Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le bon sens loin de chez nous par Jacques GEORGES

 

On le sait depuis si longtemps qu’on ne le réalise même plus, mais notre époque est une mine pour les dingues. Le loufoque est partout : pour s’en tenir à l’actualité française des derniers jours, le duel Copé – Fillon, le mariage pour tous, le débat sur le genre, ou même la menace de nationalisation de Florange, sans parler des sujets plus graves, la cavalcade tri décennale des dettes, la poursuite joyeuse de l’immigration de masse et de la substitution de population, amènent à se gratter la tête et à se demander : nos dirigeants ont-ils encore un reste de bon sens ? D’ailleurs, le bon sens est-il encore une valeur lisible et reconnue aujourd’hui ?

 

C’est pour essayer de mettre un peu de clarté sur ce sujet que, fort d’une journée de bulle en perspective, je me suis attablé ce matin face à la baie d’Alger (1) et ai commencé à tapoter mon clavier. Voici le résultat. Je précise que tout ce qui suit est rigoureusement exempt  de toute lecture préalable, réflexion intellectuelle approfondie, ou consultation d’ouvrages universitaires de haute volée, pardon pour le pléonasme. Je connais trop les intellectuels pour m’en inspirer sur tout ce qui compte. Nous allons essayer en toute simplicité et de bonne foi (deux vieux compagnons du bon sens) de définir le bon sens, d’en préciser les frontières, de tirer quelques conclusions, et peut-être de proposer quelques mesures de bon sens pour redonner un peu de tonus à icelui.

 

Définir le bon sens est a priori fastoche : c’est tout ce qui ne heurte pas le bon sens. Excellente réponse. Faisons quand même un pas de plus : c’est une grille de lecture, un guide pour la réflexion et pour l’action. Mais encore ? C’est une grille de lecture, un guide qui permet de discriminer, de classer, de juger, de se forger une opinion sur une infinité de sujets : actions et attitudes de la sphère privée, programmes et décisions politiques, productions intellectuelles et artistiques par exemple. Le contenu de la grille, sa chimie, ses gênes ? Ça devient un peu compliqué. Osons. Serait de bon sens tout ce qui :

 

— est perçu comme tel par une large majorité de braves gens;

 

— déplaît à Saint-Germain-des-Prés;

 

— séduit les ingénieurs et déplaît aux Sciences Po et autres énarques;

 

— n’aurait que des avantages et pas d’inconvénients, ou manifestement plus d’avantages que d’inconvénients;

 

— serait  conforme à la raison;

 

— traduirait une bonne santé de base;

 

— privilégierait le long terme, ou ce qui est validé par l’expérience, voire la tradition;

 

— éviterait ou éloignerait les catastrophes;

 

— tendrait à perpétuer tout ce qui compte vraiment, je ne sais, l’espèce, la vie, l’amour.

 

Cette tentative laisse perplexe; tout ceci est fragile et discutable; on sent qu’on peut aller très loin comme ça, noircir des milliers de pages de précisions, de distinguos, de questions qui s’ajoutent aux questions, sans arriver au bout. On peut tourner autour du bon sens, pas le définir. D’où l’intérêt des frontières.

 

