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social - Page 354

  • Clause Molière: C’est pas français que tu me causes, c’est de la peine

    La clause Molière,  ce« stratagème inventé par un élu d’Angoulême (Vincent You), pour contourner la directive Bolkestein » sur les travailleurs détachés fait débat au sein de la classe politique et à l’intérieur même des partis constate Eugénie Bastié dans Le Figaro. « Il s’agit d’un ajout dans les contrats de chantiers publics stipulant que les travailleurs doivent maîtriser le français, pour des raisons de sécurité, à moins de payer un interprète. Cela permet d’éviter le recours aux travailleurs détachés, sans subir l’accusation de discrimination ». « Elle est soutenue désormais par cinq régions de droite ( Pays de la Loire, Hauts-de-France, Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes et Ile-de-France), une région de gauche (Centre Val-de-Loire), cinq départements et de nombreuses villes. (…) François Fillon va devoir faire un choix : Valérie Pécresse, Bruno Retailleau, Hervé Morin, Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand  l’ont appliqué au niveau local. » Mais le député européen « Elisabeth Morin-Chartier somme François Fillon de ne pas l’intégrer dans son programme (…), elle lui demande de ne pas tomber dans le piège du repli nationaliste dans lequel le Front National veut enferrer notre pays. La France doit continuer à rayonner par son ouverture (sic), affirme cette proche de Raffarin.»

    Dans Les Echos, le très européiste éditorialiste Jean-Françis Pécresse s’inquiète lui aussi de cette exigence linguistique. Il est vrai que celui-ci expliquait très sérieusement dans un précédent éditorial malignement  titré (« Quand Le Pen ment à la terre », kolossale finesse…)  que les agriculteurs paupérisés, martyrisés, ruinés par nos gouvernements soumis à la politique bruxelloise seraient des abrutis finis de «suivre les prescriptions nationalistes de Marine Le Pen, laquelle a franchi une étape, hier, dans l’europhobie en promettant de  franciser  les aides versées dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) ». M. Pécresse ferait bien de quitter son bureau, de franchir le périphérique et d’aller parler avec nos paysans, agriculteurs, éleveurs qui crèvent du fait de la politique antinationale menée par ses amis idéologiques plutôt  que de relayer poussivement  une vieille propagande déconnectée de la réalité.

    Pareillement, Jean-Françis Pécresse est vent debout contre la clause Molière qu’il baptise « clause Tartuffe » en ce qu’elle serait, horresco referens, « l’avatar d’un protectionnisme honteux qui gagne la droite aujourd’hui, comme hier la gauche de gouvernement, l’une et l’autre paraissant ainsi céder à ce populisme antieuropéen sur lequel prospère, pour sa part sans aucun complexe, l’extrême droite (…). Car ce qui se joue dans cette préférence nationale déguisée, que ne renierait pas Donald Trump, c’est bien le sort des libertés fondamentales sur lesquelles l’Europe s’est construite (sic), la liberté de circuler et de travailler dans cet espace commun que l’on appelle l’Union européenne (…). » Et l’éditorialiste d'évoquer de vieilles lunes : « plutôt que de participer au jeu de massacre européen, nos dirigeants politiques feraient mieux de prôner une solution européenne aux excès du travail détaché : c’est le but de la révision de la directive que de bannir (sic) le dumping social en égalisant les rémunérations, primes comprises. Améliorer l’Europe plutôt que de la rejeter, c’est ce qui doit toujours séparer la droite de l’extrême droite.»

    Bruno Gollnisch le notait il y a déjà plusieurs années, « après la concurrence avec le reste du monde, la concurrence entre entreprises, l’Europe consacre maintenant la concurrence entre travailleurs européens, indépendants ou salariés, et donc la concurrence entre systèmes sociaux. Elle va dans le mur. La véritable révolution consisterait, entre autres, à affirmer explicitement la primauté de l’application sur le territoire d’un État membre de son droit national, notamment de son droit du travail national, de ses droits social, pénal, fiscal nationaux. C’est-à-dire le principe du pays de destination, par opposition au principe du pays d’origine.. La révolution consisterait également à accepter que les États puissent poser des conditions à l’accès à certaines activités, comme la situation du marché de l’emploi ou des raisons d’aménagement du territoire. Ils n’ont pas cette possibilité. »

    Enfin, n'en déplaise au syndicat de faillite qui berce nos compatriotes avec sa longue plainte sur l’effacement inéluctable de la France dans le magma eurofédéraste, nous souhaitons nous aussi améliorer  l’Europe. Ce qui passe par la remise à plat de l’aberrante usine à gaz bruxelloise, une prison des peuples qui a mise à mal notre prospérité, notre sécurité, notre identité, notre souveraineté. Une Europe bruxelloise foncièrement, essentiellement antieuropéenne, étrangère à son génie. Alors oui, nous entendons refonder une Europe des patries, de la libre coopération, c’est en effet cela qui nous sépare d’un personnel politicien pusillanime, frileux, soumis, par renoncement ou consentement, aux oukases euromondialistes.

