Fil conducteur de l'intervention de Paul-Marie Coûteaux à l'Université d'été du Front National à la Baule
L'installation en France d'une religion qui n'y a guère de tradition, l'islam, semble ne recevoir de tous côtes qu'une réponse, la laïcité - plus précisément la loi de 1905 séparant les cultes et l'Etat. Sur un certain plan, cette réponse est la bonne et il faut se féliciter de ce que Marine Le Pen l'ait catégoriquement réaffirmée ces derniers jours comme elle le fait depuis des années, à l'heure où ceux qui se veulent ses défenseurs sont souvent incapables de la respecter - voir par exemple, au-delà des prières de rues, les très fréquentes infractions à la loi de 1905 par des municipalités des plus laïcardes aux fins de favoriser la construction de mosquées. Notre attachement au principe de la laïcité est d'autant plus nécessaire que le gardien du temple laïc le bafoue quotidiennement.
Hélas, il est cependant impossible de s'en tenir là. La loi de 1905 vaut certes pour l'un des aspects de toute religion, sa liturgie, ses rites, son aspect proprement cultuel, dont il est entendu qu'il ne doit pas trouver d'expression manifeste et ostentatoire dans un cadre public aux fins d'être strictement « relégué dans la sphère privée ». Or, c'est être bien ignorant du fait religieux que de le limiter à ce versant cultuel et de faire l'impasse, par commodité, sur son versant culturel -ou pour mieux dire, civilisationnel. Une religion c'est un culte, mais bien souvent aussi une civilisation, et c'est alors que tout se complique.
Doit fait l'impasse sur la civilisation ? Bien des "laïcards" le tentent ; telle est bien une des erreurs propres à l'esprit moderne que d'oublier la civilisation (que les modernes réduisent au mot passe-partout de "société") et de faire comme si celle-ci n'était pas d'abord construite autour d'une foi, par là d'une représentation du monde, de codes esthétiques, moraux, para-politiques mais décisifs, au point d'ailleurs qu'il ne se connaît pas dans l'histoire des civilisations sans dieux ni Dieu. Ce qui est vrai des civilisations chrétiennes qui, de tout temps et en tout lieu se sont accompagnées de manifestations extérieures (depuis les croix des sanctuaires au bord des routes ou les flèches des cathédrales qui parsèment notre territoire, jusqu'aux colliers posés sur des poitrines ou la fixation d'un calendrier qui lui donnent ses rythmes ), l'est encore plus pour la religion musulmane dont il est bien connu qu'elle ne distingue nullement ce qui ressort de l'ordre privé et ce qui ressort de l'ordre public, au point que ce dernier est tout entier réglé par elle, y compris ses principes politiques. Faut-il redire que l'islam n'est pas seulement une religion, ce que nous admettons implicitement lorsque nous disons couramment que tel ou tel individu est « d'origine musulmane » et ce que les musulmans admettent souvent lorsque, à qui les interroge sur leur identité, ils répondent bien plus souvent "musulman" que "Français".
Ici, la loi de 1905 est inopérante. Car, non seulement la réponse laïciste ne règle pas les aspects civilisationnels des religions, mais sa prétention à tenir toute religion à distance, et même à égale distance, est absolument intenable dans ses conséquences -ou bien faudrait-il changer le calendrier, abattre les clochers et leurs croix, jusqu'à celles qui ornent les portes d'un bon nombre de nos cimetières- comme vient de le faire une municipalité d'Eure et Loir … Une telle extrémité serait d'autant plus absurde qu'il faudrait recomposer le calendrier en supprimant toutes fêtes religieuses, supprimer tout édifice trop visiblement religieux, expulser de notre vocabulaire tous les mots d'origine confessionnelle, etc.…
Nous sommes donc condamnés, sauf bien entendu à supprimer l'idée et le mot même de civilisation (au bénéfice de quoi, sinon la réduction au seul universel qu'est aujourd'hui le triste univers marchand?) à accepter le legs d'une civilisation chrétienne infiniment plus importante que ne l'est, pour la civilisation française la tradition musulmane. En d'autres termes, nous serons bien obligés tôt ou tard à reconnaître une préférence chrétienne.
Cette préférence n'a rien de scandaleux, et devrait même aller d'elle-même. Qui osera dire que les deux civilisations, la judéo-gréco-chrétienne et l'Islam sont à égalité ? Et qui oserait conséquemment soutenir qu'il est possible, et même souhaitable, que la cohabitation dans une même nation, non pas seulement de deux religions, mais de deux civilisations, n'est pas dangereuse, lourde de conséquences, d'accrochages et de conflits - par exemple, faudra-t-il réserver la direction de services publics sensibles, armée, police, justice, à l'une ou l'autre appartenance, répartir les jours marquants de nos calendriers au prorata de quotas toujours évolutifs, donc toujours discutables, et toujours conflictuels ? Ne pas accepter la reconnaissance simple et tranquille d'une préférence chrétienne nous condamnerait soit à ce genre de guerres civiles à ressors religieux si souvent rencontrés dans l'Histoire, et qui répandit tant de malheurs, soit à tenter l'utopie d'une civilisation sans religion, et finalement d'une société sans civilisation dont certains caressent peut-être le projet sans en mesurer les effets ultimes, une éradication soigneuse de toute expression religieuse, une atomisation parfaite des êtres et des communautés, la victoire totale du l'enrégimentement général des hommes par les seules lois du marché, de la marchandise universelle et de l'avoir solitaire…http://www.siel-souverainete.fr