Les frontières de l’empire du bon sens sont perpétuellement menacées et fluctuantes. Cet empire est pépère, conservateur, souvent ennuyeux. Laissé à lui-même, il lasse et donne toutes leurs chances à une nuée d’ennemis hétéroclites, certains de haut vol (religions, idéologies, passions, romantisme, rêves d’intellectuels, égos d’artistes), d’autres de petite vertu (jalousie, envie, ignorance, bovarysme et états d’âme divers, attrait de la nouveauté, légèreté, bêtise individuelle ou de masse, etc.), d’autres encore très méchants (morbidité, nihilisme, attrait du suicide et de la destruction). Son cœur qui a pour capitale « Préservation de l’espèce » a jusqu’à présent résisté à tous les assauts, mais, après consultation de quelques écolos profonds et militaires militants, je me demande pour combien de temps encore. Depuis toujours ses frontières n’ont cessé de bouger et son territoire d’évoluer comme un accordéon. Illustrons ce propos par quelques exemples malheureusement réduits, faute d’espace et de connaissances à la hauteur, à l’espace européen : massacré à la fin de l’Empire romain par une gangrène nihiliste heureusement vite reprise en mains, stabilisé par Charlemagne, prospère sous un Ancien Régime entièrement dévoué à sa cause, malmené un temps par les guerres de religion et la première mondialisation, chahuté par les Philosophes, mis sens dessus dessous par la Révolution, heureux, sûr de lui et dominateur un court instant dans l’Europe de Bismarck et de la « Belle Époque », menacé de sérieuses lézardes dès ladite « Belle Époque », suicidé en 14, ridiculisé sous le règne surréaliste, commettant depuis lors de multiples tentatives de suicide qui l’ont démoralisé et épuisé, jusqu’à aujourd’hui. Aujourd’hui, comment se porte le bon sens ? Très mal en Europe, pas fort en Amérique, assez bien ailleurs, bien en Russie et en Chine, malgré menaces et lézardes, comme en Europe du temps de Bismarck. Très bien nulle part, je dois l’avouer.

 

Alors, que faire, hic et nunc, c’est-à-dire dans l’Europe de 2012 ? Partons de l’idée que, l’homme étant ce qu’il est, cet empire n’a d’attrait durable, et par conséquent de stabilité et d’avenir que pimenté d’un gros zeste d’irrationnel : recherche du beau, de la grandeur, d’un minimum de justice, etc. Ça, c’est pour le long terme, quand l’Europe aura accouché d’un Louis XIV continental ou d’un nouveau Bismarck. Dans l’immédiat, je ne vais pas devenir grave et tangenter le grotesque en esquissant ici un programme de réhabilitation continentale du bon sens. Regards tournés par exemple vers la Russie de Poutine, ou vers la Chine de Xi Jin- Ping, voici quand même quelques modestes pistes de réflexion :

 

• Se mettre dans la tête quelques vérités de base oubliées. La première est que la vie est tragique. Ceci comporte de nombreuses et fondamentales conséquences. Tout se paie. Par exemple, la dette accumulée par des décennies de déficit irresponsable. Par exemple encore, l’immigration de masse. Voici un danger de très grande dimension, dont la survenance est certaine, et qui pourtant prospère presque sans réaction. Nous sommes face à un défi historique au bon sens, une pure aberration, une énigme, une maladie mentale. Celle dont on meurt.

 

• De façon générale, les idéologies mortifères qui cautionnent les politiques suicidaires et masquent leur lâcheté doivent être combattues moins comme des ennemies politiques que comme des maladies mentales épidémiques : une certaine interprétation des « droits-de-l’homme », l’anti-racisme, la théorie du genre, l’individualisme extrême et ses épigones gays et divers, de nombreuses aberrations intellectuelles et artistiques, etc. À défaut de les éradiquer, objectif non réaliste jamais réalisé dans l’histoire, il faut sans cesse les contester, mieux, si possible, les ridiculiser, ce qui en théorie ne devrait pas être impossible en mobilisant les réserves de bon sens disponibles et brimées dont tout peuple vivant dispose.

 

• La valeur « long terme » doit être privilégiée systématiquement, et quelques hiérarchies doivent être réhabilitées : supériorité du collectif sur l’individuel, du beau sur le moche, du grand sur le médiocre, de la vie sur la mort, du mouvement sur l’immobilisme, de la générosité sur la pingrerie, de l’action sur la branlette intellectuelle, de la famille sur l’individu, de l’effort sur la paresse, de la prise de risque sur la vie tranquille, etc.

 

• Je verrais bien quelques chamboule-tout de défoulement, limités par prudence à quelques figures du passé : pêle-mêle, puis-je suggérer Déroulède, Clémenceau, Duchamp, Poincaré, André Breton, Blum, Sartre ? je vous mets aussi quelques étrangers ?

 

Mais je crains que ça ne sonne un peu facho, non ?

 

Jacques Georges http://www.europemaxima.com/

 

Note

 

1 : Consultant international, notre collaborateur a passé un semestre de l’année 2012 à Alger pour des motifs professionnels (N.D.L.R.).

Les commentaires sont fermés.