    Invité hier après-midi sur France Inter de l’émission des bobos occupant cette tranche horaire, Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek, Bernard Pivot a accepté de bonne grâce de fustiger lui aussi, par grégarisme (?), cette clause Molière  dont la langue est aussi celle de  275 millions de francophones de par  le monde. L’ancien animateur d’Apostrophes  n’a pas eu d’autre choix que de dénoncer cette odieux cache-sexe de la « préférence nationale », rebaptisé « clause Pétain » par M. Vizorek, « clause Louis-Ferdinand Céline » par Mme Vanhoenacker. Tant de conformisme idiot, de bêtise crasse laisse sans voix. Deux journalistes certes assez caricaturaux de ce « goût du faux, du bidon, de la farcie connerie » que Céline dénonçait chez ses contemporains,  dans les foules modernes, mais qui est répandue, ô combien,  chez les prescripteurs d’opinions souvent assez incultes,  qui ingurgitent  la doxa officielle pour mieux la recracher; « ce sont les surfaces les plus lisses qui prennent le mieux la peinture » notait aussi l’écrivain-docteur Destouches…

    https://gollnisch.com/2017/03/15/clause-moliere-cest-francais-me-causes-cest-de-peine/

  • Les syndicats et les grands patrons d’accord pour s’opposer à la protection du travail des Français

    Les frères ennemis main dans la main pour refuser vigoureusement de protéger le travail des Français sur les chantiers. Alors que les dirigeants des multinationales n’ont jamais caché vouloir réduire les coûts et prioriser l’embauche étrangère, les syndicats font mine de vouloir protéger les travailleurs face à l’avidité des grands groupes. Mais lorsqu’une mesure de bon sens s’impose, les ennemis d’un jour se réunissent pour lutter ensemble contre le patriotisme économique.

    Paris – Le débat sur la « clause Molière », qui vise à imposer le français sur les chantiers dans certaines régions, a pris de l’ampleur mardi à quelques semaines de la présidentielle avec la prise de position du Medef et de plusieurs syndicats qui dénoncent une mesure « nationaliste ».

    Plusieurs régions principalement de droite (Ile-de-France, Hauts-de-France, Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes…), mais aussi des villes ou départements (Haut-Rhin), ont imposé l’usage de la langue de Molière sur les chantiers dont ils sont maîtres d’oeuvre.

    L’obligation pour les ouvriers de parler français, ou pour les entreprises d’employer un traducteur, est présentée comme un moyen de réduire la distorsion de concurrence entre les entreprises nationales et étrangères, rendue possible par le travail détaché.  

    Dans le BTP, « une entreprise gagne un marché en faisant des prix anormalement bas puis fait appel à des sous-traitants étrangers pour pouvoir s’en sortir » , s’est ainsi justifié Hervé Morin, président UDI de la Normandie. Si la mesure est saluée par la Capeb (artisans du bâtiment), au nom de la lutte contre le « dumping social » , elle est en revanche contestée par le Medef.

    « Vous commencez comme ça, et puis après vous commencez à faire du favoritisme, et puis ensuite vous fermez les frontières françaises, et puis vous finissez par sortir de l’euro », a averti mardi Pierre Gattaz, conspuant les dérives « communautaire ou nationaliste».

    « La santé et la sécurité des salariés sont instrumentalisées » par les collectivités territoriales, avec une mesure qui « ne règle en rien la question du travail illégal » , a appuyé la CFDT. La CGT a dénoncé une intention « purement électoraliste » visant à marcher sur « les traces du Front national » , partisan de la préférence nationale.

    Il est « dommageable et même périlleux que ceux qui se prétendent de la droite républicaine suivent ces traces-là », a insisté mardi le numéro un de la CGT, Philippe Martinez.

    Source
    http://www.contre-info.com/les-syndicats-et-les-grands-patrons-daccord-pour-sopposer-a-la-protection-du-travail-des-francais#more-44080 |

  • Je ne veux pas de vos 500 euros, Monsieur Macron, par Thibault Damilly

    Ce soir, j’ai trouvé un tract « Emmanuel Macron, le candidat du travail » dans ma boîte aux lettres. J’ai résisté au réflexe de le jeter immédiatement au feu et je l’ai ouvert. Pour Monsieur Macron, les Français (en a-t-il déjà vu ?) semblent n’avoir pas d’autre horizon que celui de l’argent gagné et aussitôt dépensé : ce tract ne parle que d’économie.En voici la première proposition :

    « Je supprimerai des cotisations payées par les salariés. Tous les travailleurs verront leurs revenus et leur pouvoir d’achat augmenter. Résultat : 250 € par an de gain de pouvoir d’achat pour un salarié au SMIC. Près de 500 € par an pour un salarié à 2000 € par mois. »

    J’ai bien lu ? Il me promet 500 € par an ? Lui qui déclare par ailleurs que l’immigration est une chance ?

    500€ par an ? Mais qu’est-ce que c’est à côté de ce que me coûte l’école privée de ma fille pour lui éviter de connaître trop tôt les joies du vivre-ensemble ?

    500€ par an ? Mais qu’est-ce que c’est à côté de ce que je paie pour une alarme avec intervention destinée à protéger ma maison des cambriolages qui touchent tout mon village ?

    500€ par an ? Mais qu’est-ce que c’est à côté de la voiture que ma femme a dû acheter pour aller au travail depuis qu’elle ne veut plus prendre les transports en commun suite à une agression ?

    500 € par an ? Mais qu’est-ce que c’est à côté de ce que je dois payer pour la moindre visite médicale dans une clinique qui ne ressemble pas à un hôpital du tiers-monde ?

    500 € par an ? Mais qu’est-ce que c’est à côté de la semaine de vacances hors de prix que je paie à ma famille parce que la station balnéaire populaire de mon enfance est devenue aussi invivable que Trappes ?

    500€ par an enfin ? Mais qu’est-ce que c’est à côté de l’emprunt sur 25 ans que j’ai dû contracter pour pouvoir vivre dans un coin où je ne me sente pas étranger dans mon propre pays ? Coin qui ne s’avère pas si tranquille puisque visiblement, on ne peut plus être tranquille nulle part en France !

