culture et histoire - Page 1529
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Insurrection Honneur et Fidélité
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Actualité et politique XI (avec Florian Rouanet)
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Histoire : certaines archives du KGB sur ses agents anglais dévoilées
Et les commentaires du KGB sur ses agents anglais ne sont pas toujours flatteurs…
Lu surle Figaro:Dont un groupe de cinq agents recrutés dans les années 1930 à l’Université de Cambridge et qui occupaientdifférents postes aux services de renseignements intérieurs (MI5) et extérieurs (MI6) britanniques.
Les documents peignent un portrait peu flatteur des cinq membres du « Cambridge Five ». L’un d’entre eux, Donald Duart Maclean, y est décrit comme quelqu’un de « constamment alcoolisé » et de « pas très doué pour garder les secrets« . Ivre, il aurait révélé travailler pour le KGB à sa compagne et à son frère. Guy Burgess, lui aussi « constamment sous l’emprise de l’alcool », a fait tomber par terre des dossiers volés au ministère des Affaires étrangères, au moment de sortir du pub. -
« En 14-18, l’utilisation des troupes coloniales comme chair à canon est une parfaite légende »
En 2006, j'avais publié cette interview (à l'époque dans Libération ) avec l'historien Jean-Jacques Becker, à l'occasion de la visite du président Bouteflika à Verdun. Elle n'a rien perdu de son actualité. Spécialiste reconnu de la guerre de 14, Jean-Jacques Becker a publié de nombreux livres, dont une passionnante "La Grande Guerre. Une histoire franco-allemande" avec Gerd Krumeich.
Combien d'Algériens ont participé à la Première Guerre mondiale ?
Il faut distinguer les Français d'Algérie, mobilisés comme tous les citoyens, de ceux qu'on appelait alors les "indigènes", c'est-à-dire les musulmans. C'est de ces derniers dont on parle aujourd'hui. Leur recrutement s'est fait uniquement sur la base d'engagements volontaires, même s'il a pu y avoir des pressions de notables. Au total, 180 000 Algériens se sont engagés dans l'armée française, essentiellement dans les régiments de tirailleurs. Le Maroc et la Tunisie ont fourni 80 000 hommes environ et l'Afrique noire 215 000. La participation globale des troupes coloniales a été d'environ 600 000 hommes. A cela, il faut ajouter les 120 000 travailleurs algériens embauchés dans les usines, qui constituaient la première vague d'immigration en France.
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TVL : Journal du 07/07/2014
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Les Germains : un numéro exceptionnel de Nouvelle Ecole
Que devons-nous aux Germains ? D'où viennent les berserks, les fameux guerriers-fauves ? Quelle est l'origine de l'écriture runique ? Un numéro exceptionnel de Nouvelle Ecole pour en savoir plus sur les Germains… avant le match France-Allemagne ! Présentation d'Alain de Benoist.
L’habitude s’est prise dans certains milieux de rapporter exclusivement les origines européennes à la philosophie grecque, au droit romain et à la religion chrétienne, ce qui revient à faire bon marché des composantes celtiques, germaniques et balto-slaves de l’Europe. Le passé européen ne se réduit pourtant pas à la trilogie Rome-Athènes-Jérusalem, sinon dans l’optique bien dépassée du principe Ex Oriente lux. C’est ce que montre amplement ce numéro de Nouvelle Ecole qui, après des livraisons déjà consacrées aux Celtes, aux Grecs et aux Romains, vient compléter le panorama de la vieille Europe.
Dès avant la conquête romaine, des migrations s’étaient déjà déroulées vers l’Ouest à partir de l’Europe centrale : il s’agit des vastes mouvements de populations celtiques qui, du VIe au IIIe siècles av. notre ère, se déployèrent sur une aire immense, allant de l’extrémité de l’Espagne jusqu’à la mer Noire. Le tourbillon des « grandes invasions » germaniques est d’une date ultérieure.
Longtemps contenus au-delà du limes, les peuples germaniques se mettent en marche au IVe siècle, notamment avec les Gots (les Gothones de Tacite), qui se diviseront ensuite en Wisigoths et Ostrogoths. Leur succèderont les Cimbres et les Teutons, les Vandales, les Suèves, les Burgondes, les Marcomans, les Francs, les Thuringiens, les Bavarois, les Lombards, les Avars, les Angles, les Saxons, les Jutes, les Frisons et bien d’autres. Le principal résultat de ces invasions fut la dislocation de l’ancienne Romania : à partir du milieu du VIIIe siècle, la fusion est complète entre l’élément germanique et l’élément romain ou gallo-romain, toutes les civilisations de l’Occident médiéval devenant des synthèses culturelles héritières, dans des proportions variables, à la fois de Rome et de la culture germanique. La Gaule mérovingienne, l’Espagne et l’Aquitaine wisigothiques, l’Etat lombard furent parmi les plus remarquables illustrations de cette époque qui, à la charnière de l’Antiquité et du Moyen Age, voit le centre de gravité de l’Occident se transférer durablement au nord de la Loire et des Alpes.
