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Syrie : les bobards qu’on nous raconte…

Tribune libre de Robert Ménard*

« Sous le porche, deux gamins trafiquent des munitions comme des billes et jouent aux “martyrs”, la nouvelle mode des cours de récréation qui consiste à s’écrouler à terre, comme fauchés au combat en s’écriant “Allah akbar”. » raconte Florence Aubenas dans Le Monde.

Que se passe-t-il réellement en Syrie ? Derrière les chiffres diffusés par l’Observatoire syrien des droits de l’homme – en fait, une ONG liée à l’opposition – qu’en est-il des violences, de leurs auteurs, de leurs alliés ? La fable que nous content la plupart des médias – un peuple pacifique opposé à un dictateur sanguinaire – a-t-elle un quelconque rapport avec la réalité ?

Reprenons.

Oui, le régime de Bachar el-Assad porte une immense responsabilité dans la situation actuelle.

Oui, le fils du despote Hafez, continuant à privilégier ses proches ainsi que ses coreligionnaires alaouites, a déçu tous ceux qui, au début des années 2000, ont cru au « printemps de Damas ».

Oui, le régime toujours en place est d’une rare brutalité, ses milices ne reculant devant aucune exaction, ses hommes multipliant les massacres.

Non, il n’est pas le seul à recourir à une violence aveugle : un vrai djihad est aujourd’hui à l’œuvre, loin, très loin des revendications populaires de 2011.

Non, l’Armée syrienne libre n’est ni libre, ni syrienne. Elle est aidée, financée, assistée par les Occidentaux et, surtout, par les monarchies du Golfe. Elle compte dans ses rangs de plus en plus de volontaires islamistes venus des quatre coins du monde musulman.

Oui, une bonne partie des opposants à Bachar el-Assad rêve d’imposer un régime où, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fera pas bon vivre pour les femmes et les minorités religieuses. Alors que, jusqu’ici, bon an mal an, laïcité et égalité hommes/femmes prévalaient.

Oui, la politique des Occidentaux est incompréhensible. Comme s’ils n’avaient tiré aucune leçon des lendemains du « Printemps arabe » en Tunisie, en Libye et en Égypte…

Oui, nous jouons avec le feu. À soutenir une opposition gangrenée par les islamistes, à fermer les yeux sur l’ingérence des pires des régimes de la région, à refuser de prendre en compte les inquiétudes de la Russie, nous pourrions installer demain à Damas un régime qui nous ferait regretter la famille el-Assad. Un comble !

*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il vient de lancer le portail Boulevard Voltaire.

http://www.ndf.fr

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