    Tout Français a l’intuition que le coût global de l’immigration est exorbitant mais aucune des études sur le sujet ne s’accordent puisque toutes sont militantes, que ce soit pro ou anti-immigration. Mais une chose est sûre, chacun est capable de faire le bilan de ce que lui coûte cette stratégie permanente de l’évitement. Logement, école privée, assurances, alarme, porte blindée, santé, transports : ce coût est écrasant et une grande partie des Français ne peut tout simplement pas se le permettre.

    Monsieur Macron, je ne suis pas un mendiant qui vote pour un candidat qui lui promet quelques centaines d’euros à la fin de l’année. Non. Ce que j’attends de la personne qui va diriger la France est beaucoup plus simple et doit vous paraître fou, inouï, révolutionnaire : je veux vivre honnêtement de mon travail, paisiblement avec ma famille et dans un pays qui reste le mien.

    Thibault Damilly

    Texte publié par Les Identitaires

    http://fr.novopress.info/204239/je-ne-veux-pas-de-vos-500-euros-monsieur-macron-par-thibault-damilly-identitaires/

  • La duperie du revenu universel

    Benoît Hamon propose dans son programme un revenu universel défendu aussi bien par les tenants de la gauche radicale que par ceux de l’ultralibéralisme.

    Les adversaires de Benoît Hamon, qui réintroduit l’idée du revenu universel dans le débat politique, le taxent d’irréalisme. Peut-être à tort. Après tout, ce revenu a été institué dans des pays aussi différents que l’Iran, le Koweït, la Namibie, Singapour et l’Alaska et, à titre expérimental, au Royaume-Uni, en Finlande, au Canada, cependant qu’il donne lieu à de sérieuses discussions en Suisse, en Catalogne et au Brésil. Et il compte pas mal de partisans.

    Maints hommes politiques et économistes y voient la solution au problème insoluble du chômage. Et, bien entendu, beaucoup attendent de lui le renforcement de la solidarité et l’éradication de la misère. Ce « revenu d’existence », dit aussi « revenu de base », serait versé à tout être humain vivant sur le territoire national, de la naissance à la mort, et son montant serait plus élevé pour les adultes que pour les mineurs.

    Hamon, pour sa part, préconise de commencer par porter le RSA – versé aux seules personnes sans ressources – à 600 euros par mois, pour finir par instaurer un revenu mensuel d’existence – attribué à tout individu sans conditions de ressources – d’un montant de 750 euros. La Fondation Jean-Jaurès, proche du PS suggère, quant à elle, de commencer à 60 euros pour tout mineur, 120 pour tout adulte, et d’arriver très progressivement à 500 euros par personne.

    D’autres, par réalisme, souhaitent limiter l’attribution de ce revenu aux seuls chômeurs et personnes sans ressources, pour commencer, et de moduler le montant du versement suivant les ressources, en ce qui concerne les actifs.

    En principe, ce revenu devrait s’ajouter aux autres aides sociales : minima sociaux, aides au logement, allocations familiales, indemnisations de chômage. Mais M. Hamon lui-même n’exclut pas qu’à terme ces aides puissent lui être intégrées. Et, dans ce cas, il serait étonnant que les « bénéficiaires » n’y perdent pas ; le revenu universel jouerait alors comme un rabot sur ces prestations. Et beaucoup de partisans du revenu universel pensent qu’il n’est financièrement supportable par l’État qu’à cette condition.

    Autrement dit, ce revenu risque bien de se révéler la pire des illusions, et la pire désillusion. Mais il présente un autre inconvénient, au moins aussi sérieux : celui de reléguer dans un ghetto tous ceux qui se trouvent dans l’impossibilité de trouver ou de retrouver un emploi, et de renforcer la flexibilité de l’emploi, des conditions de travail et des salaires, inévitablement tirés à la baisse.

    Oncle Benoît y a-t-il pensé ? Mais il est vrai que depuis plus de trois décennies, les dirigeants socialistes, résignés ou franchement convertis (suivant les cas) au néolibéralisme mondial et sans frein, considèrent le chômage et la précarité comme inhérents au système, et ne voient de solutions que dans l’assistanat généralisé et autres palliatifs.

    Emmanuel Macron disait récemment, à l’encontre de M. Hamon : « Le revenu universel existe déjà, il s’appelle le RSA ». Nous nous contenterons d’ajouter ici que, dans la Rome impériale, il prenait la forme de l’annone, versée gratuitement à une plèbe pauvre et oisive, ainsi sauvée in extremis de la misère (et retenue au bord de la révolte) et qui se divertissait à la taverne et aux spectacles du cirque.

    Politique magazine mars 2017 -  Consulter ... S'abonner ...

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • A l'origine des allocations familiales

    Jean-Marc Proust rappelle qu'avant le monopole de la sécurité sociale, il y a eu des chrétiens qui ont oeuvré pour une politique familiale :

    "Dans la mémoire collective, notre histoire sociale se résume à quelques symboles: les congés payés en 1936, la sécurité sociale en 1945. C’est négliger ce qui les précède comme si la loi se faisait en un jour. L’histoire a retenu la généralisation, ignorant la genèse. De même que nombre d’ouvriers bénéficiaient de congés payés avant 1936, les assurances sociales n’ont pas été inventées en 1945, lorsqu’elles ont devenues universelles et obligatoires. Il faut remonter une trentaine d’années plus tôt pour qu’Émile Romanet «invente» les allocations familiales. [...] Fervent catholique, il s’intéresse de près au sort des ouvriers. L’aide sociale est alors erratique et tient souvent davantage de la charité que des droits. Les syndicats se focalisent sur les salaires et la famille est plus une menace qu’un enjeu. Aussi, est-ce à la fois par le secteur public (ainsi du supplément journalier de 5 centimes par enfants accordé aux salariés du ministère de la Marine en 1860) et par le courant chrétien-social que surgit un «mouvement d’aide à la famille.»

