre, accompagnement humain et spirituel des combattants, soutien social et caritatif à l'arrière, participation à la propagande des Etats, souvenir des morts à l'issue du conflit : cette synthèse rondement menée, la première du genre, fait le tour du facteur religieux dans la tragédie initiale du XXe siècle. L'auteur observe que les religions, tout en prônant des sentiments d'humanité à l'égard des adversaires, ont peu ou prou épousé les passions nationales. Le pape Benoît XV a longtemps lancé des appels à la paix. Ayant échoué, il s'est ensuite réfugié dans un silence blessé. Se placer en situation d'arbitre entre les nations, dans l'enfer de la Grande Guerre, tenait de la mission impossible.

    Jean Sévillia

    Histoire religieuse de la Grande Guerre, de Xavier Boniface, Fayard, 494 p., 26 €.

    http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_article&id=348

  • Dans un excellent numéro de Politique Magazine...

    Institutions : A la recherche du politique perdu, par Frédéric Rouvillois

    Sans rien connaître à la médecine, chacun sait que l’homme de l’art qui se trouve devant un grand blessé a le choix entre deux options : les cautères, pommades et onguents qui calmeront un peu sa douleur et lui permettront de mourir plus doucement ; ou l’opération lourde, incertaine, risquée, mais qui peut lui sauver la vie.

    Il en va de même dans l’ordre politique. En ce qui concerne la France, on pourrait certes énumérer les nombreuses réformes « faisables », susceptibles d’améliorer le système à la marge - et de lui procurer l’apparence d’une rémission : l’amélioration de la composition du Conseil constitutionnel, la suppression du cumul des mandats, l’introduction de la proportionnelle ou l’abolition de l’article 89-3 qui permet au Congrès de réviser la constitution à tout bout de champ. Autant de réformes techniquement réalisables, sans doute bienvenues - mais strictement capillaires. Dérisoires, au regard de la crise du politique et des menaces qui pèsent sur l’existence même de la France.

    L’état : une dispendieuse fiction [...]

    La suite ici

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Dans-un-excellent-numero-de

  • Le grand Kahal : un terrible secret (partie 1/3)

    Texte de don Curzio Nitogilia (Il Gran Kahal, un terribile segretoChiesa Viva, novembre 2013)

    Trad. de l’italien par Laurent Glauzy

    Les auteurs qui ont traité du secret du Kahal ont étudié l’œuvre fondamentale de Jacob Brafmann (1824-1879), Книгу кагала (le livre du Kahal).

    Après de longues recherches, j’ai réussi à trouver une traduction (manuscrite) en langue française ; (l’original en russe se trouve encore au British Museum, ainsi qu’une version en polonais et une en allemand). Jacob Brafmann, Russe d’origine juive, converti à l’orthodoxie à trente-quatre ans, fut nommé professeur d’hébreu auprès d’un séminaire théologique gouvernemental de Minsk. En 1870, il publia en langue russe, à Vilnius, son œuvre Le Livre du Kahal. Les juifs en acquirent quasiment tous les exemplaires et le détruisirent. Toutefois, quelques-uns furent épargnés.

     

    L’encyclopédie juive écrit que « Brafmann attaqua l’organisation juive (Kahal) dans plusieurs périodiques russes, la décrivant comme un État dans l’État, affirmant qu’elle faisait partie d’une conspiration internationale juive. Brafmann publia Le Livre du Kahal, traduction en russe des brouillons de la Kehillah de Minsk… Si bien que Brafmann fut accusé de faux. En réalité, son livre, qui était une traduction suffisamment diligente de documents, a servi à plusieurs études, comme fond historique pour la connaissance de la vie interne de l’hébraïsme russe au XIXe siècle. »[1]

    Le livre du Kahal n’est donc pas un faux. Il est aussi authentique que Les Protocoles des Sages de Sion, comme l’a affirmé Norma Cohn[2], mais il s’agit plutôt « d’une source hébraïque », selon l’avis de l’auteur de l’Encyclopédie juive ! Il existe ensuite une autre œuvre très sérieuse, sorte de reproduction du livre de Brafmann ; il traite de l’étude de Kalixt de Wolski, De la Russie juive[3]. Aussi cette œuvre connut le même sort de celle de Brafmann. Bien heureusement, nous sommes parvenus à nous en procurer un exemplaire. Enfin, Vial, s’inspirant du livre de Wolski, en 1889, écrivit une œuvre intéressante intitulée Le Juif sectaire ou la tolérance talmudique[4]. Ce sont là les trois sources principales. Je citerai cependant, dans le cadre de ce dossier, d’autres études publiées successivement sur le sujet.

    Dans le présent article, dont le but est de faire un peu la lumière sur le mystère du Kahal, sera reprise en priorité l’œuvre de Brafmann, ainsi que d’autres livres, ou articles de grande importance écrits sur ce thème.

    Existe-t-il encore un tribunal juif ?

    Chaque peuple, religion et société a ses lois et ses tribunaux. Le peuple juif ne fait pas exception. Dans l’Ancien testament, il était gouverné par le Sanhedrin. Après la destruction de Jérusalem et la dispersion, privé d’une organisation d’État, a-t-il maintenu sous une forme secrète des tribunaux, successeurs de l’ancien Sanhedrin ? Des sources permettent de l’affirmer. Je citerais, pour commencer, des notes et plusieurs auteurs tels que Mgr Jouin, Léon de Poncins, Hugo Wast (pseudonyme de G. Martinez Zuviria) et Henry Ford. L’existence du Kahal sera, ensuite, confirmée par les auteurs hébreux : Simon Schwarzfuchs et Israel Shahak.