Les Francs, dont le nom est attesté dès le IIIe siècle mais dont les origines exactes restent en partie obscures, furent les principaux bénéficiaires de cette « migration de peuples » (Völkerwanderung). Longtemps divisés en Francs Saliens et en Francs Ripuaires, division aujourd’hui abandonnée, ils regroupaient eux-mêmes de nombreux peuples (Chamaves, Bructères, Amsivariens, Chattes, Sicambres, etc.). La France ne leur doit pas seulement son nom (à partir du milieu du VIe siècle, le mot Francia désigne la partie nord de la Gaule). Depuis les Mérovingiens, et singulièrement depuis Clovis (mort en 511), qui ne créa pas une nation mais une force historique, elle leur doit aussi plusieurs de ses dynasties, une partie de son vocabulaire (un demi-millier de mots au moins, dont les emprunts se placent en majorité entre le VIe et le IXe siècles), nombre de règles du droit féodal et certaines de ses institutions, à commencer par la « loi salique », sinon la royauté elle-même, qui est à l’origine élective (le prince est « élevé sur le pavois »), et non pas héréditaire.
L’influence germanique n’est pas moins remarquable dans les traditions populaires (qui ont fréquemment prolongé d’anciennes croyances et pratiques païennes), la toponymie (environ la moitié des noms de communes de la France du Nord sont d’origine germanique) et surtout l’anthroponymie (le système onomastique des Germains explique depuis le VIIe siècle la majorité de nos patronymes, noms de famille et prénoms). Hugues Capet, élu en 987, est le premier souverain du regnum Francorum dont nous savons avec certitude qu’il ne comprenait pas le francique, langue maternelle des premiers Carolingiens.
On ne reviendra pas ici sur la « querelle des deux races » qui, pendant des siècles, de Boulainvilliers à Augustin Thierry en passant par l’abbé Dubos, a rétrospectivement divisé la population française entre une aristocratie d’origine franque et un peuple d’origine gauloise, que la première aurait soumise. On notera seulement que les spécialistes continuent de discuter sur l’ampleur démographique des « grandes invasions » et sur la densité de leurs établissements, tout comme ils discutent encore de la possible influence des anciennes épopées germaniques sur les Chansons de geste des XIIe et XIIIe siècles (thèse soutenue par Gaston Paris, Arsène Darmesteter et Godefroid Kurth, mais rejetée par Joseph Bédier).
Quant au droit germanique, qui était un droit populaire ayant le caractère d’une coutume, il continua longtemps d’exercer son influence concurremment à celle des monuments du droit romain, conçus de façon plus théorique. « Son principe, c’est l’équité, a écrit Gonzague de Reynold. Communautaire, social, il accorde peu de place aux droits individuels. En revanche, la fidélité et l’honneur y prennent une très grande importance […] L’honneur a sa racine dans la considération dont jouit la personne au sein de la communauté ; la fidélité a la sienne dans la communauté elle-même. Honneur et fidélité déterminent donc la moralité du droit germanique. Ce sont des vertus inséparables : qui est sans fidélité est sans honneur, qui est sans honneur est sans droits » (Les Germains. La formation de l’Europe V, Plon, Paris 1953, p. 389).