    Car, tout au long du XIXe siècle, le courant chrétien-social porte des idées novatrices: ainsi de Charles de Montalembert, qui demande l’interdiction du travail des enfants, de Frédéric Ozanam ou d’Armand de Melun, révoltés par l’étendue de la misère ouvrière, ou encore d’Albert de Mun, qui fonde des cercles ouvriers, sans oublier Frédéric Le Play qui publie La réforme sociale en France en 1864. Avec l’encyclique Rerum novarum  (1891) qui pose la question de la justice dans le salaire, plusieurs industriels vont mettre ces idées en application.

    Peu après, Léon Harmel, industriel champenois, entend créer une «usine chrétienne», où les ouvriers gèrent des caisses de secours ou de crédit, des cercles d’études ou des associations religieuses… Il crée un «supplément familial au salaire».

    « Cette institution, bien qu’entièrement alimentée par la caisse patronale, est gérée complètement par une commission ouvrière, qui se réunit chaque semaine, prend connaissance des salaires insuffisants et les complète en nature, au gré des familles. »

    Dans le département de l’Isère, où travaille Romanet, les premiers réseaux de protection sociale se sont constitués au XIXe siècle: on y trouve plusieurs sociétés de charité, bienfaisance ou de prévoyance, des caisses de retraites des ouvriers… Entre logement et famille, chez les patrons chrétiens, la fibre sociale est intimement liée à la foi. Ils n’hésitent pas à assumer ce qui nous apparaît aujourd’hui comme du paternalisme. [...]

    Avec la confiance de Joya père, puis fils, Émile Romanet s’emploie régulièrement à améliorer le sort des ouvriers, faisant grincer quelques dents dans le patronat… En 1906, il crée un conseil d’usine, préfiguration des comités d’entreprise, et met en œuvres diverses mesures: retraite supplémentaire, salle de lecture, jardins ouvriers, bureau de placement… Pour qu’il devienne le «père» des allocations familiales, il faut juste un déclic. Qui survient le 6 octobre 1916, en pleine bataille de Verdun, lorsque le gouvernement invite les Français à souscrire un emprunt de guerre. Romanet relaie l'information auprès des ouvriers. Ceux-ci lui disent qu’ils n’ont pas les moyens d’y participer, «avec leurs charges de famille.» Et l’invitent à faire une «petite enquête» pour voir «ce qui se passe dans les familles ouvrières». [...]

    Peu après, Romanet convainc le Syndicat patronal. En novembre les «bonifications familiales» sont généralisées dans l’Isère, en Savoie et Haute-Savoie –avec quelques mesquineries ici ou là. [...]

    Au même moment, et sans se connaître, Émile Romanet et Émile Marcesche ont alors l’intuition des caisses de compensation, alimentées par des cotisations des employeurs en proportion des heures travaillées et des salaires versés. Cette mutualisation des charges donne l’élan nécessaire à la généralisation des allocations familiales. En avril 1918, le Syndicat patronal des constructeurs mécaniciens et fondeurs de l’Isère, Savoie et Haute-Savoie donne l’exemple. Après-guerre, plusieurs branches industrielles s’en emparent: Syndicat national des constructeurs mécaniciens et fondeurs, Union des industries métallurgiques et minières, Bâtiments et travaux publics… En parallèle, sous «l’influence des cercles catholiques et des syndicalistes chrétiens (la CTFC)», les caisses de compensation interprofessionnelles se développent: 81 en 1922 , 160 en 1925, 230 en 1930, pour 1,8 millions de salariés bénéficiaires. Seul le petit commerce y reste hostile.

    La suite est plus connue. En 1928 et 1930, sous Poincaré, la loi sur les assurances socialescouvre la maladie, la vieillesse et l'invalidité, puis, en 1932, le dispositif des allocations familiales est généralisé par la loi Landry. Toutes ces mesures seront unifiées en octobre 1945 dans le cadre global et obligatoire de la Sécurité sociale. L'État a pris le relais des initiatives patronales."

    L'Etat a surtout confisqué les caisses d'allocations familiales et monopolisé ce système qu'il contrôle désormais et qu'il peut mettre... sous condition de ressource.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Intervention de Marine Le Pen à la Confédération des PME (CPME) | Marine 2017

  • Quand le darwinisme agroalimentaire fait le malheur des agriculteurs.

    Le Salon de l'agriculture vient d'ouvrir ces portes samedi dans un climat morose pour les campagnes françaises et ceux qui en travaillent la terre : 2016 a été une « année noire pour la « ferme France » », comme le titre La Croix dans son édition dominicale. Ce que l'on peut illustrer, par exemple, par le fait inquiétant que « le nombre de défaillances dans le secteur du lait n'a cessé d'augmenter l'an dernier. (…) Elles ont fait un bond de 30 %, la Bretagne étant même en première ligne avec 100 entreprises d'élevage en redressement ou liquidation, deux fois plus qu'en 2015 » (Le Figaro, samedi 25-dimanche 26 février 2017). « Nombre d'agriculteurs travaillent à perte », est-il écrit dans ce même article... Et La Croix de renchérir en soulignant que « près de 132.000 (exploitants agricoles) – soit le tiers de l'effectif global - auraient touché, cette année-là (2015), un salaire inférieur à 354 euros mensuels, soit moins que le Revenu de solidarité active (RSA) ». Oui, vous avez bien lu : moins de 354 euros mensuels pour des personnes qui travaillent souvent plus de 50 heures par semaine ! Un véritable scandale qui ne s'est pas démenti en 2016, bien évidemment... C'est une situation économique et sociale difficilement tenable, mais qui, malgré tous les plans et toutes les promesses gouvernementales, est devenue structurelle, comme si la République avait, là aussi, baissé les bras et cédé devant des pressions et des habitudes économiques liées à la mondialisation et au capitalisme dominant et « néo-féodal » (le sens du service en moins).

