LE CAIRE (NOVOpress) – Le calme est revenu tôt le matin du lundi 08 avril, dans le quartier d’Abbassiya, mais la police était toujours déployée autour de la cathédrale Saint-Marc, dans laquelle des Coptes étaient encore retranchés après une nuit de violences antichrétiennes.
La « bataille de la Cathédrale »
Dimanche, après l’assassinat de 4 chrétiens au Caire, des milliers de Coptes sont venus participer aux obsèques.
Les funérailles ont pris une tournure politique lorsque les participants ont scandé des slogans contre le pouvoir islamiste, et ces scènes ont été retransmises en direct à la télévision. Des scènes de chaos ont suivi, et de nombreux chrétiens se sont réfugiés à l’intérieur de la cathédrale tandis que la police tirait du gaz lacrymogène sur l’édifice.
Aux côtés des policiers, des groupes de civils musulmans, apparemment des habitants du quartier, échangeaient des projectiles avec les Coptes par-delà les murs de la cathédrale.
« Eux, là-bas, ce sont des chrétiens. Ici, vous êtes du côté musulman », a expliqué l’un des résidents à l’AFP.
Beaucoup de Coptes se sont dit choqués par l’attaque contre la cathédrale Saint-Marc, siège du patriarcat copte orthodoxe. Deux personnes ont été tuées et 89 blessées selon le bilan du ministère de la santé.
Un contexte propice à la violence
Ces événements surviennent dans un contexte très tendu en Égypte en raison de la profonde division entre les partisans de M. Morsi, issu des Frères musulmans, et ses opposants, qui ont dégénéré à plusieurs reprises en violents affrontements.
Les Coptes représentent de 6 à 10% des 84 millions d’habitants en Égypte, où les affrontements sont fréquents entre chrétiens et musulmans, souvent en raison de querelles de voisinage, d’histoires d’amour interdites ou de la construction de nouvelles églises.
Depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011, ces heurts ont tué une cinquantaine de chrétiens.
L’arrivée d’un islamiste à la tête de l’Égypte a aggravé le sentiment d’insécurité et de marginalisation des Coptes. M. Morsi a promis d’être le «président de tous les Égyptiens» mais ses opposants l’accusent de se comporter comme un représentant des Frères musulmans et de l’islam.
Que ce soit sur les chaînes de télévision salafistes, sur Internet ou dans les prêches des islamistes radicaux, ces “infidèles” sont de plus en plus stigmatisés. “Certaines couches de la société ont désormais le sentiment qu’il est plus facile de s’attaquer aux Coptes, ils ont un sentiment d’impunité“, affirme ainsi Tewfik Aclimandos, chercheur associé à la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France.
Julien Lemaire http://fr.novopress.info
Crédit photo : Al Jazeera English, via Wikipédia, (cc).