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Valls entre mensonge et incompétence

130325Tout pour la "com", rien pour la vérité : une fois de plus le mode opératoire du gouvernement se confirme.

La manifestation du 24 avril contre la loi Taubira de dénaturation du mariage, de la famille et de la filiation a réuni de toute évidence beaucoup plus d'un million de personnes. Comparons-la en effet à celle du 30 mai 1968 sur les Champs Élysées. Le parallèle s'impose puisqu'elles correspondaient l'une comme l'autre à une réaction du peuple dans ses profondeurs contre l'idéologie soixante-huitarde. Celle-ci avait alors déployé ses folies et ses chienlits pendant un mois : elle développe son règne, de plus en plus intolérant depuis quarante ans, aussi bien dans l'Éducation nationale étatique que dans les instruments subventionnés du bourrage de crâne.

Or en 1968 la déferlante de ce "ras-le-bol" avait rempli l'espace de la place de la Concorde à la flamme du Soldat Inconnu, – souillée quelques jours plus tôt par la voyoucratie gauchiste. À 45 ans de distance, non seulement la masse compacte des manifestants rassemblés sur une largeur équivalente, remplissait une longueur deux fois plus grande, avenue de la Grande-Armée, porte Maillot et avenue De Gaulle, au-delà du pont de Neuilly, mais elle s'étalait sur l'avenue Foch. On a évalué historiquement à près d'un million, probablement 700 000 à 800 000 personnes en fait, la foule immense de 1968 ; il semble donc raisonnable de compter au moins 2,5 fois 700 000 = entre 1,6 et 1,8 million le nombre de gens effectivement arrivés jusqu'au lieu de cette "Manif pour tous" qui porte de mieux en mieux son nom. On doit savoir aussi, comme le 13 janvier, qu'un certain nombre de cars n'ont pas pu atteindre leurs lieux de destination, qu'il en manquait sur le marché national : par exemple les gens de Lille ont dû aller en chercher en Belgique, etc.

On notera que ses organisateurs, qui ont su faire preuve d'un sens assez rare de la mise en place, en dépit de ces bonnets phrygiens d'opérette qui, pour ma part, me dissuaderaient plutôt de les rejoindre, ont fait le choix intelligent de sous évaluer leur propre succès. Ils disent 1,4 million. Soit.

De toute façon, tout cela est demeuré particulièrement bon enfant. Toutes les confessions se sont trouvées représentées, toutes les nuances de la société, y compris des élus de gauche (1)⇓

Où se situe donc le scandale, où se manifeste le mensonge ? Où se révèle l'incompétence ?

Rappelons avant tout que M. Valls joue, au sein de la troupe ministérielle dans le registre du Rouleur de mécaniques : "on va voir ce qu'on va voir". Les Roms, les voyous de Marseille, les délinquants de partout sont supposés tremblants. En fait, on n'a vu jusqu'à présent rien que des claudettes et des paillettes, la force contre les faibles, et l'insignifiance des résultats. Piètres références pour la roue de secours d'apparence droitière d'un pouvoir de plus en plus impopulaire, méprisé par plus de 65 % des Français.

Valls a donc donné toute sa mesure autour de cette manif du 24 avril. Valls a osé communiquer une évaluation dérisoire de 300 000 participants, en recul de 12 % par rapport à la fausse précision de celle du 13 janvier, où on avait diffusé un chiffre officiel de 340 000.

Pire encore... le ministre ayant voulu contenir le défilé dans des barrières psychologiquement désagréables, alors qu'un encadrement de jeunes militants fort débonnaires, mais très nombreux et méthodiquement répartis, suffisait à la canaliser, ... le ministre ayant voulu administrativement interdire les Champs élysées, quelques dizaines de familles, peut-être 300 personnes sur un total de plus d'un million (0,03 %)... ont renversé les dites barrières. Le service d'ordre a courageusement agressé ces gens, y compris des enfants, à coup de gaz lacrymogènes.

Et voila comme la chose est présentée à l'usage des moyens de désinformation :

Titre : Manuel Valls : la manifestation anti-mariage gay a "échappé aux organisateurs"

Et l'AFP d'enfoncer clou avec une photo : Des incidents ont éclaté dimanche en marge du cortège. Le ministre de l'Intérieur évoque des "groupes extrémistes".

Le ministre de l'Intérieur a estimé dimanche soir que la manifestation contre le mariage des homosexuels à Paris avait "incontestablement" parfois "échappé" à ses organisateurs, faisant allusion à plusieurs incidents en marge du cortège. "Ils ont été débordés par des groupes extrémistes", a déclaré Manuel Valls, les situant à l'extrême droite. "Cette manifestation a à l'évidence échappé aux organisateurs eux-mêmes", a-t-il insisté. Au même moment, en début de soirée, les forces de l'ordre évacuaient plusieurs centaines de manifestants particulièrement déterminés.