    Car il faut bien désigner ce qui a rendu possible cette situation épouvantable pour les hommes et femmes des champs et des étables : un capitalisme débridé qui ne compte qu'en termes comptables et de profits démesurés, aux dépens du travail et des travailleurs, mais aussi des animaux, des végétaux et des espaces rapportés à leurs potentialités productives, sans regard ni pour l'environnement ni pour la biodiversité locale, pourtant souvent adaptée, sur le plan agricole, à son milieu d'origine et d'exploitation parfois multiséculaire. Ce capitalisme prend les formes du productivisme et d'une sorte de « darwinisme agroalimentaire » qui réduit à quelques espèces seulement le catalogue des plantes et des bêtes agricoles : sait-on que, chaque année, plusieurs dizaines de milliers d'espèces végétales et animales disparaissent de par le monde et que, pour la plupart, ce sont des espèces agricoles ? En France même, si l'on s'intéresse au bétail, il sera facile de constater les ravages de cette sélection qui n'a rien de naturelle... D'ailleurs, la vache Bretonne Pie-noire, dont Fine, la tête d'affiche du Salon de l'agriculture 2017, est issue, a bien failli disparaître il y a quelques années alors que l'on en comptait environ 1,4 millions de spécimens en 1850 et seulement 2.500 en 2010. D'autres, comme la Brayonne, la Cotentine ou la Bretonne Pie-rouge, n'existent plus du tout, et seules quelques photos de foires et marchés anciens attestent de leur existence passée...

    agriculture-assassinee-3eme-edition.net.jpgDans son livre « L'agriculture assassinée » publié dans les années 1980, le journaliste agricole royaliste Jean-Clair Davesnes, connu aussi sous le nom de Paul Serry dans les colonnes d'Aspects de la France (l'ancien titre de l'Action française), dénonçait avec une virulence particulière le processus des années 1950-1970 qui avait mené l'agriculture française à la dépendance aux marchés mondiaux et à l'endettement qui en avait, par le même mouvement, résulté, mais aussi fustigeait  l'imposition d'un modèle d'agriculture de moins en moins paysanne et de plus en plus « rentable » (surtout pour les grands groupes agroalimentaires) à défaut d'être de qualité : « En une génération, des dizaines de races bovines ont été anéanties ou réduites à quelques unités de musée, des éleveurs indépendants et responsables sont devenus des agents d'exécution appuyant sur un bouton pour distribuer de la nourriture en granulés ou mettre en marche un tapis roulant évacuant le fumier.

    « Pour en arriver là, il a fallu mettre en œuvre une politique violente de contrainte et de destruction dont les trois éléments furent la Loi de l'élevage de 1966 (1) – qui a fait proliférer une bureaucratie inutile, sclérosante et parfois stupide -, la dictature de l'insémination artificielle – qui a anéanti l'indépendance des éleveurs en leur enlevant le moyen même de cette indépendance c'est-à-dire la sélection de leur cheptel et le choix des géniteurs -, enfin l'utilisation généralisée de la Frisonne-Holstein – qui a transformé la vache laitière en usine à lait, « robotisé » le travail de l'éleveur et appauvri de façon dramatique tout le potentiel génétique du cheptel bovin français. (…)

    « La réduction des races dans les différentes espèces animales domestiques a toujours été l'objectif de certains esprits simplificateurs voulant appliquer à l'agriculture et à l'élevage les méthodes de production employées dans l'industrie. (…)

    « Dans l'espèce bovine, c'est l'insémination artificielle qui a été le vecteur de l'élimination des races. (…) Un autre facteur d'élimination des races bovines fut le développement de la production laitière, la constitution d'énormes complexes industriels laitiers, privés ou coopératifs, ou les deux à la fois, où s'enchevêtrent de multiples intérêts n'ayant rien à voir avec ceux des producteurs de lait mais pour lesquels une seule chose compte : la production de masse. »

    Ce darwinisme agroalimentaire, qui semble mineur à première vue, est l'une des causes de la crise actuelle des éleveurs français (mais elle n'est évidemment pas la seule !), et il s'inscrit dans une logique qui est celle de la massification et de la Grande distribution : celle-ci prend les traits, en France, des élevages suréquipés en informatique (2), mais aussi de ces hangars qui enferment des dizaines de milliers de poulets ou de cette « ferme des mille vaches », ferme concentrationnaire de bovins, que dénonce régulièrement Alain Finkielkraut et les syndicalistes de la Confédération Paysanne, malheureusement en vain...

    Si l'on veut sauver les agriculteurs français, il faudra bien un jour penser un autre modèle que celui qui orchestre depuis trop longtemps le malheur des campagnes... L'agriculture biologique et locale, encore faible en poids économique et social, peut participer de ce nouveau modèle souhaitable et nécessaire d'une agriculture paysanne qu'il s'agit de promouvoir et d'étendre, au bénéfice des femmes et des hommes qui veulent vivre de leur travail, à la terre comme à l'étable, mais aussi des consommateurs.

