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Ce que coûtent les privilèges des agents d'EDF

Si l'on se réfère aux documents comptables d'EDF, on constate avec un peu d'étonnement que l'opérateur du monopole historique provisionnerait pour l'année 2011 la somme colossale de 2,9 milliards d'euros, sur un chiffre d'affaires de 65,3 milliards. Cette somme est déduite "au titre des engagements pour l’avantage en nature énergie". On enregistre ici une hausse considérable par rapport à l’année précédente où elle représentait un montant de 2 milliards.

On n'arrête pas le progrès.

De quoi s'agit-il en l'occurrence ?

Les agents des industries électriques et gazières, c'est-à-dire essentiellement les salariés d'EDF et de GDF-Suez bénéficient d'un tarif préférentiel. Ils payent entre 5 et 10 % du prix réel que supporte le consommateur ordinaire. Ceci vaut aussi bien dans leurs résidences secondaires et assimilées, que dans leur foyer. Ce "tarif agent" est appliqué la vie durant. Au total environ 300 000 personnes profiteraient de cet avantageux passe-droit. (1)⇓

Bien entendu, et les chiffres et les détails, bien que relevant de réglementations associées au monopole étatique historique ne sont diffusés dans le public qu'avec parcimonie. On sait par exemple ce qu'EDF "provisionne" dans ses comptes, on ne dit pas ce que le groupe supporte réellement.

Complice de cette omertà, la CGT se refuse à tout réexamen. Elle en fait curieusement une sorte d'héritage culturel. Le porte-parole de la CGT Mines-Énergie, le camarade Langlard déclare ainsi que "dès la fin du XIXe siècle, dans certaines communes [lesquelles ?] les agents payaient l’électricité à prix coûtant, car cela date d’avant les nationalisations de 1946. C’est comme la part du pêcheur ou la baguette du mitron"(2)⇓

De façon apparemment irrationnelle la centrale communiste, majoritaire au sein du Comité d'entreprise, défend bec et ongles toute idée de reconversion de cet avantage en nature en augmentation des rémunérations. Ses plus grosses mobilisations des dernières années ont porté en 2011 sur la défense de ce système archaïque du tarif agent.

En effet jamais la CGT ne l'admettra, mais elle porte, par son aveuglement et son obstination, une responsabilité considérable dans les dégâts du tout électrique – y compris dans le paysage français abîmé par des lignes que l'on pourrait aisément enterrer. Quiconque a aimé la série "inspecteur Barnaby" a pu remarquer combien est jolie, sans poteaux électriques, la campagne anglaise. Pour attirer les touristes les Anglais le font, pourquoi pas nous. S'agit-il de concurrence déloyale ? Perfide Albion !

Le gouvernement actuel est en grande réflexion autour de l'idée d'un bonus-malus pénalisant la surconsommation d’énergie : que n'examine-t-il pas celle qui résulte de cette absurde tarification incitatrice au gaspillage chez ceux qui devraient au contraire donner l'exemple d'une meilleure gestion du gaz et de l'électricité.

Car des études existent. Quoique confidentielles on peut les retrouver. Ainsi en 2003, sur un échantillon de 2 800 consommateurs on découvre que la moyenne des foyers à tarifs réglementés (compteur bleu, utilisateurs du chauffage électrique, etc.) consomme un peu plus de 4 345 kWh par an. Or, parmi ceux-ci on compte 27 "tarifs agent" qui consomment, eux, en moyenne 18 837 kWh. Soit 4,3 fois plus. Or, d'après une étude du Sénat un ménage français utilise en moyenne 2 423 kWh soit deux fois que les clients à tarif spécial et sept fois moins que les agents EDF.

Tout cela s'inscrit dans une logique assez élémentaire : plus le produit est bon marché, plus on le gaspille. En Union Soviétique où le gaz était "gratuit" les ménages laissaient les brûleurs fonctionner en permanence en raison du prix et de la mauvaise qualité des allumettes.

Aujourd'hui les préoccupations environnementales montent en puissance mais, à la CGT, on demeure dans le déni : "on ne s’est jamais posé cette question, syndicalement, elle ne nous intéresse pas." Circulez il n'y a rien à voir. EDF et GDF se gardent bien de communiquer sur le sujet.

On sait seulement que les subventions au comité d'entreprise d'EDF sont indexées sur la consommation d'électricité.

On connaît la formule de Lénine : "le communisme c'est la dictature du prolétariat plus l'électricité."  (3)⇓ La dictature du prolétariat est tombée à l'eau. Qu'est-ce qui reste ?

http://www.insolent.fr

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