    Mgr Jouin

    Dans la célèbre et prestigieuse Revue internationale des Sociétés secrètes[5], on peut lire un article intéressant sur le Kahal, qui ouvre de vastes horizons et oblige à approfondir ce sujet.

    On y apprend que, pour les Hébreux, le Talmud est la loi, mais pour qui regarde son application, il faut qu’il existe un pouvoir exécutif et judiciaire. Cette organisation appartient à un groupe restreint de magistrats. Le collège souverain de ces juges est le Kahal, qui signifie : assemblée, réunion et communauté.

    Ces institutions remontent aux temps les plus anciens de Moïse[6]. Malgré la dispersion du peuple juif, en 130 ap. J.-C., le Kahal ne perdit ni son influence ni son autorité. Bien que fonctionnant au grand jour, il restait confiné à l’ombre des ghettos et des synagogues. Aujourd’hui comme hier, le Kahal est le régulateur de la vie hébraïque. « Il représente le gouvernement d’une nation sans territoire [ndlr : au moins jusqu’en 1948], mais n’en fut pas moins réel et actif. Il est un État qui se superpose et s’oppose aux États dans lesquels vivent des Juifs[7]. »

    Son dessein est de maintenir intact et isolé le peuple juif dispersé dans le monde, afin qu’il ne fasse pas l’objet de discriminations, et qu’il ne perde pas son identité par l’assimilation. Le but est que le peuple d’Israël exerce une domination absolue sur le monde entier.

    Léon de Poncins et le Kahal

    Ce célèbre auteur français écrit qu’il n’y a aucun doute sur le fait que les Juifs avaient une organisation très disciplinée ; il est quasi impossible à un non-Juif d’en pénétrer les détails les plus secrets, mais ses manifestations extérieures montrent une autorité et un pouvoir occulte inégalables[8]. L’auteur parle aussi de l’existence de la direction centrale d’un pouvoir considérable[9] qu’est le Kahal.

    Hugo Wast et le Kahal

    Gustavo Martinez Zuviria, directeur de la Bibliothèque nationale d’Argentine, ministre de la Justice et de l’Instruction publique, a écrit, en 1954, un livre intéressant sur le Kahal[10], où il expose : « Certains problèmes sont difficiles à résoudre, comme celui du gouvernement interne du peuple hébreu. Il n’y a pas de secret plus tenace. Et comme dans toutes les sociétés secrètes, les initiés ne sont jamais au premier rang. Ainsi, dans le judaïsme, il y a des circoncis de bonne foi, qui ignorent la constitution et jusqu’à l’existence du Kahal, l’autorité qui gouverne dans l’ombre le peuple juif[11]. »

    Être juif ne signifie pas tant professer la religion juive postbiblique, mais faire partie du peuple hébreu ; car le juif appartient à une nation différente de celle où il est accepté, où il vit et prospère. Le Kahal est un « tribunal mystérieux »[12]. Les tribunaux régionaux sont appelés Kehillah. Le Kahal est le tribunal suprême au-dessus du Kehillah. Le grand Kahal, selon notre auteur, siègerait à New York, le « vrai Vatican juif[13] ». Le Kahal est l’expression concrète du Talmud : il juge si les pratiques talmudiques sont observées. Il est le magistère vivant de la synagogue postbiblique, visant ensuite à appliquer la doctrine talmudique aux cas concrets.

    Le Bet-Din, vrai tribunal secret, est également subordonné au Kahal. Le Kahal, le Kehillah et le Bet-Din agissent au sein de la synagogue, qui se sert de ses tribunaux pour gouverner le peuple juif, répandu sur la Terre et accueilli dans l’État d’Israël à partir de 1948.

    [1] Encyclopédie juive, Jérusalem, 1971, vol. IV, coll. 1287-1288.

    [2] N. Cohn, Histoire d’un mythe, Gallimard, Paris, 1967, pp. 58-59.

    [3] Kalixt de Wolski, De la Russie juive, Savine Éditeur, Paris, 1887.

    [4] L. Vial, Le Juif sectaire ou la tolérance talmudique, Fleury, Paris, 1899.

    [5] E. Jouin, R.I.S.S., 5e Le péril judéo-maçonnique, 2e partie, Les actes de la Contre-église I, Discipline de l’impérialisme Juifs, IV, Qahal, dirigé par A. Albrecht, Paris, 1925, p. 89-122.

    [6] Jos 23, 2 et 24, 1

    [7] E. Jouin, Ibid, 1925, p. 90.

    [8] Léon de Poncins, Les forces secrètes de la révolution, éd. Bossard, Paris, 1928, p. 254.

    [9] L. de Poncns, Ibid., p. 255.

    [10] H. Wast, El Kahal, ed. Aldecoa, Burgos, 1954.

    [11] Ibid., p. 24.

    [12] H. Wast, op.cit., p . 43.

    [13] A. Elkann-E. Toaff, Essere ebreo, Bompiani, Milan, 1994, p. 13.

    http://www.contre-info.com/le-grand-kahal-un-terrible-secret-partie-13#more-33869

  • Pierre de Brague: le Cercle Proudhon, une révolution conservatrice à la française?