    Notes : (1) : La Loi sur l'élevage du 28 décembre 1966, signée par Edgar Faure mais préparée sous son prédécesseur Edgard Pisani par Jacques Poly, un généticien, compte 18 articles qui organisent la sélection et l'insémination des bovins, ovins, caprins et porcins selon des critères appréciés, en définitive, par les généticiens et le Ministère de l'agriculture, et les rendent obligatoires, sous peine d'amendes : c'est la mise sous tutelle de la reproduction animale agricole pour les espèces sus-citées, au nom de « l'amélioration génétique du cheptel »... A relire les articles de cette loi, j'avoue un certain malaise et une certaine inquiétude : c'est une loi qui peut rappeler bien des souvenirs à ceux qui ont lu les textes d'anticipation d'Orwell et d'Huxley...

    (2) : un équipement informatique et de robots, désormais très « tendance », mais rarement rentabilisé : « c'est encore une source importante et supplémentaire d'endettement », me disait un agriculteur de la vieille école il y a quelques années, en signalant aussi que « la mise aux normes, principalement européennes » grevait aussi lourdement le budget des éleveurs.

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • La critique de la société de consommation par les royalistes en 1968.

    En préparant un sujet d'oral pour des élèves de classe préparatoire sur « les Trente Glorieuses » et en travaillant, presque dans le même temps, sur les royalistes dans les années 1968-1971, je suis retombé sur quelques textes de Pierre Debray, ce maurrassien atypique qui a eu le mérite d'ouvrir quelques pistes de réflexion nouvelles depuis les années 1950 jusqu'à la décennie 1980, pistes parfois plus ou moins heureuses mais toujours intellectuellement stimulantes. J'ai, en particulier, été très marqué par son idée que Ford avait été, en définitive, plus novateur et révolutionnaire que Marx et Lénine réunis, ce que Debray explique dans cet article publié par Aspects de la France (le titre de l'hebdomadaire de l'Action Française de 1947 à 1992) en 1968, quelques mois après les fameux événements de Mai, et dont il ne me semble pas inutile de reproduire ici quelques extraits :

    « On oublie trop que les Américains ont réussi une révolution moins spectaculaire mais plus efficace que l'Octobre rouge des bolcheviques. Son Lénine fut un constructeur d'automobiles de Detroit, Ford, qui découvrit que les patrons commettaient une faute de calcul en n'accordant qu'à contre-cœur, sous la pression de la grève, des augmentations de salaires aux ouvriers. Si ceux-ci gagnaient assez d'argent, ils achèteraient des autos. Les marges bénéficiaires baisseraient mais les ventes augmenteraient, d'autant qu'en produisant davantage on réduirait les prix de revient. M. Ford voyait dans cette opération un avantage supplémentaire : les petites entreprises qui ne pourraient supporter l'élévation des charges salariales seraient obligées de fermer leurs portes ou de fusionner avec les firmes les plus puissantes. Ce qui advint. L'industrie de l'automobile se concentra, au bénéfice de deux ou trois compagnies, dont Ford.

    « Ainsi fut développée cette fameuse société de consommation que nos « enragés » (1) vilipendent sans bien savoir de quoi ils parlent. »

    Cette analyse était d'autant plus intéressante qu'elle rejoignait la double préoccupation des traditionalistes qui s'inquiétaient à la fois d'un mode de société détruisant les formes anciennes et souvent rassurantes de l'Ordre « éternel » et de la civilisation de l'être (inquiétude qu'avaient mis en mots, sous des formes différentes, Bernanos et, de l'autre côté de la Manche, Tolkien) et d'une révolte qui se voulait révolutionnaire et tout aussi destructrice des bases de la société « de toujours »... Debray considérait, à la suite de son maître Maurras, que la tradition, qui se devait d'être critique pour être complète et efficace, était la condition même de la pérennité de toute société, de son être profond, de son âme. (2)

    « Quand l'école d'Action française condamne la société de consommation, elle sait parfaitement ce que cela veut dire. Il s'agit de la révolution copernicienne opérée par Ford le jour où il a compris que désormais il ne fallait plus produire pour consommer mais consommer pour produire. C'est que le grand problème n'est plus de fabriquer mais de vendre. (…) Comment écouler les milliards d'objets qui sortent chaque jour des usines sinon par l'organisation scientifique du gaspillage ? Nous entrons dans l'ère du gadget, ce qui ne sert à rien, (…) le produit idéal, puisqu'il n'est pas nécessaire de l'utiliser pour avoir besoin de le remplacer. Chacun peut acheter autant de gadgets qu'il en a envie. Le seul problème est précisément de lui en donner l'envie. La publicité s'en charge. »

    Cette société de consommation s'appuie sur ce que Konrad Lorenz appelait la « néophilie », cet amour de la nouveauté permanente et qui permet, justement, d'écouler nombre de produits que la mode présente comme « nécessaires » quand, pourtant, ils ne sont, la plupart du temps, que superflus. Elle est aussi la mise en valeur de la tentation, soutenue par le crédit à la consommation qui n'est rien d'autre que l'endettement des consommateurs : en somme, l'aliénation à la marchandise et l'enchaînement par la dette...

    Ainsi, la révolution Ford désarme-t-elle, effectivement, toute révolution politique qui voudrait remettre en cause l'ordre établi par (et pour) le capitalisme. D'ailleurs, Henri Mendras, dans son livre « La Seconde Révolution française, 1965-1984 », confirmera la fin des espérances politiques  et la « désacralisation des grandes institutions », dont le Parti Communiste et les syndicats ouvriers, entre autres.

    La critique royaliste de la société de consommation n'a pas, après Mai 68, rencontré le succès qu'elle méritait mais, aujourd'hui, les héritiers de l'Action française, y compris post-maurrassiens ou fort critiques à l'égard de Maurras, peuvent constater qu'elle a infusé dans le monde des idées et des revues, et que « l'écologie intégrale », prônée par le pape François, rejoint quelques unes des intuitions et préoccupations monarchistes évoquées par Pierre Debray au cœur même des « Trente Glorieuses »...