Manuel Valls a évoqué des "dizaines d'interpellations" sans détail. Interrogé sur les chiffres divergents sur le nombre de manifestants - les organisateurs avançaient 1,4 million et la police 300 000 dans une première estimation -, le ministre de l'Intérieur a affirmé : "300 000 personnes, c'est tout à fait important, mais la manière dont la préfecture comptabilise les manifestants n'est remise en cause par personne." (2)⇓

Honte à ce ministre d'origine trotskiste puis socialiste strauss-kahnien, reconverti désormais en croque-mitaine faussement droitier : ses services prévoyaient 100 000 personnes le 22 mars, il en reconnaît 300 000. Il est donc, quoiqu’il arrive responsable du débordement.

Honte aux désinformateurs qui ont propagé cette prévision afin de démobiliser et de décourager les opposants, le mensonge des "100 000 prévus" se retrouve jusqu'au site internet du Figaro.

Honte aux trafiquants de demi-vérités du quotidien Le Monde osant parler d'associations "fantômes" et de "coquilles vides" pour des gens qui se sont retrouvés 500 fois plus nombreux que les adhérents susceptibles d'être rassemblés par les associations gauchistes que le même journal encense et que les contribuables subventionnent, souvent sans le savoir.

Honte finalement à ce régime dont la seule différence avec son ancêtre jacobin est qu'il ne guillotine pas. Il ne guillotine pas, parce qu'il n'en a pas le courage : mais il fait tout pour calomnier, pour salir et pour exclure.

On pourrait certes commencer et ce pays gagnerait à réfléchir sérieusement, au-delà de ce misérable gouvernement, sur le régime, lui-même, celui du suffrage truqué parce que "médiatisé".

Son peu de respect pour la vérité, vieux comme les sophistes du temps de Périclès entraîne dès maintenant des conséquences analogues pour ce que nous persistons à appeler "démocratie". Rappelons à ceux qui admirent, probablement sans la connaître, la constitution antique d'Athènes, les conséquences du système tant cité, si peu étudié. Les successeurs du fameux stratège, mort en 429 après la première année de ce que l'on appelle la Guerre du Péloponnèse, entraînèrent eux-mêmes leur cité dans la catastrophe. L'expédition de Sicile se mua en désastre : elle répondait elle-même à une poussée démagogique. Le grossier manipulateur Cléon d'abord "une sorte de génie de la fourberie et de la calomnie" (3)⇓, puis le calamiteux Alcibiade, qu'on ne devrait plus présenter (4)⇓ conduiront au désastre cette ville qui, cependant donnera si longtemps naissance aux grands tragiques, aux écoles de philosophie et à des artistes comme Phidias (490-430) ou plus tard encore Praxitèle (400-330).

Tous ces grands souvenirs de la culture classique de l'Europe ne servent hélas pas d'exemple. On nous parle des grands principes : ils ont toujours échoué dès lors que de puissantes institutions n'ont pas maintenu leur application doctrinaire dans certaines limites, celles de la monarchie et du parlement en Grande Bretagne, ou celles du civisme juridique et fédéral en Amérique. Cela n'existe pas en France, où au contraire l'indépendance syndicale de la magistrature n'est évoquée qu'à sens unique : le droit pour un juge d'instruction, peut-être plus bête encore que méchant, de persécuter tel homme politique contre lequel il a ouvertement pris parti.

Le conseil d'État ce 20 mars soulignait le caractère expropriateur de la promesse la plus démagogiquement efficace du vainqueur de l'élection de 2012.

Les juristes les moins suspects de droitisme s'en mêlent. Ainsi Me Kiejman dans le Figaro du 23 mars, pour la mise en examen du président sortant qu'il qualifie de : "mauvais coup porté à la justice" D'autres constitutionnalistes tirent la sonnette d'alarme.

Il serait temps que les autistes gouvernementaux en tiennent compte, avant que de vrais débordements fassent chavirer le pays dans le chaos.

JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

Apostilles

  1. On consultera par exemple les arguments du site "Valeurs de gauche" sous la responsabilité d'un des 4 députés du PS n'ayant pas voté la loi en première lecture à l'Assemblée nationale..
  2. Publié le 25/03/2013 à 07:15 sur le site "LePoint.fr"
  3. cf. Aristophane "Les Cavaliers".
  4. On se bornera à recommander la biographie écrite par Jacqueline de Romilly, "Alcibiade ou les dangers de l'ambition " ed. Fallois, Paris 1995, qui le rendrait [presque] sympathique

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