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Chevrotine - Le Croissant Maudit
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La loi des petits nombres
S’agissant de ce retour de l’initiative individuelle au niveau stratégique, quatre phénomènes revêtent une importance particulière à cet égard. Premièrement, il s’agit de l’effacement du mode d’organisation typique des sociétés industrielles, à savoir la fin de l’ère des masses hiérarchiquement encadrées. En lieu et place, intervient ce que nous appelons la loi des petits nombres. On entend par là que ce n’est plus le nombre qui fait la puissance et la force (« Le pape ? Combien de divisions ? »), mais que l’action résolue et/ou innovatrice de petits groupes peut déboucher sur des résultats inversement proportionnels à ces effectifs réduits (microtrends ; small number big impact). Deuxièmement, les sociétés postmodernes développées sont devenues extrêmement complexes et, par conséquent, très fragiles. Pour prévenir leur effondrement en cas de « panne », elles doivent impérativement se décentraliser (le salut vient des marges... et non des institutions). Troisièmement, étant donné la transformation de la guerre et l’impossibilité croissante de la guerre interétatique, l’équilibre de la terreur change d’échelle et se situe au niveau de l’individu lui-même avec toutes les conséquences que cela implique (incivilités, agressions, brigandages, attentats, tueries). Quatrièmement, si le mode d’organisation des sociétés s’est transformé, il en va de même du mode de destruction. A l’ère des masses, celui-ci était caractérisé par les trois séquences, concentration – manœuvre – destruction, ce schéma marquant la plupart des grandes batailles décisives de cette période. A l’heure actuelle, avec l’affirmation de la loi des petits nombres, on peut avancer que le mode de destruction suit plutôt les trois séquences suivantes : dilution – imbrication – destruction. A une destruction par l’extérieur succède une destruction de l’intérieur.
Quelques exemples illustrent ces changements de paradigmes. Lors des attentats de Bombay (26-29 novembre 2008), 18 hommes équipés d’armes légères et répartis en 9 équipes de deux, paralysent pendant 60 heures une mégapole de 20 millions d’habitants, provoquant de la sorte une nouvelle tension géostratégique entre l’Inde et le Pakistan, des massacres interethniques en Inde et, finalement, un événement d’ampleur mondiale générant une série de réactions politiques, diplomatiques et médiatiques. Au Nigéria, l’exemple de rebelles ijaws, connus sous l’acronyme MEND (Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger), démontre également cette nouvelle réalité stratégique où un petit groupe est capable de déclencher des effets inversement proportionnels à ses effectifs. Dans ce cas-là, c’est une livraison de 300 fusils d’assaut AK-47 qui permet à ces rebelles de lancer leurs actions contre les installations pétrolières et les bateaux transitant par le delta. Ces 300 kalachnikovs entraînent ainsi une diminution de 25% de la production de pétrole du Nigéria. Ces deux exemples, auxquels on pourrait en ajouter beaucoup d’autres, mettent en lumière les changements énoncés plus haut. La loi des petits nombres apparaît en effet particulièrement évidente compte tenu, à chaque fois, des faibles moyens engagés et des importants résultats obtenus en contrepartie. Par ricochet, ceci souligne aussi la fragilité des sociétés complexes, leur risque d’effondrement et la nécessaire décentralisation qu’elles doivent consentir si elles veulent survivre. De par les effets engendrés en outre, tant les attentats de Bombay que les actions des rebelles ijaws indiquent que l’équilibre de la terreur a bel et bien été ramené du niveau des Etats à celui des individus. Et, ce changement d’échelle ne vaut pas uniquement pour les actes à caractère politique, mais également pour les autres formes de violence plus anarchiques (tireur fou, forcené, tuerie). Enfin, le schéma dilution-imbrication-destruction reflète clairement le mode opératoire utilisé : neuf équipes de deux hommes dilués dans une mégapole, une poignée de rebelles dispersés dans l’ensemble d’une zone géostratégique.
La société de l’information accélère et facilite à la fois une telle évolution. Il importe en effet de rappeler plus généralement que les sociétés nomades ou au contraire sédentaires, agraires ou au contraire industrielles, pratiquent chacune la guerre d’une façon propre qui est dictée par leur mode respectif de production des richesses. De nos jours, l’avènement de la société de l’information entraîne le bouleversement des anciennes structures héritées de l’ère industrielle et du capitalisme fordiste : les formes d’organisation pyramidale et centralisée sur le modèle stato-national cèdent la place à des formes plates, décentralisées, « sans tête ». La société de l’information rend possible cette mutation puisque l’interconnexion de tous avec tous à travers le net et les autres TIC (téléphones portables, PC, etc.) ne nécessite plus des structures hiérarchiques organisant le travail de la conception à la production et à la vente. Ce travail peut désormais se réaliser, soit à distance, soit en réseau, soit de manière coopérative (selon la méthode wiki). L’art de la guerre suit ce bouleversement et cette mutation, comme en témoigne la prolifération des groupes armés, des cellules terroristes et des actions décentralisées (attentats, embuscades) en lieu et place des grandes offensives conventionnelles représentatives de la stratégie moderne.
Bernard Wicht, Europe Mad Max demain ?
http://www.oragesdacier.info/2014/07/la-loi-des-petits-nombres.html
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Archéologie interdite : entretien avec Bleuette Diot
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Ernst JÜNGER et l'écriture de la guerre