    Notes : (1) : Il s'agit des gauchistes et anarchistes de Mai 68 qui, à l'époque, connaissaient un certain succès et apparaissaient comme la forme la plus virulente de la contestation du « système » que symbolisaient à la fois le général de Gaulle (pourtant fort « traditionnel ») et la société de consommation de ce que Fourastié n'avait pas encore appelé « les Trente Glorieuses »...

    (2) : Est-ce suffisant pour qu'une société vive et s'inscrive dans le temps long et de plus en plus mouvant de notre contemporanéité ? La tentation, à laquelle n'ont pas échappé nombre de « conservateurs », a été de croire en un temps « invariable » et de vouloir figer les rapports sociaux, au risque d'étouffer eux-mêmes toutes les possibilités d'une « tradition vivante » et, d'une certaine manière, empirique. Au lieu d'enraciner, ils ont plutôt desséché les traditions qu'ils prétendaient servir ou sauvegarder : or, une tradition sèche est condamnée à n'être plus, me semble-t-il, qu'une nostalgie stérile...

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • La nécessité de désétatiser demeurera

    Jour après jour la campagne présidentielle française s'embourbe dans un caniveau d'affaires plus ou moins manipulées et dans un écheveau de manœuvres obliques. Sans même parler en lui-même du feuilleton géré pendant un mois par le parquet national financier et la magistrature syndiquée, cette évolution a pollué tout débat de fond sur les besoins du pays. Et, en haut lieu, on a indiscutablement décidé de faire ainsi détourner l'attention et à éviter les vraies questions.

    Les provocations et digressions se sont ainsi accumulées. Plus on examine, par exemple, les réactions aux propos algériens de M. Macaron, plus on constate l'afflux de commentaires convergents de Français outragés. Une couche y a été rajoutée quand il a repris la fameuse phrase de Charles De Gaulle au forum d'Alger dont visiblement il ne connaît pas le contexte. Même ma propre réaction m'incite, non pas à me retirer de cette polémique mais à me contenter d'entendre plus encore que d'approuver ceux qui s'indignent de la faute, autant morale que politique d'un candidat qui devrait nous sembler désormais ridicule. Il nous aime, dit-il, passionnément. À la folie. Pas du tout.

    Au moment où nous écrivons, et où ce candidat lui-même prétend révéler son mystérieux programme tissu de contradictions, nous savons très bien que nous ne nous apprêtons à élire ni un "sauveur", ni un directeur de l'assurance maladie.

    Il apparaîtra en effet de plus en plus clairement, après un demi-siècle de quasi-confirmation plébiscitaire de la suprématie présidentielle, que les assemblées vont jouer, désormais, un rôle beaucoup plus important dans nos institutions. À cet égard quand on entend dire qu'il faut ou que l'on se propose d'instaurer une sixième république, slogan supposé chic et audacieux, on doit évidemment hausser les épaules. Pour ronflante, l'expression se révèle vide de sens. En 1958, Charles De Gaulle avait prononcé, symboliquement place de la République, un discours fondateur. Il mettait les choses au point : "de cette république, on dit qu'elle est la cinquième, en réalité c'est toujours la même."

    Dans la constitution actuelle, de nombreuses révisions sont intervenues, certaines de détail, d'autres beaucoup plus cruciales. Citons : l'élection du chef de l'État au suffrage universel direct instituée en 1962, et l'invention de la loi de financement de la sécurité sociale devenue en 1996 le premier budget du pays, ont largement transformé le régime. D'autres tournants y ont contribué y compris les jurisprudences du conseil constitutionnel.

    Notons à cet égard que, si certaines dispositions peuvent paraître de peu d'importance, d'autres équilibres résultent de lois que l'on n'a pas incorporées à la constitution : ainsi la loi de séparation de l'Église et de l'État de 1905, si souvent considérée comme essentielle pour l'idée républicaine elle-même, pourrait être abrogée d'un trait de plume. En 2012, pour se prémunir d'un tel danger le grand orient avait fait promettre au candidat Hollande son incorporation à la loi fondamentale. Promesse non tenue, peut-être par pure négligence, plus probablement pour satisfaire une tactique électorale communautariste.

    Au moins aussi importante, l'affirmation de Chirac en date du 4 octobre 1995 faisant de la sécurité sociale une sorte de pilier fondateur de l'identité française, n'a cessé depuis plus de 20 ans de produire ses méfaits, dont le premier fut consacré par la réforme constitutionnelle de 1996 étatisant le dispositif. Rappelons que ce plan Juppé porte entre autres la responsabilité du désert médical grandissant dans notre pays, et d'autres conséquences structurelles catastrophiques dans le secteur de la santé, mais aussi la déconstruction de ce qui se voulait depuis la seconde guerre mondiale un soutien de la famille et de la natalité françaises en France, etc.

    Un candidat avait-il, dans un discours prononcé le 18 novembre 2016 au palais des congrès, osé critiquer ce prétendu modèle français et affirmé la nécessité de désétatiser ? Comme dans la chanson "il a dit la vérité, il doit être exécuté".

    Cependant on doit le dire très fermement. Le programme plébiscité par des millions d'électeurs de droite les 20 et 27 novembre, restera nécessaire, quel que soit le résultat du scrutin présidentiel, au redressement de la France et les manœuvres élyséennes de ces dernière semaines, devront être déjouées. La nécessité de désétatiser la protection sociale demeurera.

    Quand les mythes l'emportent sur les faits, il faut lutter pour la vérité.

