De la conférence de presse tenue hier par François Hollande à l’Elysée, la première depuis son élection, Marine Le Pen a dit de manière resserrée tout ce qu’il fallait en penser –voir son communiqué en ligne sur le site du FN. Avec une légitimité dans les critiques qui ne saurait être celle des caciques de l’UMP frayant largement dans les mêmes eaux euromondialistes que leurs frères ennemis du PS. Une UMP en pleine guerre des chefs –elle laissera des traces…- alors que les adhérents sont amenés à voter dimanche prochain pour désigner leur nouveau président, et qui pousse MM. Fillon et Copé à sortir les dagues tout en parlant souvent à tort et à travers.
Dernière affaire en date, rapporte Lepoint.fr « interrogé ce mardi matin sur BFM TV/RMC sur l’hypothèse d’un rassemblement entre la droite et l’extrême droite, François Fillon a répondu : jamais. Interrogé sur les intentions de Jean-François Copé, il avait assuré, avant d’être coupé par une autre question : Je ne le crois pas, parce que je pense que tout dans ses origines, dans son engagement politique le conduit… Dans son récent livre Manifeste pour une droite décomplexée, Jean-François Copé raconte que son grand-père paternel est arrivé en France en 1926 en provenance de Roumanie pour fuir l’antisémitisme et le bolchévisme et que ses grands-parents et son père ont été sauvés en novembre 1943 d’une rafle nazie par une famille de Justes à Aubusson. »
« Michèle Tabarot, soutien de Jean-François Copé» a dénoncé « les propos pour le moins ambigus et alambiqués (de François Fillon qui) ne sont pas acceptables.» Un autre soutien de M. Copé, « le député UMP du Nord Sébastien Huyghe, s’est lui aussi étonné que François Fillon ait fait référence aux origines de Jean-François Copé pour expliquer certains positionnements politiques de ce dernier (…). Faut-il rappeler à M. Fillon que c’est ce type de logiques qui ont dérapé par le passé en certaines idéologies éloignées de nos principes républicains (…) », ajoute M. Huyghe.
Encore un peu et les amis de Jean-François Copé accuseront François Fillon de dîner régulièrement avec Dieudonné !
Au registre des énormités, M. Copé n’est pas en reste. En témoigne la saillie de ce dernier, – petite phrase qui s’inscrit pleinement dans la compétition interne à l’UMP- qui a contesté vendredi dernier le droit de Florian Philippot, vice-président du FN, à déposer une gerbe, « à titre personnel » et ne portant « pas de marque du Front National », sur la tombe du Général De Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises (Marne).
Le secrétaire général de l’UMP, qui s’est lui aussi rendu sur la tombe du fondateur de la Vème République a éructé : «Quand on sait que depuis 1940, de manière continuelle, l’extrême droite a appelé à exécuter le général De Gaulle… Que le Front National envoie l’un de ses membres les plus zélés devant la tombe du général De Gaulle, ça s’appelle de l’usurpation d’identité».
Usurpation, « compliment » que l’on peut renvoyer aux héritiers putatifs du « gaullisme » qui se sont échinés à mettre à bas les aspects positifs de la politique menée par le général et que Florian Philippot a résumé: «L’indépendance nationale, la grandeur de la France, l’Europe des nations…».
M. Copé feint en outre d’ignorer ce qui est la base même de la « philosophie » qui a présidé à la création du FN il ya quarante ans, à savoir, une volonté de rassemblement de toutes les forces patriotiques, de réconciliation nationale par delà les divisions et les déchirements nés des traumatismes de la défaite de 1940 et de la décolonisation.
Un De Gaulle qui serait aujourd’hui cloué au pilori par les Copé, Fillon, Pécresse, Wauquiez, Bertrand, NKM et consorts , rappelait Bruno Gollnisch, il y a deux ans, pour avoir alerté des dangers d’une submersion migratoire non européenne et qui, rapportait Alain Peyrefitte, expliquait que « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ».
A l’évidence en effet insistait Bruno, « Il y a bien un peuple français qui est principalement -pas exclusivement- une synthèse des civilisations celtique, latine et germanique » dans une France qui «n’est pas réductible aux valeurs républicaines, à l’idéologie des droits de l’homme, n’est pas née en 1789 ; c’est une réalité charnelle et spirituelle »
Alors certes, Bruno Gollnisch, modéré en tout, est très modérément « gaulliste », la geste gaullienne étant de son point de vue entachée de beaucoup de travers et d’ambiguïtés.
Nous l’évoquions déjà sur ce blog, il y a le De Gaulle de la résistance et celui de l’épuration sauvage, « l’homme qui faisait se battre les Français entre eux » ; le De Gaulle cynique, vaniteux, menteur, manipulateur, aux mains couvertes du sang des patriotes, et celui des belles envolées lyriques de ses Mémoires dans lesquelles, parfois, filtre la vérité…
Il y a le De Gaulle maurrassien et le De Gaulle progressiste ; celui du refus d’abdiquer notre indépendance nationale et de la trahison des pieds noirs, du massacre des harkis ; le De Gaulle des accords d’Evian privant notamment notre pays des ressources énergétiques du Sahara, celui de la décolonisation de l’Afrique noire plus ou moins réussie, de la sortie de l’Otan, de la dissuasion nucléaire, du refus, nous l’avons vu de l’immigration-invasion…
Et si le drame de l’Algérie française a été le déclencheur à l’adolescence, de la conscience politique, de l’engagement de Bruno Gollnisch, celui-ci a toujours dénoncé «le largage dans des conditions indignes, indécentes, atroces de l’Algérie ». «Je suis persuadé contrairement au général De Gaulle que si la France était restée en Algérie il y aurait beaucoup de moins d’immigration en provenance d’Algérie parce que ce pays serait prospère et les populations auraient de quoi vivre et prospérer sur leur territoire natal…»
Présent samedi à Nice devant 250 militants pour célébrer le 40e anniversaire du FN, « un événement exceptionnel dans la vie des partis politiques nationaux », Jean-Marie Le Pen n’a pas manqué d’être questionné sur ce dépôt de gerbe d’un dirigeant du FN sur la tombe de De Gaulle.
« Cela prouve la largeur d’esprit des gens du Front National» a déclaré son Président d’honneur lors d’une conférence de presse. «Il est bien évident que nous ne sommes pas d’accord sur tout au Front National, mais nous sommes d’accord sur l’essentiel ». « Il y a toutes sortes de citoyens au Front National, y compris des gaullistes. Mais je ne serai pas plus choqué par le fait qu’on aille déposer une gerbe sur la tombe du général De Gaulle que je ne serai choqué si quelqu’un du Front National déposait des fleurs sur la tombe du Maréchal Pétain », a-t-il déclaré.
Un Philippe Pétain qui devant l’Histoire, comme Charles De Gaulle, rappelait d’ailleurs Bruno Gollnisch il ya deux ans à Villepreux, « doit avoir la place que mérite la vérité. »
« La vérité d’un régime corrompu et incapable de dirigeants élus par le Front populaire, qui, dans la catastrophe à laquelle ils ont été incapables de faire face, se sont lamentablement débinés et ont refilé à ce vieillard l’ardoise de leurs erreurs (…). Il y a des gens de bonne foi qui ont suivi Pétain, il y a des gens de bonne foi qui ont suivi De Gaulle.»
« Ce dont je suis sûr en tout cas, indiquait-il encore, c’est que les dirigeants actuels sont 100 fois plus coupables, si tant est qu’il l’ait été, que le Maréchal Pétain. Il avait au moins une excuse, celle d’une armée victorieuse et implacable qui campait sur le territoire national. »
« Tandis que les traîtres qui sont aujourd’hui au pouvoir, c’est en toute connaissance de cause qu’ils bradent la France, qu’ils livrent son économie, qu’ils livrent son identité à l’étranger, portant atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat, pour le seul profit de leurs intérêts abjects. »
Une dernière remarque sur laquelle s’accorde tous les frontistes et beaucoup de Français, par-delà leur sensibilité particulière.