    JG Malliarakis

    http://www.insolent.fr/2017/03/la-n%C3%A9cessit%C3%A9-de-d%C3%A9s%C3%A9tatiser-demeurera.html

  • Marine Le Pen aux agriculteurs : « Tenez bon ! »

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    8811-20170302.jpgLorsqu’elle va à la rencontre de la France qui se lève tôt, il se passe quelque chose. Mais cette fois, il y a indéniablement un truc en plus. Dans l’air et sur les visages, il flotte un parfum de « Serait-ce possible alors ? »

    « Je suis venue dire aux agriculteurs français de tenir bon, ils doivent pouvoir vivre décemment de leur travail. Dans cinq ans, si ça continue comme ça, honnêtement je ne sais pas ce qu’il restera. » Le contraste a de quoi frapper : après les huées, les sifflets et les injures sous lesquels François Hollande et Stéphane Le Foll ont parcouru le Salon de l’Agriculture, Marine Le Pen, visiblement heureuse de se trouver là, est ovationnée. Elle va y rester dix heures et demie, record à battre (pas par Fillon qui mercredi matin a annulé sa visite à la dernière minute). « Vas-y Marine, on y croit ! », « Marine présidente ! », « Marine sors-nous de l’Europe ! », « Marine il n’y a que toi ! ».

    « A ce point-là, je n’avais jamais vu », nous confirme Philippe Loiseau agriculteur et député européen. « Année présidentielle oblige, mais c’est un indice significatif ». Alors qu’elle est entourée d’un mur vivant et quasi-impénétrable de micros et de caméras, les exposants, agriculteurs et visiteurs écrasés par la cohue, tentent de se frayer un passage pour l’apercevoir, la saluer, l’encourager, grimpant sur des bottes de pailles ou sur les épaules d’un plus costaud qu’eux. Un journaliste qui bouscule une impressionnante charolaise et piétine sa stalle pour obtenir un cliché, se fait « recadrer sévère » par un éleveur : « Oh, ça va pas non ? Racaille, va ! Pour ce que tu vas en faire de tes images, dégage ! ». Ce matin on est loin de la bobosphère et ça fait du bien.

    « On est en train de crever »

    « Hollande, quand il passe là, il est caché et personne ne peut l’aborder. Il ne discute pas avec nous », confie un agriculteur au micro de RTL. « On veut du changement. On est en train de crever. Et elle nous écoute et nous comprend », renchérit un éleveur. Un visiteur qui du coup ne regarde plus le moindre animal, court vers le cortège, ravi : « Je ne savais pas qu’elle serait là aujourd’hui et ma femme qui l’adore ! ». Le Point se lamente : « Les agriculteurs avouent de plus en plus facilement leur préférence (…) Le programme de Marine Le Pen est celui qui fait la part la plus belle à l’agriculture. » Ceci explique peut-être cela ?

    Pas très loin de là, Xavier Bertrand connaît un grand moment de solitude, entouré de Gérald Darmanin (qui aurait dû être porte-parole de campagne de Sarko et qui se recycle péniblement), de cinq malheureux journalistes (je les ai comptés) et d’une passante énervée qui lui criera : « Casse-toi le plan B ! » en le huant copieusement.

    Le patriotisme agricole

    Après s’être entretenue avec les professionnels de la filière laitière, le CNIEL et la FNPL, Marine Le Pen s’attarde près de Fine, la vache bretonne du Pays de Redon, vedette de ce 54e Salon de l’Agriculture et s’adresse aux éleveurs :

    « Il faut franciser les aides versées aux agriculteurs, faire du patriotisme économique et en finir avec la PAC. Il faut arrêter de sous-traiter à l’Union européenne l’avenir de notre agriculture. Il faut sortir d’un cadre qui a abouti à la ruine de l’agriculture, et attribuer directement les aides aux agriculteurs. »

    Marine Le Pen veut nationaliser la distribution des aides et organiser cette distribution sur des critères plus justes, réguler les négociations entre grande distribution et agriculteurs et mettre un terme aux traités de libre-échange, CETA et TAFTA. Alors qu’un tiers des agriculteurs vit avec moins de 354 euros par mois, elle appelle au « patriotisme agricole ». Elle préconise que « l’argent des Français serve à acheter des produits agricoles français », que les collectivités locales puissent se fournir auprès des producteurs français et que l’on donne l’avantage aux produits français dans la commande publique et notamment dans le marché des cantines. « Ce qui est interdit par l’Europe aujourd’hui ».

    « Tous les autres votent FN »

    Arrivée vers 8 h 30 au Salon, Marine Le Pen a déjeuné au stand des DOM-TOM où elle a reçu un accueil de rock star, rencontré la filière porcine, les jeunes agriculteurs qu’elle propose d’aider à s’installer par des mesures de défiscalisation et les vignerons indépendants : « Les vignerons indépendants participent de la grande réputation de nos vins. Il faut les aider à transmettre leurs exploitations. » La candidate a poursuivi sa visite jusqu’à la fermeture, bien après que les poules soient couchées.

    Selon la dernière enquête du Cevipof pour Le Monde, Marine Le Pen est créditée de 35 % des intentions de vote chez les agriculteurs. Pour la première fois, le Front national devance Les Républicains anciennement UMP, dans le monde agricole. Agriculteur en Moselle et maire de Sainte-Barbe, Christian Perrin s’en ouvre aux journalistes : « Marine Le Pen a un discours qui est entendu par les agriculteurs, car elle promet de les sortir de la misère. » Si lui-même vote Fillon, il constate qu’ils ne sont plus que « deux-trois éleveurs » à faire comme lui dans sa commune. « Tous les autres votent FN ». Comme chez Villiers en somme…

    Caroline Parmentier

    Article paru dans Présent daté du 2 mars 2017

    http://fr.novopress.info/